Chronique de la ville.
Le Banquet
du Gaz.
Journal de l'Alliance libérale d Ypres et de l'Arrondissement.
Dimanche, 5 .\lars 1903.
63e année. 10.
Vires acqiirit ehdo.
La destruction de
l'Enseignement public.
Le bon M. Col aert.
Les cléricaux
el la (juesliou scolaire.
l'oit)* pait la force.
IViiï/mw»!/ le Mïimattche.
PRIX DE L'ABONNEMENT:
pour la ville Par an 4 francs.
p' la province Par an 4 fr. 30
Pour les annonces on traite forfait.
N otre confrère le Petit Bleu rend com p-
te comme suit du résultat de son en
quête sur la situation de l'enseigne
ment public daus les trente trois com
munes du canton scolaire de Bruges
Ce canton compte a) trente deux
écoles primaires communales, dont
seulement trois écoles pour tilles,
avec une population de 3,851 garçons
et 683 fil les, d'autre part, il y a soi
xante-huit écoles primaires cléricales
adoptées ou subsidiées avec une popu
lation de 4,190 garçons et 6,401 tilles.
bl Douze écoles d'adultes communa
les avec population totale de 544 élèves
et soixante-treize écoles d'adultes
cléricales avec 4,960 élèves
c) Trois r écoles gardiennes com
munales avec 259 élèves et cinquan
te-deux écoles gardiennes organisées
dans les couvents avec 5,157 élèves.
Voici par quels rooyeus les cléricaux
sont arrivés a ce résultat.
1° Ils ont supprimé l'école communa
le unique Lophem, Moerkerke,
Saint-André et Sainte Croix
2° Ils ont supprimé Bruges et ail
leurs plusieurs écoles pour garçons
3°lls sont parvenusà faire supprimer
toutes les écoles communales pour til
les l'exception de celles de Blanken-
berghe, Bruges et Kuocke II y a dans
tout le cauton seulement seize insti
tutrices communales, tandis qu'il y a
cent soixante et onze institutrices reli
gieuses adoptées ou subsidiées
4° Ils ont congédié la maîtresse de
couture dans l'école communale uni
que de vingt huit communes, sa
voir As8ebrouck, Beeruem, Coolker-
ke, Dannne, Dudzeele, Heyst, Knocke,
Lapscheure. Lisseweghe, Meetkerke,
Oedelem, Oostkerke, Ramscapelle,
Ruddervooide, Saint Georges-ten Dis-
tel, Saint-Michel, Sysseele, Uitkerke,
Varssenaere, Waerdamme, Westcapel-
le, Zedelghem et Zuieukerke l'ar con
séquent, il n'y a plus dans le canton
que ciuq communes où les tilles ne
sout pas obligées de fréquenter l'école
du couvent
5° Les écoles pour tilles organisées
dans les couvents de Assebrouck,
Damme, Dudzeele, Knocke, Lapscheu
re, Lisseweghe, Lophem, Meetkerke,
Oedelem, Varssenaere, Waerdamme,
Zedelghem, sout fréquentées égale
ment par les garçons de 6 10 ans.
Cette mesure est prise pour diminuer
la surpopulation des classes de l'école
communale et ne pas obliger la commu
ne nommer un sous-instituteur.
C'est ainsi qu'a Damme, l'école com
munale était fréquentée par une centai
ne de garçons pour un seul instituteur.
Au lieu de nommer un sous-instituteur,
ou a envoyé une trentaine de garçons
l'école du couvent. A Oedelem, l'école
communale pour garçons comptait en
viron 340 élèves pour quatre institu
teurs. La nomination d'un cinquième
instituteur s'imposait, mais on a préfé
ré envoyer une soixantaine de petits
garçons de 6 8 ans l'école du cou
vent
Comme on le voit, nos cléricaux, qui
se déclarent cont re l'enseignement obli
gatoire, sont cependant partisans de
l'école cléricale obligatoire
Nous qui sommes bien placés pour
nous rendre compte des résultats de la
conspiration de l'Etat contre son pro
pre enseignement, nous savons que la
suppression des écoles officielles et la
cléncalisation de l'enseignement ont
marché de pair avec la construction de
nouvelles gendarmeries et l'augmenta
tion des brigades.
On s'abonne au bureau du journal, rie de Dixmlde, 53, Ypres Les annooces. les faits
divers el les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres et les deux Flandres au bureau
du Progrès Pour la publicité en dehors des deux Flandres, s'a Iressçr exclusivement au
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élépboue 5230
ANNONCES:
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
L'alcoolisme sévit dans toute son
horreur, beaucoup de locaux scolaires,
se sont transformés en cabarets où le
paysan, tenu dans l'ignorance, puise
dans le genièvre la rage avec laquelle
il se ruera, le couteau la main, sur le
compagnon qui lui a gagné uue partie
do cartes
Dernièrement, nous passions une
couple d'heures dans les couloirs du
palais de justice, et nous vîmes le hi
deux défilé de ces créatures ignares,
qui dans udo grande instruction de
vaient venir éclairer les magistrats sur
une sensationnelle affaire. Elle doit
êtrs édifiante, l'opinion de ces magis
trats, sur ces individus auxquels le vi
caire fera allouer un double ou un tri
ple vote pour les élections....
Comme la domination cléricale a
précipité dans l'abîme de l'abrutisse
ment, des générations entières et
comme notre race aura de la peine se
relever sur les ruines de son indépen
dance morale et de sa liberté
L'aurore de l'ère nouvelle que mar
quera la chute du gouvernement cléri
cal semble proche
Mais c'est alors surtout que notre
tâche commencera, ardue et difficile.
Pour la mener bien, il faudra de
l'énergie, du vouloir, de l'enthousias
me surtout.
Notre organisation politique deman
de être consolidée, nous devons dès
maintenant grouper étroitement autour
de nous toutes les bonnes volontés qui
devront faire notre force plus tard, et
cette force nous sera bien nécessaire.
Car il ne suffit pas de remporter la
victoire il faut encore en retirer des
fruits.
Quelqu'un de superlati vement en
noyé et contrit, c'est le bon M. Colaert.
bourgmestre et député d'Y près Le bon
M Colaert est, depuis bel âge, rap
porteur du budget de l'intérieur et de
ce qui reHte de l'instruction publique
En saqualité d'ex-aspirant dominicain,
il surveille avec un soiu jaloux les pro
grès du cléricalisme et il est très fier de
sa mission rapportante
Or, l'autre jour, il se présentait chez
Mde Trooz et, d'un air satisfait, dépo
sait devant lui une farde volumineuse
Qu'est ce que cela fit le ministre
avec inquiétude.
C'est mon rapport sur votre bud
get vous voudrez bien y jeter un
coup d'oeil...
Jamais, cher ami... c'est beau
coup trop long et puis, cette année, on
ne discute pas les budgets. Abrégez,
Colaert
Mais, cher ministre, mon travail
est très intéressant...
Je n'en doute pas, mais il est de
dimensions exagérées Colaert, abré-
gez...
Le brave homme s'en fut, morose;
voilà pourquoi son rapport est d'une
concision Spartiate et l'auteur plongé,
eu une profonde mélancolie.
{Etoile Belge).
Ces jours derniers, VEtoile Belge a
rappelé quelques chiffre d'une triste
éloquence sur la question scolaire eu
Belgique et. il n'est pas sans utilité de
les mettre sous les yeux du lecteur
Lorsqu'on se plaint, dit notre confrère, de
l'insuffisance de l'enseignement primaire en
Belgique, le g uverneurieut ne manque ja
mais de dçtf*»mlirer les écoles qui existent
dans notre pays. Malheureusement, ce qui
importe le plus, c'est li fréquentation sco
laire et, nulle pirf. sauf en Russie et en
Turquie, celle-ci n est i lus faible que chez
nous. Sur 142 509 enfant.- qui quittent l'e-
cole, il y en a 48.938 qui n'ont achevé que
le deuxième degré, lequel se borne la lec
ture, l'écriture et le calcul.
Il n'y en a que 29.644 qui fassent toutes
leurs éludes primaires, soit environ 21 p. c.
Ce chiffre est évidemment dérisoire. En
outre, d'après des chiffres qui ont été pro
duits par M. de Trooz en 1901, il y a
121,000 enfants qui ne fréquentent aucune
école, c'est-à-dire qui passent leur temps
vagabonder, en proie toutes les mauvaises
suggestions de la rue. On peut dire que la
plupart de ces enfants, moralement aban
donnés, dont l'Etat se dési téresse d'une
façon si cruelle, sont des délinquants en
herbe.
L'ignorance est telle, par suite de l'iri<-n
rie du gouvernement et de la majorité par
lementaire que sur 1 000 miliciens, il y a en
Belgique 180 illettrés, alors qu'il n'y en a
que 49 en Franue, 36 en Hollande. 20 en
Suisse. 4 en Danemark, 1 en Suède et 0 en
Allemagne. Eu Allemagne, il n'y a pas un
seul enfant qui ne fréquente l'école pri
maire jusqu'à quatorze ans C'est ce qui fait
l'expansion de ce pays, en dépit d'un mau
vais régime économique.
Autre industrie, pour soutenir la lutte, a
absolument besoin d'ouvriers instruits On
ne les lui fournit pas Tous les généraux qui
ont pris la parole dans la dernière commis
sion mixte constituée en vue de l'étude des
questions militaires, ont réclamé l'instruc
tion obligatoire comme le meilleur moyen
de re'ever le niveau de l'armée. On ne les
écoute pas.
C'est ainsi que dans notre pays, par suùe
de l'égoïsme du parti au pouvoir, les p'us
graves intérêts nationaux restent en souf
france.
Les protestations de dévouement de
nos ultramontains l'enseignement pu
blic sont de pure parade
La situation prouve la nécessité de
l'instruction obligatoire, mais ils n'en
veulent pas lis admettent très bien
qu'on porte atteinte la liberté du
travail et l'article 15 de la Constitu
tion, mais la liberté de l'ignorance et
du vagabondage des enfants, qui l'u
sine est fermée et qui ne vont pas
l'école, il ne faut pas y toucher
Nous avons annoncé, il y a quelques
jours, qu'un grand Banquet du Gaz
devait avoir lieu l'Hôtel de Ville le
menu a même paru dans nos colonnes
En reporter consciencieux, uous don
nons aujourd'hui un compte-rendu dé
taillé de cette brillante fête, qui s'est
déroulée, hier, dans l'intimité et quia
laissé, dans l'esprit et le cœur des heu
reux assistants, un souvenir inoublia
ble.
La table d honneur est présidée par
1 honorable M. Colaert, bourgmestre
d Ypies, non des pi ois sa droite,
M le chanoine De Broower, sa gau
che le gazier De Bru iwr, en face de
lui, MM Maurice De Brouweret Er
nest Fraeys Suit alors le ui-nn fretin
Conseillers communaux, membres de la
Commission de l'Eclairage et quelques
autres amis sûrs M. l'échevui Struye,
pris de remords, s'est fait excuser, ne
voulant plus participer ni aux fêtes, ni
aux défaites du gaz.
Une place reste vide côté de Van-
devoorde, qui se tourne droite et
gauche, demandant tous les échos
IVaar is Seys
Julesune serviette sur le bras gau
che, dirige le service en se démenant
comme le diable dans un bénitier.
M. le chanoine se lève et d'une voix,
onctueuse prononce le bénédicité.
Les Huître* du Conseil
sont alors attaquées avec un furia digne
déloges on avale toutes ces innocen
tes bêtes qui se laissent faire sans rien
dire.
Le maître des cérémonies, d'un geste
fébrile lève son englisoh stick et auto
matiquement tous les convives ont de
vant en? le fumant I*ota$re du
Maire n qui tout comme ses discours
est filandreux, saus sel et sans fond
tout s'avale quand même ce que c'est
que la faim et la confiance
Les Itoucliées (les Yprois
ont le don de dérider les convives, on
les croque avec délices et on trouve la
dédicace spirituelle, pleine de vérité
et d'à propos et toute l'honneur des
héros de la fête, les grands triompha
teurs étrangers Aussi n'en fait-on
qu'une Bouchée des Yprois.
La d Saumon de la Meuse,
sauce Fiuaucii'i'e amène sur
les lèvres du grand gazier un délicieux
sourire. Charmant, dit-il, mon cher
bourgmestre et quelle délicate atten
tion l'égard de mes associés, les fi
nanciers de la Banque de Liège sur
Meuse Merci pour eux, merci, je leur
en tarai part
Filet de Ihouf Alfred ser
vez chaud boum crie Jules, d'un air
narquois Et les convives partent d'un
éclat de rire généreux et charitable.
Bah dit VanderghoteAlfred, pour
tant n'était pas un méchant homme,
maiss'ilest le bœuf de l'aven ure c'est
qu'il n'est pas assez roublard.
Ne m'excitez pas, méchant petit Van
derghote, crie le maire eu courroux,fini
d Alfreddis-je. ce pelé, ce galeux, ce
libéral enfin, je ne pouvais pas m'en-
tendre avec lui et puis j'ai eu bien des
raisons pour m'entendre avec mes amis
De Brouwer. les riches gaziers Bru-
geois, n'est-ce pas Maurice
Certainement, monsieur le Bourg
mestre, dit Maurice
Chevreuil «aiice poivra
de des abonnés Oh par
exemple, Jutes, exclame le Bourgmes
tre, voilà une sauce dont on aurait pu
taire le nom, c'est véridique, c'est mê
me spirituel, Jules, puisque tous les
abonnés seront volés par les ridicules
avantages que je réclame pour la caisse
communale, mais la vérité même sous
la torme plaisante, doit toujours être
voilée
Jules - Oh je p^îe uun bouteille
de Champagne que personne n'aura
compris, puisque Charles lui-même a
trouvé la blague îootfensive.
Vandenboogaerde. - Garçon verse
nous du Bourgogne.
1 andetoorde. Qui nous met la tête
en feu Sacrebieu
Le doyen. (se signant) Fiorimond,
hier vloekt men niet
D'Buvettere. FloriuiouJ, nous
sommes ici dans I» grand monde.
Fiorimond 'k Vaage
Le» convives s'échauffent, le Prési
dent prévient Jules de r -vir preste
ment pour éviter les a -cident-d au
même instant Jules annonce
Homard* routes do colè
re avec Salade Intercom
munale»