AVIS
Journal de F Alliance libérale dYpres et de l'Arrondissement.
Dimanche, 25 Septembre 1910;
70e année.
59.
VllllS ACQL'IltIT ELAÎD8.
PRIX DE L'ABU^VKvlKXr:
pour la ville: Par 10 4 franrs
pr lv province Par an 4: fr 50
pr létra\f»br Par an O fr. 0O
ANNONCES
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
aux Electeurs libéraux
Les électeurs libéraux de l'ar
rondissement d'Ypres, qui re
çoivent de la part de l'adminis
tration communale notification
de la radiation de leur nom de la
liste électorale ou delà diminu
tion des votes avec lesquels ils
ont été inscrits la liste, sont
priés de s'adresser, sans retard,
munis de leurs pièces, au bureau
de l'Association libérale, rue du
Séminaire, de 5 6 heures du
soir.
Solution provisoire.
La crise ministérielle est, dit-on, ter
minée, puisque finalement M. Berryer
est devenu ministre de l'Intérieur et M.
de Broqueville ministre des chemins
de fer.
Et les journaux cléricaux manifestent
toute leur satisfaction, ce qui prouve
qu'il n'a pas été facile de venir bout
de la situation créée par le brusque
départ, toujours officiellement inex
pliqué, de M. Delbeke, et par le req'voi
ti'op explicable du baron Descainps-
David
Nos confrères feraient mieux de nous
dire pourquoi cette crise a été si labo
rieuse, quelles en ont été les péripéties
et quelle en est la portée
Tout le monde sait que M. Descamps
est renvoyé pour cause d'incapacité
notoire et criante, M. Delbeke pour
cause de gaspillages scandaleux et in
curables, que M. Helleputte a permuté
parce qu'il ne parvenait pas sortir du
gâchis qu'il avait créé aux chemins de
fer.
Situation assez piteuse, soit dit en
passant, pour cet éloquent architecte,
qui s'était laissé faire une réputation
d'éminent technicien.
Il parait que le chemin de fer du
Congo est plus facile administrer que
les chemins de fer belges, et cela rap
porte davantage.
D'ailleurs, personne ne s'en étonnera.
Et il sera seulement fort curieux de
voir l'élégant baron de Broqueville, qui
n'est ni technicien, ni administrateur
et qui a déjà eu l'occasion d'en donner
des preuves, chargé de cette adminis
tration de plus en plus difficile, où M.
Helleputte a échoué et qui demanderait
une capacité de premier ordre et une
compétence sérieuse.
Or cette capacité et cette compé
tence, les cléricaux affirment que M.
Schollaert l'avait sous la main en la
personne de M. Renkin, dont l'ambi
tion a toujours été d'avoir le portefeuil
le des chemins de fer, qui s'y est pré
paré comme rapporteur du budget et
en administrant le chemin de fer des
Grands Lacs de MM. Empain et en
étudiant pour ceux-ci de grosses alfai-
res de chemin de fer qui l'ont même
conduit tonte une année dans l'Améri
que du Sud, pour le compte de ces
banquiers, en compagnie de son con
frère et collègue socialiste M. Grimard
(les deux confrères ayant d'ailleurs
pairé en ce qui concerne leur mandat
de député).
M. Rrnkin est donc tout désigné
pour être la tète de nos chemins de
fer, l'homme de la haute finance, qui
les guigne depuis longtemps.
Est-ce pour cela qu'on ne l'y a pas
mis
C'est peu probable. Car il parait que
des efforts ont été faits pour amener
M. Renkin, désormais ministre indis
pensable et quelque peu ministre diri
geant, passer des colonies la jus
tice.
L'important, c'était qu'il abandonnât
les colonies.
Gela, nous l'avons dit alors.
C'était le nœud même de la crise et
aucune solution de la crise ne sera
définitive tant que cela ne sera pas
fait.
11 y avait pour le départ de M. Ren
kin de l'bôtel superbe, où son installa
tion nous coûte plus d'un million, les
mômes raisons que pour déloger M.
Delbeke de ce palais de l'avenue de
Tervueren, où son séjour a coûté teiri-
blementcheraux contribuables belges.
M. Renkin,comme M. Delbeke, était
l'homme de Léopold II et représenta
la politique personnelle du feu roi.
Avant d'avoir été l'homme des tenta
tives de réformes au Congo, il a été
l'homme au refus arrogant ou sournois
des réformes, et aujourd'hui qu'on
fait les réformes, sous la pression de
l'étranger (comme cela a été proclamé
l'assemblée des actionnaires du Ra
sai), il est difficile que ceux qui exigent
de nous ces réformes aient grande
confiance dans leur sérieux et dans la
loyauté de leur exécution tant que le
ministre de Léopold II restera aux
colonies.
Et il paraît, malgré le replâtrage ac
tuel, qu 'il n'y fera pas de vieux os.
Voici, en ell'et, ce qu'écrit la Chro
nique son correspondant anversois,
dont les informations, en ces matières
surtout, sont souvent fort intéressantes
et toujours instructives
Dans le monde colonial, on a l'inti
me conviction que M. Renkin ne résis
tera plus longtemps. Il a énergique-
ment refusé de se laisser débarquer.
dans un autre ministère par M. Schol
laert. Mais le désaccord entre lui et le
chef du cabinet et une plus haute
personnalité est complet. M. Ren
kin, me disait un colonial de marque,
peut être un avocat de talent très sa
place la justice ou ailleurs... Mais
maintenant qu'il n'a plus pour le guider
et le tenir le roi Léopold IL un maître
colonial celui-là etqu'il est abandon
né ses seules inspirations, il ne va
plus. Pour diriger un empire colonial
comme celui du Congo, il faut avoir
des connaissances coloniales très com
plètes, un doigté subtil, un tactextraor-
dinaire, une souplesse et une diplo
matie avisées.-On a vu ce que sont les
colonies françaises administrées par
des sous-politiques du Parlement. A
l'heure actuelle, l'Algérie, cette mer
veilleuse colonie aux portes de l'Euro
pe, ne couvre pas ses-frais.
Du train dont nous marchons, avec
l'administration actuelle, nous allons
la ruine et au désastre. Le Katanga, ce
joyau, est la veille de nous échapper.
Les Anglais s'y infiltrent, et gare les
conllits. Nous voilà avec une affaire du
Kasai sur les bras.
Mais, dis-je mon interlocuteur,
pourquoi le roi Léopold II a-t-il choisi
M. Renkin
Pour la même raison qui lui a
fait donner les travaux publics M.
Delbeke. Le roi Léopold voulait sur
tout des ministres dociles, plies tou
tes ses volontés. Il lésa piagistr aie ment
roulés du reste. 11 faut lui rendre cette
justice.
Si M. Renkin, au lieu de céder aux
désirs du roi. qui savait flatter les
hommes pour eu obtenir ce qu'il vou
lait, était resté la justice, il eût fait une
belle carrière ministérielle.
Quant au Congo, vous verrez l'ave
nir.
Hélas oui, et c'est bien ce que nous
avons toujours dit.
Mais ne vous parait-il pas résulter de
tout cela que nous n'avons pas tort de
dire que M. Renkin serait, bientôt ame
né permuter.
Peut-être ne l'a-t-il pas fait parce
qu'on n'aura pas voulu lui donner les
chemins de fer.
Quant la portée politique de la so
lution actuelle, inutile de la demander.
Elle n'en a pas.
M. Berryer êst très vieille droite, M.
de Broqueville est un peu jeune droite.
Mais ils sont également réactionnaires
et cléricaux fanatiques tous les deux.
Ce qui est plus intéressant, c'est le
raccommodement annoncé entre M.
Woeste et M. Schollaert qui, d'après
les vaticinations récentes du chef de la
droite, ne pouvait plus conduire les
troupes catholiques la bataille et les
aurait infailliblement conduites la dé
faite.
Comme ils se trouvent rescapés
grâce l'Exposition, ils seraccoinodent
maintenant. Ce sera naturellement sur
notre dos.
Le passé, cet égard, nous répond
de l'avenir
Et le passé de M. Woeste nous est
un garant suffisant qu'on aura beau
changer de ministres et donner des
portefeuilles la jeune droite tant
qu'il sera là, il n'y aura jamais de dé
mocratie qu'en paroles et en parade, et
la direction de la politique belge reste
ra immuablement réactionnaire et fa
natiquement cléricale. Ce qui d'ailleurs
comblera de joie le cœur de M. Schol
laert comme celui de M. Woeste.
G. L.
Prochains débats.
De la Gazette
Dans sept semaines, la l'entrée des
Chambres. Elles ont eu cette année des
vacances exceptionnellement longues.
Et la politique a chômé plus complète
ment que les autres étés. Grâce l'Ex
position, le gouvernement a pu nour
rir l'illusion d'une trêve indéfinie de
l'âge d'or. Les ministres savouraient
paisiblement toutes les joies du pou
voir, sans en éprouver trop les incon
vénients.
Dans sept semaines, ce sera fini.
[.'Exposition ferme ses portes le (3 No
vembre, et le 14 s'ouvre la session.
Le gouvernement doit, voir appro
cher cette date sans plaisir. Aux longs
mois de béatitude va succéder une
période qui lui promet quelque désa
grément.
Des débats se préparent, en effet, qui
semblent devoir l'embarrasser quelque
peu.
Il aura répondre, en elfet, un cer
tain nombre de questions et d'inter
pellations un peu gênantes.
Il y a d'abord l'affaire des Ecoles
normales provinciales du Hainaut, du
fameux coup de parti de M. Descamps-
David. M. Descamps a été débarqué,
c'est vrai. Mais la mesure subsiste. Et
M. Schollaert devra tâcher de la justi
fier. Ce sera pénible, d'autant plus
pénible qu'on ne peut manquer de
parler un peu, ce propos, de la poli
tique scolaire du gouvernement en
général,"et que l'on questionnera peut-
être te Premier sur ses intentions
quant l'instruction obligatoire. Et sur
ces intentions, il ne parait pas lui-
même très fixé. Si, d'ici la rentrée,
il a pu se mettre d'accord, tout fait,
avec M. Woeste, c'est qu'il se sera en
gagé déposer une loi consacrant
l'égalité des subsides et alors le dé
bat deviendra sans doute plus vif en
core.
Un adressera peut-être aussi quelque
question au gouvernement sur son at
titude indifférente en présence du dé
sastre de l'Exposition. Il paraît même
certain que MM, Wiener et Hanrez
l'interrogeront ce sujet au Sénat.
On le questionnera également sur la
stupéfiante décision de la cléricale
Députation permanente de Namur, qui
a refusé d'approuver la nomination
d'un secrétaire communal par le Con
seil communal de Tamines, parce que
le secrétaire choisi a le tort d'être
anticlérical.
Enfin, il y aura l'interpellation sur le
cas de M. Begerem, demeuré adminis
trateur (le la Compagnie du Kasai, en
dépit de l'incompatibilité établie par la
loi coloniale.
Le gouvernement a compris ce que
ce cas-là a de particulièrement embar
rassant, s'il faut en croire cette note
publiée par le Soir
Au cours du conseil de cabinet
tenu Vendredi dernier sous la prési
dence de M. Schollaert, on s'est occu
pé des incidents du Kasai. Les minis
tres furent unanimement d'avis que la
situation de M. Begerem au sein du
Comité permanent de la Société du
Kasai était doublement inadmissible.
L'article 32 de la loi coloniale exclut,
d'une part, les membres des Chambres
des Conseils d'administration de so
ciétés congolaises, et, d'autre part,
M. Begerem, mandataire de l'Etat, n'a
pas soutenu, comme il le devait, les
intérêts de l'Etat au sein de la Société
du Kasai.
En conséquence, M. Schollaert a
mandé M. Begerem et l'a invité, bien
que celui-ci se prétende inamovible,
renoncer son mandat. Pour le cas
où M. Begerem refuserait de remettre
sa démission, le gouvernement pren
drait des mesures en conséquence.
C'est parfait mais cela vient un peu
tard. Le gouvernement n'a pas ignoré
jusqu'à présent que M. Begerem était
demeuré administrateur du Kasai. Et
il y a près de deux ans que la loi colo
niale est en vigueur.
On attend donc avec curiosité ses
explications.
Il en aura d'ailleurs fournir sur
d'autres sujets encore.
Mais les trois objets que nous venons
de signaler promettent déjà un début
de session intéressant, et un doulou
reux réveil après la douce torpeur.
Les boufie-galelle.
On connaît le cas de M. Begerem dé
puté clérical de Gand, ancien ministre
de la justice, représentant officiel des
intérêts de l'Etat la Société du Kasai,
malgré la loi coloniale dont il fut
rapporteur et qui défendaux membres
des Chambres belges d'être adminis
trateurs ou commissaires des Socié
tés coloniales dont l'Etat est action
naire.
La presse cléricale, non seulement
n'essaie pas de défendre M. Begerem,
mais s'attache visiblement le couler.
C'est un ami du gouvernement qui a
donné de l'air l'information portant
que le dit M. Begerem touchait, pour
si bien représenter l'Etat belge, qua
rante mille francs par an (le double de
ce qu'il touchait naguère comme minis
tre de Injustice il est vrai que la be
sogne était moins délicate).
L'CNIOfl PAIT LA FORCE.
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