Chronique de la ville,
La question du gaz.
Aux habitants
d'Ypres.
Conseil communal
Encore
la question du gaz.
Les exploits des étudiants
cléricaux.
3 Eclairage public: contrai de con
cession.
Nouveau scandale.
A M. Vande» boogaerde.
scandale, qui n aurait jamais dû quit
ter le domaine purement judiciaire, le
caractère d'un événement politique.
Les maladroits amis de M. Syveton,
notamment MM. Jules Lemaître et
François Coppée, se sont empressés de
crier au crime politique, de dénoncer
les assassins de l'ancien député, d ai-
tirmer que cette mort étrange était
l'œuvre de la Franc-Maçonnerie et du
gouvernement et, dès lors, les républi
cains avaient un intérêt majeur taire
toute la lumière, fa re connaître tou
tes les circonstances de ce drame. 0»
sait ce qui m est rébulté, quelles révé
lations se sont produites charge de
M. Syveton, leader de la Patrie fran
çaise champion de l'honneur de
l'armée, défenseur du trône et de l'au
tel. La légende du crime maçonnique
s'est effondrée du coup, mais ce serait
mal connaître les éléments de réaction
qui s'agitent depuis cinq années en
France que de les croire capables de
convenir loyalement de leur erreur.
Les mêmes personnalités qui imaginè
rent les complications les plus abraca
dabrantes dans l'affaire Dreyfus met
tent ici leur imagination féconde au
service des réactionnaires et, quand
on lit les choses énormes que racon
tent MMRoeheiort et Drumont, quand
on constate les efforts inouïs que fait
la basse presse nationaliste et cléricale
pour donner le change et pour déter
miner un revirement contre les répu
blicains. on se demande si Tés partis
qui se servent de cette presse-là ont en
core la moindre conscience de leur di
gnité et quels malheurs menaceraient
la France si jamais ils parvenaient par
surprise s'emparer du pouvoir. Les
réactionnaires ont été dans leurs ma
nœuvres jusqu'à peser sur les déclara
tions de la veuve de M. Syveton, com
me cela résulte clairement des faits que
relate aujourd'hui le Malin de Paris.
Dès le début, ce sont donc les réaction
naires qui ont accentué le caractère scan
daleux de l'affaire Syveton parce qu'ils
espéraient faire sortir triomphant do
toute cette boue le mensonge du crime
maçonnique mais ils ont oublié que
ces légendes-là ne sont plus de notre
temps et qu'à une époque où la justice
peut faire la pleine lumière sur tous les
faits on ne tue plus les partis ennemis
par des légendes et on ne discrédite
plus impunément un gouvernement dé
mocratique par le mensonge. Seule, la
réaction nationaliste et cléricale sorti
ra flétrie de cette lamentable affaire.
lieux blessés.
Les étudiants louvanistes ne se con
tentent plus de manifester dans leur ci
té, ils viennent maintenant renouveler
leurs exploits dans la capitale, et cela
avec une arrogance inconcevable. Ain
si, ils ont occasionné, Jeudi soir, dans
le centre de la ville, des incidents gra
ves, dont le parquet est saisi, et qui au
ront leur épilogue devant le tribunal
correctionnel Voici les faits, tels que
le rappoite l'euqnête de la police
L'Association générale dei étudiants
cléricaux s'était réunie dans son local
de la rue de l'Equateur la majorité
des présents npparten lient l'Univer
sité de Louvain 11 y avait là aussi quel
ques écoliers bien pensants de l'Uni
versité de Bruxelles. La séance a duré
jusqu'à 11 heures déjà, durant la réu
nion, des algara les s'étaient produites
autour du local, mais les agents avaient
rapidement rétabli le calme. Après
l'assemblée, les fougueux jeunes gens,
cent cinquante environ, sont descen
dus en ville, en colonne. Ils chantaient,
criaient braillaient, molestaient les pas
sants paisibles.
Lorsqu'ils ont déboocbé sur la place
de Brouckere, se rendant la gare du
Nord, pour s'y embarquer, les éliacins
vociféraient davantage. Au coin de la
rue du Pont-Neuf, on ne sait encore
la suite de quelles circonstances, uue
rixe formidable a éclaté Les manifes
tants, sans motif apparent, se sont je
tés sur un groupe do sous-officiers et de
bourgeois qu'ils ont frappé l'aide de
gourdins dont ils étaient armés. La ba
taille a été terrible. Les cléiicaux ont
terrassé plusieurs personnes et les ont
malmenées de façon scandaleuse, sous
prétexte qu'elles refusaient de crier
Vive la calotte Ce combat a duré
plusieurs minutes Lorsque la police
est arrivée, il lui a fallu dégainer pour
maîtriser les assaillants. Ceux-ci s'a
charnaient ignoblemeut sur plusieurs
citoyen*. étendus sur le sol, et qu'ils la
bouraient de coups de canne. Parmi ces
victimes, on cite surtout MM. Maurice
Parmeutier, demeurant rue du Mât,
Etterbeek Fernand Parmentler, de
meurant chaussée de Watermael,
Boitsfort, et Maurice Becq. domicilié
rue des Fabriques, Bruxelles. Le pre
mier a été surtout l'objet de la colore
des cléricaux il avait une large bles
sure au front, d'où s'échappait abon
damment le sang, lorsqu'on est parvenu
le soustraire la fureur de ses agres
seurs. L'agent judiciaire Polus, en te
nue civile, qui était accouru au secours
des victimes, a été lui aussi fort mal
arrangé II a été blessé au crâne les
étudiants lui avaient tout d'abord volé
son chapeau et l'épaule droite. Son
agresseur, un Italien de VAima Mater,
Luigi R... di C..., lui a asséné do tels
coups sur la clavicule que sou gourdin
s'est cassé sur l'os...
Le combat terminé, on a conduit au
poste de la rue de Ligne les principaux
perturbateurs, lesquels ont été îutorro-
gés par M. Scboofs, officier de service.
Ce sont tout d'abord l'Italien cité plus
haut puis un noble étranger, qui fut
un dos principaux fauteurs des désor
dres dont l'Université de Bruxelles fut
le théâtre l'an dernier, Herman D...,
de l'Université de Louvain, qui est
l'auteur des coups portés M. Parmen-
tiers, et Georges V..., élève de l'Ecole
Saint-Luc, Schaerbeok. Cesdangereux
et très religieux personnages se sont
vu dresser procès-verbal. Ils ont décla
ré pour justifier leur attitude inquali
fiable, qu'ils ont été conspués par quel
ques étudia ts libéraux, et que ces
invectives les avaient exaspérés Le
procureur du Roi de Bruxelles a été
informé Vendredi matin de ces faits
regrettables.
D'Y PRES
Séance publique «lu
Samedi 1Décembre 1904.
La séance publique est ouverte 5
h. 10 m.
Tous les membres sont présents, sauf
MM. Fraeys et Iweins.
Le procès-verbal de la séance du 12
Décembre dernier n'ayant donné lieu
aucune observation est approuvé.
Le budget pour 1905 de la Bibliothè
que communale est approuvé.
Après une discussion sur les modifi
cations apporter au règlement sur les
jeux d'orgues, le Cons ul émet un vote
favorable.
M. Colaert annonce que le Collège
échevina) écrit M De Brouwer une
lettre dont il donne lecture et où il est
question de l'engagement prendre
par M. De Brouwer de ne pas vendre
de charbon. Dans cette lettre, la ville
réclame les noms de ceux qui couvri
ront le capital et celui du directeur de
l'usine.
M. le Bourgmestre donne ensuite lec
ture de la réponse de M. De Brouwer
qui contient la listo des personnes qui
garantissent les capitaux. La lettre
cite un tas de De Brouwer (cousins et
cousines) et tout un groupe de Lié
geois.
La lettre donne le nom du direc
teur, un jeune M. Pe Brouwer,
fraîchement sorti de l'Université, âgé
de 23 ans, l'homme d'expérience qu'il
fallait pour supplanter M. Valcke et
1 ingénieur distingué du groupe Y'prois.
La lettre dit encore que M. De
Brouwer est d'accord, quand lui, sur
les différents poiuts soulevés par le
Conseil, mais qu'il ne peut s'engager
pour ses amis de Liège sans les consul
ter.
Or, Messieurs les Liégeois sont en
voyageet. sans la moindre observatiou,
tout le Conseil communal d'Ypres,
comme un seul homme, consent re
mettre une date indéterminée, la dé
signation du concessionnaire, alors que
l'on donnait trois jours au groupe
Yprois pour soumettre ses proposi
tions.
M Colaert demande que le Conseil
vote la déuonciation du contrat avec
M. Valcke
Cette proposition est admise l'una
nimité.
M Colaert exprime l'espoir que le
nouveau concessionnaire s'entendra
avec M. Valcke pour la reprise du ma
tériel d'autant plus qu'il y aurait inté- I
rêt pour la ville éviter le bouleverse
ment de s i ues
Finalement M le Bourgmestre dé
claré qu'il usera de son influence pour
arriver un résultat qui puisse donnei
satisfaction a M. Valcke. Il l'a promis
l'honorable conseil de M. alcke
Immédiatement après la séance pu
blique est levée.
On continue blâmer et critiquer
partout la scandaleuse décision prise
par notre clérical et partial Conseil
communal au sujet de la concession
du gaz qu'il n'a pas voulu mettre en
adjudication publique. Aussi, cette
décision, est-elle considérée par l'opi
nion publique comme un acte de
mauvaise administration posé au dé
triment des intérêts de notre ville.
Afin de pouvoir écarter notre ho
norable concitoyen, M. Valcke, en
lui enlevant sans indemnité son in
dustrie et de le remplacer par M. De
Brouwer, un Brugeois, frère de M. le
Doyen de l'église S' Martin, nos gros
bonnets cléricaux n'ont rien trouvé
de mieux que de créer une société
intercommunale pour l'exploitation
en commun de l'éclairage public et
privé d'Ypres, de Poperinghe et de
Warnêton. Ce projet avait été con
certé et arrêté secrètement et en fa
mille depuis plus d'un an et avant
même, dit-on, que la fameuse Com
mission fût nommée pour examiner
quel système d'éclairage il convien
drait d'adopter pour notre ville
l'expiration de la concession en cours.
M. Colaert s'était, de son côté, en
gagé faire adopter, coûte que coû
te, par son bénévole Conseil commu
nal, le projet de société intercommu
nale arrêté avec M. De Brouwer et
qui devait écarter d'emblée M. Val
cke ou tout autre demandeur en con
cession.
C'est ce qui a eu lieu.
Deux Conseillers seulement, MM.
D'Huvettere et Sobry, ont voté con
tre. Les autrçs n'ayant vu ou voulu
voir clair dans les manigances de no
tre fielleux Bourgmestre.
M. D'Huvettere, qui avait étudié
fond la question de l'éclairage et le
nouveau contrat de concession au
point de vue administratif et finan
cier, a émis de judicieuses observa
tions et établi une comparaison entre
l'exploitation du gaz limitée la ville
d'Ypres et celle en commun entre
Ypres, Poperinghe et Warnêton.
L'honorable Conseiller en a conclu
et prouvé par des chiffres que la so
ciété intercommunale serait beaucoup
moins avantageuse que si notre ville
s'éclairait isolément sans les com
munes associées. Le système proposé
serait plutôt onéreux. Cela est d'au
tant plus vrai que M. D'Huvettere
s est trompé en tablant sur une con
sommation de un million deux cents
mille mètres cubes pour notre ville
et de six cents mille pour Poperinghe
et Warnêton ensemble, chiffres qui
nous paraissent très exagérés.
hn effet, Ypres qui est éclairé au
gaz depuis plus d'un demi siècle, ne
consomme encore aujourd'hui que
415,000 mètres cubes de gaz pour
l'éclairage^ public et privé. Comment
peut-on, des lors, admettre qu'avec
une diminution de prix de 3 centimes
par metre cube, les Yprois en con
sommeront quatre fois plus qu'ac
tuellement
Ce raisonnement est absurde
M. Colaert peut augmenter le
nombre de lanternes de 317 400 et
davantage, comme il le propose, les
particuliers ne consommeront pas
beaucoup plus de gaz en raison de
cette minime différence en moins sur
le prix actuel.
Nous nous croyons donc fondé
dire que, ni le chiffre de 2 millions
de métrés cubes que M. Colaert a
mis en avant pour déterminer le Con-
seil communal admettre la société
I intercommunale, ni celui de un mil
lion deux cent mille mètres cubes
qu'Ypres devrait consommer d'après
M. D'Huvettere, ne seront jamais
atteints
De leur côté, Poperinghe et War
nêton ensemble, ne consommeront
non plus, beaucoup près, ]es
600,000 mètres cubes que leur assi
gne M. D'Huvettere. Cela est cer
tain. En fait, l'éclairage de ces deux
villes se bornera aux principales rues
et places publiques. Ajoutons que de
longues années s'écouleront avant
quer la majeure partie des habitants
de Poperinghe-ville voudra faire les
frais d'installation nécessaires.
D'après le dernier recensement gé
néral la population de Poperinghe
était de 11124 habitants. Si cette vil
le, tenue arriérée sous la domination
cléricale, avait été bien gérée par une
administration intelligente, elle aurait
eu depuis 25 ans une usine gaz. Fur.
nes, ville qui ne compte que 5.800ha
bitants, en possède une depuis long
temps.
Il fallait Ypres, un Poperinghois
l'homme la dévotion du clergé pour
avoir l'audace de doter sa chère ville
natale de l'éclairage au gaz et cela
au détriment de nos finances commu
nales.
Pour nous résumer, répétons avec
M. D'Huvettere que la société inter
communale pour l'éclairage d'Ypres,
Poperinghe et Warnêton sera, quoi
qu'en dise notre maïeur, bien plus
onéreuse que favorable pour notre
ville et donnera lieu, nous le crai
gnons, beaucoup d'inconvénients
et de gaspillages de nos deniers.
Nous n'hésitons pas dire que no
tre Bourgmestre Poperinghois aura
bien des mécomptes enregistrer
ainsi que l'avenir le lui prouvera.
Dans le courant du mois de No
vembre 1904, un groupe d'Yprois a
demandé l'Administration commu
nale pouvoir obtenir la concession
du gaz.
Le 30 Novembre dernier, MM. Co
laert et cie leur accordaient 3 jours
pour soumettre le contrat-annexe.
Les Yprois ont demandé le temps
nécessaire pour soumettre leurs pro
positions, M. Valcke s'engageant
prolonger la concession A UX
CONDITIONS NO U VEL
LES jusqu'au moment de l'exploita
tion nouvelle.
Le conseil a répondu qu'il était
trop tard, qu'il y avait urgence.
L'affaire devait être bâclée Same
di 17 Décembre.
M. De Brouwer, un Brugeois, a
demandé une prolongation.
MM. Colaert et Cie ont accordé
une prolongation.
Et voilà
Jugez de l'intérêt que notre con
seil communal porte aux Yprois H!
Est-il vrai que l'autorisation a ete
donnée de bâtir dans la rue des
Veaux trois petites maisons, en de
hors de l'alignement et dans des con
ditions tellement malheureuses qu un
médecin s'est vu obligé d'envoyer a
l'hôtel de ville, au nom de l'hygiène
une protestation en due forme
Nous avons constaté avec P^ais'
que le nouvel échevin écoute nos 0
servations, faites dans l'intérêt gen
ral et qu'il sait y faire droit n<j"
espérons qu'il saura respecter