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CAISSE DES PROPRIÉTAIRES
Lue visite du
Juif-tirant Y près.
Bibliographie.
Voilà une publication modeste très
recommandable aux jeunes gens qui
veulent faire une étude la fois utile
et attrayante des langues allemande ou
française. Ilsy trouveront, traduit dans
l'un ou l'autre idiome, sous une forme
aussi irréprochable qu'on peut le dé
sirer et en regard du texte original,
des morceaux de lecture dans les gen
res les plus divers, mais toujours
choisis de façon être lus de tous.
C'est un excellent moyen d'enrichir le
vocabulaire, de s'approprier par la
pratique les expressions diverses et de
s'habituer la structure propre cha
cune des deux langues. En outre, le
journal facilite les échanges de lettres
pour correction réciproque), de cartes
postales illustrées et de timbres-poste,
en publiant sans frais les noms des
lecteurs cherchant des relations l'é
tranger.
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ducteur, la Chaux-de-Fonds (Suisse.)
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pour Ypres et l'arrondissement.
Nous devons l'obligeance d'un ami de
notre publication, la communication inté
ressante qu'on va lire et qui est relative
ce personnage si connu du Juif-Errant,
dont la création, sous la plume des écrivains
a imagination, a donné pretexte aux récits
les plus amusants et les plus invraisembla
bles. Nos lecteurs ignoraient probablement
que notre personnage légendaire avait visité
une de nos villes flamandes... pour l'exploi
ter. Mais cédons la plume notre obligeant
et savant collaborateur
En l'an de grâce 1623, le 26 Mai, dit la
chronique manuscrite laquelle nous em
pruntons ce récit (MS. de la bibliothèque de
Gand, N° 616) un étranger, vêtu plus ou
moins la turque, sans haut-de-chausses,
sans bas, la tête entièrement chauve et le
menton orné d'une enorme barbe grise, te
nant en main un bâton de pelerin, auquel
pendait la traditionnelle calebasse, se pré
senta la porte de Messines a Y près.
La sentinelle était en ce moment un bon
bourgeois, du nom de Daniel de Breyne,
qui interpella le singulier personnage, en
lui demandant en flamand d'où il venait et
ce qu'il voulait mais l'interpellé ne répon
dit pas la sentinelle repéta sa question en
espagnol alors l'étranger lui dit Je suis
le J uif-Errant.
De Breyne, maîtrisant un étounement
fort légitime en pareille occurrence, et sans
respect pour la réputation de l'illustre per
sonnage, le conduisit au bailli, qui était
alors Pierre van de Casteele ce magistrat
fit subir notre Juif-Errant un interroga
toire en espagnol, dans lequel l'archi-cente-
naire enfant de Moïse répéta ce qu'il avait
dit Daniel De Breyne, et il ajouta
«J'étais sur ma porte pour voirpasser Jésus-
Christ quand il marchait au Calvaire, char
gé de sa croix lorsqu'il fut arrivé devant
ma demeure, il s'arrêta pour se reposer un
instant je considérais comme une honte
pour moi qu'un criminel se reposât sur mon
seuil, et je l'interpellai grossièrement
Pourquoi vous arrêtez-vous ici, lui dis-je
honte du peuple d'Israël, passez votre.che-
min, et allez où vous le méritez. Le Christ
me répondit Moi, je m'arrêterai, mais
vous, vous marcherez jusqu'au dernier jour
du jugement. Et au même instant une
force invisible me poussa hors de chez moi
travers le monde, que je parcours dans
tous les sens depuis bientôt seize cents
ans et que je suis condamné parcourir
jusqu'au dernier jour. Maintenant, seigneur
magistrat, je ne demande qu'une grâce,
c'est de pouvoir mendier mon pain ici com
me je l'ai fait ailleurs, car l'homme aussi
longtemps qu'il vit a besoin de se nourrir.
Le bailli lui accorda sa demande, et voilà
notre centenaire s'en allant de porte en por
te mendier pour le Juif-Errant, et suivi d'un
grand concours de gens, tous non moins
étonnés que curieux de voir un homme âgé
de plus de seize cents ans, encore fort in
gambe.
Petits et grands lui donnaient l'envi, et
le soir il alla prendre son gîte dans une au
berge située près des remparts, entre la
ported' Anvers et le cimetière Saint-Jacques,
l'enseigne du Brésil. Le lendemain.il
recommença sa ronde on ne parlait plus
dans tout Ypres que du Juif-Errant, tel
point que l'évêque le fit venir et lui donna
même a dîner là on put observer qu'il par
lait fort bien plusieurs langues l'italien, le
latin, l'espagnol, le français, l'anglais et
même encore, d'autres il ignorait le fla
mand, disait-il, n'étant jamais venu en
Flandre il raconta un grand nombre c^e
merveilleuses choses qu'il avait vues dans
le cours de sa longue carrière l'évêque,
ainsi que les autres personnes présentes,
lui firent de bonnes aumônes.
Le jour suivant, il fut invité se rendre
chez un capitaine italien en garnison dans
la ville. Cet officier avait pour domestique
un vieux soldat, qui raconta que le mysté
rieux personnage n'était pas le moins du
inonde le Juif-Errant, qu'il l'avait bien ob
servé, et avait pu se convaincre que c'était
une vieille connaissance, avec qu'il avait
servi en Espag e, dans un régiment en
garnison Gand dans ce moment, et qu'il
l'avait même eu pour compagnon de iit
que ce pseudo-Juif-Errant était né Paris
et s'appelait Léopold Delporte.
Le capitaine italien apprenant tout cela,
voulut en. avoir le cœur net. et s'empressa
d'écrire Gand au colonel du régiment en
question.
Sur ces entrefaites on apprit quelques ex
ploits du centenaire il s'était mis faire la
courà la fille del'aubergeoù illogeait,et qui
avait nom Christine Verscheuren il lui
donna en cadeau une belle faille en soie, et
poussa si bien les choses qu'elle consentit
lui donner sa main. Il lui raconta qu'il avait
toujours été marié que la cent vingt-troi-
sième des femmes qu'il avait épousees les
unes après les autres, était morte trois mois
auparavant et que par conséquent il était
veuf de nouveau il ajoutait que ses femmes
l'avaient toujours accompagné dans toutes
ses pérégrinations, tantôt en chariot, tantôt
en bateau, d'autres fois en carosse qu'elles
menaient bonne vie et ne manquaient ja-
maisd'argent qu'elles n'avaient nullement
craindre de se trouver veuves, attendu
qu'il devait vivre jusqu'au dernier jour du
jugement. Il parait que cette perspective
avait des charmes pour Christine Verscheu
ren, car elle consentit l'épouser.
Cependant, notre aventurer allait d'un-
village l'autre, mendiant partout pour le
Juif-Errant et exploitant bel et bien la cré
dulité publique.
Or. il advint que quelques jours après ar
riva dans la bonne ville d'Ypres. venant en
droite ligne de Saint-Omer, une jeune fem
me qui demandait tout venant si l'on
n'avait pas vu le Juif-Errant on lui répon
dit qu'il logeait au Brésil là on lui dit que
le personnage en question rentrait chaque
soir,et que pour le moment il était aile men
dier au village de Bece aere lorsqu'on lui
demanda ce qu'elle désirait de lui, elle ré
pondit qu'elle était sa femme et l'avait épou
sé Ai ras trois mois auparavant.
L'hôtesse et sa fille furent naturellement
étonnées et peu charmées d'apprendre cette
nouvelle.
L'étrangère attendit le Juif-Errant, qui
rentra l'heure de la fermeture des portes
de la ville, et aussitôt qu'il eût passé le seuil
de l'auberge, s'élança vers lui en disant
Eh mon homme, quand comptez-vous
rentrer la maison Vous m'abandonnez
Saint-Omer, seule et sans argent èt Dieu
sait si ici vous ne m'êtes pas infidèle
Le Juif-Errant lui répondit qu'il ne la coa-
naissait pas et n'avait rien de commun avec
elle puis ils se mirent s'injurier et se
disputer en français, après quoi il poussa
la femme dehors en la battant, en l'appe
lant ordure de femme et en répétant qu'il
ne la connaissait pas et ne l'avait même
jamais vue.
La femme partit et alla tout droit trouver
le bailli, auquel elle raconta sa triste odys
sée, et assura que cet homme n'était pas du
tout le JuiLErrant, mais bien son mari.
Comment, dit le magistrat, il n'est donc
pas le Juif-Errant, en êtes-vous bien
sûre Je le crois bien, répondit-elle,
il n'est autre chose qu'un grand menteur
qui veut se faire passer pour le Juif-Errant,
afin de duper le monde il est Français de
nation, né Paris, et s'appelle Pol Delporte,
et moi je suis sa femme, qu'il a épousée il
y a trois mois Arras. S'il en est
ainsi, bonne femme, repondit le magistrat,
présentez-vous demain devant les échevins,
et nous arrangerons votre affaire.
Le lendemain arriva de Gand une lettre
du colonel du régiment d'où notre aventu
rier s'était enfui.
Aussitôt ordre fut donné de se saisir de
lui il était mendier sur le marché au
Poisson, qui était alors derrière le mur du
Bellegasthuis et où plus tard se tint le mar
ché aux œufs au IxiUrre. Les soldats espa
gnols l'appréhendèrent au corps et l'incar
cérèrent immédiatement dans un cachot de
la prison sur le Grand-Marché. Là le conseil
de guerre procéda son interrogatoire, qui
fit connaître que notre Juif-Errant était
Français, né Paris, comme avaif dit la
femme, et qu'il avait réellement nom Pol ou
Léopold Delporte, déserteur depuis trois
ans d'un régiment wallon au service de
l'Espagne, en garnison Gand, où peu
après il termina son aventureuse carrière
sur le gibet, avec une cravate de chanvre
autour du cou.
La pauvre femme retourna seule Saint-
Omer, et la fille de l'hôtesse du Brésil mit
au monde un garçon frais et joufflu, qui
reçut au baptême le nom de Léopold que
portait son père, et ne fut jamais connu
que sous celui de Pol Joodts ou le Juif il
eut souche Ypres, et ses descendants fu
rent des Joodts de père en fils.
Telle est l'histoiredu Juif-Errant d'Ypres
défaut du véritable que personne ne vit
jamais, cette ville en posséda pendant quel
ques jours la caricature. Ê.MILE V....
Le Traducteur, journal bi-mensuel
pour l'étude comparée des langues
allemande et française.
AlTORDE
PAR ARRÊTÉ ROYAL DU 8 JUIN 1835
7V exercice social 1908-1909
Conseil d'Administration ilII eu» n eekincx, vicv-pié nDiit Me h» Bliani!»des Hepié<en-
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