Dimanche, 7 Mai 1911.
71e année.
V 19.
Le PROGRÈS
Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement.
l'union fait la force. l'araiHKiml le itimmic/ie. Vires acquirit eundo.
Ousabiniie au bureau lu punit, hue de JixaùuE. il, Vi'iois. Lî> uuio'Ii:s. leGins
divers el le> réel i n s «oui reçu;>nr f.i riu l >n -q ic i -i s Pu< Pi fi ln< m bureau
du Progrès. Pour la iiublicii i leaorsls hi< Piil'-, exclusivement iu
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téléphone 5230.
PRIX DE L'ABONNEMENT
pour la villb Par an -4 ira ne
p' l\ provixce Par an -4 fr.
pr LéruwiiBR Par an 0 fr 0O
GonseiJ communal
D'YPRES.
Séance publique
«lu Lundi i" Mai 1911.
La séance publique est ouverte
5 heures 10 ni.
Sontprésents MM. Fraeys, Eehevin-
Président Vandenbogaerde, Echevin
Fiers, Vanderghote, D'Huvettere, Bou
quet, Sobry, hveins, Lemahieu, Be-
geretn, conseillers Vanderdonckt,
secrétaire.
M. Biebuyek s'est fait excuser.
Par exception, un public assez nom
breux, parmi lequel nous remarquons
quelques dames, assiste la séance.
Le secrétaire donne lecture du pro
cès-verbal de la dernière séance, qui
est approuvé.
En comité secret, le Conseil a fixé
4000 fr. le traitement de M"" Pondeville.
Il autorise les Hospices civils
accepter une charge hypothécaire de
5.000 fr., sur les biens de Th. Leclercq-
Berten.
Le tirage au sort a désigné MM. Van
derghote et Lemahieu, pour composer
la délégation qui, sous la conduite de
M. l'Echevin Vandenbogaerde, va pren
dre Monsieur le Bourgmestre eu son
cabinet, pour le couduire eu la Salle
Bleue.
Installation du portrait de Monsieur
le Bourgmestre.
M. Fraeys se lève, et s'exprime peu
près en ces termes
Pour la seconde fois, en moins de
deux ans, m'échoit l'honneur de prési
der des assises solennelles. Ou se rap
pelle encore cette date inoubliable du
13 Juin 1909, qui fut celle du jubilé du
gouvernement catholique et la fois
celle du jubilé parlementaire de M.
Colaert. J'ai dit alors ce que fut le rôle
du distingué représentant, rapporteur
de maints budgets. Je me limiterai
parler aujourd'hui de la carrière du
bourgmestre avec lequel ses collègues
du Conseil ont entretenu des relations
toujour s empreintes de la plus franche
et entière cordialité. (1)
M. Colaert entra dans la carrière
politique il y a vingt-huit ans. Travail
leur infatigable, il a pour lui l'avantage
immense de pouvoir mettre au service
d'idées élevées et dignes, une parole
vibrante et convaincante, jointe une
argumentation puisée aux sources vi
ves de la vie et de l'ardeur de la lutte.
On l'a vu toujours courtois dans ses
démêlés avec ses adversaires politi
ques, comme affable avec ses amis qui
ne partagent pas toujours sa manière
de voir.
Issu de la classe bourgeoise, il
peut se dire enfant de ses oeuvres, et
par son avidité d'apprendre, il ne tarda
pas occuper une place prépondérante
au barreau. II pouvait même, juste
titre, nourrir l'espoir de s'y voir la
tète, s'il n'avait préféré sacrifier ses
convenances personnelles pour se don
ner cœur et àmè ses concitoyens.
Son œuvre sera consacrée dans les
temps venir par son travail et sa per
sévérance voir renaître la vie tous
nos remarquables monuments.
[i] Cela n'empêche que M. Fraeys tra
vaille en secret pour arriver obtenir l'échar-
pe de bourgmestre.
Tout le monde se rappelle encore la cabale
montée contre M. Colaert, lors des dernières
élections législatives, cabale qui réussit
eolever au Père de la Cité plus de 500 voix.
Voilà les relations toujours empreintes de
la plus franche et entière cordialité.
[N. d. I. R.]
La solennité de ce jour nous fait
passer en revue le passé, le présent e£
l'avenir de notre chère cité, L'esprit Se
reporte invinciblement au temps où le
bourgmestre Surmont présidait aux
destinées de notre ville et ce que cel
le-ci est deveuue depuis plus de vingt
années de sage administration. Con
jointement avec ses collaborateurs
d'alors M. Colaert a fait Ypres belle et
riche.
Lors d'une cérémonie semblable
celle-ci, M. Colaert, alors premier éche-
vin, disait, le 11 Novembre 1902
L'œuvre de régénération et de prospé
rité de la ville n'est pas achevée, il
reste encore beaucoup faire.
Sous l'ancienne administration les
monuments tombaient en ruines, les
finances étaient mal gérées, les tra
vaux publics les plus élémentaires
concernant l'hygiène étaient pour ainsi
dire ignorés. (1)
Sous l'administration sage et pru
dente, modérée et intelligente de M.
Surmont, continuée plus tard par M.
Colaert, nous avons tenu parole en
marchant de progrès en progrès. Nous
avons marché lentement, mais sûre
ment, assurés du succès final. Aujour
d'hui, Ypres revit dans la splendeur
de ses anciens monuments et de ses
joyaux d'art. Elle est entrée dans la
voie heureuse des restaurations, grâce
au concours intelligent de l'architecte
de la ville, M. 'Coomans, et grâce la
ténacité de M. Colaert et l'appui de
son conseil. Ces trois monuments re
marquables, les Halles, St-Martin et St-
l'ierre, sont en voie de restauration, en
attendant les r estaurations prochaines
de l'abbaye de St-Martin et de l'église
St-Jacques.
Votre nom, Monsieur le Bourgmes
tre, restera indissolublement attaché
l'histoire de cette renaissance artisti
que. Le respect de notre patrimoine
d'art est un devoir pour tous, mais il
impose des sacrifices pécuniaires con
sidérables. Les contribuables ne sau
raient les critiquer les étrangers ne
manqueront pas d'affluer de plus en
plus au grand profit de notre coin 111er-
ee local. Nous devons encore obtenir
de meilleures correspondances pour
augmenter davantage le nombre d'é
trangers qui viennent visiter notre
ville.
[l]On n'est pas plus injuste pour ses
adversaires. Il nous suffira de rappeler que
notre distribution d'eau, le voûtement de
l'Yperlée, etc. .etc..sont dus noire ancienne
administration, qui sut réaliser ces travaux
et doter la ville d'écoles modèles pour le plus
grand bien de notre population, cela sans
devoir endetter la ville et vendre ses pro
priétés.
Quand, en 1891, les libéraux ont été
renversés par l'infime majorité de 28 30
voix et par les moyens que l'on sait, ils ont
laissé un excédent de caisse de plus de
«liinraiilt* mille francs.
L'honorable échevin aurait dû se rappeler
que, durant sa gestion comme président des
Hospices, les comptes et budgets de cet
établissement hospitalier se sont clôturés,
pendant plusieurs années, par un énorme
déficit
M. Fraeys est donc mal venu d'accuser
les libéraux d'avoir laissé les finances de la
ville en mauvais état, comme il est malvenu
de prétendre que sous l'ancienne adminis
tration les monuments tombaient en ruines,
alors que M. Fraeys a laissé, depuis plus de
trois lustres, l'établissement dit LE LOM
BARD» dans l'état le plus pitoyable.
Si l'administration actuelle a pu procéder
des travaux d'utilité publique, ce n'est
pas, grâce sa bonne gestion, mais avec le
produit des innombrables ventes de terrains
et grâce l'accroissement considérable du
fonds communal.
Le discours politique de M. Fraeys est
un trompe-l'œil qui ne réussita pas don
ner le change l'opinion publique.
[N. d. 1. R.]
Sous l'administration de M. Colaert,
le service des incendies a été amélioré
et-tendu art; champ de tir peur la
garde civique et l'armée est la veille
d'être créé ;(1) l'éclairage public, jadis
négligé, a été coinplètementréorganisé.
(2i L)e 397 réverbères qui existaient en
1905, le nombre s'est élevé Ypres
et l'extra-muros 492 becs éclai
rage intensif. Plus de 7 kilomètres de
pavage ont été exécutés, ce qui, avec
la construction de graviers, a coûté
près de 350.000 francs. Le pavage des
dix dernières années a coûté 448.000
francs. Les travaux aux égouts et
l'étang de Zillebeke ont coûté plus de
.100.000 fr.
Dans quelques mois, nous inaugu
rerons le canal d'Ypres Confines. Les
Yprois se souviennent combien M. Co
laert a peiné pour en obtenir l'achève
ment. (3)
Vous avez bien mérité, M. le Bourg
mestre, de votre pays et de votre ville
(4) et nous vous serons jamais recon
naissants.
Un grand écrivain a dit quelque
part C'est nos actions de parler
pour nous. Il est plus beau de mériter
des louanges et des récompenses sans
les recevoir que de les recevoir sans
en être digne. Au nom du Conseil
Communal, au nom de tous nos conci
toyens, sans distinction d'opinion poli
tique, qui, toujours, se plaisent re
connaître vos mérites et vos services
rendus, je vous dis Monsieur le Bourg
mestre, merci
Que ce magnifique portrait, dont le
talent réputé d'une de nos illustres
concitoyennes, Mm0 Lebbe, née Louise
De Hem, a tracé vos traits d'une fagon
digne d'elle et de vous, demeure le té-
moignagede notre reconnaissance et le
souvenir de la cordiale solennité de ce
jour. (Applaudissements prolongés.)
.1/. Colaert se lève, son tour, et pro
nonce le discours suivant
Un adage cher aux avocats permet
de dire aux moments de détresse
C'est l'usage et l'usage fait loi Je
m'empresse de saisir ce vieux brocard
pour répondre au discours éloquent de
AL Fraeys. On a voulu que l'usage fût
maintenu de continuer la galerie de
portraits des bourgmestres. Peut-
être, par crainte d'une solution
de continuité dans cette suite intéres
sante de portraits, je me suis incliné
devant la délibération unanime du Con
seil. N'en parlons plus, si ce n'est pour
vous exprimer tous mes remercî-
înents M. l'Eclievin qui s'est fait
l'organe du Conseil communal au
Conseil, au public d'élite qui remplit
cette salle nos fonctionnaires et
employés qui sont venus témoigner ici
de leur dévoûment vous, Mesdames,
qui, quoiqu'éloignées du Forum, avez
voulu honorer cette assemblée de
votre présence.
[1] Voilà maintenant M. Fraeys, premier
ténor du Conseil, qui reprend, propos du
Stand, la chanson cent fois entonnée par
M. Colaert C'est demain, de grand ma
tinqu'on rasera pour rien. (N. d. 1. R.)
[2] M. Fraeys aurait pu rappeler les bé
néfices réalisés par les régies dans les gran
des villes, en faisant "allusion au gaz de la
Cousine. [N. d. 1. R.]
[3] Sans vouloir contester l'effort fait par
M. Colaert pour arriver l'achèvement du
canal de la Lys l'Yperlée, une grande
oart en revient notre député libéral, M.
Nolf. qui a été constamment sur la brèche
pour obtenir les justes revendications des
industriels et des commerçants de la ville
et de l'arrondissement.
Les annales parlementaires en font foi.
[N. d. 1. R.J
[4] De votre ville adoptive. On sait que
M. Colaert est Poperinghois. [N. d. 1. R.J
ANNONCES:
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
J'ai aussi un devoir de reconnais
sance remplir en vous priant de join
dre un juste hommage l'éminente
artiste qu'un deuil récent empêche
d'être ici présente et qui consentit
fixer sur la toile mes traits incertains.
Elle a su rendre fidèlement les injures
de l'âge et les sillons creusés par le
travail.
Mon regretté prédécesseur, le
bourgmestre Surmont, disait de son
portrait si admirablement réussi par la
même artiste C'est un tableau qui
restera. Si, l'occasion de mon por
trait, quelqu'un doit passer la posté
rité, ce sera l'auteur plutôt que le sujet.
Si vous voulez voir en moi un tra
vailleur que Louise De Hem a peint et
que M. Fraeys a dépeint, c'est bien la
seule Ipuange que je veux accepter.
Avec vous et comme vous, Messieurs,
j ai travaillé améliorer la situation
financière de la ville. Nous enregis
trons annuellement un excédent de
40,000 50,000 fr. au budget ordinaire
et cela sans devoir recourir des im
pôts nouveaux. Nous avons créé une
écolode musique, étendu l'école indus
trielle, installé des écoles ménagères et
professionnel les. Les eaux alimentaires,
les pavages, le réseau degouls ont
absorbé des sommes considérables.
Nous avons subsidié les pensions de
vieillesse, contribué élever le salaire
des ouvriers, soutenu l'œuvre de la
Goutte de Lait, grâce laquelle la mor
talité infantile a déjà baissé en notre
ville, organisé des expositions qui atti
rent les étrangers de plusen plus avides
d'art et de beau et favorisent le com
merce local.
C'est, en somme, l'administration
que j'ai l'honneur de présider qui a fait
tout cela. En arrivant l'Hôtel de Ville
nous avons trouvé de lourdes charges
les Halles et la cathédrale on ne par
lait que d'eux étaient en un complet
étatdedélabrement.Nous avons trouvé
les voies et moyens pour les restaurer
et remplacer les pierres déjà usées d'il
y a 1111 demi-siècle par d'autres plus
durables.
Aujourd'hui, nous pouvons con
templer avec orgueil nos monuments
intelligemment restaurés. Le dragon
dom i 11e lièreinent notre superbe donjon
communal et la croix brille au sommet
du monument de la Foi antique restau
ré. Mais une restauration en appelle
une autre l'église S' Pierre est entrée
également dans la voie des travaux et
bientôt l'église S1 Jacques élèvera sa
llèche au-dessus des remparts.
Un autre édifice, presqu'ignoré il y
a dix ans, semblait protester contre
sou isolement. Nous arons songé
relever le Goitre des Augustins,* le
palais des évèques le berceau de la
ville. Deux années ne se passeront pas
sans qu'une restauration habile ne
rende tout son éclat ce monument
qui, jadis, abritait lascience, le recueil
lement et la prière.
L'Hôtel de ville, la Boucherie, d'au
tres monuments encore renaîtront
leur primitive beauté. Je m'estimerai
heureux de pouvoir couler mes der
niers jours l'ombre de ces merveilles
que j'aurai aidé restaurer.
Puissions-nous, Messieurs, conti
nuer notre œuvre d'assainissement et
d'embellissement, justifiant ces paroles
d'un ancien administrateur, ayantquilté
la ville depuis de nombrt uses années
Je ne me reconnais presque plus ici».
C'est le témoignage de tout homme
impartial. (Applaudisseménts.)
Plus personne ne demandant la
parole, la séance publique est levée
fi heures.