La Banqueroute prochaine Chronique de la ville. Sous l'orme. Sottise sur sottise. L'idéal de l'orateur n'est donc pas de nature alarmer les populations catho liques il est inspiré par le désir de respecter les sentiments de la majorité dans les communes, il est en consé quence animé du plus large esprit de tolérance. M. Nolf n'a donc pas «ommis de gaffe en faisant siennes les intentions de l'orateur, comme l'a soutenu le Journal d'Y près dans son n° du 7 Mai dernier quand ce journal a prétendu que l'idéal massonnique restait la loi de 1879, il a dit vrai, mais, faisant preu ve une fois de plus de la plus insigne mauvaise foi, il a eu soin de laisser ignorer par ses lecteurs que M. Masson était décidé renoncer la poursuite de son idéal et accorder aux com munes la plus grande liberté pour ce qui concerne l'organisation de leur en seignement, dans la seule intention d'empêcher que le clergé ne suscite une nouvelle guerre scolaire et ne trouble encore la paix publique. L'orateur rappelle, en terminant, le vote d'un million de subside au profit des écoles congréganistes. Leur situa tion financière ne justifie pas un tel gaspillage des deniers publics ce mil lion est uniquement destiné exonérer les cléricaux des charges pécuniaires que leur imposait la subvention de l'enseignement libre. L'argent qu'il dépensait pour lesécoleslibres, servira dorénavant alimenter les caisses électorales. M. Masson exprime la con viction que le 22 Mai prochain, le corps éle^oral balayera ce gouverne ment qui ne fait de largesses qu'au profit de ses amis politiques et qui gas pille les finances publiques dans le but exclusif de retarder sa défaite. M. Masschelein, qui présidait la ré union, entouré des membres du comité de l'Association libérale et de la Garde, adresse aux orateurs ses plus chaleureuses félicitations et ses plus vifs remerciements au nom de l'assem blée il constate avec bonheur le revi rement de l'opinion publique au profit de la cause libérale, l'enthousiasme qui règne dans nos rangs et la désorgani sation du parti clérical. Il excuse M. Nolf de n'avoir pu assisteràla réunion; pendant que ses collègues se faisaient applaudir dans notre Salle des Anciens Pompiers par un public très nombreux et enthousiaste, notre député était allé défendre la cause libérale auprès de ses électeurs de Ploegsteert et du Bizet. et avec elle la misère pour le peuple des impôts écrasants pour ceux qui possèdent. Nous ne saurions assez insister sur le gaspillage scandaleux des deniers publics. Beaucoup se font une idée trop con fuse des budgets de l'Etat, de la réper cussion de ceux-ci sur le bien-être gé néral. Voici une comparaison frappante Gestion d'un bon père de famille. Un ménage dispose annuellement de 2,(XX) francs, provenant soit du travail, soit de revenus, soit des deux ensem ble. Si, avec cet argent, le chef de famille fait face aux dépenses de l'année, as sure au mieux possible la vie et l'édu cation des siens, nous devons convenir que sa gestion est celle d'un bon père. Si, par contre, de la négligence ou des dépenses excessives occasionnent des privations dans le ménage, nous dirons que celui-ci est mal dirigé. Mais si ce ménage doit de plus s'en detter, nous reprocherons au chef de famille, non seulement d'avoir occa sionné ces privations, mais encore de préparer la ruine fatale. Les malheurs peuvent expliquer des dettes. C'est bien exact. Mais part cela, pour qui a dr quoi vU're convenablement, une dette ne doit être contractée qu'au cas où l'argent emprunté servira faire une acquisi tion profitable, sera remplacé donc par une valeur équivalente. Emprunter pour vivre, c'est faire un trou qui va sans cesse en grandis sant et qui, les intérêts aidant, provo quera bien vite la culbute finale. Ce -ont là des vérités élémentaires pour tous ceux qui connaissent la vie. Eh bien ce qui est vrai pour les fi nances d'un ménage, est tout aussi vrai quand il s'agit des finances de l'Etat. Les ressources de l'Etat proviennent annuellement des impôts de toute na ture, des revenus de ses domaines et des recettes de ses services publics (chemins de fer, etc.j Ces ressources constituent le BUD GET ORDINAIRE et doivent suffir toutes les dépenses faire annuelle ment. Mais si de grands travaux, de gran des acquisitions sont jugés d'utilité publique, doivent augmenter donc la richesse du pays, alors, comme pour un ménage, l'emprunt s'explique. L'argent emprunté dans ce but con stitue le BUDGET EXTRAORDINAI RE. Pour les petits travaux comme pour les travaux de luxe, le bon père de famille trouverait qu'il doit les faire sans s'endetter. Un bon gouvernement en ferait de même. Gestion des cléricaux. Examinons maintenant la gestion des cléricaux depuis 25 ans. Lorsque en 1884 ils sont arri vés au pouvoir aux cris de A bas les impôts la dette publi que, contractée depuis 1830, était de 1,100 MILLIONS. Cette dette était largement représen tée par des chemins de fer, rentes, ca naux, etc., dont les revenus assuraient le paiement facile des intérêts et le remboursement graduel de l'emprunt. A cette même époque, le budget or dinaire était de 305 millions, dont 155 MILLIONS D'IMPOTS, le surplus de ces ressources provenant des revenus des domaines, des recettes des che mins de fer, etc. Et la situation d'aujourd'hui Une dette publique de 4,000 MIL LIONS, oui, QUATRE MILLIARDS. Le budget ordinaire pour 1909 s'éle vait 035 millions dont 288 MIL LIONS D'IMPOTS Donc 4.000 - 1.700 2.300 MIL LIONS de dettes nouvelles, dont une bonne partie a été employée des tra vaux de luxeet nullement des travaux d'utilité publique, dont une bonne par tie a servi également au gouvernement clérical vivre sur l'emprunt. Voici comment Chaque année, quantité des millions empruntés, au lieu d'être employés au payement de grands travaux, servent tout bonnement payer des dépenses ordinaires. Les 035 millions de ressources an nuelles ne leur suffisent pas. Il faut qu'ils empruntent encore pour vivre Le total de ces emprunts faits pour couvrir des dépenses ordinaires est de 440 millions Et ils ont le toupet de compter sur l'ignorance pour se vanter d'avoir un boni Dire j'ai des économies, et n'avoir en poche que le peu qui reste de l'argent emprunté, ce sont de drôles d'écono mies Cette confusion sans scrupule des budgets a été mainte fois signalée la Chambre, même par des catholiques, comme dangereuse, devant conduire le pays la banqueroute. Mais après nous la fin du monde disent nos bonsgouvernants cléricaux. Electeurs Vous ne serez pas plus longtemps de cet avis, car vous comprendrez Que maintenant déjà ils sont bien lourds pour propriétaires et locataires, Que le~ simples ouvriers en souffrent surtout, puisque les impôts indirects ont tellement augmenté la cherté de la vie, quemaintenantl'ouvrier se procure moins avec un salaire de trois francs, qu'il v a 25 ans avec deux francs. On peut être catholique, libéral ou socialiste, tout homme sensé dira qu'il faut vivre avant tout. Au train qu'y vont les cléricaux, cette vie sera bien vite difficile pour beau coup, plus en plus de privations pour la multitude Pour arrêter cette course folle vers l'abîme et la misère, il laut sans retard une répartition plus équitable des im pôts, puis surtout arrêter le gaspillage honteux de l'argent que nous payons. A bas les gaspillages. Et quand nous disons gaspillages, le mot est bien modéré pour désigner Les 30 millions disparus de la caisse du Congo, dont la Belgique a repris toutes les dettes, Les 185 millions encaissés par les couvents qui sont riches milliards, Le million annuel voté encore pour les couvents, et qui sera employé nous ne savons quelle destination, puis que tout contrôle est interdit. Les dépenses criantes faites par nos ministres pour meubler leurs hôtels, pour s'attribuer des indemnités de lo gement, pour rouler en automobile nos frais, pour abuser des télégram mes d'Etat, etc., Les postes d'administrateurs et autres qu'ils se créent ou se réservent, pour gagner ainsi 15, 20 ou 25,000 francs et faire peu de chose Electeurs, Le 22 Mai vous vous souviendrez de tout cela 1 Vous direz avec nous, bas les gas pillages Sauvons le pays de la ruine Vous voterez tous pour les libéraux Nous espérions Oh combien voir et entendre les orateurs ennemis de la politique libérale au meeting con tradictoire qui assembla, Dimanche dernier, au local des Anciens Pom piers, des auditeurs avides d'une belle joute oratoire. Les propagandistes clé ricaux allaient pensions-nous par une superbe logique où de triomphants syllogismes alternaient de reluisants dilemnes démolir tout la fois la phi losophie, l'économie, le programme et les personnalités du parti libéral. Ils avaient fourbi c'était notre idée de magnifiques méthodes de raisonne ment aux fins de démontrer d'abord en gros les sophismes du programme libéral et en détail ceux de la question scolaire, et de faire constater ensuite la vanité des orateurs libéraux en géné ral et celle de Monsieur Masson en particulier. Ah 1 Monsieur Masson Parlons en Monsieur Masson, c'est au dire de nos adversaires, quelqu'un d'épouvan table et son programme scolaire quel que chose de pire encore, un person nage infernal chevauchant une bête apocalyptique échappés l'un et l'autre de quelque estampe de Jacques Callot. C'est pourquoi les chevaliers de l'écri- toire clérical ont tiré son adresse de leur encrier de combat une belle col lection d'épithètes malsonnantes, qui jointe une demi-douzaine d'insinua tions hypocrites formait le joyau en châsser dans la prose aigre douce qui est une marque de la mentalité autant que le geste onctueux une caractéristi que de leur tenue. Comme la lettre tue et l'esprit vivifie ils avaient, pous sés par l'habitude, tronqué par une opération chirurgicale dont ils ont le secret, les paroles du leader libéral au point de résumer dans le passé, le présent et l'avenir son programme scolaire en une phrase que voici Je le déclare très franchement, mon idéal c'est la loi de 1879. Tandis que les publicistes cléricaux écrivaient de toutes les encres dans leurs manifestes électoraux que l'heure de l'abomination avait sonné les ora teurs de la même opinion répétaient sur le mode mineur et dans le ton lu gubre que les temps de désolation allaient s'accomplir. Sur ces entrefaites Monsieur Masson est venu conférencier Ypres, le 8 Mai. De grandes affiches bleues annoncè rent que l'entrée du meeting serait libre. En ouvrant la séance le président de ces assises politiques appela éloquem- ment la contradiction en souhaitant le triomphe de la vérité. Et quand vint son tour de parole, Monsieur Masson horresco referens expliqua pour quoi son idéal scolaire s'était trouvé dans la législation de 1879. Proclamant bien haut qu'il renonyait cet idéal pour faire œuvre de gouvernement en évitant les conflits d'antan, il formula avec l'éloquence de la sincérité les grandes lignes de l'œuvre scolaire du ministère libéral de demain Pour avoir un maximum de garantie de liber té chaque commune organisera dans les écoles l'enseignement religieux comme elle l'entend. En cette matière la commune aura l'école qu'elle vou dra avoir où l'on donnera selon son désir l'enseignement religieux. Est-ce clair La commune adoptera les écoles sous certaines conditions générales de salubrité de locaux, de minimum de programme pédagogique et de capacité du personnel enseignant. Voilà le terrible programme scolaire des gouvernants futurs voilà ce qui fait frémir, ce qui trouble les nuits et empêche les digestions cléricales 1 Monsieur Masson invita les contra dicteurs monter la tribune le pré sident renouvela cette invitation. Per sonne ne vint, rien ne bougea. Preux chevaliers de la bonne cause pourquoi n'êtes-vous pas venus com me nous vous en donnions le droit et comme vous le commandait le devoir Pourquoi n'êtes-vous pas venus l'instar de Godefroid de Bouillon foncer sur l'orateur infidèle Pourtant Mon sieur Begerem souhaite frapper la gent libérale d'estoc et de taille Où étiez- vous Gomme l'esprit souille où il veut les suppositions curieuses succédaient aux hypothèses interrogatives Epluchiez- vous des marrons Regardiez-vous la comète ou simplement certain d'entre vous ne cherchait-il pas en écoutant la musique des sphères, la teinte nouvelle ajouter aux nuances anciennes d'une politique de caméléon pour former le blason multicolore de l'arriviste tout prix Les candidats cléricaux, dans leurs tournées électorales, défaut de pro gramme sérieux développer et défendre, et s'occupant surtout encore de la personne de M. Nolf, plaisan tent celui-ci propos de l'intervention, dans nos meetings, d'orateurs étran gers, tels MM. Mechelynck, Persoons, Masson et Vandewalle. M. Nolf, ricanent-ils, ne sait pas lui-même exposer ses idées et défen dre son programme il a besoin d'amis politiques étrangers notre terroir, notre arrondissement. Nous au contraire, ajoutent-ils, en se ren gorgeant, nous allons, nous-mêmes, défendre nos candidatures Jugez donc Eh oui Jugeons Allant, de village en village, faire leur propre éloge devant quelques au diteurs contraints par le clergé ou par quelque riche seigneur de l'endroit, aller entendre leurs vantardises et leurs boniments ne trouvant appa remment pas, pour les aider dans cette autogobiste besogne, des amis de marque, fort retenus chez eux d'ailleurs par le besoin de soigner leurs propres candidatures et de ha ranguer leurs propres électeurs il n'est guère étonnant que nos adver saires courent seuls les campagnes de notre arrondissement. N'ont-ils, au surplus, pour aides et soutiens, tous les prêtres qui, depuis que la campagne électorale est com mencée, font servir beaucoup de chaires, même celles de couvents, de tribunes politiques Le reproche adressé notre candidat est donc ri dicule et sot il est de plus menson ger, étant notoire que M. Nolf se prodigue lui même pour aller, dans toutes les principales communes de notre arrondissement, exposer son programme, expliquer ses votes, éclairer les électeurs, sans, comme (Longue ovation.) v Que la dette publique est déjà suffi samment élevée, puisque son service, pour 1909, exigeait 178 millions pré lever sur les ressources de l'année, Que toujours emprunter pour vivre n'est pas possible, puisque ce serait la banqueroute, Que déjà maintenant l'emprunt est difficile puisque les titres de la dette belge sont tombés de 5 faisant per dre ainsi ceux qui y ont placé leurs économies, Que le travail et les propriétés des Belges devront, dans tous les cas. sup porter le remboursement de cette dette et le service des intérêts, Qu'à cet effet, défaut d'économies urgentes, les impôts devront forcément être augmentés,

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Le Progrès (1841-1914) | 1910 | | pagina 2