idée extraordinaire. La liberté d'enseiguement,
c'est le droit de fonder des écoles comme la liberté
de la presse, c'est le droit de fonder des journaux.
Mais cette liberté n'exige pas que l'Etat subsidie
les écoles libres.
La Constitution reconnaît qu'une des plus hautes
missions de l'Etat, c'est l'organisation de l'ensei
gnement public, sauf respecter la liberté d'ensei
gnement pour tout le monde. Mais il n'est dit
nulle part que l'Etat doit subsidier votre ensei
gnement.
Nous voulons un enseignement public ouvert
tous, mais nous ne voulons pas subsidier vos écoles
confessionnelles.
D'autres bouches plus éloquentes que la mienne
ont défendu cette doctrine, qui est la vraie doc
trine constitutionnelle.
Notre programme scolaire, c'est un fort ensei
gnement laïc côté duquel pourra vivre l'ensei
gnement libre c'est le développement des can
tines scolaires, ne dépendant pas de la charité
publique; ce sont aussi des écoles d'adultes aux
quelles le patron sera tenu d'envoyer le soir ses
jeunes ouvriers. Vous dédaignez de réaliser ce
programme, mais nous assumerons cette tâche
pour le plus grand bien du pays.
De même que l'éducation nationale doit être
réorganisée, la défense nationale doit également
être améliorée. Il ne suffit pas d'avoir des statis
tiques quelconques il faut une armée forte et
solide. Si nous avions eu la guerre, il y a un an,
rien n'était prêt Nous n'avions même pas d'ar
tillerie de campagne et on ne peut que féliciter le
gouvernement d'avoir échappé une écrasante
responsabilité
Le gouvernement a cru avoir tout fait en fai
sant voter le principe du volontariat; mais ce ré
gime a tant de vices qu'il n'est pas réalisable.
L'insuffisance numérique de l'armée est devenue
plus patente que jamais depuis le vote des forts
d'Anvers. L'attitude du parti libéral a été très
logique en cette affaire nous ne comprenons pas
qu'on construise des forts sans avoir des soldats
pour les défendre et qu'on maintienne la supré
matie de l'argent pour pouvoir se dispenser de
ses devoirs envers la patrie.
D'après les évaluations officielles, il faut peu
près 200,000 hommes pour défendre nos forte
resses et pour tenir campagne. Or, nous n'avons
pas même les 187,000 hommes reconnus néces
saires par M. le ministre de la guerre, puisqu'il a
compris dans son chiffre 10,000 volontaires de
réserve que nous n'aurons qu'en 191 5les gen
darmes,les cadets et les civils militarisés M.Hel-
leputte l'a reconnu
Cette détestable politique militaire n'a pas em
pêché, lors du dépôt du projet d'Anvers, l'explo
sion de colère des cercles catholiques de province
et les amères polémiques des journaux de droite.
Ce fut la juste punition de la politique militaire
égoïste et démoralisante de la majorité, et cette
politique lui pèse aujourd'hui lourdement sur les
épaules.
Mais c'est le passé tout cela. Tournons les yeux
vers l'avenir.
Parlant des efforts que nous avons faits,le Times
disait Les Belges furent contraints de cons
truire de nouveaux ouvrages de défense autour
de Namur et de Liège afin de remplir le plus
efficacement possible les obligations que l'Europe
leur a imposées. Le malheur, c'est qu'ils n'ont
pas adopté simultanément un système de recru
tement adéquat leur situation, conforme
la pratique de l'Europe et l'esprit de leur
époque.
De son côté, la Gazette de Cologne s'exprimait
en ces termes
Il n'est pas nécessaire d'avoir une grande
connaissance des choses techniques de la guerre
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pour voir que, en dépit de toutes les assurances
du ministre de la guerre,disantqu'il peut compter
sur 187,000 hommes, parmi lesquels il compte
la gendarmerie, il ne peut espérer défendre, en
cas de danger, les forteresses de Namur, Liège et
Anvers (les seules lignes avancées des fortifica
tions d'Anvers seront étendues de 100 kilomètres,
les lignes intérieures, la deuxième enceinte, de
34 kilomètres) sans trouver une forme quel
conque d'augmentation de l'armée, et cette
augmentation est requise de la façon la plus
urgente.
Ceci deviendra une nécessité, qu'elle soit
réalisée par les cléricaux ou par l'opposition, si
les élections de mai amènent celle-ci la tête des
affaires.
Enfin, M. Charles Malo terminait un article du
Journal des Débats en ces termes
Agrandir la place d'Anvers est donc bien,
encore qu'elle soit vraiment utile que dans le cas
le moins probable l'invasion particulière, l'atta
que directe de la Belgique. Mais renforcer l'ar
mée de campagne, la rendre aussi promptement
mobilisable er aussi complètement disponible que
possible pour la défense de la frontière, serait
beaucoup mieux encore.
Toutes les autorités militaires, le général Lan-
glois comme le général Zurlinden, sont d'accord
pour dire que la Belgique doit avoir une armée
forte de 300,000 hommes. Ce n'est pas le volon
tariat ou le service restreint qui les donneront
seul le service personnel, sous la forme de service
généralisé court terme, peut le faire. On peut
discuter le terme de milice et notre peuple n'ac
cepterait pas le service la prussienne. Il faut
donc trouver autre chose et je ne vois rien que le
service généralisé, mais ce n'est pas nous ré
pondre cette question...
Je ne pose pas le problème au point de vue
politique seul, un gouvernement responsable
peut trouver la solution d'accord avec les hommes
compétents.
La seule chose que nous puissions faire c'est de
jalonner le terrain. Pour ma part, j'écarte le sys
tème suisse, je l'ai déjà dit je retiens le système
du général Dujardin, qui fixe la durée du temps
de service un an. Il y a encore le système hol
landais qui le fixe neuf mois enfin, le système
préconisé par la Belgique militaire et qui a pour
apologiste droite M. Helleputte. Je suis con
vaincu, d'ailleurs, que nous trouverons un sys
tème belge simple, pratique et inspiré du souffle
démocratique.
Ceci dit, j'aborde la question électorale au sujet
de laquelle j'ai quelques explications présenter.
Elle a deux aspects l'électorat législatif pour le
quel une revision constitutionnelle est nécessaire,
et l'électorat communal pour la réforme duquel
une simple loi peut suffire.
La revision constitutionnelle a été votée par la
gauche tout entière et je m'y suis rallié. Cepen
dant le vote plural avantage les campagnes au
point qu'on l'a appelé le vote rural il prête,
d'ailleurs, toutes sortes de fraudes.
Faut-il aller au suffrage universel Nous l'avons
en ce sens que tout le monde vote, mais on l'a
classifié. Je ne suis pas un fétichiste de l'égalité
politique, mais je dois reconnaître qu'un courant
y pousse toutes les législations européennes.
M. Woeste qualifia le vote plural de barrière
de carton et M. Desmet-Denaeyer partageait sa
manière de voir. M. Lefebvre déclara qu'il se
rait fatalement transitoire. Reste voir si la
réforme électorale communale doit être radicale
et décisive, ou si elle doit constituer seulement
une étape.
Dans un article de revue, j'ai opiné pour ce
dernier système, en démontrant qu'il fallait uni
fier nos lois électorales en attendant une revision
complète et constitutionnelle.
J'ajoutais, la défense de cette opinion, ces
deux points que j'étais adversaire du suffrage uni
versel 2 1 ans avec six mois de résidence et que
si on voulait aller au-delà, je réservais mon opi
nion. Je n'ai pas de honte avouer que je restai
presque seul.
L'immense majorité de mes amis me déclara
que le vote plural était frappé d'une irrémédiable
impopularité ce sont surtout mes amis des Flan
dres qui m'ont tenu ce langage. Devais-je rompre
avec mon parti et cela la veille de la bataille
électorale
J'ai cru que mon devoir était de discuter et de
transiger.
Je discutai donc avec mes amis, avec les libé
raux parlant au nom du libéralisme.
Vous savez quel système mes amis se sont
arrêtés La seule question restée en suspens est
celle du référendum communal en matière de
grosses dépenses, question chère M. Lorand.
Ce référendum aurait lieu entre tous les contri
buables.
L'idée de M. Lorand repose sur ce principe que
la dépense doit être ratifiée par ceux qui la font.
La gauche libérale n'a pris aucune résolution au
sujet de ce référendum.
Le système électoral que nous préconisons est
basé sur deux garanties sérieuses l'âge et la
famille.
La garantie de l'âge et de la famille aété admise
par nos amis et je la défends avec eux.
Mais après avoir exposé ainsi notre programme,
je voudrais bien connaître le vôtre. Nous avons des
formules peut-être imparfaites, mais enfin nous
vous présentons des solution pratiques. En avez-
vous pour la question militaire
Non! vous voulez tout maintenir; or, c'est une
abdication, cela!
Votre programme est donc la résistance. Or, ce
n'est là un programme que lorsque le salut public
est menacé; mais aujourd'hui il n'y a que le gou
vernement qui est menacé. En réalité, c'est le
pouvoir seul que vous voulez conserver Vous
avez fait de l'Etat une église laïque côté de
l'église sacerdotale côté des milices sacrées, vous
avez formé des milices laïques, notamment avec
vos notaires et vos juges de paix.
Depuis 1884, on a nommé 242 juges de paix,
dont 217 cléricaux. Dans les Flandres et le Lim-
bourg, toutes les nominations faites ont été cléri
cales. Dans l'arrondissement de Namur, tous les
juges de paix sont cléricaux, sauf un seuf, nommé
sous le régime libéral. Dans l'arrondissement de
Mons, toutes les nominations de juges de paix et
de juges suppléants ont été cléricales. Dans l'ar
rondissement de Bruges, sur 57 nominations no
tariales, 9 ont été faites au profit de fils de no
taires décédés. Sur les 48 autres nominations,
toutes sont cléricales, sauf une. Les cantons de
Ghistelles, de Ruysselede, de Thielt, d'Ardoye ne
comptent plus un seul notaire libéral. Il en reste
un seul dans le canton de Thourout.
Votre clergé redouble d'activité politique; dans
l'église même, il y a un mouvement de révolte
contre la tyrannie de l'épiscopat et du haut clergé
qui veut tout diriger. C'est MBr Heylen, qui son
zèle vaudra bientôt, dit-on, la pourpre cardinalice,
qui, dans son mandement de nouvel an, fait le
choix des candidats et ordonne des prières jus
qu'aux élections...
En cette période d'irruptions volcaniques, tous
les cratères éteints se rallument!
La vieille question des cimetières renaît de ses
cendres. M. Asou a montré l'autre jour qu'un
commissaire d'arrondissement avait consacré le
trou des chiens A Thielt, on interdit la vente des
journaux. Dans d'autres villes on applique la cen
sure des théâtres c'est le fanatisme religieux qui
veut être le maître partout!.,.