Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement. Dimanche, 15 Mars 1910. 70° année. 1 I Vires acqiiirit eiindo. L'entrée d'Y près. Les gaspillages eonliiiuenl. Le discours de IL H) mans. Les nouveaux tarifs douaniers français. Les eabareliers déclarent la guerre au gouvernement. L'ON!ON fait LA FORCE. te iïimanche. PRIX L)E L' A BON M E VIENT pooR la ville Par an 4 francs. Pr la provixce Par an 4 fr 50 p' L BTR ANfiER Par an <3 fr. 60 Oas'abmue au bureau du journal, hue ue Bixmude, 51, Yphes Ls annonces, tes fans divers et les réclames sont reçus pjur l't r i ilisse aent d'Y,.» 'es et es deux P i 11res au bureau du Progrès. Pour la publicité eu deuors des deux F an 1res, s'il.esser exclusivement au Comptoir de Publicité JâOQtJSS THI3S3iR3, 14, Place de Brouckère, Bruxelles, téléi>hone 5230. Pour les annonces on traite forfait. Un jour de l'été dernier, j'allai revoir Y près que je n'avais pas vu depuis longtemps. A l'issue de la gare, mes yeux furent tout d'abord fâcheusement surpris devant le ta bleau que présente aujourd'hui l'entrée de l'illustre cité drapière, privée, d'un côté, des anciens remparts qui lui donnaient un charme et un caractère particuliers, en har monie avec la cité elle-même, ses édifices et ses rues. C'est avec un profond dégoût que je retrouvai tout ce coin banalisé restes de l'enceinte disparus, fossé comblé, terrain nivelé et, dessus, un bon pâté de maisons fabriquées selon la dernière recette Renais sance flamande, par des gens qui croient avoir tout résolu en mettant ces produits d'un faux archaïsme la place de choses respectables, stupidement détruites. Du moins, l'autre côté restait. Il reste en core. Il conserve les vestiges du vieux bastion miré dans l'eau du fossé et couronné de groupes d'arbres d'une exquise silhouette. Derrière ces ruines vénérables et charmantes de l'ancienne place forte, s'étend 1' Espla nade avec la caserne du fond. Le regard du voyageur débarquaaf, Ypres, est attiré, séduit par ce bout de pay sage qu'on voit sur la droite il s'y réfugie avec bonheur, s'y concentre, s'y complaît, y cherche une diversion salutaire l'affli geante impression du reste. Quelqu'un du pays, qui m'accompagnait, me dit Il est question de compléter l'embel lissement de cette place qui donné accès dans notre ville. Ah m'écriai-je aussitôt, j'attendais ça. Et quel est, je vous prie, ce bienheureux projet Raser ce qui subsiste du bastion avec les arbres qui le couronnent, cela va de soi, combler le fossé, ainsi qu'il fut fait de l'autre côté, et, sur le terrain aplani, ériger la nouvelle caserne de gendarmerie que réclame le progrès des lumières, dans toute ville qui se respecte... Vous ne bon dissez pas Moi Pas du tout. Pourquoi diable voulez-vous que je bondisse l'annonce de ces choses-là Mon expérience et elle est vieille m'a enseigne que plus un projet de l'espèce est ignoble, plus il a chance de réussir. II me paraît que rien ne manque celui-ci, comme ignominie. C'est pour quoi je trouve tout naturel qu'il y soit donné suite. Oh Ce n'est pas fait encore. On hé site. On craint d'en parler même on nie... officiellement... J'entends la vague appréhension qui s'empare des cerveaux épais de nos utili taires sentant que leurs conceptions vont* déchaîner des protestations et des colères dans le monde intellectuel, chez les pen seurs et chez les artistes; alors, on s'arrange de façon temporiser, préparer le coup doucement et sans bruit. La préparation faite, tout se dévoilé soudain l'affaire est bâclée il est trop tard pour protester... Enfin, il faut espérer encore que ce né faste projet n'aboutira point, qu'il rencon trera une opposition triomphante. Mais, je le répète, les plans sont tout prêts. Neuf mois ont passé depuis cet échange de propos. 11 a fallu ce temps de parturition pour faire arriver terme le beau projet signalé. M. Arthur Butaye, l'auteur de l'excel lent guide de la cité d'Ypres, m'a écrit ce sujet L'affaire est faite. On démolira le rem part on établira sa place une caserne de gendarmerie. C'est décidé, c'est signé. Oh la démolition ne se fera pas en une fois. La moitié d'abord, le strict nécessaire pour construire la caserne. Fuis, dans une cou ple d'années, on constatera la nécessité d'achever l'opération, et que, d'ailleurs, ce qui reste ne vaut plus la peine d'être con serve. Et le tour sera joué. Ainsi donc, ce qui frappe le visiteur dès son arrivée chez nous, ce qui l'avertit •qu'il entre dans une ville d'art et de sou venir, ce qui fait qu'Ypres n'est ni Pope- ringhe, ni Roulers, ni une ville d'usines, ni un amas de maisons quelconques, que derrière cea remparts, il y a un passé histo rique qui palpite encore ce beau reste de muraille surmonté de ce fier panache d'arbres reflété dans les eaux du large fossé, ce joyau que Bruges envierait pour le mettre côté de son Lac d'Amour, nos édi les le sacrifient, le rasent pour y établir quoi Une caserne de gendarmerie C'est odieux. Ce l'est, mon cher correspondant. Et voilà bien ce qui augmente mes appréhen sions. La ville d'Ypres est livrée comme toutes les autres, l'éternel animal qui se mani feste sous des formes diverses selon les épo ques, tantôt franchement et brutalement vandale, tantôt dissimulant ce vandalisme sous une couche de vernis esthétique la mode du jour. Il n'y a pas encore un siècle que votre municipalité (vous savez cela mieux que moi) condamnait disparaître, par un décret stupide, les admirables fa çades en bois dont les dessins de Bôhm nous ont gardé l'image. Ceux qui détruisent et banalisent aujour d'hui votre belle entrée de ville, qui démo lissent les restes sacrés de vos remparts où la nature avait fait merveille, pour y mettre des casernes et des maisons fabriquées en style yprois continuent parfaitement la tradition des édiles de 1823, qui encoura geaient la disparition des épaves les plus précieuses et les plus charmantes de votre glorieux passé. Les édiles d'à présent y met tent d'autres formes, parce que le progrès' des idées le veut ainsi*; au fond, il n'y a rien de changé. Us s'imaginent que le style yprois arrange tout. Nous savons trop que cela n'arrange rien, mais il serait inutile d'essayer de les en convaincre. Vous allez me dire qu'il est au moins étrange qu'en notre pays, l'heure ac tuelle, on laisse encore abîmer une ville comme la nôtre, par des gens qui en mé connaissent ce point le caractère et la beauté. Et vous n'aurez pas tort. On pouriait trouver aussi étrange qu'un ministre des beaux-arts (nous en avons un), protecteur officiel-de nos trésors nationaux, ignore ce qui se passe Ypres il doit l'ignorer, en effet, puisque, s'il le savait, sa fonction même l'obligerait intervenir. Enfin, nous connaissons au Parlement des députés comme Vandervelde, Carton de VViart. Hymans. YVauwermans, qui, en de hors des questions politiques, ont pris l'ha bitude d'élever la voix en faveur de nos monuments et de nos sites... Lorsque la sottise sera faite, nons enten drons des gens s'étonner qu'on n'y ait pas mis obstacle. Aussi, je prends soin de les avertir, afin dé leur épargner une surprise pénible et aussi de leur ôter l'occasion d'objecter qu'ils ne savaient rien, par conséqueut qu'il leur a été impossible d'user de leur influence pour empêcher la municipalité yproise, combinée avec le génie militaire, de pour suivre l'imbécile banalisation d'une de nos vieilles cités originale entre toutes. Jean d'Ardenne. Quand M. Renkin, ministre de la Justice, fut nommé ministre des Colonies, et remplacé par M. De Lantsheere aurmnistèrede la Justice, il a fallu loger le nouveau ministre des Colonies. Ne trouvant pas tout de suite un hôtel pour l'ancien démocrate de la Justice sociale, et sa famille, on décida ceci M. Renkin continuerait habi ter l'hôtel du ministre de la justice et M. De Lantsheere resterait logé en attendant, dans son hôtel de la rue du Commerce. Les journauxannoncèrent lachose, laissant penser aux contribuables que, par cette mesure, M. De Lants heere faisait faire une bonne écono mie au trésor. Hélas il n'en est rien Il parait qu'un arrêté royal, contre signé par feu le roi Léopold, alloue une indemnité annuelle de 18,000 fr, vous lisez bien DIX-HUIT MILLE FRANCS, M. De Lantsheere, pour jouissance gratuite d'un hôtel minis tériel r Cet arrêté royal ne fut pas, vous le comprenez bien, publié au Moni teur. Mais comment payer cette dépen se Sur quel crédit Tout simplement sur l'article 9 du budget des travaux publics affecté l'entretien, l'achat ou la loca tion des bâtiments destinés des services publics 18,000 francs d'indemnité de loyer, pour un ministre payé 21,000 francs, avouez que c'est raide Dans le même temps, M. Delbeke ne pouvant entrer dans son luxueux hôtel de l'avenue de Tervueren, était installé provisoirement rue Royale l'HôtelMengelle. Il y séjourna du 25 mai au 27 août soit environ trois mois» pour lesquels l'Etat a payer une petite note de 2,133 francs C'est le même M. Delbeke qui se commanda un mobilier de 237,000 francs, et qui dépense plus de 100,000 francs par an pour répara tions et entretien de ses automobiles, A vos poches, contribuables De l'Etoile Le discours que M. Paùl Hymans a prononcé Mercredi la Chambre mérite d'être signalé l'attention des propagandistes libéraux. Il le mérite non seulement parce que le député de Bruxelles a fait justice, en quelques phrases nettes et coupantes, des arguties de M. Descamps-David, mais encore et surtout parce qu'il a exprimé, propos de la question des subsides, l'opinion de tous les bons esprits. On connaît la théorie des cléricaux. Ils prétendent que les écoles libres ont droit aux subsides de l'Etat. Et, par un artifice de dialectique qui leur estfami- lier, ils font semblant de croire que, si les libéraux n'admettent pas le droit aux subsides, ils, répondent cette revendication excessive et absurde par la menace de refuser tout subside aux écoles libres. M. Paul Hymans a fait eutendre le langage de la raison et du bon sens. Il n'admet pas le droit aux subsides; mais il admet parfaitement que l'Etat, ou la province, ou la commune puisse, dans certaines circonstances et moyen nant certaines conditions, accorder des subsides aux écoles libres. Nous sommes d'autant plus enchan tés de ce langage, que nous avons, plusieurs reprises, fait la distinction établie par le député de Bruxelles. Cette distinction enlève aux cléricaux une arme déloyale. Nos adversaires, en effet, s'en vont racontant qui veut l'entendre que, si les libéraux arrivent au pouvoir, ils supprimeront d'un trait de plume, les subsides aux écoles libres. ANNONCES: Annonces 15 centimes la ligne. Réclames 25 Annonces judiciaires 1 fr. la ligne. Il n'en est rien. Il y a des écoles li bres qui, cause des circonstances "et de la valeur de leur enseignement, mé ritent d'être encouragées il en est d'autres qui au point de vue de l'inté rêt général, sont une nuisance et un danger. Le gouvernement libéral de demain se réserve le droit de distin guer entre elles. Nous comprenons fort bien que le langage de M. Paul Hymans gène les entrepreneurs de mensonges qui s'ap prêtent triturer la pâte électorale. Mais le discours du député de Bruxel les démontre, une fois de plus, que le parti libéral n'est pas un parti sectaire, et que, s'il est convaincu de la nécessi té de réorganiser notre enseignement, il entend le faire dans un esprit très large, exempt de toute espèce d'intolé rance et de fanatisme. Jamais les libéraux n'imiteront leurs adversaires. S'ils le faisaient, ils leur ressembleraient. Notre représentant M. Ernast Nolf vient de recevoir de M. L. Franck, député libéral d'Anvers, la lettre suivante Mon cher Collègue, Déférant aux vœux de plusieurs de nos collègues libérauxj'ai fait Paris des démarches auprès de personnalités influentes de notre parti afin qu'ils joi gnent leurs efforts aux nôtres et qu'ils fassent en sorte qu'il ne soit pas donné- suite la taxe frappant tes ouvriers bel ges, déjà votée par la Chambre française. Je leur ai mis sous les yeux toute l'ini quité de cette mesure. Comme vous prenez cette question fort cœur, j'ai ta satisfaction de vous aviser qu'il m'a été donné des assurances que la dite taxe ne sera pas imposée. Zout ce qui concerne ce point est disjoint du bud get en discussion le danger semble donc écarté. J'en félicite votre brave population ouvrière et reste Votre dévoué, (signé) FRANCK. On sait que le Comité national des cafetiers et cabaretiers belges avait plusieurs fois menacé le gouvernement d'une guerre sans merci si la réforme du droit de licence n'était pas votée avant les élections législatives. Le Herbergiersblad nous apprend que cette guerre est. maintenant officielle ment déclarée Le Comité national et les diverses fédérations belges, qui n'ont jamais fait de politique, se voient obligés, pour les prochaines élections, de com battre vivement un gouvernement qui a failli toutes ses promesses et qui mé connaît systématiquement nos droits. Notre patience est bout. Le Comité national a décidé de déléguer, tous les meetings des partis d'opposition, des orateurs qui parleront contre le gouvernement. Des groupes d'orateurs seront con stitués dans divers centres du pays, pour permettre l'organisation d'une propagande méthodique.

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Le Progrès (1841-1914) | 1910 | | pagina 1