Le Canal de la Lys l'Yperlée. Journal de FAlliance libérale d'Ypres et de FArrondissement. Dimanche, 51 Décembre 1905. 05e année. 55. l union fait la force. iMarai**am te iHtnancIte. Vires acquirit eunoo. PRIX DE L'ABONNEMENT: pour la ville Par an 4 francs. pr la province Par an 4 fr. 50 Pour les annonces on traite forfait. Un <SCHKKRËWEG> gouvernemental de o,459,080 fr. 18 c.!!! On s'abonne au bureau du journal, rue de Dixkude, 53, Ypres Les annonces, les faiis divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres et les deux Flandres au bureau du Progrès Pour la publicité en dehors des deux Flandres, s'a dresser exclusivement au Comptoir de Publicité 0. Van Godtsenhoven et Thibesard, 14, Place de Brouckère, Bruxelles, téléphone 5230. ANNONCES: Annonces 15 centimes la ligne. Réclames 25 Annonces judiciaires 1 fr. la ligne. Le député d'Ostende-Furnes-Dixmu- de, le sympathique M Buyl, a saisi ia Chambre, en la séancedu 22 Décembre, d'un fait inouï, incroyable, qui montre une fois de plus le sans gêne du gou vernement clérical M. de Smet de Naeyer, convaincu que sa majorité ser- vile et tout faire lui pardonnera, voi re même ses plus lourdes fautes, agit eu despote, en maître absolu. C'est moi le gouvernement Je fais ce qui me plaît Telle est lamentalité de cet homme qui jongle avec les millions du peuple et qui mène le pays sa ruine M. Buyl a découvert la Cour des comptes que M. de Smet de Naeyer a illégalement mis le grappin sur une Botrune de IV. 5,459,680-18 dont IV. 1,910,888-06 revenaieiit au fonds conunuiial. Celui ci, comme l'on sait, a été créé par la loi du 18 Juillet 1860 sous le ministère libéral Frère-Orban, et a remplacé, pour les villes et communes, le produit des oc trois supprimés en 1860 par M. Frère- Orban. Le fonds communal est alimen té notamment par les droits d'Accise et de douane sur les Sucres et les Alcools. L'art. 8 de la loi du 11 Septembre 1895 .ht Le produit minimum annuel de l'accise et des droits de douane sur les sucres est fixé 6 500.000 fr. Lorsque les recettes dépassent le mini mum légal fixé au l'excèdent est re- porté en recette dans la comptabilité de l'exercice suivant Eu 1899, il a été reporté en comptabi lité fr 164.197 06 En 1900, fr. 205.461-81 En 1901, fr. 5 541.516 83 En 1902, fr. 3.158.200-46 Au total fr 9 069 376 16 Sur cet excédent de 9 069.376-16 il a été prélevé en vertu de la loi du 6 Jan vier 1902, pour les fabricants de sucre, une somme de fr. 3.609.695 98 c La différence entre ces deux sommes, soit 5.459.680 18, qui revenait l'Etat et au fonds communal dans la proportion de 65 °/0 et de 35 a été complètement accaparée par le gouvernement. M. Buyl a démontré péremptoire ment que M. de Smet do Naeyer n'a jeté son dévolu sur les 5.459 680 fr. 18 c que parce qu'il en avait besoin pour clôturer en boni le compte définitif du budget ordinaire de l'exercice de 1903 qui, sans cette recette accidentelle com me l'a baptisée. M de Smet de Naeyer lui-même, aurait accusé un déficit. Pour se justifier, M. de Smet de Naeyer s'est déclaré d'accord avec la Cour des comptes et a donné lecture de la dernière lettre, ironie que lui- même a adressée ce sujet la Cour des comptes lé" 10 Mai 1905, laissant prudemment de côté la volumineuse correspondance échangée entre la Cour et son département et tenant sous le boisseau toutes les considérations juri diques indiscutables émiBes par la Cour des comptes elle même pour s'opposer ce scherretveg gouvernemental. Mais, tel le pot de terre contre le pot de fer, ia Cour a dû finir par se soumettre aux exigences illégales du gouvernement. M. Buyl a mis M. de Naeyer au défi de communiquer a la Chambre la corrrspon dance échangée ce sujet avec la cour des comptes Gageons que M le Ministre des Fiuances n'osera pas relever ce défi, il signerait sa propre condamnation La question soulevée par M B iyl a attiré l'attention de toute l'opposition et d'un grand nombre de droitiers. El le sera reprise par M Mechelynck, dé puté libéral de Gand, lors de la discus sion sur le fonds communal. Nous engageons tous nos amis lire les Annales parlementaires (séance du 22 Décembre 1905.) La tactique de M de Smet de Naeyer y est mise nu. ils y verront clairement démontré 1° Que le ministre des finances, en donnant par un Bimple virement une destination la partie disponible de l'excédent du produit des sucreB, a commis une illégalité 2° Qu'il a frustré les communes (il est d'ailleurBcontumier du fait) d'une som me de piès de deux millions. (1) 4° Qu'il a dissimulé par cet artifice d'écritures un déficit réel. Discours «le M .\oli M. Nolf a déposé au cours de la discussion du budget des voies et moyens un amendement conçu comme suit Amendement présenté par* M Nolf. Nous proposons d'inscrire au budget un article 23bis libellé dans les tenues suivants Canal de la Lys 1'Vperlée. Expropria- lions el travauxfr. 250 000 Ernest NOLF, A.BUYL G. LOB AN 0, Discours de NI. Nolf Je compte développer l'amendement que je viens de déposer et qui a pour objet de porter au budget une somme de 250,000 francs pour travaux et ex propriations en vue d'arriver l'achè vement du canal de la Lys l'Y perlée. En 1899, c'est-à-dire la veille des élections législatives qui devaient avoir lieu dans l'arrondissement d'Y'pres en 1900, le gouvernement proposa lui- même pareil crédit, sur lequel il ne dépensa qu'une somme de 100 francs. [Rires et exclamations gauche). M. Liebaertministre des chemins de fer, postes et télégraphes. Le crédit est valable pour trois ans. M. Nolf. 11 n'en est pas moins vrai qu'on l'a inscrit dans le budget la veille des élections. M Lorand. Il y a onze ans qu'on ne s'en sert pas. MLiebaertministre des chemins de fer. postes et télégraphes. Cette une pure coïncidence, il ne faut pas prêter vos intentions aux autres. Nouveaux rires gauche). M. Masson. On ne prête qu'aux riches. M. Nolf. Une fois les élections passées, le crédit disparut du budget pour n'y reparaître qu'en 1902, encore une année d'élection. Commo en 1899, le crédit fut biffé du budget sitôt après l'échéance électora le il ne fut même pas entamé. M. Buyl. Voilà la parade. M. Liebaertministre des chemins de fer, poBtea et télégraphes. Si c'eût été un crédit électoral, il y avait quel que chose de mieux faire que de l'in scrire, on l'aurait dépensé (f) Les villes et communes perdent un peu plus de 0,27 c. par habitant. La ville d'Ypres y perd, elle, environ 4900 francs. (N. d. 1. R. M Buyl. On ne l'a pas dépensé afin de pouvoir le proposer nouveau ia veille d'autres élections. M Bertrand C'était un truc électo ral. M Nolf. Nous proposons aujour d'hui la réinscription du crédit au budget et nous demandons au gouver nement de se rallier notre amende ment Nous lui demandons surtout de prendre l'engagement d'entamer les travaux dès l'année prochaine. Messieurs, la Chambre connaît l'his toire de notre canal. Elle a été faite maintes reprises au sein de cette as semblée. Je n'entends pas la rééditer Je n'insisterai pas non plus sur les avantages que retireraient nos régions être reliées, par une voie navigable plus directe que les voies existantes, aux centres industriels du Hainaut et nos ports d'Ostende et de Nieuport. Tout cela ne saurait être remis en discussion. La seule question qui se pose est de savoir si le gouvernement, qui a dépen sé jusqu'ici 7,000.000 pour les travaux du canal, entend laisser ce capital plus longtemps improductif? Car c'est bien là la somme laquelle se chiffraient les dépenses faites en 1893, date laquelle les travaux ont été abandonnés, sans compter les inté rêts perdus depuis. C'est là un état de choses qui ne saurait durer il suffirait, du reste, d'un peu de bonne volonté pour y mettre fin. Le canal est, comme vous le savez, creusé sur tout son parcours les ponts et les écluses existent il reste 1° procéder la reconstruction du tunnel qui a été établi dans la tranchée de Hollebeke et qui s'est effondré en 1893 2° réparer les talus de la tran chée qui. en partie, se sont éboulés. La tranchée de Hollebeke est établie la crête de partage des bassins de la Lys et de l'Yser Elle est longue d'en viron 3,000 mètres et le tunnel s'y trouve au point culminant sous un chemin. Le tunnel y a été construit parce que c'est l'endroit où la tranchée a le plus de profondeur et où par consé quent les talus tiennent le plus diffici lement La tranchée traverse de mauvais terrains constitués par l'argile ypré- sienne et les talus s'éboulent sous l'ac tion des eaux intérieures. Je comprends parfaitement qu'après l'effondrement du tunnel en 1893 et les éboulements, qui se produisirent dans la tranchée vers la même époque, une interruption des travaux était fatale. 11 fallait rechercher la cause des mé comptes. Mais douze années se Bont écoulées depuis cette époque douze années consacrées l'étude, s'il faut en croire les ministres qui se sont succédés au dé partement des travaux publics, et l'ad- miniitration des ponts et chaussées ne serait pas encore parvenue résoudre le problème voilà ce qui est inadmis sible. Il nous suffira de rappeler les décla rations ministérielles faites depuis 1893 pour vous en convaincre. Le 10 Juin 1896, l'honorable M. De Bruyn, alors ministre des travaux pu blics, s'exprimait comme suit J'ai chargé M. l'ingénieur Froidure d'aller étudier les moyens employés en France pour l'assèchement et la con servation des grandes tranchées analo gues celles du canal de la Lys l'Y- perléa. A la suite de sa mission, cet in génieur a rédigé un rapport très com plet qui me parviendra sous très peu et dans lequel il présentera ses propo sitions en vue de la reprise des travaux. Ces propositions, ainsi que celles de la reprise de l'ingénieur en chof Demey, seront immédiatement soumises l'examen du comité permanent des ponts et chaussées. Aussitôt que ce comité m'aura fait connaître son avis, je donnerai les instructions voulues au service compétent. J'espère donc être en mesure de faire recommencer les travaux dans un délai relativement court.Quant la périoded'observation, elle est terminée. Deux ans plus tard, le 5 Mai 1898, l'honorable M. De Bruyn ajoutait Les études relatives au parachève ment du canal sont poursuivies avec une grande activité. Mais il s'agit d'exa miner des questions délicates et diffici les et par suite les études sont fort lon gues. J'espère que celles-ci seront ter minées sinon vers la fin de l'année cou rante, au moins au commencement de l'année prochaine et le gouvernement demandera au budget extraordinaire de 1899 un premier crédit pour repren dre les travaux. Au budgetextraordinaire de 1899, un crédit de 250,000 francs fut effective ment porté mais, comme j'ai eu l'oc casion de le dire en débutant, sur ce crédit inscrit la veille des élections de 1900, il ne fut dépensé qu'une somme de 11)0 francs. Au budget de 1901 ce crédit avait disparu je proposai sa réinscription par voie d'amendement. Voici en quels termes l'honorable M. de Smet de Naeyer s'y opposa Je dois prier la Chambre de ne pas adopter cet amendement. 11 n'y a aucune chance de voir aboutir les études d'ici six mois. L'in scription d'un crédit au budget en dis cussion serait donc inutile mais je pro mets volontiers aux honorables dépu tés d'Ypres de tâcher de faire sortir le canal de la Lys l'Yperlée de la phase d'observation dans laquelle il se trouve depuis longtemps. Je demanderai moi-même la Chambre, dès que le moment sera ve au, le crédit qui sera reconnu nécessai re. L'amendement, mis aux voix paras- sis et levé, ne fut pas adopté. Avec l'avènement de M. de Smet de Naeyer la tête du département des travaux publics, nous avions donc fait machine en arrière l'honorable minis tre dans sa déclaration uoub reportait, en effet, la phase d'observation que l'honorable M De Bruyn avait dite ter minée en séance du 10 Juin 1896. Non- veaux rires gauche.) Seulementily avait une promesse dans la réponse de M. de Smet de Naeyer c'était de faire réinscrire le crédit dès que le moment serait venu. Ce moment ne se fit pas attendre. En 1902, il y avait des élections législati ves dans l'arrondissement d'Ypres et M. de Smet fit reporter le crédit au budget. Au cours de la discussion du budget des travaux publics, je me permis donc de demander l'honorable ministre, en séance du 30 Avril 1902, s'il fallait conclure de l'inscription du crédit au budget pour 1902, que les études étaient terminées, que le canal était sorti de la phase d'observation et que les travaux seraient entamés incessam ment Mon honorable collègue d'Ypres, M. Co'aert, intervint pour appuyer ma demande. Four toute réponse M de Siu»r noua fit savoir qu'il nous répondrait dans la discussion du budget extraordinaire et

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