Chronique de la ville. Saj»es paroles, vraies partout. Emprunt de 850,000 fr. Un danger publie. Le séance a ensuite été reprise, sous la présidence de MM. Paul Janson et Xavier Neujean. La question congolai sp a été aussitôt mise eu discussion, mais 1 on s'est borné un simple échan ge de vues, car on a été unanime reconnaître que c» point ne tigure pas au programme des gauches libérales. UM. Huyemans. Hymans. Neujean, Buyl, Lorand et Wiener ont. tour tour, pris la parole sur cette question. Aucun communiqué n'aété tait officiel lement la presse en ce qui concerne cette séance de l'après-midi, mais nous avons néanmoins pu nous rendre comp te de ce qui s'est patsé M. Louis Huysmans a mis eu garde ses collègues contre la tendance invo lontaire qui pourrait les entraîner faire par une action trop directe le jeu de l'antinionarchisme des socialistes et de l'hostilité systématique de l'é tranger. M. Paul Hymans a envisagé la ques tion au point de vue constitutionnel, et M. Buyl l'a traitée eu rappelant les rétroactes Puis on a entendu MM. Wiener et Neujean abonder dans le sens de M. Huysmans et M. Lorand maintenir sa manière de voir quant au problème colonial. Au cours de la séance, M. Paul Hy mans a annoncé qu'à la demande de plusieurs de ses collègues il allait dé poser une interpellation sur la question congolaise. A la sortie de la réunion qui a été fort longue, il était, en effet. 5 heures quand on s'est séparé, les députés et sénateurs ont été entourés par les jour nalistes présents Comme on demandait M. Hymans si c'était en son nom personnel qu'il comptait interpeller, ledéputé de Bru xelles a répondu Evidemment, mais c'est la de mande de plusieurs de mes collègues Et comment t'ormulerez-vous vo tre demande d'interpellation Vous verrez, a dit en s'éloignant M. Hymans En quittant le local où nos parlemen taires avaient tenu une journée de déli bérations et où maintenant une noce faisait entendre de joyeux échos, nous avons franchi le seuil avec un sénateur qui nous confiait On ne pouvait pas prendre déci sion et c'est pourquoi aucun ordre du jour n'a été présenté ni voté la ques tion, en effet, n'eBt pas au programme des gauches et, d'aillours, chacun sait que sur ce point nous sommes classés en coloniaux et auticoloniaux II n'y a aucune raison pour que nous changions d'opinion Alors Alors, pourquoi discuter Les échanges de vues ne sont ja mais inutiles, mais on ne devait pas s'attendre nous voir prendre des dé cisions. Chacun donc conserve sa liberté de voter selon sa conscience Parfaitement, et il ne pouvait en être autrement. Nous voilà donc fixés sur les inten tions de la minorité de la Chambre, puisque socialistes et ubéraux ont tenu leurs réunions traditionnelles la veil le de la rentrée des Chambres II ne nous reste attendre maintenant que la réunion des droites. Les discussions, pour ne pas perdre l'habitude, ne pou- vent manquer d'y être très chaudes. Le programme en trois mots de M. Woeste n'étant pas une pâture qui sa tisfait tous les moutons du troupeau clérical Lesavocats ministres de la j ustice. - On lit dans 1' Indépendance (cor respondance de Paris) On comprend que M. Millerand n'ait pas voulu se charger du ministère de la justice, qu'on ne devrait jamais confier un avocat M. Millerand a très nettement posé en principe qu'un avocat occupé ne pouvait être ministre de la justice Je ne me sentirais pas, a-t-il ajou té, le droit de faire dans le personnel des tribunaux des nominations qui pourraient paraî re préparer mes suc cès d'avocat dans l'avenir. On ne saurait mieux dire et c'est mettre, an hasard d'une crise ministé rielle, le doigt snr une pHie judiciaire que nous avons souvt nt signalée. Les magisliiits sont des fonctionnai res en général tu dépendants, c'est une affaire euteudue. quoique nous en con naissions qui manquent totalement de cette qualité indi-peu-able un juge. Maisenfiu, admettonsqueces messieurs aient cette force de caractère et d'âme qui les mette au-dessus des passious ordinaires. Il D'en est pas moins vrai que lorsqu'ils auront en présence deux plaideurs, l'un représente par un avo cat ordinaire, l'autre par un avocat qui a été leur chef hier et qui souvent ils devront leur avancement, leurs dé corations et tout ce qui constitue les bénéfices les plus imputants de la fonction, n'est il pas craindre, ne croyez-vous pas que la tentative sera forte d'être plus favorable ce dernier qu'à l'autre. Voyons, il ne faut pas croire que les hommes même très honnêtes soieent des héros et les jugt s sont des hommes comme les autres, ils restent intégrés la condition que vous ne leur deman diez pas d'être des demi dieux Je ne veux nommer personne, je se rais obligé de citer des amis qui mo sont chers, mais enfin tout le monde sait an palais que tel avocat de talent médiocre on tel autre (Je talent supé rieur gaguent des cent ou cent cin quante mille francs par an parce qu'ils ont l'ort ille de la (Jour et qu'ils ont contribué soit comme ministres, soit comme députés influents, faire nom mer les juges devant qui ils plaideDt. Les faveurs dout ils ont comblé les magistrats ne leur font pas gagner leurs procès quand ils sont mauvais cela est. généralement vrai, mais enfin cela leur procure dans tous les gros clients qui croient que leur aflaire sera mieux gagnée par un avocat qui les juges demandent des faveurs que par un au tre avocat n'ayant que son talent pour convaincre. Il serait puéril d'insister. Aussi faut-il retenir l'observation faite par M. Millerand etespérei qu'el le ue sera pas perdue. LesRoumaius, je crois, ont voté, il y a deux ou trois ans, une loi qui est excellente et qui interdit us avocat qui vient d'être ministre de plai der pendant un certain temps. Un projet analoguç a été déposé en Es pagne et j'ignore quel accueil il a reçu mais cette loi et ce projet font justice de cet abus intolérable qui con siste voir des juges appelés pronon cer dans des procès soutenus parles avocats dont ils ont été les subordon nés, et parfois dont ils sont demeurés les créatures La ville va contracter un nouvel emprunt de 850,000 francs la chose est décidée. Il y a longtemps que nous avons prédit que la gestion dis pendieuse des cléricaux devait abou tir soit un emprunt nouveau, celui contracté leur avènement au pou voir ayant été promptement absorbé, soit une augmentation de c®ntribu- tions. Dans un avenir prochain, nous aurons l'un et l'autre. L'emprunt nouveau servira ré soudre la question des eaux. Des travaux seront entrepris l'étang de Dickebusch en vue d'en augmenter le volume d'eau en surélevant les berges, dépense estimée 150,000 francs.. Le reste de l'emprunt sera affecté la restauration des Halles et de la Cathédrale. Les travaux projetés sont évalués pour les Halles un demi-million pour la Cathédrale 600,000 francs. Seulement l'Etat et la Province interviennent dans ces dépenses. Enfin, toujours l'aide de l'em1 prunt, l'Administration nous dotera d'un théâtre et donnera suite sa sotte idée de sacrifier notre jardin public. Dans le même bâtiment se ront installés divers services commu naux, pompes funèbres, police, etc... Le couvent des Pauvres Claires sera mis en état et transformé en musée le musée actuel logera l'harmonie communale. Enfin, pour donner sa tisfaction aux amateurs de tir, nous aurons enfin un stand par le fait même M. Colaert mettra fin la comédie qu'il a jouée pendant des années et qui consistait inscrire chaque année au budget de la ville un crédit de 30,000 francs qui n'é tait jamais dépensé. C'est complét Le gaz que nous consommons n'est pas même épuré Il contient une forte proportion d'hydrogène sulfuré ou acide sulfhydrique. Voilà qui explique maintenant cette épouvantable puanteur d'œufs pour ris qui accompagne les moindres fui tes de gaz, et cette odeur désagréa ble qui remplit nos appartements éclairés au gaz. Ce nous est un devoir rigoureux d'appeler sur ce point, excessive ment grave, l'attention toute spéciale des autorités compétentes, et, comme nous ne pouvons guère avoir confian ce dans nos autorités communales, nous dénonçons nos concitoyens l'existence de ce danger public. L' «hydrogène sulfuré», ou «acide sulfhydrique ou gaz puant est un violent poison. Il est mortel si l'atmosphère d'un appartement ha bité en renferme, ne fût-ce qu'un mètre cube sur 250 m. c. d'air Les fuites de gaz sont donc devenues Ypres tout particulièrement dange reuses. Il est infiniment probable que le commencement d'asphyxie, dont toute la ville se souvient encore, fut causé par la présence de cet hydro gène sulfuré. L'existence de ce toxique redouté dans notre gaz d'éclairage provient de ce que celui-ci n'est pas épuré. C'est une faute grave, impardonna ble, et la Société du gaz encourt de ce fait une terrible responsabilité. Mais le danger n'existe pas seule ment quand il y a une fuite de gaz, il existe toujours, personne n'y échappe. A dose faible, l'acide sulf hydrique reste très nocif encore, mais ses ravages sont moins frap pants. Ses effets se traduisent par des maux de têtes, des nausées, des crampes, des vertiges, etc. Tous, nous y sommes exposés. En effet la com bustion, au bec qui brûle, n'élimine jamais entièrement l'hydrogène sul furé, et il s'en répand nécessairement toujours une certaine quantité dans la pièce. Nous pouvons nous en rap porter sur ce point l'adorat de nos concitoyens ce n'est plus une fran che odeur de gaz que nous percevons l'occasion, cest une nauséabonde odeur de pourriture. En attendant donc qu'un nouveau malheur, irré parable cette fois, vienne plonger la ville dans la consternation, il est certain que tousplus ou moinssans le savoir, nous sommes victimes d'une lente intoxication. A la longuela santé publique s'en trouvera altérée. Cela n'est pas discutable. L'acide sulfhydrique présente en core d'autres inconvénients. C'est un décomposant, un réducteur énergi que, et ce titre on en fait un grand usage dans les industries chimiques. Dans les appartements, il brunit ra pidement les peintures l'huile en en décomposant la céruse. Contre une fuite de gaz, la peinture noircit. C'est précisément ce phénomène qui a décélé la présence de l'hydrogène sulfuré dans notre gaz d'éclairage. A l'endroit de la fuite, le plafond blanc était devenu d'un beau noir de mine de plomb. Et cependant cela ne devrait pas être Cela ne devrait pas être, d'aberd parce qu'il n'est permis personne d'empoisonner son prochain, sous peine de dommages-intérêts et de poursuites pénales. Ensuite, parce que le cahier des charges de la con cession de l'éclairage public le défend expressément, l'art. 16, dans les termes suivants Art. 16. Le gaz servant l'éclairage sera purifié d'après les meilleurs procédés de manière ne contenir, en quantité per! ceptible, ni ammoniaque, ni acide sulfhy. drique. Le concessionnaire devra tenir con stamment sa fabrication au courant des procédés les plus favorables et las plus effi caces au point de vue dq consommateur. L'art. 19 donne l'administration communale le droit de faire contrôler la fabrication du gaz par un ou plu. sieurs experts qui seront admis toutes les opérations de la fabrica tion Voilà la procédure toute indi quée. Que M. Colaert charge un chi miste ou un gazier d'aller voir la manière de fabriquer suivie l'usine gaz, et il sera édifié tout de suite. L'art. 36 porte enfin Si le gaz fourni ne satisfait pas aux qua lités et conditions déterminées par l'art. 16. le concessionnaire subira pour la première contravention une retenue de cent francs, outre les frais pour la deuxième 200 francs pour la troisième 300 francs et ainsi de suite. Après une quatrième constatation, le con trat pourra être résilié, si la vill® le deman de. Le devoir du bourgmestre est donc tout tracé. Et nous savons que M. Colaert, théâtralement, en séance du conseil communal, a affirmé au public que le cahier des charges se rait par lui rigoureusement appliqué. Pure comédie Le gaz n'est pas épuré, le contrôle ne se fait pas, quant appliquer le cahier des charges M.Colaert n'a gar de Ne faut-il pas que ses amis, au profit desquels la ville d'Ypres a été trahie, gagnent beaucoup d'argent Puisque l'épuration du gaz d'éclai rage coûte cher, bien 2 centimes le m. c., on ne l'épure pas Tant pis pour les Yprois A 2.000 m. c. par jour, cela fait 14.600 francs de... bé néfice par an, presque le traitement du directeur En outre, le gaz non épuré encrasse les becs et les man chons, et ronge les tuyaux de plomb nouvelle source de bénéfices. Et pour donner quand même une lumière con venable, on compense depuis quelque temps l'impureté du gaz par cette pression formidable qui, dans certai nes rues où les tuyaux ne sont pas obstrués ou sans doute remplis (1) d'eau fait crépiter les becs et entraîne une augmentation énorme de la con sommation bénéfice encore, bénéfi ces toujours. Ah ni M. Valcke, ni l'ingénieur du groupe Yprois n'étaient de taille lutter avec le prestigieux favori que nous annonçait M. olaert. Mainte nant que nous le voyons l'œuvre, c'est bien le plus fort gazier de l'Europe Dommage qu'il passe son temps l'étranger. Il est vrai qu'il a M. Vanderghote Mais qu'est-ce que M. Vanderghote connaît en fait de gaz Sait il les propriétés de l'acide sulfhydrique Sait-il que c'est du poison Sait-il seulement que cela existe Non, n'est-ce pas Tout ça se passe comme ça, tout simplement, en famille dans la paix séreine de ces belles consciences dé votes Epurer le gaz, observer le ca hier des charges, mais ça coûterait trop cher Cela diminuerait les divi dendes des actionnaires et les appoin tements des employés. Et comme nos conseillers communaux les plus in fluents sont tous ou actionnaires ou employés du gaz, on se sert du cahier des charges.... pour s'asseoir dessus, avec un bel ensemble, M. Colaert au milieu. De ce qu'en pensent les Yprois, on s'en f... Cependant, quel est le devoir de l'Autorité communale Appliquer les amendes prévues, exercer le con trôle sur la fabrication, et, puisque la non-épuration du gaz est une in fraction au cahier des charges et un grave danger public, y mettre un terme et réclamer au profit de la ville titre de dommages-intérêts, la res titution de ce gain illicite. Tout cela est élémentaire. Que feront nos conseillers commu naux (1) Par exemple, la rue de Dixmude, 1* rue de Lille, etc., où les plaintes sont géné rales.

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Le Progrès (1841-1914) | 1906 | | pagina 2