L'unité libérale Bruxelles Les négociations entamées Bruxel les entre l'Association libérale et la Ligue libérale en vue de la constitution d'un organisme politique unique vien nent d'avoir un heureux résultat en ce qui concerne les prochaines élections législatives de .Mai 1910. Le traité d'alliance de 1906 sera re nouvelé. L'autonomie des deux associations sera respectée elles resteront l'une et l'autre maîtresses de l'organisation de leurs poils. En vue de prouver le désir d'union qui anime les deux associations, on instituera un conseil général du parti libéral de l'arrondissement de Bru xelles, composé des comités de l'As sociation et de la Ligue, des députés - et sénateurs libéraux de l'arrondisse ment, des présidents des associations cantonales et des délégués des commu nes rurales. Le rôle de ce conseil gé néral sera strictement délini il s'oc cupera des intérêts généraux du parti libéral dans l'arrondissement de Bru xelles il interviendra pour apaiser les conllits locaux, etc. C'est ce conseil général qui organi sera la lutte. 11 y aura des assemblées générales plénières des deux associa tions et l'on désignera, de commun accord, le nom du candidat qui occu pera la case de tète de la liste commu ne. Bien ne sera changé, pour le sur plus, la répartition des sièges, laquel le s'inspirera de la complète égalité entre les deux groupes libéraux. Après les prochaines élections, on examinera le moyen de donner une participation plus large aux libéraux non alliliés l'un des deux grou pes. 11 y a unanimité dans la presse libé rale pour se réjouir de cette solu tion. Les deux sociétés libérales de Bru xelles conservent leur existence pro pre, mais les libéraux qui ne désirent pas choisir entre elles auront iqces- samment sinon voix du moins iniluen- ce au chapitre. Lu pavs clérical. Elle est incroyable, et cependant elle est exacte, cette histoire que nous con te un journal de Diest. Dans une des communes de l'arron dissement de Louvain, une feVme était exploitée depuis de nombreuses années par un cultivateur aux idées li bérales et luttant énergiquement con tre le curé qui dominait tout le village. Le bail de la terme expirait cette an née, et le propriétaire, un clérical con vaincu, sur les instances du curé, refu sa de le renouveler. La ferme fut don née en location un paysan dont les convictions catholiques ne faisaient aucun doute. Le cultivateur libéral quitta la ferme dans laquelle son successeur s'apprê tait entrer. Cette entrée s'est faite en grande pompe ecclésiastique. Un cortège s'est formé comprenant la famille du nou veau locataire, puis ses domestiques, son bétail, ses ustensiles aratoires, ses chariots et ses meubles. Le curé s'est mis la tète de cette procession d'un genre moyen-àgeux. On s'est dirigé avec solennité vers la ferme maudite. Oui, maudite. N'avait-elle pas été oc cupée pendant de nombreuses années par cet être malfaisant, ce génie d'en fer, cet affreux libéral qui avait osé tenir tète au clergé et prêcher l'indé pendance de la volonté. Comment faire pour ne pas subir l'influence néfaste de cet esprit démo niaque qui hantait, sans doute, encore la ferme Il n'y avait qu'un moyen de s'assu rer une vie tranquille il fallait exor ciser la ferme contaminée par la trop longue présence d'un mécréant. Et, la tète de la famille du nouveau locataire, disant force prières auxquel les ses acolytes répondaient par des amen et des oremus, le curé parcou rut toutes les chambres de la ferme, se rendit dans l'éciirie et les étables, pé nétra jusque dans la porcherie, arpen ta le jardin et les champs, jetant des seaux d'eau bénite autour de lui et des milliers de mots latins pour chasser le diable de la ferme et détruire les mi crobes du libéralisme qui devaient s'y être tapis et qui, certes, auraient pro voqué la maladie chez les bestiaux, empêché les grains de lever, les pom mes de terre de se multiplier et les hommes de vivre heureux. Et ainsi, au début du XX siècle dans notre intelligente Belgique, on a pu assister des scènes d'exorcisme rappelant le bon vieux temps où les sorcières étaient brûlées sur les places publiques pour faire sortir le diable de leur corps. M orale cléricale. Ils acceptent notre régime constitu tionnel, se proclament même les plus sincères partisans de nos libertés, et ils travaillent de toutes leurs forces la diffusion d'un enseignement reli gieux qui traite ces libertés de peste et de délire. Ici, leur morale admpt la duplicité dans les intentions. Ils se déclarent excellents patriotes, et, par un intérêt égoïste de parti, ils rivent le pays un système de défense qui l'expose l'invasion et la ruine ils savent mieux que personne ce que donne le volontariat ils n'hésitent pas tromper la nation par des rapports qu'ils savent faux. Ici, le mensonge, l'égoisme, la trahison s'abritent sous les plis de leur morale. Pour s'emparer du pouvoir il y a 25 ans, ils ont déchaîné la guerre scolai re au cri de A bas les maîtres sans foi et les écoles sans Dieu. C'était une invention odieusé et grotesque que cette transformation subite en ma térialistes et athées des membres d'un corps enseignant qui avait été formé sous le régime de la loi confessionnelle de 1842. Néaumoinsles malheureux in stituteurs et institutrices furent tra qués comme bètes fauves, impitoya blement chassés de leurs emplois, ré duits la pauvreté et au désespoir. Ici, leur morale fut répugnante de mauvai se foi et de basse cruauté. Pour la représentation proportionnelle. Un congrès libéral en faveur de l'ap plication de la B. P. tous les degrés et, principalement, aux élections com munales, a eu heu, Dimanche sous les auspices de la Ligue de propagande libérale. Nombreux étaient les libéraux pré sents notamment, MM. Goblet d Al- viella et tlenricot, sénateurs Uocq, Pêtre, IL Brunard, 11. Dumont, Buyl. Les ordres du jours suivants, dans les séances de section du matin, ont été adoptés Les mandataires libéraux et les délégués des associations libérales réunis en assemblée plénière Mali- nes Proclament unanimement l'urgente nécessité de l'application intégrale de la B. P. tous les degrés de l'électorat, spécialement aux élections communa les Bepoussent énergiquement toute formule qui restreindrait cette applica tion soit aux provinces, soit aux com munes atteignant un chiffre déterminé de population Expriment leur confiance dans l'énergie des mandataires du parti au Parlement pour faire triompher dans le cours de la présente session cette re vendication inscrite au programme des gauches libérales Et affirment leur volonté de ne connaître ni trêve ni repos jusqu'à ce que la solution complète de la question électorale réclamée par tous les libé raux du pays ait été réalisée non seu lement par ^'application loyale et inté grale de la B. P., mais par la suppres- tion du vote plural, source perpétuelle de fraudes et d'altérations injustifiables du suffrage universel. Dans la section flamande, cet ordre du jour a été complété par les vœux suivants Cartel des partis d'opposition dans les grandes villes pour chasser les clé ricaux des Conseils communaux Réclamer l'abolition de la B. P. frelatée telle qu'elle exD e si on n'ac corde pas la B. P. intégrale Insister auprès des députés libé raux pour qu'ils ne consentent pas pairer avec les membres de la droi te. La séance plénière du Congrès a eu heu l'après-midi au Théâtre National, sous la présidence de M. Cocq. Au bu reau se trouvaient MM. Goblet d'Al- viella, Bergmann, Henrieot et Couiller de Mulder, sénateurs Brunard, Fé vrier, sénateurs suppléants Monville, Vandewalle, Vandainme, Verheyen, Buyl, Masson, Thooris, Bons, Persoons, Asou, Tonnelier, députés Paul-Emile Janson, M. Féron, docteur Lamborelle, Boel, conseillers provinciaux. En ou vrant la séance, M. Cocq salue les nombreux délégués venus pour affir mer leur volonté énergique d'obtenir la B. P. appliquée tous les degrés de l'électorat. Plusieurs orateurs ont pris la parole pour défendre les ordres du jour votés en sections notament MM. Vande walle, député de Malines, Persoons, député de Saint-Nicolas, Masson, dé puté de Mons. L'assemblée a adopté l'unanimité et par acclamations tous les ordres du jour proposés le malin en sec tions. Et 5 heures, elle s'est séparée au milieu d'un grand enthousiasme. Les P. T. 1 français el M. (Georges Lorand. Dans ['Express, M. Georges Lorand écrit ce qui suit propos de la derniè re grève française Je vais peut-être être traité par nos socialistes qui répètent comme des moutons les bêlements de leurs amis de France et qui, cependant, ont assez d'esprit pour pouvoir faire mieux que cela de réactionnaire, de Clémen- ceau (ce dont je suis d'ailleurs flatté), voire même de vieux crocodile, mais je crains fort que la victoire des P. T. T. ne doive être considérée comme une défaite non pas de M. Clemenceau, qui a fait tout ce qu'il pouvait et qui, tout le monde le reconnaît, ne pouvait faire autre chose que ce qu'il a fait, étant donnée la Chambre donl il est l'émanation, mais une défaite pour la République et pour la démocratie. Que les fonctionnaires et les em ployés, qui ne sont pas des ouvriers, mais îles privilégiés et qui sont loin d'être écrasés de besogne et d'être mal heureux, puissent se concerter pour se mettre en grève, cesser leur travail et désorganiser les services publics dont ils sont chargés, c'est une chose qu'on trouve toute naturelle, parait-il, chez les socialistes, mais qu'on ne compren dra pas ailleurs et qui fait, aux yeux de l'Europe, que la France, dont on considérait jusqu'ici l'Administration comme une mécanique modèle, va voir son prestige singulièrement com promis. On a dû bien rire, Berlin, en voyant que Paris était sans postes télé graphiques, ni téléphones et que M. Pichon, pour pouvoir faire entendre la voix de la France Vienne et Belgra de était obligé d'envoyer un des fonc tionnaires du Quai d'Orsay la fron tière belge pour pouvoir lancer de là les dépêches diplomatiques. Pour le socialisme lui-même, est-ce bien un succès que le discrédit jeté sur l'organisation des services publics Les socialistes voudraient faire de tout des services publics. Les démo crates estiment que beaucoup de cho ses qui sont laissées au pouvoir des financiers (en France, les chemins de fer par exemple) pourraient et de vraient être organisées en service pu blic, mais si les services publics sont la merci des serviteurs publics, qui peuvent les arrêter quand il leur plait et imposer leur volonté au public en déclarant qu'ils refusent de travail ler pour le public qui les paie, les ad versaires de l'exploitation de ces ser vices en régie ont, pour la combattre, un argument formidable. La grève est possible aussi dans les services privés, mais là, les grévistes, en cessant de travailler, cessent aussi île toucher leur salaire et ils s'expo sent être renvoyés par leur patron, tandis que dans le cas des P. T. T., les grévistes avaient la double prétention (et en fait on ne la leur a pas contesté) de toucher leurs appointements tout en ne travail iiii p s, et <ie ne pouvoir être renvoyés, pour s'être révoltés. Aussi le Journal des Débats s'est gran dement réjoui, et on le comprend, de l'argument formidable que cette grève et cette impuissance du gouvernement devant la révolte de ses employés con stituaient contre les régies. Et il ne faut pas se faire d'illusion ^République n'est possible et elle ne s'est maintenueenFrance, travers tant d'épreuves jusqu'à présent, que parce qu'elle est apparue comme la meilleure sauvegarde de l'ordre. Si elle doit ap paraître maintenant comme livrée d'a vance impuissante et sans défense, toutes les fantaisiesdeceux qu'elle paie pour la servir, ce ne sera pas en vain que ses ennemis crieront l'anarchie et invoqueront un pouvoir fort, mie poigne de fer pour sauver l'ordre, ré tablir la discipline nécessaire et sauve garder les intérêts. C'est ainsi qu'on a perdu la République en 48 et rendu possible le coup d'Etat de Décembre 1851. Déjà après le gouvernement de M. Combes, l'affaire des liches, la part très large qui avait été faite aux socia listes dans l'administration et l'abus que les politiciens en avaient fait, il était devenu nécessaire, dans l'intérêt même de la République, de rétablir Je prestige de l'autorité gouvernementa le, et le grand méritede M. Ciémenceau reste d'y avoir réussi. La dernière grève ou plutôt la révol te victorieuse des P. T. T. risque de compromettre, sinon d'anéantir, ce résultat, et même si cela fait beaucoup de plaisir aux socialistes, cela en fera surtout aux réactionnaires et aux pré tendants, et ils doivent se frotter les mains tout autant que les gens de Ber lin et le Journal des Débats Il est bien certain, en tous cas, que cela ne fortilie pas la République, n'accroit pas le prestige extérieur de la France et n'avance pas les affaires de la démo cratie. La Chambre. L'interpellation de M. Vandervelde qui avait été annoncé une séance pré cédente sur le Travail forcé au Congo a été continuée aujourd'hui. Comme corollaire son discours, M. Vandervelde a fait parvenir au pré sident l'ordre du jour que voici La Chambre considérant que le travail forcé au profit de qui que ce soit et sous n'importe quelle forme est un attentat contre la dignité humaine considérant au surplus que l'emploi des indigènes recrutésen vertu du déeretdu 6 Janvier 1909 des travaux dont doivent bénéficier les actionnaires de la com pagnie des chemins de fer des Grands Lacs constitué une violation de l'article 2 de la loi sur le gouvernement du Congo passe l'ordre du jour. Après un discours de M. Tibbaut re commandant le travail libre, M. Renkin s'est attaché justifier les conventions qui sont intervenues entre l'Etat et la compagnie des chemins de fer des Grands Lacs, conventions semblabïesà celles qui ont été conclues dans d'autres pays pour l'exécution de travaux iden tiques. Et il a annoncé que le travail forcé était destiné disparaître le plus tôt possible; sitôt que la raison d'Etat n'existera plus. Il n'a qu'une ambi tion agir pour le mieux, en vue de Jy justice et du bien être des populations dont le sort lui est confïé. Et prenant acte des déclarations du ministre des colonies passe l'ordre du jour. Retour au Moyen-Age. - - Z *-• S Séance du 31 Mars 1909. M. Vandervelde a blâmé de nouveau le décret rendu propos des travail leurs des Grands Lacs, combattu la raison d'état imaginée par le ministre, flétri l'emploi de la chicotte et deman dé notamment que l'on renonce au travail forcé. Il a déclaré que si celui- ci ne disparaissait pas d'ici quelques mois, il déposerait une proposition de loi pour le supprimer. MM. Hymans, Mechelynck et Mas son ont déposé ensuite l'ordre du jour suivant La Chambre, considérant qu'il y a heu de substituer dans le plus bref délai possible le recrutement libre des travailleurs au recrutement pour cause d'utilité publique dans la cons truction du chemin de fer des Grands Lacs, et convaincus de la possibilité d'apporter sans retard la situation des travailleurs du contingent des amé liorations sensibles tendant notamment réduire la durée du service, limiter la zone du recrutement et la proportion locale du contingent, assurer aux travailleurs du contingent une rému nération égale celle des travailleurs libérés dans la région et acquitter cette rémunération en monnaie

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Le Progrès (1841-1914) | 1909 | | pagina 2