Extension Universitaire Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement. Dimanche, 2 Février 1908. 08e année. l'union fait la force. l'araissant te iJimancite. Vires acqcirit eimdo. PRIX DE L'ABONNEMENT: pour la ville Par an 4 francs. pr la province Par an 4 fr. 50 p' létranger Par an 6 fr. 60 DIMANCHE 9 FÉVRIER 1908, 3 heures, L'ancienne chanson flamande. Le droit de licence. \T° 5. On s'abonne au bureau du journal, rue de Dixmude, 33, Ypres. Les annonces, les faits divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres et les deux Flandres au bureau du Progrès. Pour la publicité en dehors des deux Flandres, s'adresser exclusivement au Comptoir de Publicité JâCQOSS THIBESAHt). 14, Place de Brouckère, Bruxelles, téléphone 3230. Pour les annonces on traite forfait. Salle de la Bourse, LEÇON DU COURS DE M. CHOT docteur en sciences historiques. sujet Histoire «le la Renaissance artistique en Italie. eu 3 leçons, avec projections lu mineuses. Dimanche dernier, Monsieur le Professeur Vercoullie, de l'Univer sité de Gand, a donné l'Université populaire de notre ville une confé rence très applaudie sur l'histoire de la chanson flamande. A ce propos, nous extrayons les lignes suivantes d'un article qui fut publié dans la Flandre libérale par l'honorable conférencier L<t rhnnsorl populaire est" une branché très importante du folklore, qui est a son tour une des branches principales de l'an thropologie. Le folklore est la science qui s'occupe du bagage intellectuel et moral du peuple, mœurs, usages, traditions, su perstitions, médecine,littérature populaires. (i) Le mot a été employé pour la première fois par YV.-J. Thoms dans Y Athemçum de Londres du 22 Août 1846. Il correspondrait une formation flamande telle que volks- leer, et signifie ce que le peuple sait. Comme toujours, la chose est-plus ancien ne que le nom, et depuis longtemps on fai sait du folklore, comme M. Jourdain faisait de la prose'. Depuis le milieu du XIXe siècle, l'entrain est général. Cela est vrai pour tou tes les subdivisions du folklore donc aussi pour celle qui nous occupe. On fait des re cueils et on rédige des études. Signalons les etudes sur la chanson néerlandaise par D. Vander Reiden (1802) et par J. Lejeune (1828), les études sur notre musique des XIVe, XVe et XVIe siècles, par Kiesewet- ter et Fétis (1829). Actuellement nous avons une magistrale étude d'ensemble sur notre chanson par G. Kalff, professeur Leyde Het Lied in de middeleeuiven (1884). Très bon aussi est son pendant pour la chanson -allemande Y Histoire du Lied, par E. Schuré (i868j. L'essai de Ch. Nodier sur les Chansons populaires chez les anciens et chez les français (1866), est composé d'après une autre méthode, mais a un grand intérêt de curiosité. Ce sont les philologues allemands qui com posèrent les premiers recueils dans le but de les faire servir de matériaux pour l'étude même des recueils de chansons flamandes, comme O.-L. Wolff. en 1832, Hoffmann von Fallersleben, en 1833. Notre grand J.-F. Willems voulait nous doter d'un recueil général, textes et mélo dies, sous le titre de Oude Vlaainsche Lie- deren. Il commença la publication quelques semaines avant sa mort (1846) son ami Snellaert l'acheva, en 1848. Ensuite Snel- laert publia dans le Willems-Fonds ses Oude en Nieuwe Liedjes (première éd. en 1852, deuxième en 1864) puis E. De Cous- semaker nous recueillit les Chansons popu laires des Flamands de France 1856) A. Lootens et J. Feys éditèrent leurs Chants populaires flamands recueillis Bruges (1879) J. Bols trouva encore, en Brabant, Honderd Oude Vlaamsche Liederen (1897) et A. Blyau, aidé de M. Tasseel, fit paraître jusqu'ici deux livraisons d'un Iepersch Oud-liedboek (1900-1902). Mais tout cela ne (1) Voir E. MONSEUR, Le folklore wallon et I. TEIRLINCK, Le folklore flamand. (Bruxelles, Rosez Bibliothèque belge des connaissances modernes/. sont que fragments, qui sont loin de former un tout. C'est notre savant concitoyen, le musico logue F. Van Duyse, qui publia enfin le trésor complet de nos anciennes chansons, avec des notes critiques et historiques. Van Duyse a consacré toute sa vie ce travail avec une compétence et'une ardeur qu'au cune difficulté ne rebutait. Seuls ses amis et les nombreux musicolo gues et philologues qui sont en rapport avec lui, savent quelle masse de matériaux il re muait, avec quelle adresse il les déblayait, avec quelle sûreté il les ordonnait. Nos chansons populaires nous viennent de trois sources la tradition orale, les ma nuscrits, les imprimés. Il est généralement facile de déterminer l'âge du texte et de la mélodie, qui nous sont transmis. Mais cela n'est pas toujours l'âge de la chanson, qui peut avoir subi bien des métamorphoses. La chanson de Her Halewijn et celle de la Reine de onze ans datent sous leur forme connue d'envinTn [500, mais elles se chantent, la première sur le motif du Cré- do des fêtes doubles, et la seconde sur l'air du Veni Creator elles doivent donc être plus âgées. Certains traits nous déplacent même une époque de barbarie bien antérieure notre civilisation dans la première chanson, la jeune fille qui a déca pité Halewijn rapporte la tête dans son ta blier et pendant le festin que son père donne en son honneur, la tête est placée sur la table dans l'autre, le roi exige d'un de ses sujets sa fille de onze ans en mariage et menace d'incendier tous ses biens s'il refu- seï^ Nos chansons populaires flamandes et hol landaises nous font voir la vie de notre peu ple sous toutes ses faces. Notre fond néerlandais a certainement ses éléments originaux, mais il en a aussi de communs avec les autres peuples germani ques, les Bas-Allemands surtout, les Scan dinaves, les Anglais. Dans les trois derniers siècles l'influence française a été grande, sans étouffer ni empêcher les productions originales. Car l'auteur de la chanson popu laire est le peuple, et celui-ci est resté fla mand. La chanson populaire est anonyme le poète qui la compose est non seulement en communauté d'idées avec son entourage, mais.il expose son sujet dans une forme tel lement en rapport avec le goût de cet entou rage, que chacun de ses auditeurs croit qu'il l'aurait employée sa place aussi quicon que répète sa chanson y met du sien, en remplaçant certains mots par d'autres, en supprimant et même en ajoutant des stro phes. De là croire que la chanson est l'œli vre de la collectivité il n'y a qu'un pas. Il en est de même de la mélodie. Celui qui la composa, la fit telle que tout le monde pût se figurer qu'il l'aurait faite de la même façon, populaire. Or, la source de toute la musique populaire de l'Europe chrétienne est la musique de l'Eglise. Celle-ci son tour est une branche de la musique gréco- romaine greffée sur la musique de la syna gogue. C'était chose naturelle les premiers chrétiens se considéraient comme une secte juive et continuaient de pratiquer les rites juifs quand le christianisme se mit rece voir aussi des païens, il adopta des cérémo nies et des habitudes païennes. Il y avait cela deux raisons les convertis n'étaient pas dépaysés dans leur nouveau milieu et se sentaient en sûreté sous leur vernis païen dans les milieux où le christianisme était suspect. La psalmodie, le récitatif des épîtres et des évangiles,les trois parties essentielles de la messe viennent de la synagogue tous les autres chants de l'Eglise viennent de la mu sique gréco-romaine. Les plus anciens sont le Te Deum (avant 400), la Préfacé (vers 400j, le Pange lingua et le Ver- bum supernum (milieu du Ve siècle). Les chants de l'office des morts, sauf les Dies irse (milieudu XIIIe siècle) sont également très anciens. C'est au plain-chant que nos mélodies po pulaires se rattachent directement. Toutes sont en mineur, et même celles quichantent la joie ou l'enthousiasme, ont un air grave et mélancolique. La ballade de la Reine de onze ans se chante sur l'air du Veni Creator la« Chanson du Géant (Reu- zenliedsur celui du Creator aime side- rum le Her Halewijn sur celui du «.Credo in unum Deum les sanglots de (a jeune fille du Gekwetst ben ik van bin- nen sont un écho de ceux de l'âme qui attend le jugement dernier dans le Libéra me Domine Il en est ainsi dans tous les pays, quoique partout avec un cachet natio nal. Il en est ainsi jusqu'au jour d'aujour d'hui, car la foule est encore frappée par l'antique Te Deum alors que le Stabat Mater de Palestrina reste lettre close pour elle. Telle est, vue vol d'oiseau, l'immense matière que doit embrasser un recueil scien tifique de la chanson populaire. Vers 1849, les cabaretiers se virent imposer, outre leur patente, uu droit do débit. Ce droit ayant été considéré par la jurisprudence comme un impôt direct, concourait la formation du cens élec toral. Il en résultait que presque tous les débitants de boisson étaient élec teurs. A de nombreuses reprises, cela donna lieu de vives protestations, qui Unirent par déterminer les Cham bres, en 1871, supprimer le droit. En 1889, M. Beernaert, sous prétex te d'enrayer l'accroissement du nom bre des débits de boissous, fit voter l'é tablissement d'un droit de licence. Ce n'était plus, comme le premier, 1111 im pôt général. Ce droit que M. Liebaert propose de modifier aujourd'hui, est, on le sait, de 200 francs dans les commu nes de plus de 60,000 habitants, de 150 dans les communes de 30 000 60.000 habitants, de 100 dans les communes de 15,000 30,000 habitauts, de 80 dan> les communes de 5,000 15,000 habitants et de 60 francs dans les com munes de moins de 5,000 habitants. Il ne s appliquequ'auxdébitsoùl'on vend de l'alcool. Pour le justifier, M. Beernaert fai sait valoir la progression effrayante du nombre des débits de boisson. Tandis qu'en 1838, il y avait un dé bit par89 habitants, la proportion était, eu 1889, d'un par 31 habitants. L'application du droit a, il faut le reconnaître, arrêté la progression. On constate même, pour 1907, que le nom bre des débits n'est plus que d'un par 34 habitants. Mais le? cabaretiers réclament; ilsre prochent non sans raison au droit de manquer de proportionnalité. Dans uu même commerce, il frappe aussi lour dement les petits et les grands débits. D'autre part, le système prête la fraude. Pour y mettre un terme, d'au cuns ont proposé sa généralisation tous les débits sans distinction. Cette solution égalîteire. déclare M. Lie baert, a pour elle l'incontestable mais unique avantage d'une productivité plus grande de l'impôt elle attein drait, en effet, du coup, 162,867 débi tants actuellement affranchi* du droit de liceuce et porterait le nombre des redevables de 47,443 210,310. Mais ses partisans perdent de vue que le droit do licence n'est pas établi dans un but de fiscalité. Le projet/néanmoins, pour éviter la fraude, .assujettit au iroitde licence tous les débitants, l'exception de ceux qui. jusqu'à préseut, n'y étaient pas soutr is, mais il accorde ceux qui ne débitant que des boissons fermen- tées la faculté de n'avoir a débourser le montant du droit que momentané ment et titre de cautionnement, de manière ce qu'ils aient intérêt ob server la loi. Ils doivent pour cela prendre les en gagements ci-après ANNONCES: Annonces 15 centimes la ligne. Réclames 25 Annonces judiciaires 1 fr. la ligne. 1° Ne vendre, ne livrer quelque ti tre que ce soit ou ne laisser boire, dans les locaux du débit et dans ses dépen dances, aucune boisson spiritueuse 2° Ne détenir dans les locaux où sont admis les consommateurs aucune quantité de boissons spiritueusesetn'en détenir dans les autres parties de l'é tablissement et ses dépendances qu'une quantité 11e dépassant pas un demi-litre couverte par une prescription médica le, dont la date ne remonte pas plus de trois mois 3" Sans préjudice du droit de visite des locaux accessibles aux consomma teurs, se soumettre la visite des lo caux non accessibles aux consomma teurs pendant les heures de fréquenta tion du débit et, en tous cas, de 6 heures du matin jusqu'à l'heure régle mentaire de la fermeture dos cabarets 4° Apposer d'une manière apparente, au-dessus de chaque entrée du débit, un éenteau portant lisiblement les mots La consommation de boissons spiri- tueuses est interdite. Quant au reproche, justifié, de man quer de proportionnalité, le ministre, pour y obvier, propose de créer trois ciasses dans chaque rang de communes. Le droit actuel serait augmenté de 25 p. c. pour la première classe il serait maintenu pour la seconde et abaissé de 25 p c. pour la troisième. Prenons, par exemple, la taxe établie dans les communes de plus de 60,000 habitants. Les débits rangés daos la première classe paieront 250 francs ceux de la seconde classe 200, et ceux de la troi sième 150 Le classement s'effectuera en pre nant pour base la patente. Les débi tants imposés d'après les classes 1 4 du tarif des patentes seront rangés dans la première classe les patentés des classes 5 11 seront versés dans la seconde et les autres dans la troisième. Eu plus, le projet institue une taxe d'ouverture incombant an propriétaire de l'immeuble. Celui qui construit une maison ou veut changer la destination d'une maison devra, s'il songe eu faire un cabaret, acquitter une taxe égale au quintuple du taux moyen du droit de licence, dans les communes de plus de 60,000 habitants, etc. Le produit de cette taxe sera acquis au fonds spécial communal. Le projet autorise également le gou vernement, réglementer par arrêté royal la superficie et le cube des éta blissements, lenr situation, leur dis tribution intérieure et leurs dépendan ces ainsi que les conditions d'aérage et d'éclairage. Enfiu, il interdit temporairement l'exercice de la profession de cabaretier aux citoyens qui n'auron: pas payé leurs impôts et cela tant qu'ils ne seront pas acquittés. Il l'interdit de façon définitive aux condamnés soit pour un crime quelconque, soit pour un des faits prévus aux articles 368 391 du cifde pénal, visant des délits contre la moralité publique. Il résulte notamment de cps disposi tions qu'une cabaretière infidèle la foi conjugale sera privée tout jamais du droit de débiter un streep lam bic C'est peut-être excessif. L'interdiction s'étend également aux tenanciers de maisons borgnes Telles sont les grandes lignes du pro jet qui commine des peines sévères contre les infractions. Il est plein do bonnes intentions, ce projet, mais l'en fer également est pavé, dit-on, de bon nes intentions

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Le Progrès (1841-1914) | 1908 | | pagina 1