Journal de F Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement.
Dimanche, 5 Mai 1908.
68e année.
18.
l union fait la force.
Paraissant le MHwancite.
Vires acqlirit eundo.
Par an 4 fr 50
Par an 6 fr. GO
Un beau discours.
Les Gaspillages
dans l'Administration
de la Justice.
PRIX DE L'ABONNEMENT:
pour la ville Par an 4 francs.
LA PROVINCE
LÉTRANGER
Suite et fin du beau discours pro
noncé par M. Hymans au cours de la
discussion du budget des sciences et
des arts.
M. HymansLe système de l'ho
norable M. Verhaegen est celui-ci
toutes les écoles seront mises sur même
pied, il suffira qu'elles soient créées
par des comités scolaires, qui devront
être composés de trois personnes au
moins. Ces comités scolaires auront la
personnification civile, et du moment
où l'école se conformera au program
me légal, elle aura, par le fait même,
droit au subside.
La ville et la province devront sub-
sidier, elles en auront l'obligation.
Et il y a plus si la ville, en vertu
de l'autonomie communale, se refuse
àentretenir l'école libre, eh bien, alors,
d'office le gouvernement aura le droit
de lui retirer tout subside quelconque
pour le service de l'instruction publi
que. Voilà le système je l'expose de
vant plusieurs de mes honorables col
lègues qui sont bourgmestres ils sont
prévenus
Qui ne voit que ce système n'a que
l'appareuce do l'égalité Il profitera
exclusivement au clergé Quelle puis
sance est même de créer un enseigne
ment en dehors de l'Etat, d'édifier ce
vaste organisme scolaire que rêve l'ho
norable M. Verhaegen si ce n'est l'E
glise catholique
M VanderveldeDont le personnel
est payé par l'Etat.
M Hymans. Des citoyens isolés ne
peuvent le faire. Et quant nous,
nous n'avons pas cette armée obéissan
te, les congrégations religieuses, le
clergé dont dispose l'Eglise.
M. Léonard. Qui est payé par
nous.
M. Hymans. Nous n'avons pas
cette armée-là, vous l'avez vous avez
l'argent que vous obtenez des fi ièles
par tous les moyens d'exploitation do
la crédulité et de la foi. Vous avez
tout cela, mais cela ne suffit pas enco
re. Il vous faut notre argent pour sou
tenir vos œuvres de propagande.
M. Verhaegen. Vous voulez en ré
sumé priver de subsides toutes les
écoles sauf les vôtres.
M. Mechelynck. Mais les écoles
publiques ne sont pas nos écoles. Elles
sont les écoles de tous.
M. Hymans Qu'est-ce que le sys
tème de l'honorable M Verhaegen
11 aboutit la suppression de Tensei
gnement public communal, et j'ajoute,
lasuppression de l'autonomie commu
nale elle-même.
I! est curieux d'observer combien
les principes varient suivant les cir
constances
Je me souviens du temps où l'on
ameutait le pays contre nous en disant
Le parti libéral veut détruire l'autono
mie communale. C'est le parti de la
centralisation, de l'Etat-Dieu. aujour
d'hui, nous assistons une campagne
contraire. Ce sont les catholiques qui
veulent supprimer l'autonomie en im
posant l'autorité municipale l'obliga
tion de subsidier l'enseignement dont
elle ne veut pas.
Voilà vos avatars, dictés non par des
principes, mais par des raisons d'ar
gent et une pensée mercantile.
MVerhaegen. Tout cela, c'est de
la caricature. Exclamations et rires
gauche et Vextrême gauche.)
MDemblon. Vous vous y connais
sez Nouveaux rires sur les mêmes bancs.)
H Hymans Et vous qui vous
érigez en défenseurs attitrés de la paix
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Réclames 25
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sociale ne voyez vous pas que le systè
me préconisé par M Verha«gen est
abominable Il consisterait parquer
les enfants dans une série de comparti
ments le compartiment catholique, le
compartiment protestant, le comparti
ment juil. le compartiment rationna-
liste, le compartiment socialiste, le
compartiment athée. Dans chacun de
ces petits compartiments, on dresserait
des électeurs pour l'avenir, on fabri
querait de petits sectaires, on ferait
des enfants les jouets et les victimes
de nos disputes politiques et de nos
controverses philosophiques.
N'ai-je pas le droit de due que c'est
un système abominable L'honorable
M. Woeste Ta très bien compris, il a
perçu le mal et en a dénoncé les dan
gers. Nous verrons qui l'emportera du
vieux parti catholique ou des tendan
ces nouvelles de la jeune droite.
M. Verhaegen. Ce que vous voulez,
c'est un seul compartiment dans lequel
vous obligerez tous les pères de famille
envoyer leurs enfants pour recevoir
l'enseignement neutre de ce système-
là, de cette unité morale-là, nous ne
voulons pas. Jamais les catholiques ne
l'accepterons
M. Hambursin. Cela n'est pas
exact
M. Hymans. Je ne suis pas de
ceux qui croient îa possibiifité ae
faire par l'école ce que Ton appelle
l'unité morale d'un pays.
M. Verhaegen. Alors vous êtes
pour les compartiments. Ne les criti
quez donc pas.
M. Hymans. Du tout. J'accepte
la liberté et la concurrence. L'Eglise a
les moyens d'établir des écoles par
tout où elle les estime nécessaires. A
cette mission elle a toujours été fidèle
elle a toujours eu des écoles nul ne
l'empêche de les maintenir et de les
multiplier.
Je lui dis Créez des écoles je ne
m'y oppose p is, mais ne me demandez
pas de subsides ne demandez pas
l'Etat de subsides, l'Etat qui est tout
le monde et qui a pour mission, au
profit de tous, d'organiser le service pu
blic de l'enseignement. Ce que je veux,
c'est que les écoles publiques soient
ouvertes tous sans que la conscience
de quiconque soit gênée, sans que les
convictions desfamillessoient blessées
je.désire que chacun y reçoive cette
instruction préparatoire, élémentaire,
qui, par sa nature même, échappe aux
infiueuoe8 du dogme.
On enseignera dans ces écoles le cal
cul, l'écriture, la lecture, les éléments
des sciences naturelles, de la géogra
phie, de l'histoire il est impossible de
mêler cet enseignement rudimentaire
des idées philosophiques et des préoc
cupations confessionelles. Je considère
que les écoles publiques sagement, in
telligemment, honnêtement neutres ne
froisseront la conscience de personne
et que les enfants des catholiques y
jouiront des mêmes droits et de la
même sollicitude que les enfants des
libres-penseurs. C'est la vraie concep
tion de la neutralité et cette concep
tion-là, c'est l'expression de l'idée su
périeure de la tolérance. Très bien
gauche.)
Le système du comte de Grunue est
beaucoup plus habile que celui de M.
Verhaegen M. de Grunne s'est dit
Faire une nouvelle loi scolaire, ce peut
être dangereux et difficile. N'y aurait-
il pas moyen d'obtenir ce que nous
demandons par un simple arrêté royal
Ce serait beaucoup plus aisé.
Le comte du Grunne, dans une bro
chure très intéressante, expose les
moyens qui assureraient Tenseigne-
ut privé une recette sûre et suffi.
santé
Et savez vous ce qu'il propose? Tout
simplement ceci c'est de modifier,
par arrêté royal, les bases d'après les
quelles les subsides sont accordés et de
majorer de 300 francs, purement et
simplement, les allocations attribuées
aux écoles de garçons.
Le prooédé est pratique. La loi res
tera ce qu'elle est, mais on aura l'ar
gent c'est tout ce que Ton veut.
Messieurs, c'était le programme du
regretté M. de Trooz. Je me rappelle
encore la lecture qu'il en fit il y aquel-
ques mois. Ce programme faut-il le
dire était d'une lamentable indi
gence.
Il ne contenait qu'une phrase signi
ficative Des subsides aux écoles pri
vées Encore des subsides Et tou
jours des subsides
M. Demblon. Passez la caisse.
M. Hymans. Sous une forme ou
sous une autre, ou cherche dévelop
per l'enseignement confessionnel au
détriment de l'enseignement public
et Ton poursuit, cette tin, une cam
pagne qui, je vous en préviens, est
extrêmement dangereuse.
Vous nous reprochez tort d'avoir
autrefois provoqué dans le pays la
guerre scolaire. C'est voue aujour
d'hui, si vous allez jusqu'au bout de
vos prétentions nouvelles, qui la dé
chaînerez.
Il s'agit de Bavoir et j'interpelle
formellement sur ce point l'honorable
ministre des sciences et des arts ce
qu'il pense des systèmes que dévelop
pent et. qu'entendent promouvoir les
membres de la majorité.
Ce n'est plus le moment de s'abriter
derrière des équivoques M. Braun a
parlé Charleroi, MM. Verhaegen et
de Grunne ont écrit des articles et des
brochures. Un plan de conquête es*
dressé, il faut que l'honorable ministre
parle et qu'il nous dise ce qu'il en pen
se et s'il médite de le réaliser.
Messieurs, on a fait par anticipation
une situation bien agréable l'honora
ble ministre des sciences et des arts.
I! doit rendre cette justice l'opposi
tion qu'elle Ta gracieusement traité.
On Ta bombardé de fleurs. Je n'en
veux pas l'honorable ministre, mais
je trouve que ces hommages soat pré
maturés.
M. le ministre a le sourire aimable,
il a la main cordiale, mais jusqu'à
présent, il n'a rien dit et j'attendrai,
pour le juger, de l'avoir entendu Les
prédécesseurs de l'honorable ministre
se dérobaient, ils nous disaient Nous
n'avons pas fait la loi de 1895 nous
nous bornons l'appliquer.
Mais aujourd'hui, des idées nouvel
les ont été lancées, des programmes
ont été esquissés et nous demandons
connaître le programme du ministre,
celui du gouvernement.
J'annonce d'avance M. le ministre
des sciences et des arts que s'il enten
dait pratiquer la politique agressive
préconisée par l'honorable M. Verhae
gen et ses amis, il irait au-devant de
graves périls. L'honorable M. Colaert
nous défiait, l'autre jour et il disait
Vous cuerez ud peu, mais vous finirez
par vous laisser faire Je déclare que
ces temps sont passés et que si on don
ne suite aux tentatives de la droite
avancée, on assistera un immense
eflort de résistance. Les grandes villes,
la populatiou intelligente, la moitié du
pays se lèveront avec nous contre
vous Très bien applaudissements a gau
che et Vextrême gauche
Nous parlerons aujourd'hui des gas
pillages occassionnés parla publication
des anciennes lois et ordonnances du
pays.
Ces publications ontété décrétées par
un arrêté royal eu date du 18 Avril
1846, qui en atteste la haute utilité
et en met les frais charge de l'Etat.
Ces publications comprennent actuel
lement un ensemble de près de cent
volumes in-quarto de 5 600 pages.
Chaque année depuis 1846, uh nouveau
volume adressé aux parquets des cours
et tribunaux, aux archivistes du royau
me et diverses bibliothèques publi
ques, vient accroître et enrichir la col
lection.
Les frais de ces publications annuel
les se sont élevéâ en 1907 la somme
de 19,000 francs. Dans ce chiffre ne
sont pas compris les frais occasionnés
par la publication du recueil des in
structions-circulaires émanées du dé
partement de la justice depuis la réu
nion de la Belgique la France en
1795 de sorte que le chiffre de 19,000
francs est inférieur au chiffre réel de
ces dépenses.
Le dernier volume paru, de 700 pa
ges, traite des coutumes de la seigneu
rie de Saint-Bavon-lez-Gand. Une
introduction de 408 pages absorbe les
deux tiers de l'ouvrage le reste, soit
278 pages, comprend les textes français
et flamand des coutumes de la seigneu
rie. On y lit des curiosités du genre de
celle-ci, page 82 Que nul ne tienne
plus de deux porcs, moins d'avoir
un bon porcher, sur l'amende de 20
escalins parisis, et s'ils n'ont pasd'an-
neau, amende de 16 deniers parisis
pour chaque porc.
Il y a soixante deux ans que ces pu
blications durent et elles ne sont pas
près de finir.
En se basant sur la taux des dépen
ses faites en 1907, soit 19,000 francs, on
peut évaluer approximativement les
frais occasionnés par ces publications,
pendant soixante-deux ans, la somme
d'un million 140 mille francs
Afin d'apprécier par nous-mêmes le
caractère de haute utilité de ces
œuvres, nous avons visité différentes
bibliothèques appartenant aux par
quets, aux tribunaux civils et autres
administrations. Nous avons retrouvé
là, tout poussiéreux et vierges de toute
manipulation, tous les volumes publiés
jusqu'à ce jour. Nous avons trouvé
dans certains locaux ces ouvrages épar
pillés au milieu d'un tas de choses qui
n'out pas de nom. Nous en avons même
vu suspendus l'aided'une ficelle dans
certains endroits innommables. Nous
avons interrogé maints bibliothécaires
et employés, et tous, invariablement,
nous, ont affirmé que ces immenses
volumes n'ont jamais été compulsés
par personne. Aussi, nous avons con
staté de visu que pas un seul feuil
let n'avait été découpé.
Nous avons la certitude matérielle
que la publication des anciennes lois et
ordonnances du pays constitue, prati
quement parlant, un honteux gaspilla
ge des deniers publics que ces publi
cations, fussent-elles même lues,
seraient encore d'une utilité contesta
ble, puisqu'un amateur peut toujours
se renseigner aux sources mêmes de
Tancieune législation, aux archives d«
l'Etat et des villes.
(La Dernière Heure.)