Les religions.
Nous lisons clans l'Express
La population totale de la terre s'élè
ve près de -1,600,000,000 habitants
(seize cents millions) et 470 millions,
soit 110 sont des bouddhistes. Ce
sont les plus nombreux.
Viennent ensuite les Brahmanes, qui
reconnaissent le dieu Brahma, et qui
sont, avec les Israélites, au nombre de
210 millions les Mahométans sont 220
millions, les protestants, les Grecs, or
thodoxes, les païens et divers, 390 mil
lions. Combien sont les shintoïstes de
la Chine et du Japon Oui, combien de
millions encore
Enfin, les catholiques romains sont
270 millions. C'est-à-dire que les ca
tholiques romains constituent peine
le sixième de la population totale du
globe terrestre, soit pas même 17
Et notez que dans ces 17 on com
prend tous ceux qui ont été baptisés et
ne pratiquent pas la religion.
Tous les rédacteurs de L'Express, et
beaucoup de ses lecteurs, sont com
pris dans ce compte-là, Messieurs, et
des catholiques de ce numéro-là, ce
n'est pas très brillant comme catholi
ques avouez-le.
Et cependant, combien sommes-
nous de catholiques répondant pareil
signalement, rien qu'en Belgique
Qu'en pensez-vous
J'ajoute que de ces 270 millions de
catholiques romains, répandus dans le
monde, il y en a 180 millions en Euro
pe. Or, la population européenne est
de 400 millions.
Les catholiques y figurent donc pour
45 seulement, pas même la moitié.
Et après cela, vous viendrez préten
dre que votre religion domine le mon
de
Permettez-moi, de plus, de remar
quer que, de ces 270 millions de ca
tholiques romains, un grand nombre
de millions et je parle présent des
croyants ne pratiquent pas leur reli
gion.
C'est, je pense, en Belgique, qu'il y
a, proportionnellement, le plus de pra
tiquants et c'est certainement en Es
pagne qu'il y en a le moins.
C'est ainsi que dans beaucoup de
villes et de villages espagnols, où il
n'y a qu'une seule messe le Dimanche,
les églises ne sont pas assez vastes
pour recevoir le dixième de la popula
tion. Et elles sont encore trop grandes,
car on ne va pas la messe
Un de mes amis, qui connaît bien
l'Espagne, me disait qu'il était, il y a
environ deux ans, un Dimanche, dans
une ville d'Espagne de 50,000 habi
tants II y a là deux églises et, dans
chacune, on célèbre deux messes le
Dimanche, soit quatre messes pour
50,000 habitants
Or, la messe principale, il y avait
huit hommes (dont le curé et le sacris
tain) et 35 40 femmes.
Autre fait il passait dans un bourg
de 6,000 habitants. le Dimanche des
Rameaux. Il n'y a là qu'une église et
qu'un seul prêtre or, ce Dimanche,
il n'y avait pas un seul homme l'uni
que messe
Il en est ainsi dans tout le midi de
l'Espagne surtout.
Quant communier Pâques c'est
tellement rare qu'on peut peine en
parler.
Ainsi, dans le bourg dont je parle
plus haut, le curé disait un jour mon
ami qu'environ 30 femmes et 5 hom
mes avaient, cette année, fait leurs
Pâques.
Il en est peu près de même dans le
midi de la France et en Italie.
Un constate aisément dans plusieurs
villes d'Italie, et surtout Rome, que
les habitants ne pratiquaient pus la
religion.
Je voudrais bien avoir un recense
ment sincère des personnes qui, Ro
me, fréquentent l'église le Dimanche
et de celles qui communient Pâ
ques Ce serait édifiant.
Des 270 millions de catholiques ro
mains, on doit donc, pour être juste,
en défalquer pas mal.
Dépopulation.
Un continue parler beaucoup de
la dépopulation, de la diminution de la
natalité. Mgr Mercier s'en est occupé
dans un mandement qui, lu dans les
églises, ne laisse pas d'embarrasser les
mères qui conduisent la messe des
enfants et des jeunes filles car il
inspire l'innocence des demandes
d'explication indiscrètes.
Mais sans s'étonner de voir interve
nir, en cette affaire, le chef autorisé
d'une classe de la population qui s'est
résolument vouée la stérilité, qui ne
connaît ni les charges, ni les respon
sabilités, ni les soucis, ni les inquié
tudes de la paternité, qui ignore donc
un des facteurs essentiels du problè
me, est-il permis de faire observer,
une fois de plus, combien ce problè
me est complexé et demande être
abordé avec prudence
Et d'abord, la population diminue-
t-elle vraiment Non, sauf dans de ra
res régions. Ce qui tend diminuer,
c'est la progression de la popula-
lation.
Qr, croit-on que celle-ci puisse croî
tre indéfiniment que le ralentisse
ment n'en soit pas dans l'ordre néces
saire des choses
Si la population de l'Europe, qui
n'avait que médiocrement varié pen
dant un millier d'années peut-être, a
pu doubler, tripler depuis moins d'un
siècle, croit-on que ce prodigieux dé
veloppement puisse continuer tou
jours Va-t-elle encore doubler ou
tripler d'ici soixante-quinze ans, de
venir quatre fois ou neuf fois plus
grande dans cent cinquante ans, et
ainsi de suite
C'est là un rêve de mégalomanes dont
il est aisé de démontrer l'absurdité.
De ce train, en effet, il saute aux yeux
de tous ceux qui ont quelque idée
d'une progression géométrique, qu'il
faudrait fort peu de temps pour que la
Terre fût devenue trop petite pour
porter tous les hommes, en les serrant
les uns contre les autres, et en admet
tant qu'ils ne dussent pas manger.
ûr, il faut manger, malheureuse
ment et la quantité d'êtres humains
que peut porter notre planète dépend
de la quantité de subsistances qu'elle
peut leur fournir.
La population s'est accrue, l'épo
que moderne, parce que les nouvelles
méthodes de culture et la mise en va
leur de terres incultes ont permis de
nourrir plus de gens. La production
augmentera encore, soit. Mais pas tou
jours Pas dans les proportions qu'on
imagine. Les réserves territoriales di
minuent et la culture intensive a ses
limites.
N'oubliez pas que les progrès de
l'hygiène et de la médecine ont con
tribué, d'autre part, rendre la terre
plus peuplée. La proportion d'enfants
qu'on conserve, qu'on amène jusqu'à
l'adolescence, la maturité, la vieillesse,
est beaucoup plus considérable qu'au
trefois. Et de là découle, tout naturel
lement. qu'il est inutile d'en procréer
autant pour combler les vides faits par
la mort.
Il fallait, autrefois, cinq ou six en
fants par famille pour en conserver
deux ou trois. Il en faut moins aujour
d'hui. Faut-il, pour cela, jeter des cris
de désespoir, déplorer que les femmes
puissent s'épargner les épreuves en
somme peu réjouissantes des materni
tés trop fréquentes N'examinons donc
pas cette question-là sous l'influence
des vieux préjugés ecclésiastiques
sur lesquels il serait trop délicat d'in
sister, mais qui ne s'enveloppent pas
assez bien de l'autorité de la science
pour se dissimuler tout fait, même
dans un mandement d'archevêque let
tré.
Sans doute, la diminution de la nata
lité a son inconvénient il est probable
qu'elle restreint les ell'ets rigoureux
de la sélection.
Supposez deux familles dans l'une
desquelles on procrée ép.erdument,
tandis que dans l'autre on y met quel
que réserve. Dans celle-ci, il y a deux
ou trois enfants on en a soin, on les
doriotte, on les fait échapper aux ma
ladies. Dans l'autre on en a dix. Un ne
peut pas s'occuper d'eux aussi attenti
vement. Un ne peut pas les nourrir
aussi bien, ni veiller de même leur
conservation. Ilss'élêvent au petit bon
heur. Ceux qui ne sont pas très solides
contractent toute sorte de maladies,
sont éliminés. Au bout du compte, il
en reste deux ou trois aussi, peut-être
quatre.
il y a des chances pour qu'ils soient
plus robustes, plus résistants que ceux
de l'autre famille, puisqu'ils ont subi
des épreuves par lesquelles ceux-ci
n'ont point passé. 11 est possible, ce
pendant, qu'ils le soient moins, caries
soins dont les premiers ont été l'objet
ont pu les fortifier et égaliser leurs
chances de vie.
Qu'elle est la famille qui aura eu
raison C'est difficile dire. Les con
quérants, qui ont besoin de soldats,
les économistes, les prêtres, et ceux
(jue n'embarrasse pas le sentiment pré
foreront sans doute lé système de la
procréation outrance,
Mais ils négligeront un facteur es
sentiel le devoir d'épargner la souf
france et de ménager des existences
qui, une fois créées, doivent être sa
crées. Engendrer des enfants, pour les
livrer* la misère, la souffrance, la
mort, est un acte qu'une morale supé-
rieuredoit traiterconnne une abomina
tion. La mort d'un enfant et la pro
création inconsidérée implique lamort
fatale d'une multitude d'enfants est
un drame affreux. Pour ménager le
plus d'existences d'enfants possible,
il ne faut pas donner le jour plus
d'enfants qu'il n'est raisonnablement
probable qu'on en conservera en leur
donnant les soins nécessaires. Voilà la
responsabilité qu'ignorent trop les
peuples ultra-prolifiques. Leurs cime
tières peuvent en témoigner.
Vous voyez combien la matière est
délicate, combien elle échappe aux
solutions générales. Les grands pro
créateurs peuvent avoir raison cer
tains points de vue. Les procréateurs
modérés peuvent avoir raison d'au
tres points de vue. C'est affaire d'ap
préciation cela dépend du sentiment
que l'on a de ses responsabilités. Elles
peuvent paraître légères aux uns, très
lourdes aux autres. Chacun les appré
ciera suivant ses instincts, ses senti
ments, sa sensibilité, la confiance
qu'on a dans la vie.
La joie de vivre, qu'on invoque vo
lontiers, en cette matière, est en som
me assez rare. Le nombre des malheu
reux qui sont condamnés vivre
est, au contraire, énorme. Il n'est pas
inutile de réfléchir avant de leur infli
ger la condamnation.
Que les énergiques, les vaillants, les
solides, les confiants se multiplient
largement rien de mieux. Mais qu'il
soit permis aussi aux faibles, aux timi
des, aux désillusionnés, aux fatigués,
ceux qui n'ont point dans leur santé
physique on morale la même confian
ce, de ne pas imposer la vie des mal
heureux qui y apporteront en naissant
des causes probables d'infériorité,
d'infirmité, de souffrance.
Ce sont les riches, observe-t-on,
alors les heureux du monde qui proli
fèrent le moins. C'est qu'une culture
supérieure les a rendus plus pré
voyants plus ■•rai tifs que les pau
vres. C'est peut-être aussi qu'ils sen
tent, vaguement, que l'aisance ne s'ac
quiert pas impunément et qu'il y a
des compensations leur prétendu
bonheur. Un n'atteint pas la fortune
sans un effort, sans des soucis épui
sants. Ce n'est pas ordinairement dans
les vieilles familles riches que l'on
trouve le plus d'endurance physique,
de force d'uptiludes aux fonctions na
turelles et c'est pour cela peut-être,
que la reproduction estplus laborieuse
et plus rare, dans les classes aisées,
que chez les misérables, demeurés
plus voisins de l'état de nature.
Ainsi l'infécondité des quartiers riches
a peut-être des causes aussi naturelles
que la fécondité des régions pauvres.
(La Gazette.)
A propos d'un procès.
Vous savez en quoi consiste l'affaire
Bassof, qui défraie en ce moment la
chronique judiciaire parisienne. Le
général Bassot a une fille qui, jusque
vers l'âge de vingt-deux ans, a témoi
gné ses parents une vive affection.
Mais cette fille, qui a été élevée dévo
tement, est une créature très sensible,
aux sentiments passionnés. Un jour,
ses parents ont constaté qu'elle se déta
chait d'eux, qu'elle devenait indiffé
rente leur vie. Elle avait conçu une
grande admiration pour l'ex-supérieure
d'une communauté religieuse qui, la
suite de la loi sur les associations, s'é
tait sécularisée et avait fondé une œu
vre où elle continuait son rôle de di
rectrice d'âmes. Et bientôt, malgré
toutes les supplications, la jeune tille
quittait ses parents pour se consacrer
entièrement cette œuvre.
Ce fut, pour le général et pour sa
femme, un déchirement d'autant plus
douloureux qu'ils avaient pu se rendre
compte de l'ascendant exclusif exercer
sur leur enfant par l'ancienne religieu
se, et qu'une enquête laquelle ils s'é
taient livrés leur avait appris que cet
ascendant s'exerçait sur d'autres jeu
nes filles de façon excessive, prenait le
caractère d'une suggestion où le mysti
cisme s'exaspérait jusqu'à l'inquiétante
bizarrerie.
La mère s'affola. Sa fille demeurant
sourde toutes ses objurgations, elle
usa d'un moyen violent et certes répré-
hensible pour l'arracher un milieu
néfaste armée d'un certificat de mé
decin qui disait la jeune fille malade
d'esprit, elle l'enleva, la conduisit, en
automobile, dans une maison de santé
de Genève. Le directeur de cet établis
sement constata que M110 Bassot n'était
pas folle et lui rendit la liberté.
Maintenant c'est le procès, le procès
douloureux qui métaux prises la mère
et la fille. La mère, pour se justifier, a
entrepris de montrer ce qu'était le
milieu dans lequel vivait son enfant, et
le caractère étrange de la domination
acceptée par cette âme imaginative,
enfiévrée par le mysticisme. Un a lu,
l'audience, des lettres adressées par
l'ex-religieuse centaines de ses su
bordonnées, lettres révélant une sur
excitation qui se dépense en formules
passionnées. Mysticisme a-t-on dit, a
dit M. Labori lui-même. Rien de plus.
Mais mysticisme dangereux, déséqui
librant. Et, malgré les révélations bi
zarres apporté par des témoins, après
que d'autres témoins eussent affirmé
solennellement l'honorabilité de la re
ligieuse, on peut admettre qu'il n'y a là
que du mysticisme.
Pour ce mysticisme-là, un prêtre,
docteur en droit canonique et en théo
logie, vicaire d'une grande paroisse de
Paris, a été particulièrement sévère.
Il en a parlé avec une sorte d'indigna
tion, a affirmé qu'il n'avait rien de
commun avec la religion, qu'il la mé
connaissait gravement.
Ce prêtre avait raison.
Malheureusement, les autorités reli
gieuses qui condamnent en principe ce
mysticisme-là ont, son égard, depuis
des siècles, une complaisance coupa
ble.
Et c'est peut-être cette complaisance-
là qui, la longue, a fait le plus de mal
la religion catholique, l'a fait juste
ment considérer comme un danger
social.
Les erreurs, les folies condamnées
par le docteur en théologie ne sont pas
particulières la communauté dont il
est en ce moment question devant le
Tribunal de Paris.
Le même mysticisme affolé, maladif,
déformant la foi pour en faire un in
strument de domination sur les imagi
nations énervées, règne dans d'autres
groupements. Et ce n'est point la pre-
L'orateur fait un tableau du régime du
travail dans les mines. Nous demandons la
journée de 8 heures en tenant compte des
nécessités de l'industrie. Le moment est
venu de légiférer en faveur des mineurs.
(Applaudissements l'extrême gauche).
St. le PrésidentSi nous voulons termi
ner cette discussion avant les vacances
de Pâques, il faut clore la discussion géné
rale demain. (Adhésion.)
M. Van Slarcke se déclare hostile la
limitation. Il croit que le principe de l'as
sociation des ouvriers a tout gagner au ré
gime de la liberté. Tout au moins dans les
premiers temps, la loi aura pour conséquen
ce une diminution des salaires.
Il votera contre le projet de loi.
La séance est levee 5 heures.
Séance du Jeudi 18 Mars 1909.
La seance s'ouvre 2 heures, sous la
présidence de M. Cooreman.
M. Mabille insiste sur ce fait qu'on peut
réduire le temps de présence des ouvriers
dans la mine sans diminuer le temps consa
cre l'abattage. Si les ouvriers avaient
leur portée du matériel pour le boisage, ils
perdraient moins de temps et leur produc
tion serait la même qu'actuellement.
L'orateur termine son discours par un
chaleureux plaidoyer en faveur de la jour
née de neuf heures.
M. Caluwaert a donné lecture d'un long
discours en faveur de la limitation de la du
rée du travail et de la journée de 8 heures.
Il s'en prend aux dépositions des patrons
devant la commission d'enquête.
Si les ouvriers étaient consultés par voie
de référendum, tous, dit-il, se déclareraient
pour la journée de 8 heures.
La séance est levée S heures.