Chroniquedela ville.
\os finances.
L'enseignement
de l'histoire. C)
Fêle champêtre
au Verlorenhoek.
Pour que nul ne l'ignore
Nos Cygnes.
Lexagération de notre dette publi
que continue d'être un grave sujet de
préoccupation pour les citoyens sou
cieux d'une gestion économe et sage de
nos finances. Notre dette publique
•'élevait au 31 Décembre 1903,
3.360,000,000. Elle a été quintuplée de
puis 1850 et la progression, depuis
quatre ans, devient effrayante La
moyenne annuelle a été de 59,829,000
fr. de 1881 1890, et de 68,197,000
pour la période décennale de 1891
1900. Depuis 1901, la moyenne annuel
le atteint 101,902,000 fr.
Je n'hésite pas dire, déclarait M.
Renkin le 17 Mars dernier la Cham
bre, que c'est trop et que nous ne pou
vons pas maintenir cette allure sans
danger
On devrait, en effet, recourir l'im
pôt pour payer les énormes intérêts de
cette dette. La charge aunuelle s'élève
de ce chef, avec les 10 millions consa
crés l'amortissement, au total de 106
millions de francs. Or, le baron Ancion
a constaté que les revenus nets du capi
tal productif chemins de fer, postes,
télégraphes, canaux, ports et domaines
privés, qui nous servent faire face
cette charge, ne s'élèvent qu'à 89 mil
lions, d'où une insuffisance d'environ
17 millions, laquelle devient une insut-
fisancede27 millions, si l'on tient comp
te de la part du fonds communal dans
le revenu des postes et télégraphes.
Telle est la situation. Nous emprun
tons plus que nos revenus ne nous le
permettent.
On nous dira qu6 ja loi de 1902, pro
posée par M. de Smet de Naeyer, a éle
vé le taux d'amortissement de 0.20 p.
c. 0.50 p c., mais, le gouvernement
étant en déficit, le même M. de Smet
de Naeyer, avec la désinvolture qui le
caractérise, a fait redescendre, en 1904,
ce taux de 0.50 0 30 p c. Rien ne
nous garantit, les difficultés financières
ne faisant que s'aggraver, qu'il ne re
viendra pas i'année prochaine au taux
de 0.20 p. c. Le bon plaisir du ministre
fait loi la majorité vote tout ce qu'il
demande sans examen.
Il y a plus comme on n'amortit
qu'en rachetant des titres et qu'on ne
rachète des titres que lorsque la rente
est au-dessous du pair, on cessera d'a
mortir si la rente revient au pair, et le
gouvernement dépensera, comme il l'a
déjà fait, les millions destinés l'amor
tissement.
Le plus sûr serait, comme on l'a dé
jà proposé, d'étudier un type d'em
prunt amortissable, de façon amortir
directement la dette. On a beau objec
ter l'inconvénient de la différence de
cours entre la rente amortissable et la
rente perpétuelle, les Etats-Unis ont
eu recours l'emprunt amortissable
avec un tel succès que leur dette n'est
que de 7 milliards et demi, ce qui n'est
rien, il faut l'avouer, pour cette riche
confédération qui compte plus de 80
millions d'habitants.
En résumé, si nous voulons mainte
nir le crédit de la Belgique, nous de
vons non seulement enrayer l'allure
vertigineuse de nos exprunts, mais af
firmer, par des mesures promptes et ef
ficaces, la volonté d'amortir notre det
te.
A propos de nationalisme et Je patriotis
me, Gringoire écrit dans le Soir que les Bel
ges ne connaissent pas notre histoire natio
nale
La faute, dit-il, en est aux manuels que
l'on met cet effet entre les mains des en
fants. Sous prétexte d'histoire de Belgique,
tous sont d'accord pour nous offrir soit des
monographies et des biographies insipides,
soit des tableaux radicalement distincts de
l'histoire des différentes provinces belges
Quand ils en arrivent la période de notre
indépendance, c'est encore pis. Leurs au
teurs redoutent de se compromettre au point
de vue politique, et sa bornent résumer
grands'traits l'œuvre de l'organisation de
notre jeune royaum». Pas un mot de l'alter
nance des ministères de droite et de gauche
on serait là sur un terrain dangereux. Nulle
part la personnalité de I.éopold 1er, si nette
pourtant, si vig mreuse et si mà'e, n'est rai-
s! en lumière. Da telle façon que, vue tra
vers l'esprit de nos fabricants de manuels, la
dramatique et passionnée histoire de notre
(1) Voir le Journal des Instituteurs la
date du 2 Juin.
pays devient un pâle récit dont les élèves
n'en retiennent rien.
Et Gringoire signale que M. Pirenne,
professeur l'universite de Garni, est en
train de doter la Belgique de l'histoire qui
lui a manqué jusqu'ici. Seulement, comme,
cet ouvrage est trop volumineux, il conseille
un professeur avisé de publier uoe his-
toire de Belgique totalement refondue,
montrant, elle aussi, notre àrne nationale
obscure, faible encore, errant dans le tail-
lis touffu des âges.
Mais une telle histoire existe. Elle en est
sa cinquième édition, c'est l'histoire du
peuple belge et de ses institutions depuis les
temps les plus reculés jusqu'en 1880, par
Charles Vercamor, inspecteur honoraire de
l'enseignement primaire, ancien professeur
de l'enseignement moyen.
L'ouvrage de M. Vercamer n'est pas une
compilation de dates, un assemblage de mo
nographies ou de biographies insipides, non,
c'est un livre où l'on peut se rendre compte
de la marche de la civilisation, assister aux
péripéties des efforts, des peines et des luttes,
soutenues, pour la formation, le maintien, le
développement et le développement de nos li
bertés c'est un livre où l'on peut trouver,
ainsi que le demande Gringoire, les leçons
spéciales donner dans toutes les écoles du
pays, dans le but d'instruire la jeunesse de
notre passé et de lui inspirer un sentiment de
patriotisme basé sur des faits et dépouillé du
caractère factice et artificiel qu'on lui donne
généralement aujourd'hui.
Les appréciations données lors de l'appari
tion des premières éditions do cet ouvrage-
par MM. Van Bemmel, De Laveleye, Paul
Fredericx, Pergameni entre autres corrobo
rent absolument ce que nous venons de dire.
Nous ne saurions du reste exprimer mieux
notre pensée que cet extrait de la Revue de
Belgique Au 15 Mars 1894.
Inspirer aux jeunes générations le respect
d'un passé glorieux entre tous, leur bien ap
prendre tout le prix des bienfaits du pré
sent par le récit des sombres jours du passé,
faire naître dans leurs cœurs l'amour de la
patrie, de ses institutions, tel est le but de
M. Vercamer, dans cet ouvrage, dont le
nombre d'éditions dit lui seul le mérite et
le succès. Ancien fonctionnaire supérieur de
l'enseignement public, l'auteur a, dans sa
composition, l'allure méthodique particuliè
re aux hommes d'école. Nous le constatons,
non pas pour lui en faire un grief, bien au
contraire. Lo public auquel il s'adresse n'en
suivra que mieux ses leçons et n'en profite
ra que davantage. Puisse-t-il parvenir le
pénétrer de l'ardent patriotisme qui l'anime
et dont chaque page contient la chaleureuse
expression A l'heure qu'il est, on ne sau
rait trop applaudir ceux qui, comme lui,
parlent la jeunesse le fier langage d'un his
torien et d'un homme de cœur.
Edg. Cantinieaux.
s
Notre remarque a produit son effet.
C'est grâce nous qu'une fête a eu
lieu au Verlorenhoek. Seulement M.
Lemahieu ne doit pas être très charmé
de la conduite de ses amis élu con
seiller communal le 7 Févrierce n'est
que le (.9 Juin que les cléricaux vont le
féliciter chez lui, tandis que M. le sé
nateur baron de Vinck recevait la visi
te de ces Messieurs le 30 Mai, c'est-à-
dire le lendemain de l'élection sénato
riale, et que M. le sénateur Vanden-
peereboom les recevait le 5 Juin. M
Lemahieu aura certes compris pour
quoi il arrive bon dernier
Le cortège habituel des manifesta
tions catholiques (voir dernier numéro
du Journal d'Fprès) s'est donc rendu
au Verlorenhoek Dimanche dernier,
Nous laissons la parole au Journal
d'Y près
Dès quatre heures la route de la Potyze
depuis la porte de Menin jusqu'au château
de M. Merghelynck et au delàse couvrait
d» promeneurs empressés de participer la
fête.
Bientôt les abords de la ferme foison
nent de monde. Les orphelins apparaissent
vers cinqheures (1), puis ce sont les Turners,
toujours alertes avec leurs petits drapeaux,
sous la conduite de leur vénéré directeur,
le dévoué M. Neuville la Fanfare Royale
dont les clairons jettent, aux échos de la
plaine, leurs sons éclatants les jeunes
catholiques de la Garde, de la Gilde et de la
Fédération les membres du Cercle, et
l'Edilité communale accompagnée de l'Har-
1 On jette donc les orphelins dans la
mêlée des partis. De quel droit
mouie (2), qui est de nos fêtes, parce que
tous nous aimons l'autorité, filialement et
non en mercenaires.
Tout ce chapelet s'égrène dans la ver
te prairie, contourne le fossé comble de
solives, pénétré dans la cour intérieure de la
métairie par un monumental portique et
vient se poser le long du logis que couvre
un épais toit de chaume.
Monsieur Lemahieu est lâ, radieux et
tranquille (3) sur l'avant-seuil de sa porte.
Ses collègues du Conseil l'entourent et lui
serrent la main avec effusion.
Monsieur le Bourgmestre, heureux de
pouvoir enfin réaliser une promesse (4) bien
chère aux cœurs Yprois s'exprime en ces
termes Monsieur le Conseiller, vous
nous voyez aujourd'hui, tenir notre parole
(5). Tous, membres du conseil communal,
élus, et, membres du parti catholique, élec
teurs, nous accourons (6J pour vous féliciter,
et vous souhaiter longue et prospère vie en
vos nouvelles fonctions.
Depuis longtemps nous vous connais
sions, mais il y a un an surtout que des rap
ports fréquents nous avaient mis même
d'apprécier vos qualités précieuses et nous
avions résolu de doter notre administration
de ce trésor agricole (7). C'est fait, et déjà
depuis quatre mois nous jouissons de votre
experience et de vos connaissances au sein
de nos assemblées, où vous prodiguez vos
soins aux intérêts de nos campagnes. Soyez
en remercié et permettez nous de recourir,
même ici dans le champ intime de votre ex
ploitation. aux conseils de votre pratique.
Nous savons que vous avez promis tous de
vous trouver accessible Ypres vous ne le
serez pas moins si Ypres vient vous trouver
au Verlorenhoek Si nous avons tant
tardé venir vous exprimer nos félicitations
et nos vœux, c'est pour obtempérer vos
désirs,(8) mais soyezbienpersuadéqu'ilsn'en
sont que plus véhéments et plus sincères.
Ainsi donc, cher collaborateur, nous
sommes heureux de pouvoir vous acclamer
et formons les meilleurs souhaits de bon
heur pour vous, votre digne et vaillante
épouse et vos chers enfants.
Monsieur Lemahieu, avec une bonho
mie charmante et un propos délicat, trou
ve que trop d'honneurs lui sont rendus.
Mais il en reporte Vabondance sur tous les
tenanciers des terres ypvoisescar c'est
l'exaltation de l'agriculture et de sa collabo
ration dévouée au bien être général (Q).Tous
les cultivateurs de la région sont unanimes
reconnaître que l'Administration d'Ypre»
est pleine de sollicitude pour ses campa
gnards. Aussi, est-ce en leur nom qu'il ac
cepte ces bienveillantes manifestations et
ces louanges et qu'il en remercie l'autorité
avec une cordiale reconnaissance.
La brabançonne et les applaudissements
répondent ces bonnes paroles.
Puis Monsieur P. Lefevre de Zillebeke
vient, au nom des membres nombreux de
deux mutualités régionales agraires,(Morta
lité des chevaux) rendre hommage au dé
vouement de M. Lemahieu, dont l'activité
et l'initiative intelligente a su lui concilier
la confiance de tous. Il n'y a là aucune
question de politique, mais il est permis
aux membres de se réjouit de voir un de
leurs chefs élevé sur le pavoi et d'attendre
de cette exaltation un surcroît de vitalité et
d'efficacité dans le but poursuivi. Honneur
donc au digne et dévoué Président et longue
et heureuse vie.
Monsieur Lemahieu remercie ses con
frères venus de tous les points de la région
pour participer cette réjouissance et. leur
donne l'assurance de s'employer de tout son
pouvoir procurer, aux sociétés protectri
ces de leurs intérêts, tous les avantages
possibles et l'extension qu'elles peuvent
ambitionner. Il sait qu'il peut compter sur
leur puissant concours c'est pourquoi il ne
craint pas sa propre faiblesse et ose, avec
confiance, envisager l'avenir.
La musique de nouveau fait retentir au
loin les accents patriotiques et la foule,
après avoir manifesté ses sympathies au
digne conseiller, se déverse lentement dans
le hameau du Verlorenhoek où se ren
dent en jouant leurs airs populaires la Fan
fare royale et l'Harmonie communale.
Il est six heures Les innombrables ma
nifestants trouvent difficilement s'instal-
(2) Soit. M. Lemahieu est conseiller com
munal. Mais encore une fois qui paiera les
services des manifestations de Vinck et
Vanden Pesreboom
(3) Pourquoi ne le serait-il pas Les étu
diants da Louvain n'étaient pas là, revolver
au poing.
(4) Cet enfin vaut tout un poème.
(5) Vous ne le verrez pas souvent, M. le
Conseiller.
(6)-Vous y avez mis du temps, M. Co-
laert Du 7 Février au 19 Juin, c'est long....
(7) Cela a coûté bien cher.
(8) Il faut bien expliquer cet oubli.
(9) Quel charabia
1er aux estaminets du quartier Le Nieu-
wen Verlorenhoek S' Eloi In
Batavia den Ouden Verlorenhoek
den Hast ont leurs salles bondées, et
les tables nombreuses placées devant les de
meures, combles plus de chaises, plus de
bancs, il faut stationner.
i Mais c'est l'heure du concert. L'Har
monie exécute d'abord la part du program
me qui lui est échue. Puis la Fanfare Royale
complète la soirée artistique. Les villageois
sont nombreux et fort satisfaits d avoir, en
ce coin perdu, uue telle festivité. Le bétail
dans les prairies d'alentour s'ébaudit lui-
même et tressaute, sa manièreexcitant
l'hilarité générale.
Tout se passe dans l'ordre et nul inci
dent ne trouble cette champêtre réjouissan
ce.
Les membres de l'administration pren
nent paternellement part cette fête dont le
ton est vraiment familial. Il n'y a que la no
blesse du cœur pour donner ce cachet
aux plaisirs populaires.
Enfin quand la nuitsur la terre ré
pand son voile sombre, les feux artificiels
surgissent dans l'ombre et scintillent au
ciel. Les fusées sèment l'or des brillantes
étincelles et les étoiles factices projettent un
instantsur le noir des nues, leurs rayons
multicolores éclatants.
Ce plaisir des yeux prend fin et les
groupes joyeux, contents de leur bonne
journée, s'en retournent, prendre un repos
quelque peu écourté.
Voilà encore une fête que nous, catho
liques, nous enregistrons comme résultat de
notre union et de notre bonne entente.
Les Yprois doivent se rappeler que
les cléricaux de notre ville, lors des
dernières élections communales, enga-
gaient les électeurs de céans d'aller
voir, Armentières, les faits et gestes
des socialistes.
Comme tout le monde sait que les
cléricaux sont d'une impartialité pro
verbiale (oh combien), nous sommes
persuadés qu'ils saisiront l'occasion
qui se présente pour engager leurs
électeurs aller voir Louvain, les
œuvres de ces doux et paisibles étu
diants de l'Aima Mater.
Un abonné nous demande où en est
la question des Cygnes
Il y avait donc une question des
cygnes
Pourquoi pas? Tant d'autres
questions sont l'ordre du jour,
discutées gravement par des hommes
sérieux qui n'ont pas, notre avis,
l'intérêt et l'importance de celle-ci.
Pour certains esprits, pétris de no
tions exclusivement utilitaires, un
cygne de plus ou de moins Ypres,
l'extinction totale même de l'espèce,
est chose très relative. Le cygne n'est
pas précisément comestible. Dès lors
Mais nous croyons que ces gens-là ne
forment qu'une infime minorité. L'Y-
prois tient ses cygnes. Il les considè
re, avec raison, comme un élément de
beauté presque indispensable dans le
décor général de la cité. La poésie de
nos eaux dormantes, ce sont ces magni
fiques oiseaux voguant par troupes ou
isolément selon leur capricieuse hu
meur. A cette époque, ils mettent, sur
les fonds de verdure renouvelée, dans
le lointain de nos eaux, des taches
éclatantes d'un merveilleux effet.
Pour rassurer notre abonné, nous lui
dirons que nos cygnes sont mieux trai
tés depuis quelque temps La nourri
ture leur est plus abondamment distri
buée, ou, si l'on veut, moins parcimo
nieusement.
Vous savez qu'il y a un hôpital
pour les cygnes malades. C'est un ré
duit en planches où on les rassemble
et les soigne. Depuis une quinzaine de
jours, il n'est entré qu'un cygne l'hô
pital. Cela prouve que nos premiers
renseignements étaient exacts, que ces
pauvres bêtes souffraient de la faim
mieux nourries, elles se portent évi
demment mieux. C'est un peu la loi
générale.
On n'en rencontre plus non plus
vaguant par les chemins, loin de nos
eaux, la recherche d'une pâture pro
blématique. Ils ne «mendient» plu8
aux portes, comme des faméliques,
la façon des chemineaux sur les grands
chemins. La police, oévère gardienne
des règlements, n'a pas eu leur dres
ser procès-verbal.