Dimanche, fr Mars 1908.
68e année.
9.
Le PROGRÉS
Journal de l'Alliance libérale dYpres et de l'Arrondissement.
L'UNION PAIT LA FORCE. if IPiiHffitciie. VlRES ACQUiRIT El'NDO.
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pour la ville Par an 4 franc».
pr la province Par an 4 fr 50
pr l'étranger Par an 6 fr. GO
L'école publique.
Deux lois scolaires ont été faites par
les catholiques depuis qu'ils sont au
Eouvoir, celle de 1884 et celle de 1895.
ae troisième serait en ges ation s'il
faut eu croire un sénateur de Droite,
M. Braun, qui est allé s'épanchec
C'harleroi. Uo père conscrit qui, ou
peut bien le dire sans l'otf inser, n'est
pas une illustration dans son parti, con
sidère comme un fait providentiel le
retour au pouvoir, avec le titre envia
ble de chel de cabinet, de l'honorable
M. Schollaert, qui tut le père de la
seconde loi scolaire, comme feu Victor
Jacobs fut celui de la première. Seule
ment, il pourrait être bien trompé dans
ses espérances, car M. Scbollaert n'est
nullement partisan de l'abdication de
l'Etat en matière d'enseignement pu
blic, ce qui est la thèse (le M. Braun.
Tout au moins ce sénateur demande t-
il que les écoles libres jouissent de
subsides égaux ceux que l'Etat, les
provinces et les communes accordent
l'enseignement public, ce qui n'est
pas admissible. Comme nous l'avons
maintes fois exposé, sans rencoutrer
de contradiction sérieuse, l'enseigne
ment officiel, neutre, tolérant, basé sur
la liberté de conscience, est le seul
qu'on puisse subsidier l'aide des de
niers de tous, parce qu'il est vraiment
accessibles tous. L'enseignement
confessionnel, c'est-à-dire assujetti
une religion déterminée, n'est pas plus
accessible tous que ne lo serait l'en
seignement rationaliste il ne peut
donc pas être logiquement entretenu
l'aide des deniers publics.
La science est une chose, la religion
en est une autre. Le but de l'enseigne
ment public est de former des hommes
instruits et non des spectateurs d'une
religion positive. Cela ne suffit pas ce
pendant certains catholiques intran
sigeants comme M. Braun Us veulent
que l'eueeigoemeut soit tout parfu
mé de la religion catholique c'est-à
dire qu'il soit tendancieux, exclusif,
confessionnel. Le a Bien public n'a
môme pas craint d'écrire qu'une école
publique dont tout le corps profeoso-
ral serait catholique ne le satisferait
pas encore, parce que la neutralité
demeure la règle de l'enseignement
officiel C'est donc la neutralité, c'est-
dire l'impartialité, que certains ca
tholiques repoussent. Ceux-là veulent
des écoles pour eux, pour eux seuls.
Mais, nous demandera t-on, n'est-ce
pas leur droit Des catholiques, des
protestants^ des Israélites, etc., ne
peuvent ils pas ouvrir des écoles dont
tout le programme soit imprégné de
leurs principes religieux Certaine
ment, ils ont ce droit, et nous ne vou
drions jamais le leur enlever, car uous
sommes sincèrement partisan de la
liberté d'enseignement Mais puisque
les catholiques veulent un enseigne
ment spécial, un enseignement de secte,
il est juste qu'ils le payent, et ils ou
trepassent leur droit quand ils préten
dent imposer l'entretien de leurs écoles
l'ensemble des contribuables.
L'école publique, ue l'oublions pas,
c'est l'école constitutionnelle. C'est si
vrai que, malgré tous leurs efforts, les
auteurs de la loi de 1895 n'ont pu lui
enlever ce caractère. Rappelés pendant
la discussion aux principes fondamen
taux de notre charte, les plus ardents
d'entre eux ont dû battre en brèche.
M. Woeste voulait confessionnaliser
l'école publique. C'est ainsi qu'il y ad
mettait le prêtre catholique, mais en
excluant les ministres des autres cultes
De même il voulait rendre obligatoire
l'enseigaement de la religion de la
religion catholique seule., pilisqu'ellii
était seule reconnue. Nous vîmes alors
s'insurger les catholiques respectueux
de la Constitution, comme MM. Bser-
naert et de Mérode. M. Beernaert dé
clara qu'une loi dominée ce point par
l'esprit «le secte serait odieuse
et il fallut admettre 1° l'accès dans
l'école publique des ministres des
différents cultes 2° la dispense du
cours de religion, du moment que la
demande en serait faite avant l'ouver
ture des cours 3° l'obligatiou pour les
ministres des cultes de donuer leurs
cours, l'école primaire, une demi-
heure avant ou après la classe De
cette façon, la Droite, vaincue par la
Constitution, fut amenée reproduire
les priucipos essentiels de la loi Frère-
Orban que le groupe Woeste se propo
sait cependant de détruire
Cette loi de 1895, nous l'admettons,
sous la seule réserve que la -dispense
devrait pouvoir être demandée par les
parents en tout temp9, car elle procède
de la liberté de conscience qui est im
prescriptible. Nous l'admettons, parce
que nous attachons le plus grand prix
l'école publique où les enfants appar
tenant aux confessions les plus diverses
peuvent être élevés dans une atmos
phère de fraternité Dans l'intérêt du
pays, nous devons éviter de provoquer
des divisions et des haines, de séparer
dans des clans irréductibles les citoyens
faits pour s'entr'aider.
Certains catholiques, comme M.
Braun, voudraient voir les pouvoirs
publics se désintéresser complètement
de l'enseignement. Le soin d'instruire le
peuple serait abaudonné aux particu
liers, quitte l'Etat et aux communes
répartir équitablement leurs subsides
entre les divers groupes d'écoles. Si,
cô'é des écoles confessionnelles, disent
ils, ou subsidiait des écoles rationalis
tes anticléricales. socialistes, qu'auriez-
vous encore objecter En principe,
en effet, si les subsides étaient vraiment
répartis sans préoccupation politique,
ce système ne serait pas contraire la
liberté, mais il serait si déplorable au
point de vue social que MWoeste
lui-même n'en veut pas. Il n'y aurait
plus que des écoles de combat, car
beaucoup de libéraux même ne se con
tenteraient plus de l'école neutre
obligés do lutter, il leur faudrait bien
opposer aux écoles cléricales des écoles
anticléricales Même chose pour les
sectesdis-identesqui exerceraient leurs
droits qu faisant subsidier des écoles
protestantes et Israélites .Ainsi la gran
de œuvre de l'instruction populaire
serait livrée l'anarchie et l'on verrait
ressusciter les couffita db religion qui
ont causé taut de maux daus le passé.
Le ciel préserve d'un tel régime la
petite Belgique qui, pour conserver sa
place dans le monde, no doit pas user
ses forces intellectuelles dans des guer
res de sectes et des divisions intestines
Jamais, s'écria la Chambre le re
gretté M de Trooz. alors ministre de
l'instruction publique, jamais je n'a
bandonnerai l'enseignement officiel
auquel j'attache une h»ute importance
social Il nous plait do rappeler cette
parole d'homme d'Etat au moment où
un groupe heureusement plus remuant
que nombreux se flatte d'entraîner M.
Scbollaert dans une autre voie.
Respectons et fortifions, au contrai
re, l'école publique, qui est la plus
vivaute, la plus humaine, la plus di
gne d'une société où péuêtre de plus en
plus le sentiment de la solidarité L'é
cole publique est celle d'où l'on sort,
grâce uu enseignement tolérant et
large, mieux préparé aux difficultés de
l'existence, plus disposé aussi aux ré
conciliations que peut exiger le patrio-
li-iuo, et c'est pourquoi nous ne cesse
rons de la défendre contre ceux qui
conspirent contre elle.
(du Matin d'Anvers.)
Donnant donnant...
Qu'opposn-t-on l'idée de décréter
l'instruction obligatoire t Le prélen-
tendu droit du pere de famille de ne
pas faire instruire son enfant, c'est-à-
dire d'en faire, moralement, un estro
pié. Ëh bien savez-vousce qu'il faut
pour que ce droit ne soit plus on
droit De l'or
Que dit-on encore Que le Belge
rèpugneà l'idée de l'obligation qu'une
loi rendant l'école obligatoire serait
inefficace, que les-sanctions les plus
sévères même n'auraient pas raison
des récalcitrants; une feuille cléricale
disait récemment qu'il n'y aurait guè
re qu'un moyen de réduire le nombre
de ces derniers, ce serait de leur cou
per la tête Eh bien 1 le Belge n'est
pas si intraitable savez-vous ce qu'il
faut pour qu'il devienne docile com
me un mouton, mémo l'égard d'une
loi sur l'instruction obligatoire De
l'or 1
So,n= doute, diroz-vous si on payait
largement les pères do famille en
raison du nombre de jours de présen
ce de leurs enfants l'école, la fré
quentation scolaire deviendrait admi
rablement régulière, on pétitionne
rai l pour obtenir la suppression des
congés cl la réduction des vacances.
Vous n'y êtes pas Pour qu'une loi
sur l'obligalionscolairc devienne légi-
time et désirable, pour qu'elle soit
facilement applicable, efficace, bien
faisante, ce n'est pas aux pères de
famille qu'il faut donner de l'argent
ce n'est pas leurs enfants non plus
cest aux couvents qu'il faut donner de
l'or.
Ce n'est pas nous qui le disons
c'est M. Colaert, dans son rapport sur
le budget des sciences et des arts.
Avant de réaliser l'instruction obli
gatoire, il faudrait"préalableoienlque
légalité de toutes les écoles vis-à-vis
du Trésor public I ûl établie et garantie.
Il faudrait aussi que, dans les commu
nes où, faute de ressources privées,
lenseignemeut libre ne pourrait être
organisé, les pouvoirs publics fussent
obliges de seconder les particuliers
qui veulent organiser renseigne
ment
C'est bien cela, n'est-ce pas
Seulement, il y a or et or. Depuis
1898, lor de lElat, environ 20 mil
lions, est reparti d'après les mêmes
bases, nombre de classes et nom
bre moyen d'elèves, entre toutes
les écoles, officielles, adoptées ou
adoplables. Or, voilà dix ans qu'il est
inopérant puisque la loi sur l'instruc
tion obligatoire n'est pas encore faite.
Mais ce qui serait opérant, c'est l'or
communal A forte dose, s'entend
Il faudrait que les communes donnent
une vingtaine de millions aux écoles
cléricales, où elles n'ont rien dire.
Excusez du peu
Mais que feront de cet or des gens
qui ont fait vœu de pauvreté Des
élections Peut-être parviendraient-
ils renverser quelques administra
tion? libérales qui auraient été forcées
de majorer les impôts alin de subven
tionner les écoles libres. Devenus
ANNONCES:
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
maîtres des bôlels de ville, les cléri
caux supprimeraient quelques écoles
officielles ou les désorganiseraient.
Comme on n apprend pas grand'chose
dans les leurs, il y aurait autant
dignoranls que par le passé et les
couvents seraient plus riches. C'est
simple et magnifique I
Mais si les administrations libérales
se maintenaient Eh bien I elles
payeraient Cela vaudrait toujours
mieux pour l'Eglise que la situation
présente.
Bref, la Belgique est invitée
acheter chèrement aux couvents le
droit de s'instruire.
N'y a-t-il plus de balais
(Etoile Belge.)
La Chambre.
Séance du Mercredi 26 Février f90i.
Séance consacrée au budget des che
mins de fer et l'interpellation Anseele
sur le droit d'association et vif débat
propos de l'ordre du jour déposé par M.
Mabille et ainsi rédigé. La Chambre,
sans admettre que les agents des che
mins de for, des postes et des télégra
phes aient le droit d'entraver par la
grève des services publics aussi impor
tants, prend acte des déclarations du
ministre des chemins de fer, qui recon-
nait ces agents le droit do s'associer
librement dans la mesure compatible
avec la nécessitéde sauvegarder l'ordre
et la discipline. Et, confiante dans l'in
tention qu'il a exprimée de mettre les
règlements d'accord avec cette décla
ration, passe l'ordre du jour.
M. Helleputte s'est empressé de se ral
lier cet ordre du jour après avoir re
poussé ceux de M. M. Anseele et Lemon-
nier, mais il a déclaré que le droit de
créer des associations professionnelles
ne pourrait être accordé aux ouvriers
que dans la mesure compatible avec la
sauvegarde des pouvoirs publics.
Le ministre a répondu diverses ques
tions relatives au budget. Puis, après
uue brève harangue île M. Daeiis ap
puyant les reveudicatious des Ouvriers,
M. Deslrée s'est attaqué aux règlements
de l'administration qui a le droit de
congédier les ouvriers qui auraient fait
usage du droit de grève et de coalition,
et il s'est efforcé d'établir qu'il n'y
avait pas de différence fondamentale
entre les ouvriers de l'industrie et ceux
du chemin de fer. Après que M. Le-
monnier eut défendu 6on ordre du
jour, on passa au vote. Les ordres du
jour de MM. Auseele et Lemonuier fu
rent repoussés et celui de M. Mabille
adopté par G9 voix contre 32 et 13
abstentions dans sa première partie.
M. Deslrée ayant modifié la seconde
droit aux ouvriers de s'associer pour
l'étude et la défense de leurs intérêts
professionnels elle fut rejetée seule
ment par 56 voix contre 55 et 1 absten
tion.
M. Helleputte termina ensuite sa ré
ponse aux observations présentées et
M. Franck en fit de nouvelles.
Au cours de la séance M. d'Hauner,
qui avait été attaqué la veille par M.
De Gelliuck le traita d'insolent et rap
pela qu'il avait modifié naguère le rap
port de la commission chargée de vali
der les pouvoirs de M. Debunne. Très
penaud M. De Qellinck déclara qu'il
n'avait pis ou la veille l'intention d'of
fenser M. d'Hauwer.