7 en a été le résultat Le seul résultat en a été, comme l'a très justement fait remarquer M. Procès au conseil provincial de Namur, cette chose ex traordinaire suivant que les immeubles appar tiennent ou non des corporations religieuses, le revenu cadastral diminue ou augmente. Voilà le bilan de votre gestion financière Com ment osez-vous la comparer celle du parti auquel nous avons l'honneur d'apparteuir N'est-ce pas lui qui, par l'organe de M. Frère-Orban, a fait cette grande et belle réforme de l'abolition des octrois tandis que vous, vous ne cherchez, pour nuire aux communes, qu'à en annihiler les effets salutaires Demandez tous les citoyens s'il ne leur est pas agréable d'être débarrassés des ennuis, des vexations et des tribulations des octrois Deman dez tous ces propriétaires dont les immeubles bordent aujourd'hui les anciens boulevards quelle richesse cette réforme économique leur a procurée. En fait de réformes financières, vous n'avez fait qu'une seule chose la loi sur les distilleries agricoles, conception admirable, merveilleuse, que vous exaltiez alors et qui a fini par imposer au pays des pertes de plusieurs millions Et, que nous annoncez-vous en matière finan cière La continuation des errements que je viens de signaler, le système des emprunts poussés l'extrême, tandis qu'en France, où il y a des charges considérables provenant des anciens gou vernements et de la guerre, les ministres des finances, mieux avisés, n'établissent pas de budget extraordinaire ils portent l'ordinaire toutes les dépenses et alors, s'il arrive que le budget se clôture en déficit, on fait un emprunt rem boursable dans un espace de temps très limité. Voilà pour vos œuvres financières. M. Woeste a exalté votre passage au pouvoir, les grandes et belles choses que vous avez faites, et ceci m'amène dire deux mots de la question de l'enseignement primaire. Vous imaginez-vous que le pays ait oublié vos œuvres abominables Vous imaginez-vous qu'il ait oublié qu'elles ont été ce point mauvaises que vous avez du vous y reprendre deux fois, légiférant d'abord en 1884, au lendemain des élections, puis en 1895 Vous êtes arrivés au pouvoir non pas pour détruire l'œuvre grande et belle du ministère libéral, vous n'auriez pas osé annoncer un tel programme, vous êtes arrivé au pouvoir aux cris de A bas les impôts Et, après avoir crié A bas les impôts vous les avez augmentés dans une forte mesure, ce dont vous êtes convaincus par les démonstrations qui ont été faites. 11 est si vrai que vous n'êtes pas arrivés au pou voir pour renverser la loi scolaire qui a été pro mulguée le 1er juillet 1879 que, par deux fois, le corps électoral a entendu vos plaintes, vos récri minations et vu les mesures odieuses décrétées par l'épiscopat pour discréditer l'enseignement public par deux fois il a assisté cette campagne où la légalité même n'était pas respectée par vous et vous vous insurgiez contre les lois, et par deux fois il a maintenu la majorité libérale au pouvoir. Puis il s'est imaginé que, vous y appelant, les impôts seraient réduits et ils ont été augmentés Voilà comment vous avez conquis le pouvoir et mystifié ceux qui, trompés par vos promesses, vous l'avaient confié. Et alors seulement vous avez exécuté votre programme occulte et secret car vous en avez toujours un que votre victoire seule fait connaître et réaliser et vous avez porté sur l'enseignement public votre action dé vastatrice. Ce n'était pas assez d'avoir déjà, par une pre mière loi, permis la suppression d'un grand nombre d'écoles publiques où la neutralité était la règle, car c'est nous qui avions fait inscrire dans la loi et nous-le ferons encore, que l'instituteur doit respecter les convictions religieuses de ses élèves Ce n'était pas assez d'avoir jeté sur le pavé ces instituteurs qui avaient résisté la pression du clergé, qui, fidèles leur serment, avaient ensei gné dans les écoles publiques Ce n'était pas assez d'avoir, d'un trait de plume, tant est grande votre haine de l'enseigne ment public et votre servile obéissance aux volon tés de l'Eglise, il fallait encore et vous l'avez fait, après avoir détruit l'enseignement primaire il fallait encore vous attaquer l'enseignement moyen et supprimer d'un trait de plume les athé nées et collèges de Virton, de Bouillon, de Dinant et d'Ypres, limiter le nombre d'écoles moyennes pour garçons et filles supprimer plusieurs écoles normales publiques et restreindre le nombre des élèves y recevoir. Il fallait, et c'était l'essentiel, sous prétexte de liberté d'enseignement, prodiguer les ressources du trésor aux écoles adoptées et puis aux écoles adoptables et toutes los congrégations reli gieuses, qui émargent même au budget de l'agri culture Il fallait enfin, et cela a été le comble de votre audace, après avoir persécuté les instituteurs et les institutrices fidèles leur serment, donner une prime la trahison et l'insurrection contre la loi, en pensionnant les instituteurs qui, sur les injonctions du clergé, ont déserté l'enseignement public! Voilà vos œuvres, œuvres mauvaises et néfastes que la postérité réprouvera et que le corps électoral, sans attendre son jugement, va enfin condamner. Restait un dernier et mauvais coup porter l'enseignement public et aux œuvres qui en sont le complément nécessaire. Vous méditez de l'accomplir. Alors est venu le projet de M. Woeste, le dé fenseur et l'apôtre des libertés communales, loi que l'honorable ministre de l'intérieur a remise sur le métier et transformée en une proposition qui aboutit ceci Désormais les bureaux de bienfaisance, qui sont aujourd'hui contrôlés et surveillés par les communes, deviendront les tu teurs des communes et un conseil communal ne pourra plus voter un centime pour donner la jeunesse des écoles publiques cette assistance si bonne, si nécessaire, qui consiste dans le vête ment et la soupe scolaire. Et voilà ce que devient l'autonomie communale Voilà ce que devient une œuvre si utile et si louable, dont notre parti a pris l'initiative Voilà tout ce que je relève dans votre pro gramme. En dehors de ce projet de loi, il n'y a rien. J'arrive au nôtre. Messieurs, nous voulons l'instruction obliga toire et nous le voulons parce que la chose est bonne et excellente en soi et qu'aucun d'entre vous n'oserait le contester. Elle est une des conditions d'une égalité relative entre tous les citoyens. Je l'ai dit et je me permettrai de le répéter, le devoir essentiel, primordial des hommes poli tiques c'est de faire que ce beau principe d'égalité qui est inscrit dans la Constitution ne soit pas un vain mot, c'est de faire que son domaine s'agran disse et se développe tous les jours. Sans doute il n'est pas possible d'entrevoir le jour où, entre tous les hommes, régnera une égalité absolue, mais, et c'est là ce qui fait la grandeur et la noblesse de notre politique, il faut sans cesse se préoccuper de la question sociale, chercher résoudre tous les problèmes qu'elle soulève avec notre raison, mais surtout avec notre cœur. Nous ferons ainsi non pas qu'il n'y aura plus de riches dans l'opulence, ne sachant même pas ce qu'ils doivent faire de leur superflu, mais nous ferions que tous nos concitoyens soient dans cette situation d'avoir droit la vie. Et ce droit, nous le comprenons de la manière la plus large s'il est enfant, il faut qu'il soit nourri, qu'il soit vêtu, qu'il reçoive une instruction solide et non cette instruction superficielle et insuffisante que vous lui donnez dans vos écoles et qui consiste réciter des paternoster et des prières. Il faut qu'il ait une instruction efficace et com plète, y compris l'instruction technique et profes sionnelle, qui l'aide gagner sa vie et qui l'affran chisse de cesse inégalité qui pèse sur ceux qui sont ignorants ou incapables. Et qu'avez-vous répondre? Naguère ceux qui préconisaient l'instruction obligatoire étaient accu sés de vouloir détruire la famille; l'autorité du père s'opposait ce que la société s'occupât de la sorte des enfants. Aujourd'hui, c'est une autre antienne. Vous ne voulez pas de l'instruction obligatoire sans subsides pour les écoles confessionnelles, et travestissant la Constitution d'une façon étrange, vous nous dites cette chose incroyable Il n'y a pas de liberté d'enseignement sans les subsides de l'Etat aux écoles confessionnelles. Mais n'avez-vous donc pas lu les discussions du Congrès? Sous le régime hollandais la liberté était persécutée, certaines écoles étaient interdites. Et qu'est-ce que les chefs du parti catholique ont demandé au Congrès Pas de mesures préventives, pas de surveillance, par de répression de délits en matière d'enseignement, si ce n'est par la loi. Nous voulons la libre concurrence, disaient-ils, ce qui est notre droit Et c'est dans ces conditions que la Constitution a juste titre proclamé la liberté d'enseignement. On l'a bon droit revendiquée et obtenue pour que l'enseignement libre pùt faire concurrence l'Etat et voici maintenant qu'il faut que l'Etat subsidie l'enseignement libre, sinon la liberté d'enseignement sera en péril Connaissez-vous beaucoup d'entreprises concur rentes dont l'une subsidie l'autre? Ici les deux entreprises concurrentes sont l'enseignement pu blic et l'enseignement privé que l'on veut que l'un subsidie l'autre! Mais c'est absurde! Vous ne ferez pas prévaloir cette thèse-la un seul instant. La Constitution a dit qu'il y aurait un ensei gnement donné aux frais de l'Etat mais elle ne l'aurait pas dit, messieurs, que la chose n'en était pas moins nécessaire et inévitable vous ne rêvez en définitive que ceci la liberté de l'enseigne ment pour toutes les corporations religieuses,mais pas de liberté d'enseignement au profit de l'Etat ou tout au moins, messieurs, l'enseignementdonné par l'Etat sera conforme aux doctrines religieuses; il sera confessionnel. Voilà, messieurs, vos des seins secrets et il faut que le pays les connaisse. Voilà ce qui, dans la pratique, existe presque partout dans les écoles publiques la formule l'Etat hors de l'école avait quelque chose d'un peu vif. Votre système consiste destituer purement et simplement l'Etat de ses droits et de son devoir d'organiser l'instruction publique. Votre système consiste nous mettre purement et simplement hors de chez nous. C'était par trop révoltant. Alors, messieurs, il a paru plus sage de conser ver quelques écoles publiques qui existent encore, écoles primaires et écoles normales, mais en s'efforçant d'y faire régner et dominer l'esprit clérical. Tel est, messieurs, le but certain et avoué, vous ne vous en cachez pas c'est d'en faire des écoles confessionnelles. Voici, en effet, ce que je lis dans l'excellent rapport de M. Speyer

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Le Progrès (1841-1914) | 1906 | | pagina 13