Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement.
Dimanche, 28 Avril 1907.
67e année. 17.
le Uinumche.
Vires acquirit eindo.
Miel et Fiel.
La majorité introuvable.
j'ai septante-huit ans sonnés je ne puis
avoir l'ambition de reprendre le pouvoir, je
devrais lutter contre le Roi, désireux de s'im
poser au Parlement. Mes amis et moi nous
comprenions combien la situation est délicate,
et nous comprenions aussi que, en suivant
docilement, en troupeau, le ministère de la
Couronne, nous préparerions lentemeut la per
te de notre parti. La Belgique est un pays
difficile gouverner il est nettement consti
tutionnel il ne peut pas souffrir un régime
absolutiste si donc tout le parti catholique,
pro bono pacis, devait s'adapter au bon plaisir
d'en haut, nous perdrions la confiance du pays.
Vous comprendrez que cela nous ne pouvous
pas le vouloir.
La
crise.
LePRO
L'union PAIT LA FORCE.
PRIX Dp: L'ABONNEMENT:
poua la ville Par an 4 francs,
p' la province Par an 4 fr 50
p' l'étranger Par an G fr. GO
On s'abonne au bureau du journal, rue de Dixmude, 53, Yphes. Les annonces, les faits
divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres et les deux Flandres au bureau
du Progrès. Pour la publicité en dehors des deux Flandres, s'adresser exclusivement au
Comptoir de Publicité JACQUES THIBE8ARD, 14, Place de Brouckère, Bruxelles,
téléphone 5230. Pour les annonces on traite forfait.
ANNONCES:
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.'
Pendant que M. de Trooz, nouveau
Diogène, parcourt la ville la recher
che, non d'un homme, mais d'une ma
jorité, la presse cléricale continue
donner le spectacle du plus lamentable
désarroi.
Chaque journal fait entendre sa clo
che, et c'est un carillon des plus discor
dants.
Le Courrier de Bruxelles fait de labo
rieux efforts pour recoller la vaisselle
cassée par ses bons amis.
Pour lui, le terraiu de l'entente est
tout indiqué c'est celui de l'enquête,
qui porte précisément sur le point qui
divise les cléricaux.
Voici comment notre confrère déve
loppe son idée
A beaucoup d'esprits cette question ne
parait pas mûre. Chaque jour apporte des
éléments nouveaux, des faits d'expérience,
car c'est peine si des essais se font, et
l'expérience commence seulement parler.
Voilà un champ d'action tout indiqué, et
suffisant pour le moment, l'ardeur et au
zèle de la jeune droite pour la bien du peu
ple. Chacun peut intervenir et apporter des
arguments, des faits sérieux. Mais il ne faut
plus invoquer les exemples du centre et de
l'Allemagne, les doctrines romaines, les dé
cisions des congrès catholiques, alors que
C69 eXBliiplBa, «Jça iluv-trinoo n'cxiotcnt paa
ou sont dans un sens opposé. La démonstra
tion an est faite.
Resta donc la question pratique faut-il
l'rtniter et quelle limite faut-il adopter
La santé de l'ouvrier est elle actuellement
compromise Est-ce la limitation du tra
vail qui amènera une meilleure hygiène et
n'est-il pas utile d'étudier encore d'autres
causes Nous n'hésiterons pas, quant
nous, appuyer une limitation bienfaisante
dès qu'il nous sera démontré qu'un travail
plus ou moins forcé de huit heures vaut
mieux pour la santé qu'un travail tranquille
de dix heures ou neuf heures.
Si c-tto question tient an cœur de nos
amis, c'est vraiment veig^ l'enquête qu'ils
doivent faire converger leurs efforis. Ils ont
une preuve donner Ils semblent convain
cus par des faits qu'ils connaissent. Ils doi
vent les produire, produire ce qui a formé
leur conviction pour la faire partager par
leurs collègues. Voilà la bonne et chrétienne
façon do gagner une cause entre catholiques,
et cela écarte la pensée d'emprunter l'appui
trompeur d'adversaires qui ne cherchent qu'à
renverser un ministère catholique n'importe
sur quelle question. Il nous semb'e que ce
sont là des armes prohibées entre amis,
d'autant qu'elles se retournent inévitable
ment coutre ceux qui les emploient. Nous le
répétons, l'enquête donc, c'est le bon terrain
de conciliation, le seul qui peut amener une
solution eu donnait chacun la même lu-
m ère Loin d'écarter la question, elle la
conserve et la fait non seulement avancer,
mais aboutir tandis que les discussions
sur l'arrêt qui a retiré le projetée loi ne
peuvent que soulever des questions oiseuses,
d'intérêt purement rétrospectif, propres
absorber un temps devenu précieux on
n'en a déjà que trop perdu. C'est là que
se reacontreront aux qui ne veulent pas la
paix, on les reconnaîtra ce signe.
Voilà certes, au point da vue cléri
cal, un discours très profitable
mais les cléricaux en profiteront-ils
Tandis que le Courrier de Bruxelles se
couvre de miel pour prendre les mou
ches, la Métropole répand des Ilots de
fiel.
La feuille anversoise continue met
tre les pieds dans le plat, et elle le fait
avec une telle vigueur que le plat ris
que de se fendre.
D'après elle,le parti clérical est dans
uneimpasse.il doit compter avec un
petit groupe de dissidents qui doivent
être considérés comme irréductibles et
rebelles toute concession.
La Métropole ajoute
Ou bien, le gros de notre parti serait te
nu d'abandonner le programme qui lui a
valu sa longue et robuste popularité dans le
pays il s'effacerait devant l'intransigeance
et les subites prétentions de réforme radica
le de la jeune droite et celle-ci prendrait
alors, Dieu sait pour combien de temps, la
direction des affaires.
Ou bien ce serait l'infime minorité qu'est
la jeune droite qui faciliterait l'union et la
concorde en abandonnant ses attitudes irré
ductibles, vis-à-vis d'un parti qui n'a pas
seulement des traditions, mais qui s'est
montré ouvert un très large esprit de ré
formes.
La première alternative serait la ruine
brève échéance du parti catholique belge,
nul ne pouvant soutenir que les revendica
tions et les allures de la jeune droite répon
dent au sentiment général du pays.
La seconde alternative, la seule équitable
et rationnelle, si l'on ne cherche pas des
aventures, serait promptement réalisée si on
la voulait sincèrement et loyalement.
Mais elle apparait comme bien lointaine,
quand on songe la façon dont s'est amenée
la crise et. chose infiniment plus grave, aux
extravagances qui la suivent.
Puis, la gazette anversoise se retour
ne contre MM. Beernaert et Helleputte
et leur porte la botte que voici
Nous avons reproduit les interviews ex tra-
ordinaire» de MM. Beernaert et Helleputte
dans des journaux étrangers, où ces hom
mes d'Etat prennent partie la personne
royale dans des termes et avec une désinvol
ture que nous estimons sans exemple de la
part de personnalités de leur situation.
Nous entendons enfin des membres de
moindre importance du groupe des VIII af
firmer qu'ils n'auraient agi ni en honnêtes
gens, ni en démocrates sérieux s'ils s'étaient
comportés autrement qu'ils l'ont fait
Ce qui veut dire qu'aux yeux de ces mes
sieurs, lo devoir absolu leur interdisait de
voter le terrain d'entente que furent succes
sivement la proposition d'enquête et l'amen
dement d'esprit si large de M. Van Cleera-
putte ce devoir leur imposait de s'unir
avec les gauches libérales et socialiste pour
faire échec la majorité catholique
Voilà ce qu'on dit, ce qu'on crie sur les
toits, comme si vraiment on voulait tout
prix rendre impossible la reconstitution d'un
gouvernement et d'une majorité de droite.
Nous n'avons pas souvenance d'une crise
de ce caractère dans notre parti. Nous ne
sachions pas que, jamais, on ait proclamé
la fois avec tant d'insouciance et d'arrogan
ce la prétention de se mettre en travers de
solutions qui doivent tout gagner être ra
pides et dont peut dépendre l'avenir de no
tre cause et du pays même
M. de Trooz serait-il assez optimiste
en harmonie parlementaire pour croire
que ces furieuses dissonances préparent
l'accord parfait de la fin
Le Roi m'a demandé si j'avais une
majorité. J'ai répondu Sire, il me faut
quelques jours pour le savoir
(M. De Trooz aux interviewera.^
M. de Trooz cherche une majorité.
Il ne peut devenir président du Con
seil qu'à la condition de la trouver.
M. De Trooz s'est donc mis en cam
pagne pour opérer autour do lui la
concentration de la Droite. Il a fait
mettre des annonces dans le Bien public
et le Journal de Bruxelles On deman
de une majorité tout, faire Souplesse
exigée. Bons gages. Il n'a fait aucune
publicité dans le XXe Siècle.
M. De Trooz, qui a de la suffisance
et de l'entregent, a confiance dans son
etoile. La chance l'a servi jusqu'à pré
sent eu le menant, lui qu'aucune capa
cité spéciale ne désignait l'attention
des foules, jusqu'au ministère de l'in
térieur et de l'instruction publique. Il
espère réussir constituer un Cabinet
De Trooz
Nous croyons qu'il se fait des illu
sions, même s'il est résolu faire
les plus grands sacrifices pour satis
faire son ambition.
Où ira-t il chercher sa majorité
Evidemment droite. Il ne se trou
vera gauche aucun député pour lui
donner son appui.
A droite, il peut compter sur M.
Woeste, mais ce n'est pas assez le dé
puté d'Alost n'est plus omnipotent.
La jeune droite a des prétentions et
elle les fait valoir. Il ne suffira pas qu'on
jette un portefeuille au requin Renkin
pour satisfaire ses exigences.
Elle a un programme, la Jeune
Droite. Le fameux Conserver, amé
liorer, empêcher, a du gouvernement
défunt, lui semble tout fait démodé
elle défend uoe politique objective et
précise entin elle a sur la solution de
la crise actuelle, une opinion qui ne
doit pas concorder tout fait avec les
vues de M De Trooz, aspirant-Premier.
Ce n'est pas qu'elle ne souhaite aussi
la concentration, mais pourvu que
l'accord se fasse sur ses idées, et non
condition qu'elle abdique entre les
mains de l'Eminence Verte et se sou
mette ses ukases.
Or, la grosse pierre d'achoppement,
l'écueil qui guette la barque ministé
rielle s» première sortie du port, c'est
la loi sur les minea, et l'arrêté royal du
11 Avril.
Sur ce point, la Jeune Droite s'est
prononcée catégoriquement.
M. Mabille, un de ses leaders les
plus en vue, a fait adopter par un
groupe dont il est l'inspirateur, un
ordre du jour tout fait significatif.
Le voici dans son style lapidaire
Le bureau du Parti Démocratique
du Centre, félicite et remercie les dé
putés catholiques qui ont voté l'amen
dement Beernaert.
Il exprime l'espoir que la loi sur
les miues sera représentée le plutôt
possible il émet le vœu que dans la
formation do nouveau miuistère, la
défeusedu programme catholique d'in-
terventiou de l'Etat en matière sociale
soit efficacement assurée et que dans
l'intérêt de l'avenir de la cause catho
lique, la concentration de toute la
Droite s'opère autour du ministère.
Nous est avis quedansces conditions,
c'est aussi bien M. Mabille que M. De
Trooz qui eût pu être chargé de former
le nouveau ministère.
Il nous semble eu effet aussi difficile
de rallier l'unanimitéde laDroite surle
retrait de la loi minière, accompli par
l'arrêté du 11 Avril que d'obtenir son
accord parfait sur la représentation du
projet.
Si M. De Trooz reste logique avec
lui même et s'il prétend gouverner de
main dans les sentiments qu'il avait il
y a qniDze jours, il ne pourra jamais
admettre que la loi sur les mines, telle
qu'elle a été amendée par l'opposition,
revienne devant la Chambre. Dès lors,
il sera culbuté par la gauche et la Jeu
ne Droite.
Si par contre M. De Trooz, ayant
toute honte bue, lâche les collègues
avec lesquels il a signé l'arrêté du 11
Avril et s'inflige lui même d'un cœur
léger le plus sanglant des camoufflets,
il sera hué par toute la Chambre.
Comment ce gros homme, plus auda
cieux qu'habile, se tirera-t-il de ce di
lemme
Si encore il a'avait que cette difficul
té résoudre Mais il y a aussi le Con
go et la défeuse d'Anvers. C'est surtout
de cela qu'il est question dans les
entretiens que le Souverain de l'Etat
indépendant a avec les ministres bel
ges, et sur ce terrain aussi il y a
désaccord complet et absolu droite.
Tandis que M Mabille faisait parler
le parti démocratique du Centre, MM.
Beernaert et Helleputte se laissaient
complaisamment interviewer par des
journalistes attachés l'Osservatore
catholico de Milan.
Voici ce que disait M. Beernaert
Et voici les déclarations de M. Hel
leputte
Il y en a encore parmi les nôtres, et ils ne
sont pas peu nombreux, qui font presque ex
clusivement fond sur les grands et sur le Roi
il est nécessaire, au. contraire, de ne pas per
dre de vue le roi de l'heure présente le l'eu-
pie, que nous devons servir "chrétiennement et
socialement.
il ne faut pas être grand devineur de
charades pour lire entre ces ligues et
lescomprendre demi-mot. MM. Beer
naert et Helleputte feront une opposi
tion irréductible aux idées personnel
les du Roi sur la législation coloniale
et sur la défense d'Anvers. Comment
s'y prendra M. De Trooz, malencon
treusement placé enira cette enclume
et ce marteau, pour mettre d'accord
le troupeau docile de la Couronne
et l9s t chrétiens serviteurs du Peu
ple
Un plus malin que lui ne réussirait
pas.
Aussi croyons-nous qu'il ne se passe
ra beaucoup de jours avant que l'aspi
rant-Premier ne rende an Roi son ta
blier, avant de l'avoir jamais ceint, et
no passe la main un autre.
Comment M. De Trooz composera-
t-il son ministère Jeudi soir, il n'en
savait encore rien, en dépit des listes
mises en circulation.
Les nouvelles contradictoires pieu-
vent. Combien de ministres démission
naires feront-ils partie dn nouveau ca
binet En présence des démentis de
M. Vati der Bruggen et du général
Cousebant, on ne sait plus que croire.
Aurons-nous un neuvième ministère
des sciences, beaux-arts, lettres, etc
On affirme on démeut. Où est la véri
té
En réalité, ou est aujourd'hui en
face d'une vaste potinière et la situa
tion manque totalement de clarté.
Que sait-ou de positif?
Que M. De Trooz a été rendre visite
successivement MM. Woeste, Van
den Heuvel, Devolder, et Beernaert*
Cete dernière entrevue n'aura pas
manqué d'intérêt.