Journal de F Alliance libérale d Ypres et de l'Arrondissement.
Hyg
Dimanche, 9 Avril 1911.
71e année.
15.
I. ir"* y M
A bas les bons scolaires.
L'organe le Hulponderwijzer vient
de faire paraître l'article suivant au
sujet du projet de loi du ministre
Schollaert.
Il a été reproduit intégralement par
le Recht organe clérical anversois,
ce qui est signilicatif
La nouvelle loi Schollaert institue
le bon scolaire.
Eh bien au dire de S. E. M. le
chanoine Temmerman, le bon scolaire
servirait uniquement étatflir si une
école possède le nombre d'élèves gra
tuits exigé pour qu'elle puisse être
subsidiée parles pouvoirs publics, ou
si l'établissement doit être privé du
subside parce qu'il n'a plus le nombre
d'élèves suffisant.
Il signale encore que chaque élève
supplémentaire ne rapportera plus
qu'une modique indemnité pour four
niture d'école.
Sa conclusion est que la chasse aux
élèves serait sans intérêt pour les admi
nistrations des instituts.
Le bon scolaire est-il bien néces
saire pour déterminer le nombre d'é
lèves gratuits A quoi servent, dès
lors, les registres d'inscriptions et de
présence
En principe, le bon scolaire sert
fixer le subside et toutes les directions
des établissements auront intérêt se
procurer le plus de bons possible.
Donc, au lieu du bon scolaire ce
sera La lutte scolaire outrance
comme en 1879.
La chasse aux élèves sera prati
quée particulièrement aux endroits où
il existe des établissements de diffé
rentes opinions.
Le système causera inévitable
ment un préjudice l'enseignement,
dans la majeure partie de nos commu
nes rurales catholiques et petites villes
où, déjà, des écoles sont instituées par
des religieuses et des frères de charité.
Dès présent, la chasse aux élè
ves se pratique dans beaucoup de com
munes en Flandre.
Que sera-ce quand la prospérité
ou la décadence de l'établissement en
dépendra
En 1879, la guerre scolaire éclata
par conviction religieuse, tandis que
maintenant, le bo?i scolaire visant le
morceau de pain fera dégénérer l'a
mour réciproque qui doit lier les hommes
d'une même profession, en une férocité
de tigre.
Certainement la lutte ne fera
qu'augmenter au grand préjudice de
l'enseignement et de l'éducation.
Les bons scolaires sont également
inutiles pour garantir au père de fa
mille la liberté de choisir une école.
L'institution du bon scolaire assu-
rera-t-elle bien cette Liberté au père de
famille
Mais que voyons-nous déjà main
tenant certains endroits Des pères
de famille qui pour le morceau de
pain sacrifient le droit de choisir li
brement une école, comme le leur
permet la loi d'autres qui, dans un
intérêt personnel, font abandon de ce
droit.
La pression, exercée en 1879, ne
sera pas comparer celle laquelle
se livreront tous les partis, la suite
de la création du bon scolaire.
M. Verhaegen pourra augmenter
de quelques pages son ouvrage sur
La lutte scolaire
Et, de son côté, le père de famille
ne pourra-t-il pas, parfois, de son pro
pre chef ou cause de l intervention
d'autres personnes, exercer une pres
sion sur l'instituteur Il lui est loisi
ble, en somme, de retirer ses enfants
de l'école et de mettre ainsi la situation
matérielle de l'instituteur en danger.
Certains pères de famille pourront-
ils résister la tentation de tirer quel
que profit de leur bon scolaire Ne
poseront-ils pas des conditions avant
de confier leurs enfants l'instituteur
Voilà autant de questions qui méri
tent d'être étudiées.
Déjà en 1893, feu Mgr. Harlez, pro
fesseur l'Université de Louvain, écri
vait
Les subsides d'après le système
du bon scolaire sont humiliants pour
l'instituteur; ils exercent une inlluence
fatale sur la discipline et ont pour con
science une guerre perpétuelle entre
les administrations des écoles.
Aujourd'hui on a déjà des élèves
qui disent au maître Si vous me pu
nissez, je le dirai mon père Et
alors ils diront Si vous me punissez
encore, je pars, et ce sera pour vous,
maître, une amende d'autant de francs!
Mais pourquoi ne voyons-nous pas
également adopter les bons pour d'au
tres administrations
Pourquoi ne pas payer les em
ployés du chemin de fer d'après le
nombre de coupons qu'ils contrôlent,
les magistrats par jugement qu'ils ren
dent, et les facteurs de poste par lettre
remise domicile
Pourquoi ne pas indemniser les
employés, qui ont envahi nos ministè
res, d'après le nombre des expéditions
qu'ils fournissent, les chefs de bureau
par document qu'ils vérifient et les
ministres par signature qu'ils appo
sent
Occupent-ils donc une situation si
supérieure la nôtre
Jusqu'à présent notre cri de guerre
éLail A bas les salaires de famine
Eh bien, il faut y ajouter A bas les
bons scolaires, source d'une deuxième
lutte scolaire acharnée Car nous
voulons être libres et indépendants.
Avant le 14 Février, j'étais plein
d'espoir en songeant l'avenir, mais
depuis, j'ai perdu toute illusion quant
l'éventualité d'obtenir une bonne
amélioration de salaire.
Nous ne demandons que ce qui
nous revient d'une façon équitable, et,
au lieu de cela, on nous donnera peut-
être la lutte scolaire. Certainement il se
produira une amélioration. Mais la
quelle
Nous pensions être au bout de nos
misères, et voilà que tout coup il se
présente pour nous un deuxième com
bat.
Maintenant que nous avons l'habi
tude de lutter, nous continuerons le
combat pour la complète indépen
dance de nos fonctions.
Si nous devions succomber main
tenant dans cette juste lutte, un jour
viendra néanmoins, où nous serons
victorieux, et alors
Mais espérons que les choses
n'iront pas si loin, que nous ne de
vrons pas attendre une amélioration de
notre situation d'un autre gouverne
ment. Les ministres (je ne parle pas
des parlementaires, car ceux-ci sont,
pour la plupart, d'accord avec nous)
feraient bien de méditer une bonne fois
sur la portée du proverbe flamand
IFims brood tnen eet, diens woord men
spreekt
Le projet Schollaert est
inconstitutionnel.
Le fait est péremptoirement démon
tré dans un travail de la Ligue de
l'Enseignement qui constate que l'arti
cle 17 de la Constitution dit l'ensei
gnement est libre, toute mesure pré
ventive est interdite la répression des
délits n'est réglée que par la loi. L'ins
truction publique donnée aux frais de
l'Etat est également réglée par la loi
Ce texte est clair renseignement privé
étant libre en vertu de la Constitution,
il n'est donc pas réglé par la loi, et ne
peut l'être, de parla Constitution. L'en
seignement privé ne peut donc être
donné aux frais de l'Etat. Le projet
Schollaert viole ainsi manifestement la
Constitution, puisqu'il a pour but
essentiel de faire donner l'enseigne
ment privé aux frais de l'Etat. Il est
remarquer, au surplus, que le texte
constitutionnel établit une distinction
très nette entre l'instruction publique
donnée aux frais de l'Etat, d'une part,
et l'enseignement libre, d'autre part.
Or, le gouvernement veut supprimer
cette distinction en déclarant mettre
sur pied d'égalité, au point de vue des
subsides, les écoles publiques et les
écoles privées. Le projet scolaire en
traine, en réalité, la négation et la
disparition du principe d'un service
public d'enseignement.
Ce raisonnement est irréfutable, et le
gouvernement aura quelque peine y
répliquer.
Le Devoir.
Aucun libéral ne peut se désintéres
ser de la lutte entreprise dans tout le
pays contre le projet de loi scolaire.
Quand il s'agit d'enseignement et sur
tout de l'enseignement du peuple, de
l'enseignement primaire, c'est la
base même du programme libéral qui
est en jeu.
L'essence même de notre parti, ses
principes fondamentaux, le poussent
travailler au progrès social, défen
dre la liberté individuelle et la liberté
de conscience, assurer le triomphe du
Libre Examen. Tout cela est menacé
par le régime scolaire que M. Schollaert
rêve d'imposer la Belgique, et
nous devons unir nos efforts pour em
pêcher qu'il ne réussisse.
Ce régime est basé sur le bon sco
laire.
Or, le bon scolaire dont on veut se
servir pour rétablir la liberté du père
de famille prétendument violée, est la
négation même de la liberté. M. Schol
laert qui en est aujourd'hui le parrain,
le condamnait lui-même, il y a seize
ans, quand il déclarait qu'il donnerait
lieu la chasse l'élève. Est-ce que
par hasard la chasse serait compatible
avec la liberté Déjà, actuellement,
tous les moyens de pression sont mis
en oeuvre pour recruter les élèves des
écoles libres. Que sera-ce quand chaque
élève conquis aura une valeur nar-
chande de 3(3 francs Vous imaginez-
vous ce qui se passera dans les com
munes fanatisées, livrées pieds et poings
liés au curé, et où ce sera le délégué de
celui-ci qui fera domicile la distribu
tion des bons scolaires Où sera-t-elle
la liberté du père de famille Notre
enseignement national, déjà si grave
ment atteint, déjà compromis tel point
que de nombreuses communes du pays
n'ont plus d'écoles officielles, sera
encore un peu plus poussé dans la voie
de la ruine, et l'oeuvre de destruction
entreprise depuis 27 ans sera enfin près
d'aboutir. Et ce projet qui se présente
sous les apparences d'une loi instau-
rantl'instruction obligatoire,établissant
l'enseignement primaire au 4e degré,
sera en réalité une loi favorisant l'igno
rance. En France, un ministre s'est
vanté d'avoir éteint les lumières du
Ciel en Belgique, M. Schollaert pour
ra se vanter d'avoir éteint les lumières
de la Science.
Car c'est l'enseignement congréga-
niste qui va supplanter l'enseignement
officiel, de sorte que non seulement le
père de famille n'aura pas la liberté de
choisir l'école où il enverra son enfant,
parce que le choix n'existera plus,
mais en outre la liberté de conscience
sera annihilée parce que le libre pen
seur sera contraint de confier ses en
fants des éducateurs religieux enlin
l'enseignement sera tellement impré
gné d'un esprit rétrograde et réaction
naire que l'émancipation populaire
pour laquelle tant de travailleurs unis
sent leurs efforts courageux sera rendu
quasiment impossible.
Voilà le péril que nous devons con
jurer
On a souvent, en ces dernières an
nées, employé les mots coup de par
ti pour désigner les mesures de
violence prises contre nous par nos
maîtres; car malgré qu'ils s'en vantent,
et quoi qu'on en dise, ils ne peuvent
pas prétendre avoir gouverné avec
modération, et les attentats dont nos
libertés constitutionnelles ont été l'ob
jet ne se comptent plus mais cette
fois l'audace est poussée tellement loin,
surtout si on songe la majorité pré
caire dont dispose le cabinet, que l'on
peut espérer que le pays ne se laissera
pas faire.
Depuis quinze jours on a souvent
évoqué les événements historiques de
1857. La situation est la même; le dan
ger est aussi grave, mais si la réaction
a été vaincue alors, pourquoi ne le
serait-elle pas aujourd'hui Ayons donc
confiance en nous' même laissons de
côté le scepticisme et l'indifférence qui
sont démoralisants et conduisent la
désagrégation des partis. Ne soyons
pas de ceux qui disent quand on parle
de l'Inquisition Je me serais arrangé
pour ne pas être brûlé. Soyons de
ceux qui disent J'aurais été au pre
mier rang pour défendre la liberté de
conscience
Devant le danger, un accord s'est
établi d'instinct et spontanément entre
tous les démocrates, entre tous les fils
de la grande Révolution de 89 qui a
consacré les principes politiques et
philosophiques sans lesquels nous ne
saurions vivre. Mais cela ne suffit pas,
il faut affirmer cet accord, pour faire
sentir quelle est sa force et de quoi il
est capable il faut surtout que nos
mandataires au Parlement sachent
qu'ils ont derrière eux la majorité de
la nation, prête les soutenir et les
encourager dans la taclique de combat
qu'ils adopteront il faut qu'ils sachent
(pie la démocratie tout entière est prête
la lutte, et qu'elle n'abandonnera pas
le champ de bataille avant d'avoir ob
tenu l'ajournement du projet jusqu'a
près les élections de 1912 qui seront,
espérons-le, les élections de la déli
vrance.
veux.
De l'excès du mal nait souvent le
bien. C'est de la multiplication effrénée
des couvents que sortira le mouve
ment populaire qui nous en débarras
sera une fois pour toutes. C'est l'ou
trance même du projet Schollaert qui
provoque la fois une réprobation
unanime de tous les esprits non fanati-
l union pait la force.
i*araixxanl le MÈiinunvhe.
Vires acqiikit ecvdo.
PRIX D E L'A BON ME vlKM r
pook la ville Par an -4 trams
t' la province Par an 4 f'r.
p' létranger Par an 6 fr 60
0» s'ab inné au bureau Ju jiurutl. hue de Oixhude, 3 5, frites. aunu ices. les fins
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