Chroniquedela ville. Leur morale. Un beau succès. Jadis et aujourd'hui. LE programme de la Tuiudag Kéceplion duGouverneur. Hevue des écoles. Les pêcheurs la ligne. La bonne blague. Le kiosque. Un sauvetage. Examen. Les ruines de notre enseignement public. territoire national et c'est cela qui, dès au jourd'hui, double la gravité de la répudia tion dont le corps électoral vient de frapper le gouvernement. La représentation proportionnelle, encore qu'imparfaitement appliquée, a permis au pays flamand, au pays flamand surtout, de secouer son linceul. Le pays flamand se réveille et vient nous. Car ce n'est pas seulement le Limbourg, destitué depuis 1830 de toute représentation libérale, qui nous donne un succès, c est en core la Flandre, la pauvre Flandre, la Ven dée Belge sur laquelle 1 influence cléricale pèse si lourdement depuis des siècles, qui célèbre ses fiançailles avec le libéralisme. Termonde, S'-Nicolas. Alost envoient au parlement des députés libéraux. Furnes et Dixmude auront un sénateur libéral, après Bruges etCourtrai. C'est toute une contrée qui renaît la vie politique. Les cléricaux raillaient le réveil du libéra lisme. A les entendre, nous étions un parti mort, ayant définitivement épuisé son effort et fa talement destiné la dislocation et l'ab sorption. Les socialistes soutenaient, de leur côté, que nous n'existerions que pour autant que nous suivrions le drapeau rouge. Et voilà que nous gagnons du terrain et sur les cléricaux et sur les socialistes, et que le pays vient vers nous, comme vers le seul parti du progrès, de la vérité et de la conci liation. Le peuple finit toujours par marcher vers la lumière et il n'est pas de tyrannie morale qui puisse résister sa généreuse poussée. Les gazettes cléricales ont répété sans cesse que nous n'avions pas de griefs faire valoir contre le gouvernement et voilà que la nation, convaincue de la grandeur de no tre cause, déclare que ce gouvernement a manqué tous ses devoirs et qu'elle entend le punir d'avoir détruit l'enseignement pu blic. désorganisé l'armée, gaspillé les finan ces et fait obstacle au progrès. •Nous touchons la fin du régime clérical et le beau soleil des gueux monte l'horizon. Les élections du 29 Mai et du 5 Juin prouvent que l'anticléricalisme est le véri table terrain de combat de l'heure présente et qu'il n'est qu'une politique pratique et ef ficace, c'est de courir sus la réaction. Et maintenant, l'œuvre L'ennemi fiéchit qu'on sonne la charge et qu'on monte l'assaut Il ne faut plus rien passer au gouverne ment clérical, il faut le combattre chaque jour, chaque heure, il faut mettre en pleine lumière le moindre de ses gestes, afin qu'il s'écroule sûrement sous les huées. Travaillons, disait Garabetta aux Fran çais. Et la France républicaine a vaincu la réaction. Travaillons Les cléricaux essayent partout et princi palement en pays flamand, de démontrer que nous autres libéraux, nous ne possédons aucune morale si ce n'est une morale anti religieuse le mot anticléricale serait mieux choisi, car c'est le mot exact, n'en déplaise aux journalistes catholiques. Mais ces Messieurs ne nous disent pas quelle est leur morale la voici, chers lec teurs La morale catholique C'est celle qui permet de tripatouiller les listes et donner deux et trois voix aux citoyens n'ayant droit qu'à un seul bulletin de vote C'est celle qui permet de faire voter des citoyens ayant perdu leurs droits civiques par suite d'une condamnation, condamna tion dont l'effet n'est pas encore périmé C'est celle qui permet au ministre de la Guerre d'ignorerl'effectif de son armée, et même de la désorganiser C'est celle qui permet au ministre de l'in...Justice, de ne faire et dans la magis trature et dans le notariat, que des nomina tions essentiellement cléricales C'est celle qui permet au chef du cabinet, notre Bosco national, de jongler avec les millions des contribuables belges, comme un bateleur avec des poids C'est celle qui permet aux députés catho liques de faire des faux en plein Parlement, en répondant en lieu et place de leurs collè gues absents C'est enfin celle qui permet aux étudiants catholiques de Louvain de s armer non seu lement de gourdins pour assommer de pai sibles passants, mais aussi de poignards*t de retolters pour résister la Force publi que, et peut-être même, pour forcer les ci toyens louvanistes a admettre leur infâme doctrine. La morale catholique, c est une morale basee sur la Fraude, l'Injustice c'est une morale qui pousse parfois le peuple la Violence. A cette morale honteuse et com bien néfaste pour un pays tel que le notre, nous opposons une morale ba*ée sur la Rai son, le Bon-Sens et la Réflexion La morale libérale est une morale de Tolérance. Les journaux français nous rappor tent que M. Auguste Cruque. apparen té plusieurs familles Yproises, vient d'obtenir de brillants succès au con cours du Conservatoire de Lille Il y a quelques mois nous avons eu la bonne fortune de pouvoir applaudir cet enfant il n'avait alors que 12 ans qui prêtait son concours lors d'un concert donné aux Anciens Pompiers. Nous nous souvenons de ce bambin qui émerveillait son auditoire et promet tait de se faire une réputation enviée, de devenir quelqu'un. Ces promesses se réalisent. Le jeune Cruque. élève du Conser vatoire de Lille, s'est présenté au cou- cours public qui a eu lieu Lille, Lundi 4 Juillet. Nous lisons dans La DépêcheMercredi 6 Juillet 1904 Classe de violoncelle. Prof. M. Dienne. Morceau de concours premier al legro du concerto, de Néruda. Ce com positeur est peu joué et, franchement, son œuvre pour être appréciée ne peut être interprêtée que par un artiste qui y mettra son âme entière, ce qu'on ne peut demander encore un élève. Franz Néruda est un violoncelliste hongrois, d'une famille d'artistes de Brunz sa sœur Franceska a plus de renom, elle était considérée, au milieu du siècle dernier, comme une violoniste de grande valeur. Elle a beaucoup voyagé avec une de ses sœurs pianiste, son père violoniste et Franz Néruda. Le jury a jugé ainsi 1er prix, qui aurait dû être l'unanimité, au jeune Auguste Cruque, 2e prix de 1903, enle vé haut les mains, car la main droite, l'archet ferme et souple, comme la main gaucheau doigté nerveux et agile, sont toutes deux excellentes. La lecture a été très bonne, très nuancée. Voilà un futur violoncelliste de talent. Le Grand Echo du Nord et du Pas-de- Calais, Jeudi 7 Juillet 1904 Auguste Cruquede Lille 2e prix en 1905). Un gamin de 13 ans et quel ques mois. Il arrive en scène en culotte courte, maiB plein d'assurance. Il ac corde lui-même son violoncelle, fait signe au pianiste qu'il peut attaquer. Tout de suite il se révèle un artiste au jeu aisé et expressif, au mécanisme sûr et léger. La tenue laisse peut-être un tout petit peu désirer, mais ce léger défaut est largement compensé par les nombreuses qualités que possède ce jeune violoncelliste, qui, j'en ai la cer titude, tiendra très bien sa place au Conservatoire de Paris, où il va se pré senter n Lecture. Très bonne, oui, très bonne, quoique l'on prétende que le jury ait-refusé le prix l'unanimité cet élève, parce qu'il aurait oublié une note. A cette critique l'on répond Le morceau était copié la main et la note en question difficile percevoir... Allons, ne chicanons pas. le jury aurait dû (si toutefois c'est là le motif de sa rigueur) se souvenir que le jeune Cru que est bon lecteur, puisqu'il vient d'obtenir le premier prix de solfège dans la classe supérieure Premier prix. Le Progrès du NordMercredi 6 Juil let 1904 Le petit Cruque, ce bambin en cu lottes qui n'a pas encore quatorze ans, avait remporté en 1903 le deuxième prix Déjà alors, son succès paraissait assuré pour cette année II l'a en effet remporté haut la main. Son exécution a été parfaite en tous points par la franchise du jeu. l'ampleur de la phra se musicale, la iustesse irréprochable, la vigueur de l'archet, la pureté du son Bonne lecture également. 1er prix. Nous sommes certains qu'il fera hon neur notre Conservatoire, car il se dispose aller Paris. Le Reteil du NordJeudi 7 Juillet 1904 Lundi, au Conservatoire, nous avons particulièrement remarqué et applaudi un tout jeune violoncelliste fort bien doué M. Auguste Cruque, qui a remporté hapt la main un beau premier prix. Que ce jeune artiste se couBole de n'avoir pas.obtenu l'unani mité des voix des membres du jury, mais celui-ci a l'Jiabitude de n accorder habituellement cétte faveur qu'à ceux qui n'ont que peu d'avenir Toutes nos félicitationi MM. les professeurs Darcq, Queste et Dienne qui ont pré Benté une belle classe. A notre tour nous félicitons cordia lement et chaleureusement M. Auguste CRUQUE. Nos meilleurs vœux l'accom pagnent dans sa carrière. Puisse-t-il ne pas oublier le sympathique accueil qu'il reçut chez les Anciens Pompiers d'Ypres et se rappeler souvent que nous serons toujours heureux de pou voir l'applaudir. Ce programme a été affiché le Same di 9 Juillet au soir sous l'administra tion libérale il l'était dans la dernière quinzaine de Juin. Aujourd'hui il est complètement rédigé en flamand, alors que l'année dernière encore il l'était dans les deux langues. M. Colaertaura sans doute voulu plaire certains con seillers communauxflamingants outrés Dans un arrondissement frontière comme le nôtre il est assez ridicule de ne pas annoncer nos festivités en lan gue française. Dédaignerait-on la clien tèle de nos voisins du Sud Le clou de la fête communale pour les cléricaux est la réception officielle du gouverneur de la province. Lcb libéraux se souvenant de l'élection communale du mois d'Octobre dernier, laisseront passer ce Monsieur. 0 amère et cruelle ironie L'admi nistration communale organise une re vue des écoles pour Monsieur leur gou verneur Vraiment, on croit rêver C'est une comédie qui se joue MM. Colaert et Cie, les désorganisateurs de l'enseignement public et laïque, orga niser une revue des écolesDe qui se moque-t-on ici Jadis l'administration libérale pou vait avec une légitime fierté montrer M. le Gouverneur Hey vaert, ses éco les florissantes mais aujourd'hui Jadis les pêcheurs la ligne de l'é tranger et de la viile qui prenaient part au concours organisé par l'admi nistration communale A l'occasion de la Tuindag, se formaient en cortège, parcouraient, harmonie communale en tête, quelques rues de la ville et étaient reçus l'Hôtel de Ville où l'autorité leur offrait le vin d'honneur. Aujour d'hui il n'y a plus de musique, il n'y a plus de réception, il n'y a pluB de vin d'honneur Maintenant que les élec tions sont passées on se f.de tout le monde. U y a. paraît-il, le côté économie pour la caisse communale. L Harmonie touchait 100 fr. pour ce service. L'état précaire dans lequel se trouve le porto- monnaie de grand'mère défena de faire cette largesse. N'a-t-il pas fallu payer les services des musiciens pour leur participation aux cortèges cléricaux qui se sont rendus la Hooge,ew Frezen- berge tau Verlorenhoek? Ce qu'on donne d'un côté on ne peut certes le donner de l'autre. Quand nous nous permettions de dire que la faconde de notre maïeur pouvait tout au plus obtenir des cré dits au budget extraordinaire et encore la veille d'une élection, le Journal d Ypres nous traitait de grincheux que dira-t-il maintenant du gouver neur du llainaut. M. du Sart de Bou- laud, qui 6e p rmet de souligner dans son discours l'ouverture de la session du Conseil provincial, que le budget extraordinaire est celui, qu'on ne paie pas. Nous n'avions pas besoin de cette déclaration pour savoir que le budget extraordinaire ne servait qu'à berner le corps électoral nous en avons eu la preuve plu6 d'une fois avec les crédits pour l'ac'hèvement du canal et celui pour l'amélioration de notre caserne de cavalerie. Le Gouverneur du Hainaut a eu rai son de traiter le budget extraordinaire de bonne et vaste blague, mais que dira le Journal d'Ypres de ce moment de franchise de la part d un clérical pur sang Où en est la peinture du kiosque? Cette peinture, faite par adjudication, a été entreprise par le peintre Ghysel. Nous espérons que l'adjudicataire tiendra honneur de noua donner un beau travail soigné sous tous les rap ports. Pourrons-nous admirer son œu vre l'occasion de la Tuindag un g Dimanche dernier, vers 7. h. 1/4 du soir, un enfant de 9 ans, Victor Cno- ckaert, est tombé dans les eaux des fortifications derrière le bassin de na tation. II se serait indubitablement noyé si Maurice Lowier, un jeune homme de 17 ans, qui péchait la ligne près du lieu de l'accident, ne s'était résolument porté son secours. Ne prenant pas le temps de se dévêtir, Lowier s'est jeté l'eau tout habillé et est parvenu,non sans peines, arracher cet enfant une mort certaine A l'en droit même où l'accident s'est produit il eut été impossible d'aborder, cause du mur. Il fallut que Lowier nageât assez loin pour atteindre la berge et y déposer son précieux fardeau. Nous signalons le fait M. Qui de droit avec l'espoir que cet acte de cou rage ne restera pas sans récompense. Nous apprenons avec plaisir que M. Jules Yoli vient de subir, avec dis tinction, devant le jury de l'Université de Gand le second examen de la candi dature en philosophie et lettres. M- V Monsieur Vuylsteker Emile, de Gheluvelt, ancien élève au Collège Moderne d'Ypres et l'Athénée royal d'Ostende, vient de passer avec distinc tion la 2e candidature de philologie ger manique devant la faculté de l'Univer sité de Gand. Nous leur adressons nos plus chaleu reuses félicitations. .nirgl Tes—- Si Ton veut se faire une petite idée de l'état de dépérissement de notre en seignement public, qu'on examine soi gneusement les relevés ci-dessous con cernant la Flandre occidentale, dressés d'après les statistiques officielles de TAlmanach royal pour 1904. Sur 230 communes rurales, il y en a peine une dizaine qui possèdent une école communale pour filles, et c'est encore dans la partie wallone Mouscron, Helchin, Dottignies, Neuve-Eglise, Messines qu'on la trou ve, de sorte que dans toute la partie rurale flamande de la province, l'édu cation des fil les est laissée aux bons (V) soins des nonnettes. De même dans les villes importantes telles que'lhielt, YVervicq, Warnêton et Iseghem, il n'y a point d'école com munale pour fil les. Sur ces 230 communes, il y en a une cinquantaine dont l unique école com munale a étés upprimée par arrêté royal, qui ne possèdent donc plus aucune éco le officielle, et parmi ces communes dispensées il y en a île très importantes, telles que Mynghene, un bourg cléri cal de plus de 8,000 habitants où le ba ron van der Bruggen, ministre de l'a griculture, règne en seigneur et maître Mais s'il n y a plus dans cette commu ne aucune école communale publique, il J' a, par contre, neuf écoles privées, largement subsidiées, ayant un person nel de vingt-huit instituteurs et insti tutrices ultra-cléricaux. Dans 170 communes, il y a une école communale unique cette école, aux termes de la loi, doit être mixte, c'est

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Le Progrès (1841-1914) | 1904 | | pagina 2