Association Libérale
A VIS.
Chronique de la ville.
21.
Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement.
Un jour de Deuil.
1
Dimanche, 24 Mai 1908.
68e année.
l'union paît la force. Paraissant te tïimanche. Vires acquirit eundg.
D'YPKES.
Les dépêches annonçant les
résultats des élections législati
ves du 24 Mai seront affichées
au local, rue du Séminaire, au
fur et mesure de leur arrivée.
Des places spéciales seront ré
servées aux membres de l'Asso
ciation.
Les Elections
de Dimanche.
L'Echiquier Electoral.
Soignies.
La Belgique
esl anticléricale.
Si Dieu nous a épargné Jeudi, les
larmes amères qui coulant sur les
cadavres de nos parents, de nos amis,
de nos proches si Ypres n'a pas eu
pleurer de victimes, nous n'en avons
pas moins souffert et gémi avec ceux
qui se lamentaient sur les restes muti
lés de tous ces malheureux qui ont pé
ri dans le lugubre charnier et nous
avons compati aux douleurs et aux in
quiétudes des mères, des enfants, dont
les bien-aimés sont étendus sanglants
sur les couchettes de l'hôpîtal.
Le Progrès est-il
libre-penseur
Telle est la question que nous pose
le Journal d'Ypres en son numéro de
Samedi dernier, et cela parce que
nous avons publié dans nos colonnes
sous la date du io Mai écoulé, un
article intitulé La Campagne élec
torale Cet article se borne
signaler l'entrain avec lequel les libé
raux et les socialistes marchent la
bataille et la frousse que leur action
inspire aux cléricaux, qui se voient
obligés d'appeler les ministres la
rescousse de leurs candidats, M.
Renkin, Tournai, M. Schollaert,
Mons et autres lieux.
L'article reproduit une réfutation
parue dans V Indépendance belge du
discours prononcé Mons par M.
Schollaert et c'est raison de t article
de Indépendance belge, dont nous avons
indiqué la source, que le Journal
d'Ypres nous accuse de renier notre
programme et de mener campagne
contre la religion.
Nous pourrions donc nous borner
répondre notre confrère qu'il s'est
trompé d'adresse, si l'article dont
s'agit avait réellement la portée que
le Journal d'Ypres entend lui donner.
Or, cet article tend uniquement
prouver que M. Schollaert s'est mo
qué de son public en affirmant que
les cléricaux sont les vrais libéraux
et en prédisant le gâchis le jour où
la majorité cléricale serait renversée,
puisque l'opposition est unie sur un
programme commun, tandis que le
parti clérical marche la bataille,
tiraillé par des dissensions intérieures
sur maintes questions capitales.
L'article incriminé est donc un
article politique et c'est comme tel
que nous l'avons repris que son
auteur soit ou non libre-penseur.
Si le Journal d'Ypres a cru y recon
naître la plume de Jean sans Peur,
c'est la rédaction de Y Indépendance
que celui-ci serait passé et non la
nôtre. Le Journal devrait, du reste,
savoir que nous n'avons jamais mené
campagne avec Jean sans Peur que
nous avons même désapprouvé celle
qu'il a menée dans un journal de la
localité et le Journal devrait sur
tout ne pas oublier, que si cette cam
pagne a été désavouée par nous, elle
a, "au contraire, reçu une absolution
éclatante de la part du chef du parti
clérical Yprois, qui est en même
temps, celui de la rédaction du Jour
nal A notre humble avis, notre con
frère eut mieux fait de laisser cette
affaire dans l'oubli.
Nous nous contenterons donc de
fermer la parenthèse.
Et pour en revenir l'article de
l'Indépendance, nous disons que le
Journal eut agi plus correctement en
mettant tout l'article sous les yeux
de ses lecteurs, au lieu d'en détacher
une simple phrase. Ce sont là des
procédés qui assurent des victoires
par trop faciles. C'est comme si nous
allions dire que le Journal d'Ypres
est devenu socialiste parce que dans
son numéro du 9 Mai dernier, il fait
l'éloge du sénateur socialiste M. La-
fontaine
Quant la question que le Journal
nous pose, notre réponse est simple.
Nous n'avons pas pour mission de
combattre ou de défendre telle ou
telle religion. Nous respectons toutes
les croyances et nous sommes d'avis
que la politique et la religion consti
tuent des choses absolument distinc
tes. Dans un pays comme le nôtre,
qui compte des catholiques, des pro-
PRIX DE L'ABONNEMENT:
pocr la ville: Par an 4 francs,
p' la province Par an 4 fr. 50
p' létranger Par an 6 fr. 60
r
Quoi qu'en disent les cléricaux, nos
amis vont la bataille avec une con
fiance superbe. C'est que l'accord des
libéraux est complet, absolu dans les
arrondissements où nous luttons cette
lois ci.
Le flottement qui s'est manifesté
chez quelques parlementaires, n'est
pas Borci du l'alaia de la Nation. Il
n'est pas le moins du monde douteux
que, sans la proportionnelle truquée
que nous subissons, les élections de
Dimanche seraient un écrasement com
plet de la majorité cléricale. Avec le
suffrage universel pur et simple, ce se
rait la pulvérisation.
Pourquoi nous avons confiance
Mais d'abord parce que le désagré-
gement et la coiruption du parti clé
rical éclatent tous les yeux, parce
que ce parti marque lui-même sa dé
chéance en mettant au pinacle des re
négats comme Renkin et des sots com
me le procureur Hubert. Parce que,
malgré leur fraude et leur corruption
électorales, les cléricaux ont perdu de
puis quatre ans des sièges et des voix
en quantité toutes les élections.
Nous avons confiance parce que te
parti clérical n'a rien fait du pouvoir
depuis quatre ans. Que le pays l'a vu
patauger, barboter, recevoir les af
fronts du pouvoir personnel, et peu
peu sombrer dans la finance.
Les cléricaux n'ont plus de force
morale ils n'ont plus que la fièvre de
l'or. C'est pourquoi leur fin est mar
quée.
Pourquoi nous avons confiance
Parce que la campagne électorale a
révélé dans le paysuneopposition éner
gique, décidée, violente bon droit, ne
s'arrêtant plus aux fictions inventées
ef, entretenues par les conservateurs
pour éparpiller les responsabilités et les
détourner des vrais responsables de la
situation actuelle.
Cette opposition répond au dégoût
du pays pour les procédés cléricaux et
absolutistes. Elle exprime et elle sym
bolise l'énergie populaire qui dit
Nous en avons assez, vous n'irez pas
plus loin i
C'est l'action libérale avec toute sa
véhémence, sa profonde conviction, sa
volonté indomptable de vaincre.
Ce parti est fort de la justice de sa
c une, fort de la nécessité, de l'urgence
d'un changement politique fort de la
conscience du péril que les cléricaux,
vendus l'absolutisme, font courir
notre indépendance même.
La bataille électorale de Dimanche
m le paya aux prises avec les cléri-
ca ix alliés aux coloniaux, comme
On s'abonne au bureau du journal, rue de Oixmuûe, 53, Ypres. Les annonces, les failS
divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres et les deux Flandres au bureau
du Progrès. Pour la publicité en dehors des deux Flandres, s'adresser exclusivement au
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téléphone 5230. Pour les annonces on traite forfait.
ANNONCES:
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
l'honnête homme assailli par des apa
clies L >s par tis de gauche luttent avec
le sentiment protond que c'est bien
leur peau et la bourse du pays qu'ils
défendent
t est infiniment probable que la
lutte électorale prochaine décidera s'il
est possible l'opposition d'obtenir son
droit en Belgique parles moyens légaux.
Nos typos ont commisdans le tableau
•io- r lrat-j oforaux de 1904 dos er
re irs. que grâce nos commentaires,
nos lecteurs n'auront guère eu de pei-
ri>- r ctifi -r. En tout cas, pour éviter
fonte confusion, nous rétablissons les
chiftr -s tels qu'ils auraient dû être pu
bliés pour les arrondissements de Huy-
Waremme et de Soignies.
Huy-Wareiiinie.
Catholiques 28 085 voix 2 élus
Libéraux 15.778 1
Socialistes 23 000 1
c'est à-dire qu'avec 39.378 voix les li
béraux et les socialistes n'ont eu que
deux élus, tandis qu'avec 11.293 voix
de moins les cléricaux en avaient deux
également. C'est pour éviter le retour
de cette injustice que les partis anti
cléricaux ont conclu le cartel, qui leur
permettra de reprendre le siège indû
ment détenu par nos adversaires.
Catholiques 22.636 voix 2 élus
Libéraux 15.191 1
Socialistes 22.298 1
La situation est identique, Soignies
et là aussi le cartel aura pour but de
rétablir la représentation équitable des
partis. L'addition des 37 489 suffrages
obtenns, eu 1904, par les libéraux et
les socialistes, leur donnera trois gièges
au heu de deux et renverra M. Gravis,
le second élu clérical, aux douceurs
bucoliques de son exploitation agricole.
Ce sera le cas où jamais de dire qu'il
sera dans les patates
Les cléricaux ne cessent de dire que
la Belgique est un pays essentiellement
catholique, et qu'ils y disposent d'une
énorme majorité Or, il suffit de consul
ter les statistiques des dernières élec
tions législatives pour voir que le total
des voix anticléricales est sensiblement
égal au total des voix réactionnaires.
Le cléricalisme, malgré ses vingt-
quatre années de pouvoir, n'est pas
encore parvenu enfoncer ses racines
dans le sol belge. Il le sait bien. De là,
ses efforts pour assurer le développe
ment des écoles congréganistes, pépi
nières de futurs électeurs pour la bon
ne cause, qui en a grandement besoin.
De là ses prodigalités pour les oeuvres
cléricales, ses millions distribués aux
innombrables sociétés dont le but réel
est de soutenir la politique réac
tionnaire. L'orde tous les contribuables
sert ainsi la propagande de nos maî
tres, toujours menacés d'être préci
pités du pouvoir.
Leur résistance obstinée la réalisa
tion de l'égalité politique vient encore
de la peur qu'ils éprouvent de se voir
balayés. Ils connaissent leur faiblesse
numérique. Ils savent qu'ils ne détien
nent le gouverneront que grâce au
vote plural, qui sophistique leur pro
fit la volonté nationale. Grâce au dou
ble et au triple vote, ils peuvent faci
lement commettre un tasde fraudes, que
la révision des listes électorales, sou
vent imparfaitement faite par leurs ad
versaires, ne permet pas de découvrir.
Enfin, la formidable armée de leur cu
rés, vicaires et moines sont tous des
électeurs triple vute. li faut absolu
ment leur conserver ce privilège, sous
peine de voir le pouvoi-r leur échapper.
En effet, il est certain que la légère dif
férence existant entre le total des voix
anticlérica'es et le total de leurs voix
eux, provient du privilège plural des
ecc iastiques.
Aussi, les cléricaux commettent-ils
nn mensonge quand ils disent que la
Belgique est eux. La vérité vraie,
c'est que vingt quatre années de gou
vernement réactionnaire, basé sur l'in
justice et la fraude, ne sont pas par
venues la cléricalisrir. Elle veut
toujours, elle veut plus que jamais, un
gouvernement de liberté, de progrès et
de sage démocratie, qui la sauvera de
la réaction, et par cela mêia", de la ré
volution.
Les électeurs 1 u donneront ce gou
vernement demain Dimanche 24 Mai,
malgré les iniquités du système élec
toral actuel
Le pays a vécu Jeudi une journée de
consternation et de deuil
Le bruit de l'affreux accident de
Contich, répandu dans le public par des
voyageurs venant de Bruxelles, a été
confirmé par des télégrammes de
l'Agence Havas.
Et bientôt le sentiment de stupeur,
d'inquiétude et de compassion, puisé
par le public dans la lecture des na
vrants épisodes de la catastrophe, a été
surexcité par le spectacle des lamenta
bles défilés de blessés, amenés par
fournées dans les hôpitaux.
Et Anvers sous le soleil riant
oh l'exacerbant blasphème de ce stu-
pide contraste les brancards funè
bres défilaient, laissant apercevoir sous
leurs cou vertures (receptaclesde quelles
affreuses mutilations) de figures exsan
gues où la mort parfois était sur le
point d'imprimer son sceau blafard.
La fouie s'arrêtait, se bousculait,
compatissante et angoissée la foule
d'ordinaire si incommensurablement
égoïste et insensible, était touchée
dans ce tréfonds des âmes individuelles
et collectives qui vibrent l'unisson
en présence d'une grande joie et d'un
deuil.