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Chronique de la ville.
Le Journal
rompt le silence.
EXTENSION UNIVERSITAIRE.
Lévolulion
de l'art lyrique.
?nUIiH? Y ,a f°rCe et de la forme-
Le II éveil Ion
au Cercle Catholique.
On vient de nous remettre le Jour
nal d'Ypres du 3 Janvier qui donne
une relation du réveillon qui eut lieu
au Cercle catholique, dans la nuit du
31 au ir de l'an. L'auteur de la com
munication a cru devoir encadrer de
bleu l'article publié par notre «on-
frère sans doute pour y attirer notre
attention. La précaution n'était pas
inutile, car depuis des mois le Jour
nal d'Ypres est tellement court de
copie, qu'on ne se donne même plus
la peine de l'ouvrir.
Il y a donc eu un réveillon au
Cercle catholique et ces messieurs
ont su se réjouir, se complimenter,
ingurgiter du punch, sans troubler
cette fois le plaisir des autres par des
poursuites ridicules et téméraires. Il
y a eu des discours et chose extraor
dinaire dans ce cercle neutre, dont
les fonctionnaires font impunément
partie, dont le Président du Tribu
nal, M. Biebuyck, est le Vice-Prési
dent, il n'y a eu que des discours po
litiques.
M. Fraeys a parlé du succès rem
porté par le parti clérical aux élec
tions législatives de 1906 et a engagé
les membres préparer la victoire
du parti aux élections communales de
1907 Il a fait l'apologie»de l'admi
nistration du distingué Bourgmes
tre M. Colaert et a fini par boire
la santé de tous les lutteurs vieux et
jeunes.
M. Colaert a cru l'occasion bonne
pour ouvrir son tour le fond de son
cœur. Le Père de la Cité, on sait que
c'est ainsi qu'il s'intitule, notre bon
père, a commencé, il ne saurait en
être autrement, par se casser l'en
censoir sur le nez, en faisant l'éloge
de son administration, c'est-à-dire
son propre éloge. Puis, s'abandonnant
son naturel, il s'est mis ramper
platventre devantM. Fraeys, l'homme
du jour, dont il a vanté les hautes
qualités, la constance dans l'amitié
et la clairvoyance en politique c'é
tait le langage qui convenait une
âme reconnaissante, puisque M.
Fraeys n'a pas hésité brûler ce
qu'il adorait jadis, lâcher son
ami M. Surmont dès qu'il a eu le dos
tourné et tendre la main au cher
combien) Colaert, qu'il accusait
jadis d'avoir trahi les engagements
qu'il avait pris vis-à-vis de son ex
cellent ami M. Surmont
M. Colaert enfin, nous a fait voir
une fois de plus, in vino veritas, les
excellents sentiments dont il est ani
mé vis-à-vis de ses concitoyens, qu'il
entend diviser de plus en plus,
en clans irréductiblement hostiles.
Soyez des catholiques dans toute
l'acception du mot fuyez les com
promissions et l«s contacts dange
reux avec l'ennemis'est-il
écrié et c'est bien, en effet, ce que
pense et souhaite, notre excellent
Père de la Cité la haine et la guer
re entre ses administrés Et dire
que cette belle politique s'inspire
des principes d'une religion de paix
et de miséricorde O sainte comé
die
M. Colaert, le punch aidant sans
doute, a fini par divaguer. Il a
prédit nouveau la défaite de M.
Nolf, cette fois pour 1910On la
connaît, mon bon.
La séance a été levée après un pe
tit discours, d'une rare éloquence
dit le Journal d'Ypres, prononcé par
un jeune mais le Journal n'en
dit pas davantage
Ce compte-rendu du Réveillon
nous en dit long sur les tendances du
Cercle nctitre de la rue de Menin.
Que devient en tout cela la fameuse
circulaire, qui interdit aux fonction
naires de se jeter dans la mêlée des
partis
Les |>ro|)hélies
de \i. Col aerl.
Parlant du succès remporté aux
élections de Mai dernier, écrit le
Joukntal d'Ypres du 3 courant, M.
Colaert dit qu'il revient en grande
partie M. Fraeys. Avec un chef pa
reil, le triomphe est assuré et l'ad
versaire qui a été élu grâce la pro
portionnelle l'a été pour la dernière
fois.
La défaite de M. Nolf a été prédite
par M. Colaert en 1900,
en 1902,
en 1906.
Aujourd'hui elle l'est pour 1910.
On sait par expérience ce que ces
prédictions valent.
Jamais, malgré les sinistres pro
phéties de M. Colaert la situation de
M. Nolf n'a apparu plus solide qu'en
1906, au point que des cléricaux des
plus en vue n'ont pas hésité décla
rer publiquement au lendemain de
l'élection, que leur parti ne devait
plus jamais songer reconquérir le
3e siège dans l'arrondissement.
Or ce résultat nous l'avons em
porté avec une organisation toute
rudimentaire En 1910 nous irons
la bataille avec des troupes autre
ment organisées Soyons sur nos
gardes, a dit M. Fraeys, l'ennemi
veille et ne dort pas Et M. Fraeys
a raison.
Nous laisserons donc là le bluff de
M. Colaert.
En attendant constatons que les
fameuses prédictions d'écrasement
débutent par une déconfiture en
règle de la presse cléricale
Le Standaard n'est plus
Le Journal d'Ypres ne paraît plus,
qu'une fois par semaine
Si le reste va suivre l'avenant,
nous aurons la partie belle en 1910.
La décision du
Conseil des Prud'hommes
Le Gaz et le don
de joyeux avènement.
Las édiles rie Uoubaix étudient tou
jours la question du gaz et n'y mettent
p3s la précipitation qui a fait scandale
Ypres
Depuis un grand nombre de mois,
le Journal d'Ypres était resté muet
comme une carpe sur toutes les ques
tions locales traitées par le Progrès.
Dans son dernier numéro, il a rom
pu le silence et, malheureusement
pour le pieux Journal, il s'est fourré
le doigt dans l'œil jusqu'au coude
puisqu'il nous accuse de ce que ses
patrons ont fait dès leur avènement
l'Hôtel de Ville.
Les cléricaux sont tellement habi
tués poser des actes partiaux et ré
voltants qu'ils trouvent que c'est une
.chose très naturelle d'enlever le pain
un ouvrier ou un petit bourgeois,
parce qu'il ne pense pas comme eux
et qu'il lui répugne de jouer l'hypo
crite ou le mouchard.
Aider son père malade, faire sa
besogne, chose si méritoire pour tout
cœur bien placé, ne mérite de la part
des cléricaux que ricanements et
haussements d'épaules.
Faut-il que la politique sectaire ait
produit des ravages malsains et dé
moralisants chez ceux-là qui ont tou
jours en bouche le nom du bon Jésus
pour que toute notion du juste soit
complètement exclue de tous leurs
actes privés ou politiques.
Et quand l'opinion publique, in
dignée, se permet de relever un peu
vivement sa réprobation dans la
presse, les cléricaux recourent la
calomnie et accusent les libéraux
d'avoir agi comme eux.
Le Journal d'Ypres cite deux vil
les où les administrations libérales
ont été obligées de réintégrer les
employés cléricaux révoqués par l'ad
ministration libérale, ce qui n'était
que fort juste.
Et puisque l'organe de nos maîtres
a l'audace de nous lancer cette accu
sation, rappelons nos lecteurs et au
public Yprois, ce que les cléricaux,
arrivés l'Hôtel de Ville par les
moyens les uns plus malhonnêtes que
les autres, ont fait dès leur avène
ment
Révocation de M. Creus, honnête
et bon employé de l'Hôtel de Ville
Guerre la Commission adminis
trative de l'Académie et principale
ment son président
Remplacement de M. Iweins par
M. Colaert
Remplacement de M. Boedt par
M. Fraeys
Remplacement de M. G. Lapiere
par M. Struye
Elimination de M. F. Van Daele,
membre des Hospices
Elimination de M.Gravet, membre
du Bureau de bienfaisance
Ce fut une bien intéressante conférence
que celle que Monsieur Hubens nous donna
Dimanche, sous les auspices de l'Extension
Universitaire de Bruxelles, sur l'Evolution
du drame lyrique. A vrai dire, ce fut plu
tôt une causerie sur Wagner, avec, comme
prélude, un aperçu historique du drame ly
rique.
Le conférencier nous montre l'opéra, nais
sant au pays d'Homère avec les chants de
l'Odyssée et de l'Iliade. Sophocle et Euripi
de, Eschyle surtout, étaient des poètes lyri
ques et si nous n'avons plus les partitions
musicales de ces auteurs, il n'en est pas
moins vrai que leurs œuvres furent chan
tées, les chœurs du théâtre antique for
mant notre orchestre actuel, et la science
de Gevaert a permis de reconstituer les
caractères de la musique grecque. Le drame
lyrique, l'opéra, ne finit point en Grèce
l'antique Rome le connut. 11 s'éclipse évi
demment quand les Barbares vinrent semer
de ruines l'empire latin, pour reparaître,
vivace, l'époque delà Renaissance.
Les Médicis, les grands protecteurs des
arts plastiques et des lettres, encouragèrent
également le théâtre et la musique et c'est
dans la Chambre des Bardes de la cité
de l'Arnoque ressuscita, pour les seigneurs
florentins, l'opéra qui de là prit son essor
pour se répandre dans les différents pays de
l'Europe. Montaverde provoqua une vérita
ble révolution dans l'art musical brisant
les coutumes du plain-chant, il introduisit
les dissonances et, par l'usage de la tonique
et de la septièmede dominante, fraya la voie
la musique moderne.
Monsieur Hubens est sans nul doute un
Wagnérien convaincu, aimant se retran
cher derrière la parole de Nietzsche il
faut commencer par être wagnérien
Il nous fait assister l'éclosion de cet
esprit qui dut révolutionner le théâtre et la
musique. N'ayant fait que des études su
périeures très sommaires, tour tour artiste-
peintre, comédien, homme de lettres, dra
maturge (dans son premier drame il fait
mourir 42 personnes Wagner résolut en
fin de devenir compositeur Compositeur
et il ne sut jouer d'aucun instrument C'est
alors qu'il se mit l'étude de la science
musicale Miiller lui enseigna le piano et le
futur maître s'assimila bientôt, sous cette
intelligente direction, tous les secrets de
l'harmonie, de la fugue et du contre-point.
Wagner quitte son pays natal, attiré par
Paris où il crut trouver le succès il y con
nut la misère la plus noire, obligé de faire
des arrangements d'airs connus, pour cor
net piston. Il se retire Meudon où il com
pose la série de ses premières œuvres Dé
fense d'aimer inspirée d'Eschyle, dont les
idées le hantaient, ne fut jamais exécutée
Rienzi eut plus de succès dans le
Vaisseau fantôme les tendances du maî
tre s'affirment, vivement influencées toute
fois par Beethoven et Weber.
Une meilleure situation lui fait quitter
Paris pour Dresde, où il parvînt faire re
présenter plusieurs pièces. Expulsé de la
Saxe la. suite de démêlés politiques, il
passe en Suisse. Liszt le protège, ce qui lui
permit de faire jouer Lohengrin Wei-
mar, tandis qu'il se mitàécrire la tétralogie,
l'« Anneau du Nibelung et qu'il publie
différentes œuvres théoriques.
En 1860 nous le retrouvons Paris, où
grâce des interventions très puissantes, il
parvint faire représenter Tannhâùser
La piècé fut sifflée
Heureusement le talent du maître fut
mieux apprécié par le roi Louis II de Ba
vière. Celui-ci appela Wagner en Bavière,
lui fit don d'une riche villa sur les bords du
romantique lac de Starnberg, où désormais
Wagner put travailler l'aise, et, l'effet
de pouvoir représenter dignement ses piè
ces, il fit construire un théâtre répondant
toutes les exigences de l'art rénové Ce fut
le théâtre de Bayreuth, actuellement le lieu
de pèlerinage de tous les wagnériens fer
vents.
La conception wagnàrienne du théâtre est
l'opposé de l'opéra traditionnel. Tandis
qu'ici la musique domine tout, dans le dra
me de Wagner tout est sacrifié l'ensemble
la scénique et la musique se complètent ré
ciproquement. A Bayreuth, l'orchestre est
meme complètement masqué la musique
semble venir des profondeurs. Le poème, que
Wagner écrit lui-même du reste, écarte tout
prétexte digressions, ballets et divertisse
ments du théâtre italien la musique, très
sobre, proscrit les soli, remplacés par un
Lit-mot1 V, le moyen principal de l'expression
dramatique.
L œuvre de \V agner fut violemment atta
quée on alla jusqu'à dénier au grand ar
tiste la science de l'harmonie.
Chose singulière, parti du théâtre d'Es
chyle admirateur de l'idéal grec, glorifica-
un idéal terrestre en somme. Wagner
aboutit dans son œuvre (voir Parcifai
la glorification d'un idéal profondément
a
re-
hgieux, supra-terrestre. Eschyle fut payen
Wagner finit dans le mysticisme.
Il ne fut pas donné au grand Wagner
d assister au triomphe de Y conceptions
Nous avons protesté contre la décision
inique prise par le Conseil des Prud'hommes
de notre ville qui, sans rime ni raison, vient
de congédier son messager, M. Lambrecht,
qui y remplissait ces" fonctions depuis la
mort de son père sans avoir jamais encouru
le moindre reproche.
La nomination de M. Lambrecht, dont le
père fut sa vie durant un fidèle serviteur
des Prud'hommes, s'imposait au Conseil et
elle se fut faite si M. Lambrecht avait fait,
ce que beaucoup d'autres ont fait, tourner
casaque et jouer le clérical. Car c'est bien
raison de ses opinions libérales que M.
Lambrecht s'est vu écarter, malgré le long
état de bons et loyaux services qu'il pouvait
invoquer en sa faveur. La preuve en est
faite le journal d'ypres du 16 Janvier
ne cherche même pas en dissimuler le mo
tif.
Eh bien Nous disons que c'est un scan
dale
Que des administrations communales
dirigées par des hommes politiques se li
vrent des actes de l'espèce, cela répugne
mais les administrations ont l'excuse d'ê
tre des corps politiques.
Mais que pareils mobiles dirigent les dé
cisions d'un tribunal, car le Conseil des
Prud'hommes siègecomme juridiction, nous
disons que cela dépasse toutes les bornes,
que c'est franchement scandaleux.
Des hommes qui ont pour mission de ju
ger leurs semblables, qui ont pouvoir de
disposer de leur honneur, de leurs biens,
devraient savoir se dépouiller de leurs res
sentiments politiques et n'avoir dans les
décisions qu'ils ont prendre d'autre sou
ci que d'être justes
Si la politique va guider les juges, quelle
confiance nous sera-t-il donc encore permis
d'avoir dans la justice
Le Journal D'Ypres a décidément pris
en main la défense d'une jolie thèse 1
Le cas qui nous occupe est, au surplus,
d'une belle ironie Voilà un Conseil des
Prud'hommes, qui de par la loi est chargé
d'aplanir les différends, d'apporter la con
ciliation entre patrons et ouvriers, qui fait
lui-même ce qu'il devrait condamner chez
les autres
Car nous nous imaginons qu'un patron
qui, du jour au.lendemain, mettrait pied,
sans rime ni raison, un de ses bons servi
teurs, ne trouverait pas grâce devant le
Conseil des Prud'hommes d'Ypres
Et cependant, n'est-ce pas au fond, ce
qui est arrivé avec le messager Lambrecht
Nos félicitations MM. les Prud'hommes
On comprend que vous n'ayez pas eu le
courage de porter vous-même votre décision
la connaissance de votre victime
Aussi, des conditions de plus en plus
avantageuses leur arrivent de divers
côtés.
Elles y sont accueillies avec intérêt,
sont étudiées fond et sans parti pris.
Voici les bases d'une de cesaouvclles
propositions
Gaz d'éclairage 15 centimes
Chauffage 13 centimes.
Redevance annuelle la ville 400 000
francs.
Don de joyeux avènement 100 000 fr
Les membres de notre intelligente
Commission du gaz, Bourgmestre en
tête, n'ont pas songé, eux, imposer
M. De Bronwer, en faveur de la ville,
un don de joyeux avènement.
Il est vrai que la moitié d< nos
éminents commissaires étaient parents,
011 sont devenus les principaux action
naires de la 'compagnie De Bronwer,
qu'ils ont accueillie avec tant d'em
pressement.
Le don de joyeux avènementdès lors,
devenait tuile tombant sur leurs pro
pres têtes