Libéraux, attention
Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement.
Dimanche, 2 Octobre 1904.
64e année.
40.
l'union fait la force.
faraissfttii te àMitmmche.
Vires acquirit ecndo.
Ne tardez pas exami
ner les listes et voir si
vos droits sont garantis.
N'oubliez pas qu'il y a
urgence et que toutes les
réclamations doivent être
faites, avec pièces justifi
catives l'appui, avant le
31 Octobre, c'est-à-
dire avant la tin du mois
prochain.
Les listes sont mises
votre disposition, où vous
pouvez les consulter
Lafé Tète d'Argent
rue de Lille, Ypres.
Cale Cour de Bruxel
les rue de Dixmude.
Café Le Casino rue
de la Station.
Bureau de l'Association
libérale, rueduSéminaire.
De la moralité
d'un philosophe
Cléricalisme el religion.
La réforme électorale.
PRIX I)E L'ABONNEMENT:
pour la ville Par an -4 francs.
pr la province Par an -4 fr. 50
Pour les annonces on traite forfait.
Notre numéro du 18 courant avait
reproduit un article du Nouveau Pré
curseur dans lequel l'auteur avait
soutenu, avec autant de clarté que de
précision, la thèse libérale de la supré
matie civile sur l'autorité religieuse.
Dans le JournaltV Ypres du 21, quel
que j. vi" hâbleur et philosophiste en
vacauces. au langage aussi creux que
grandiloquent,séduit par les accommo
dements que permet la morale clérica
le, n'a rien trouvé de mieux pour soute
nir une thèse ronflante de mots et vide
d'idées que de tronquer le sens d'un
passage du Précurseur daDs lequel
il est dit que tout libéral, si telle est sa
convictiona pour devoir de répaudre
autour de lui des doctrines philosophi
ques en opposition avec celle de la re
ligion catholique il agit alors en
libre-penseur. Comme homme politi
que, il se bornera combattre ceux
qui veulent assujettir l'Etat la toute
puissance de l'Eglise.
Mais le savant rhéteur du Journal
fervent disciple d'Escobar, prétend
sans aucun scrupule nous rendre in
conséquents avec nous-mêmes, en nous
faisant dire que tout libéral a pour de
voir de répandre autour de lui des
doctrines en opposition avec celle de
la religion catholique comme manifes
tation du Vrai et du Beau après que
nous ayons dit que ce n'est pas la reli
gion catholique qui e-t l'ennemi. Non,
Monsieur, tout libéral, si telle est sa
convictiona pour devoir de répandre
autour de lui des doctrines philosophi
ques en opposition avec celle de la re
ligion catholique: il agit alors^n libre-
penseur. Comme homme politique, il
se bornera combattre ceux qui veu
lent assujettir l'Etat la toute puis
sance de l'EgliseCe n'est pas
la religion catholique qui est l'ennemi;
non, Monsieur, ce sont ceux, ses chefs
On s'abonne au bureau du journal, rue de Uixmuue, 53, Ypres Les annonces, les faits
divers el les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres el les deux Flandres au bureau
du Progrès Pour la publicité eu dehors des deux Flandres, s'adresser exclusivement au
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Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 tr. la ligne.
ecclésiastiques et ses adeptes laïcs, qui
veulent mettre le pouvoir religieux
au-dessus du pouvoir civil, qui sont les
adversaires de la liberté et que le libé
ralisme doit repousser dans leur vrai
domaine, dans celui de la conscience
intime
Qu'il nous soit permis de rappeler
ce scribe que la morale n'est pas seule
ment de la théorie, qu'elle est aussi
un art et que pour se montrer digne de
l'exalter dans ses écrits, il faut se
montrer en état de ne pas la prostituer
la défense d'une mauvaise cause.
Le libéralisme, nous le répétons, est
la manifestation de l'esprit de liberté,
respectueux de toute croyance désin
téressée, et par cela même il est l'ex
pression du progrès dans toutes ses ap
préciations la vie publique. Nous ne
serons jamais des sectaires et des ty
rans ri répugne notre idéal de to
lérance de a chasser les religieuses de
leurs écoles pourvu qu'elles se sou
mettent au droit commun. C'est l'es
prit clérical au contraire que nous
sommes en droit d'imputer la cause de
ces misérables luttes, de cette scanda
leuse pression que suscite l'ultramon-
tamsme pour la possession de son pou
voir et la conservation de ses privilè
ges. Mais l'impatience des opprimés
secouera ce joug odieux imposé par des
traqueurs de consciences qui ravalent
la dignité humaine la valeur de quel
ques sous.
Avant de terminerions ne craignons
pas d'abuser des lumières de notre phi
losophe, en le priant bien humblement
de nous expliquer ce qu'il entend par
le Vrai auquel sont opposées les théo
ries qui ont provoqué la Commune de
1871 (et non de 1870, comme le dit le
rédacteur occasionnel du Journal) et
la Révolution de 1796 et les ré
percussions pratiques préjudiciables
qu'elles ont entraînées après elles. Nous
brûlons du désir de pouvoir nous édi
fier au contact de sa science. Pour tout
conseil, nous nous permettons de lui
recommander pour la compréhension
du vulgaire les avantages d'un langage
un peu plus précis et plus modeste.
Qu'il se rappelle la répon e de Phôcion
aux harangues sonores et vaines de
Léosthène Tes discours, jeune hom
me, ressemblent des cyprès ils sont
grands et élevés, mais ils ne portent
pas de fruit.
TJ
C'est sans doute la certitude de ne
point rencontrer, auprès de leurs lec
teurs, la contradiction de la mauvaise
presse, qui porte certaines feuilles clé
ricales pousser le paradoxe jusqu'à la
plaisanterie, et le travestissement des
faits jusqu'à la pure contre-vérité.
Ainsi, voici l'Escaut d'Anvers qui se
pique de démontrer que si les cléri
caux envahissent tout et s'efforcent
d'appliquer au pays un gouvernement
confessionnel, un régime de religion
d'Etat, contre-pied de la Constitution,
c'est titre de légitime défense.
Le morceau vaut la peine d'être
cité comme échantillon d'inconscience.
C'est intitulé Libéralisme el Religion.
Les libres-penseurs ont pour but primor
dial d'attaquer la religion, de lui arracher
des âmes, de faire l'Eglise tout le tort possi
ble les catholiques, de leur côté, ont, par
un juste et logique retour, pour premier né-
voir de défendre leur foi menacée, les liber
tés nécessaires qui sont l'inaliénable apana
ge du christianisme.
On peut déplorer cette situation, on peut
signaler tout le mal qu'elle cause et le bien
qu'elle empêche de faire mais ce qui n'est
ni loyal, ni permis, c'est d'intervertir les rô
les et de déplacer les responsabilités. C'est
iagcessetîr qu'il faut s'en prendre d'un pnr-
K'.anent et donlour tix conflit et non pas a
l'attaqué, contraint remplir un devoir sa
cré et exercer le plus incontestable de
tous les droits, celui de la légitime défense.
Les faits ne demontrent-ils pas que par
tout où l'Etat ne se mêle pas des affaires de
l'Eglise, l'Eglise ne se mêle pas des affaires
de l'Etat Tous ceux qui connaissent le ca
tholicisme savent que le principe de la dis
tinction de deux pouvoirs est une doctrine
essentiellement catholique. Est-ce que la
Grande-Bretagne, est-ce que les Etats-Unis,
est-ce que la Hollande, pays e.i majorité
protestants, mais qui respectent la liberté de
leurs sujets catholiques, éprouvent les besoins
de se défendre contre les envahissements de
l'ultramontariisrne Est-ce que l'Allemagne,
depuis qu'elle a renoncé au régime persécu
teur, inauguré jadis par le chancelier de fer,
aux applaudissements des lih- es-penseurs de
France et de Belgique, ne trouvent point
dans les populations catholiques sa grande
réserve patriotique, son meilleur appui, son
rempart le plus puissant contre le flot mon
tant du socialisme
C'est encore une fois le lapin qui a
commencé
Seulement, il faudrait s'entendre sur
ce que nos ultramontains appellent une
agression...
Etait-ce une agression que le vote,
du consentement unanime des Belges
et avec la collaboration des nombreux
abbés siégeant au Congrès de 1831,
d'une Constitution proclamant les li
bertés nationales et notamment la li
berté de conscience
Cependant le Pape d'alors, Grégoire
XVI, lança immédiatement l'anathème
sur notre pacte fondamental, ce qui fit
dire Louis Veuillot que la Constitu
tion belge avait été foudroyée dans son
berceau.
Quelques-uns de ses principes in
scrits dans le projet de loi fondamenta
le proposé sous le régime hollandais
avaient, du reste, déjà été condamnés
par le jugement doctrinal des évêques
et, depuis lors, chaque pape eut soin
de reprendre pour son compte et de
confirmer les réprobations prononcées
par ses prédécesseurs.
Rien que de réclamer la liberté des
cultes, la liberté de la presse, la liber
té d'association et nos autres franchi
ses, c'est se mettre en état d'agression
contre ie cléricalisme.
L'agresseur, c'est celui qui prétend
être libre et non celui qui veut enlever
la liberté aux autres
Rien ne peut mieux caractériser l'in
transigeance exorbitante de nos ultra
montains, en même temp-i que leur
hypocrisie lorsqu'ils nous parlent de
leur attachement la Constitution.
Quant aux exemples tirés de la si
tuation en Angleterre, en Hollande,
aux Etats-Unis, en Allemagne, ils prou
vent précisément contre nos cléricaux.
Tous ces pays sont des paya protes
tants et s'ils n'ont pas se défendre
contre les envahissements de l'ultra-
montauisoie, c'est que les ultramon
tains y sont eu minorité.
Le principe de la distinction des
pouvoirs leur est imposé, car si ce
principe est une doctrine catholique,
c'est avec cette ajoute que le pouvoir
civil est subordonné en toutes choses
au t pouvoir s religieux, source unique
de l'autorité légitime
Quand l'uitramontanisme ne se mêle
pas des affaires de l'Etat, c'est qu'il ne
se sent pas en force de le faire et quand
1 Etat se mêle des affaires de l'Eglise,
c'est qu'il a se défendre contre ses
empiétements. Voilà la vérité.
L'impuissance de nuire est la condi
tion première de la sagesse cléricale.
La contrainte subie pendant le régi
me hollandais avait donné nos catho
liques la notgon exacte de la valeur de
la liberté Ils avaieut appris l'école de
l'adversité en connaître les bienfaits,
et c'est ce qui nous valut la génération
des catholiques et des abbés de 1830.
Ces abbés ne voulaient que la liberté
et même,pour l'assurer plus complète
ment, la séparation de l'Eglise et de
l'Etat.
Mais une fois le danger passé, l'op
pression abolie, le naturel a repria le
dessus, le cléricalisme a relevé la tête
et aujourd'hui, en Belgique, où il n'y
a certes pas de liberté religieuse sau
vegarder, le clergé ne songe qu'à éten
dre sa domination politique et se sou
mettre complètement l'État.
C'est la conséquence fatale de l'in
trusion du prêtre dans la politique où
il apporte son intolérance et son abso
lutisme de seul prétendu détenteur de
la vérité.
Les politiciens du centre allemand,
dont l'Escaut invoque inconsidérément
l'exemple, l'ont si bien senti que, soit
par esprit d'indépendance, soit par
tactique, dans l'intérêt du parti, on
doyant et divers; toujours prêt au
marchandage, ils ne veulent pas de
l'établissement Berlin d'une noncia
ture qui ne tarderait pas revendiquer
la direction, comme en Belgique, de la
politique catholique et cela au grand
détriment, disent-ils, de la politique et
de la religion.
Ce sont là des constatations de fait
autrement probantes que les calomnies
lancées contre le libéralisme, accusé
d'avoir pour but primordial d'atta
quer la religion.
Encore une fois, que le prêtre reste
dans son église, qu'il s'occupe de son
ministère au lieu de se faire courtier
politique, agent électoral qu'il ne
prétende pas enlever aux autres, selon
les enseignements du Vatican, la liber
té qu'il réclame pour lui-même et per
sonne ne s'avisera d'aller l'inquieter
dans son église.
C'est le 8 Novembre que se réunis
sent nos Chambres. Il n'est pas trop
tôt pour songer aux questions qui se
ront agitées devant elles. La plus im
portante de toutes, notre avis, est
celle de l'unification de notre régime
électoral où tout est anomalie et con
tradiction.
En premier lieu, on se demande
pourquoi l'on vote 25 ans pour la
Chambre et 30 pour le Sénat, la Pro
vince et la Commune. Si l'on considère
l'âge de 30 ans comme une garantie de
réflexion et de jugement, pourquoi
trouve-t-on cette garantie inutile quand
il s'agit de la Chambre
Autre anomalie
Le maximum des votes que l'on peut
collectionner pour la Chambre et le
Sénat est de trois. Pour la Commune, il
est de quatre. Même en admettant le
plural, ce plural né dans l'île d'Utopie,
qui a fini par favoriser les campagnes,
alors qu'il eût plutôt fallu avantager
les centres de discussion et de lumière,
on ne s'exolique pas cette contradic
tion dans le cumul des voix.
La façon dont la représentation pro
portionnelle est appliquée est plus illo
gique encore, s'il est possible. Alors
que, pour le Sénat et la Chambre, nous
avons la vraie proportionnelle, encore
que la géographie électorale soit trop
étroite, il n existe la Commune qu'un
embryon de proportionnelle, celle-ci
n'étant appliquée qu'en cas de ballot-
tage, et, enfin, pour la Province, il n'y
a pas de proportionnelle du tout.