Chroniquedela ville.
La Moralité politique
Le Journal d Ypres
lelection du 29 Mai.
Xouvcllc Victoire.
\l. Louis HUYSMANS
interviewé.
Lue œuvre urgente.
549.388
La manifestation cléricale
au Frezenberg.
SB
il. Colaert promet d'examiner la
choae. Il serait désirer qu'un accord
intervienne entre la ville et la C'-mmu-
ue db S' J -an pour que ce travail puis
se -o faire
if. Fneydans une précédente
séance, a saisi le Collège de la question
du règlement sur la construction des
bâtisses. L'honorable membre désire
savoir où en est cette question
if. Colaert a examiné cette question
au point de vue juridique. Messieurs
les bourgmestre» de l'agglomération
bruxelloise ont tenu une réunion, il y
a quelques jours, et il parait, d après
les journaux,qu'il n y a pas de sanction
po»sible. M Colaert croit cependant
que cela peut se faire. Il examinera,
avec M. Sobry, les auteurs et tiendra
le Conseil au courant de leurs recher
ches.
Personne ne demandant plus la pa
role, la séance publique est levée 7 h.
30 m.
Les résultats des élections provin
ciales constituent une nouvelle victoi
re pour le parti libéral. Dana le Bra-
baut, la journée du 5 Juin n'a pas été
définitive, mais elle fait espérer aux li
béraux un gain de cmq sièges. Ceux-ci
ont pu passer au premier tour Ixel-
les, Saint-Gilles et Saint-Josse avec des
majorités considérables, absolument
imprévues.
Dans le premier cantou de Louvain
il y a ballottage entre cléricaux et li
béraux, et si le résultat en est favora
ble, ce sera un gain de trois sièges pour
les libéraux qui obtiendront également
les deux nouveaux sièges de Molen-
beek et d'Anderlocht. jamais le Bra-
bant n'a donné, au point de vue libé
ral, de plus beaux résultats.
A Anvers, les progrès des libéraux
sont aussi grands que dans l'agglomé
ration bruxelloise. Ils triompheront
Dimanche dans les trois cantons de la
métropole. A Gand, n'en sera-t-il pas
de même Les libéraux sont en ballot
tage dans les trois cautons et ils espè
rent prendre aux cléricaux les quatre
sièges du 3e canton. A Ledeberg, où il
y a ballottage, ils comptent obtenir le
même résultat
Dans la province de Namur, les anti
cléricaux sont en ballottage avec les
cléricaux dans le 2rae canton de Namur
et Andeune ils espèrent culbuter Di-
mauche les trois cléricaux sortants.
C'est ce qui est arrivé Fosses où deux
libéraux éliminent des cléricaux.
Bref dans les provinces qui seront
consultées en 1906 pour la Chambre, le
parti libéral progresse et promet tou
tes les espérances.
Dans le Hainaut. la magnifique vic
toire libérale de Tournai, la défaite
cléricale de Gosselies, les progrès énor
mes des libéraux Dour, le ballottage
de Boussu, sont de nature donuer sa
tisfaction au parti
Dans la province de Liège, la jour
née du 12 s'annonce heureusement.
C'est une nouvelle victoire que vient
de remporter là le parti libéral, victoi
re que les scrutins de ballottage vien
dront accentuer
DES DEUX SOUTINS.
Convaincu du grand intérêt qu'of
frirait pour tous les libéraux l'opinion
de M. Louis Huysmans sur la récen
te bataille électorale, nous avons
attendu, pour aller interviewer l'ho
norable député de Bruxelles, que les
résultats du scrutin provincial fussent
connus.
Nous avons trouvé, Mardi, M.
Huysmans chez lui, livré tout entier
l'étude des dossiers de son cabinet
il a bien voulu cependant se distraire
de ses occupations professionnelles
et subir l'assaut pacifique de notre
questionnaire. Comme nous lui de
mandions ce qu'il pensait de la situa
tion, il nous a répondu
La situation est très nette et très
claire. Le cléricalisme et le socialisme sont
en recul, alors que le libéralisme a reconquis
la faveur du corps électoral. Le succès du
29 Mai a encore été accentué, renforcé, con
solidé par les résultats des élections provin
ciales. A Ixelles et Saint-Gilles, notam
ment, la liste libérale passe au premier tour
de scrutin, avec une belle majorité.Celle-
ci est de deux mille voix Ixelles, alors que
huit jours auparavant la liste libérale n'avait
pas obtenu la majorité absolue. En provin
ce, Tournai; Gosselies, et dans maints
autres cantons, le parti libéral a gagné de
nombreux sièges ailleurs, le chiffre des
voix libérales a considérablement augmen
té. Cela atteste la vigueur de la force du
courant libéral qui incontestablement existe
en ce moment et je suis, quant moi, per
suadé que si une dissolution du Parlement
avait lieu l'heure actuelle la majorité clé
ricale serait renversée la Chambre et au
Sénat.
A quoi attribuez-vous ce revirement
C'est bien simple. Voici. Jusqu'en ces
derniers temps, les cléricaux étaient parve
nus faire croire aux électeurs campa
gnards et aux électeurs flottants des villes
que si le parti clérical venait être culbuté,
ce serait le parti socialiste qui recueillerait
sa succession. Et ils s'étaient évertués re
présenter le parti libéral comme une quan
tité négligeable, comme un parti moribond,
n'ayant plus d'autre ressource, s'il voujait
conserver un semblant de vie, que de mar
cher derrière le drapeau rouge. Beaucoup
de gens, égarés ou peu au courant des cho
ses de la politique, y ont cru et pour se pré
server de l'éventualité de l'avènement des
socialistes ils votaient pour les cléricaux...
D'autre part, la plupart des orateurs socia
listes représentaient les libéraux comme
émanant d'une classe de gens sans cœur
dont on ne pouvait attendre aucune réforme
sérieuse dans l'intérêt de la classe ouvriè
re on affirmait qu'ils n'étaient que des
capitalistes, tout comme les cléricaux, et
qu'il fallait les combattre au même titre
on peut dire qu'on les combattait même da
vantage...
Ainsi donc, le parti libéral se trouvait
pris de la sorte entre le parti clérical et le
parti socialiste, qui, l'un et l'autre, l'atta
quaient avec une égale véhémence, bien
qu'à l'aide d'arguments absolument oppo
sés tout cela faisait évidemment les af
faires des cléricaux. Mais ce jeu-là ne pou
vait pas toujours durer et les électeurs de
vaient finir par voir clair ils ont vu clair
plutôt que les cléricaux ne le croyaient.
Quelles sont, selon vous, les causes de
la brusquerie de ce revirement
D'une part, de nombreux électeurs
qui s'étaient laissés séduire par les beaux
rêves qu'avait fait naître dans leur esprit la
parole des propagandistes socialistes, n'ont
pas tardé s'apercevoir qu'en réalité les
seules réformes vraiment pratiques, et d'ail
leurs très larges et très généreuses, sont cel
les qui figurent dans la charte .du libéralis
me uni c'est pourquoi ils ont, aux dernières
élections législatives et provinciales, appor
té leurs votes aux listes libérales. Leur
exemple ne peut manquer d'être suivi par
beaucoup d'autres, dans l'avenir, soyez-en
convaincu...
D'autre part
D'autre part, il a été démontré et re
connu par les socialistes eux-mêmes, lors de
la grande discussion politique la Chambre,
que le jour où la majorité cléricale serait ren
versée, le parti libéral seul était capable de
prendre le pouvoir en constituant un minis
tère libéral autonome et il a été affirmé
qu'un tel ministère réalisant le programme
libéral dans des vues larges et démocrati
ques trouverait un appui suffisant dans les
Chambres nouvelles.
Et les cléricaux, qu'augurent-ils d'une
telle éventualité
Les hommes politiques de la droite se
sont parfaitement rendu compte du change
ment qui s'opérait dans les esprits de là
les appels désespérés de M. Woeste et de M.
Helleputte toute l'armée des cléricaux et
des flottants, pour sauver le pays
c'est-à-dire pour sauver le gouvernement
clérical. Ils ont représenté les libéraux com
me les persécuteurs de la religion, décidés
porter atteinte la liberté des cultes et au
droit d'association, garantis par la Consti
tution. Ma.is cette fois on ne les a plus crus.
Ils avaient si souvent crié au loup que le
corps électoral a fini par se lasser et, comme
je le disais tantôt, par voir clair dans leur
jeu. Les campagnards, aussi bien que les
citadins, savent aujourd'hui que la religion
n'a rien craindre de l'arrivée au pouvoir
du parti libéral, respectueux de toutes les
croyances par là même qu'il est le parti de
la liberté. Mais c'est précisément en vertu
de ce même pri ncipe qu' il entend faire respec
ter la liberté de l'Etat, lequel, sous le gou
vernement actuel, est le prisonnier de l'Egli
se catholique.
Ce que nous voulons, c'est tout simple
ment assurer l'application de ces deux prin
cipes fondamentaux de la Constitution
i°Tous les pouvoirs émanent de la na
tion
2° T0U6 les Belges sont égaux devant la
loi.
Ce qui signifie respect de la liberté reli
gieuse comme de toutes les autres, mais op
position énergique l'ingérence du clergé
dans les affaires de l'Etat, et soumission de
tous les Belges quels que soient leur rang,
leur qualité ou l'habit qu'ils portent, la
Loi en un mot, le droit commun pour tous.
La répression contre les abus de la main
morte n'a pas d'autre signification le
droit commun pour les congrégations reli
gieuses comme pour les particuliers >-t les
sociétés laïques.
N'est-il pas naturel, dans ces conditions,
que beaucoup d'électeurs désabuses, qui,
aux élections précédentes votaient, les uns
pour les socialistes, les autres pour les cléri
caux, aient, cette fois, donné leurs voix aux
libéraux
Espérez-vous que la majorité cléricale
sera renversée dans deux ans
J'en suis convaincu, mais à^deux con
ditions toutefois. La première, c est que le
parti libéral maintienne intact le program
me qui lui a valu les deux grands succès du
29 Mai et du 5 Juin. L'autre, c est qu a
l'exemple de ce qui a été fait avec tant de
succès dans les campagnes de F landre, le
parti libéral organise partout où il y aura
des élections, notamment dans l'arrondisse
ment de Bruxelles, une propagande inten
se dans la partie rurale. Ainsi, aux élections
de Dimanche, dans le canton de Hal, les li
béraux ont eu une moyenne de cinq mille
voix, alors qu'aux dernières élections légis
latives l'opposition libérale et l'opposition
socialiste n'ont pu reunir ensemble la moi
tié. Pourquoi n'obtiendrait-on pas que ces
cinq mille suffrages aillent la liste libérale
pour la Chambre en 1906 Il en est de mê
me dans les autres cantons.
Et terminant cet intéressant interview,
l'honorable députe de Bruxelles nous dit
Je suis plein d'espoir, d'autant plus que
le parti libéral étant renforcé la Charpbre
par un groupe nouveau d'hômmes de talent,
notre action parlementaire sera beaucoup
plus puissante.
Que chacun partage la confiance
de M. Louis Huysmans et que tous
réchauffent dans leurs cœurs les mê
mes espoirs
(Indépendance Belge).
Quel que soil le résultat du scrutin pio-
vincial, et même si le carti libéral remporte
une victoire encore plus lataute que colle
du 29 Mai, nous estimons que la loi électo
rale provinciale dojt êùe revisee. Son main
tien n'e-u pa» seulement un anachronisme,
mais un défi la raison et au bon sens.
S'obstiner maintenir le régime tnajori-
taiie pour I s élections provinciales, alors
que ia R P. est appliquée aux élections com
munales «taux élections législatives, c'est
un acte d'aberration, q-e nul sophisme n >st
capable de justifier.
La loi électorale provinciale est uns ano
malie qui doit disparaître. Dans les circon
stances où nou" nous trouvons depuis l'en
trée «m scène d'un troisième parti, l'expé
dient du ballottage, admissible jadis, devient
une monstruosité, dont le seul effet est de
fausser et de rendre obscure l'expression de
la volonté nationale.
D'autre part il est par trop absurde d'ap
pliquer une formule de R P. aux élections
législatives, et une autre aux élections com
munales. La contradiction qui éclate entre
la loi électorale législativi et la loi électora
le communale n'est p is plus justifiable que la
contradiction entre ces deux lois et la loi
électorale provinciale.
L'un fication de notre système électoral
s'impose, et dans le plus bref délai. Il faut
que ia même formuè de R. P. soit a >pliquéo
aux élections communales, provinciales et
législatives Et cette oeuvre d'unification né
cessaire peu' précéder la nouvelle revision
de l'article 47, qui e*t subordonnée l'ac
cord des deux tiers des voix dans les deux
Chambres.
Il est impossible que la Belg'que reste af
fublée plus longtemps du ridicule votement
électoral que lui ont endossé les cléricaux,
et qui, s'il était connu l'étra"ger, ferait de
nous la risée le l'Europe.
Nous nous rallionspleinement cette
note et nous sommes heureux de la
trouver dans les colonnes de VEtoile
Belge. Nous espérons que la Gauche
libérale parlementaire, saura faire son
devoir eu s'attelant vers la rentrée des
Chambres la réalisation d'une réfor
me qui est dans les vœux de tous les
libéraux.
ET
Le Journal d'Ypres n'est pas satis
fait. Nous avons eu tort, dit-il, de
nous réjouir des résultats du 29 Mai,
et nous croyons que tel est réelle
ment son avis il est toujours désa
gréable de voir un adversaire se ré
jouir ses dépens.
Malheureusement pour notre con
frère, les circonstances nous mettent
la joie: non seulement nous sommes
satisfaits de la journée du 29 Mai, mais
nous en sommes enchantés et plus
enchantés encore de celle du 5 Juin,
qui, huit jours d'intervalle, est venue
renforcer nos espérances pour 1906
et accentuer la débâcle du parti clé
rical, qui décidément touche la fin
de son règne.
Nous avons dans notre dernier
numéro reproduit in extenso les chif
fres des élections du 29 Mai. Le
Journal d'Ypres semble l'ignorer. Il
nous somme d'y revenir.
Comme nous n'avons rien lui re
fuser et qu'il faut se montrer géné
reux et accommodant surtout vis
vis d'un adversaire qui est bien ma
lade, nous accédons son désir et
nous le faisons d'autant plus volon
tiers que les chiffres sont éloquents
par eux-mêmes.
Dans les provinces où l'on vient
de réélire les députés, nous constat
tons que les voix se sont répartie^!
comme suit
Ministériels 501,462 voix
(y compris les voix de M. Gielen,
clérical dissident Tongres)
Antiministériels
Libéraux 283,411
Socialistes 301,123
Daensistes 16,659
Total 602,193 voix
Soit pitiis de 100,000 voix
de majorité pour les partis d'oppo
sition.
Dans les provinces où il n'y a eu
que des élections pour le Sénat la
comparaison est plus difficile éta
blir, cause du grand nombre de
bulletins blancs trouvés dans les
urnes, deux des partis d'opposition
n'ayant pas de candidats dans la
plupart des arrondissements.
Mais en comparant les chiffres de
1904 avec ceux de 1900, l'on constate
ici encore, que la journée a été tout
l'avantage des partis d'opposition.
En 1900, dans les cinq provinces
en question, qui sont Anvers, le
Brabant, la Flandre Occidentale, le
Luxembourg et Namur, les voix
s'étaient partagées comme suit
263,241
156,669
34A7I
profit des ca-
Cléricaux
Libéraux
Socialistes
Daensistes
En 1902 l'écart au
tholiques s'était accentué la com
paraison des scrutins sénatoriaux de
1900 et 1904 montre que l'avance
qu'ils avaient gagnée s'est évanouie
et qu'au contraire leurs adversaires
ont dans ces provinces comme dans
les autres fait des progrès surpre
nants.
En effet, on peut constater que les
anticléricaux libéraux et socialis
tes y ont gagné dans le scrutin
sénatorial 57,597 voix tandis
que les cléricaux en ont seulement
22,588 de plus qu'il y a quatre ans.
Or, il est noter que les élections
provinciales du 5 Juin ont encore
accentué nos gains.
Si, après cela, il nous est défendu
de nous réjouir, c'est que le Journal
a bien mauvais caractère.
Nous avions prié notre reporter de
se rendre Dimanche dernier au Frezen
berg et de donner nos lecteurs un
compte-rendu rte la manifestation clé
ricale. Il voudra bien nous excuser de
préférer sa prose le chef d'oeuvre lit
téraire que nous avons trouvé dans le
Journal d'Ypres de Mercredi.
Nous copions donc
Au Krezenberg-.
Le moins renseigné aurait pu se rendre
au Frezenberg Dimanche dernier, il n'au
rait eu qu'à suivre le Jlol humain qui s'écou
lait d'Ypres vers le château de Monsieur
Van den l'eereboom.
Chacun voulait êlre de la fête et le temps
lui-même, après avoir été menaçant et plu
vieux, durant la semaine, s'était remis au
beau.
Dè» trois heures et demie, le parc était
envahi par de nombreuses sociétés veDue*