Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de F Arrondissement.
Dimanche, 21 Mai 1911.
71e année. 21.
Paraissant le iMimandte.
Vires acquirit eiiudo
PRIX DE L'ABONNEMENT
pour la ville: Par an -tjrancs
p' la province Par an 4 fr. 5f>
pr létranoer Par an G fr GO
ANNONCES:
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
Agence
Les cléricaux viennent de faire dis
tribuer profusion un tract destiné
faire apprécier les bienfaits que doit
apporter le projet de loi scolaire du
gouvernement.
Nous ne perdrons pas notre temps
rencontrer les audacieuses affirmations
contenues dans cette brochure qui pro
clame notamment que la loi assurerait
enfin le libre choix de l'école par les
pères de famille.
On a répondu d'avance cette bro
chure et c'est pour tenter de réagir
contre l'impression déplorable produi
te par le projet, contre la résistance
acharnée qu'il soulève, que les cléri
caux se livrent la distribution que
nous signalons.
Cette brochure se termine par une
phrase curieuse et qui révèle la préoc
cupation présente du gouvernement et
de la Droite. La loi est urgente, dit
cette phrase, parce que chaque jour
qui passe retarde les bienfaits qu'elle
doit apporter.
C'est en réalité sur l'urgence que
porte aujourd'hui tout le débat. L'op
position demande l'ajournement du
projet de loi jusqu'après la consulta
tion du pays. Et comme le gouverne
ment ne veut pas consulter le pays,
comme il a peur de cette consultation
qui s'impose, comme il redoute, après
cette consultation, de n'avoir plus le
pouvoir, il veut absolument faire cette
loi tout de suite. S'il était convaincu
qu'il représente la majorité, il ne ver
rait aucun inconvénient l'ajourne
ment qu'on lui demande. Mais il n'en
est pas sûr. Et il invoque l'urgence
pour cette loi qu'il propose après
vingt-sept ans de pouvoir
Seulement, cette urgence, il est inca
pable de la justifier, puisqu'il ne peut
avouer la peur que lui inspire la con
sultation du pays. Il l'affirme simple
ment. Il dit qu'il est pressé d'accorder
des bienfaits que la moitié du pays au
moins repousse avec indignation, et
qu'il faut voter tout de suite, alors que
plus de deux cents projets et proposi
tions de loi attendent depuis des années,
et que parmi ces projets et proposi
tions, il y en est qui concernent les pen
sions de vieillesse, la revision du Code
pénal, du Codecivil, et tant d'autres ré
formes depuis si longtemps réclamées.
En réalité, le gouvernement et la
Droite sont acculés une situation sans
issue. On ne leur demande que l'ajour
nement d'un projet de loi sans carac
tère d'urgence de cet ajournement,
ils ne veulent pas mais ils ne peuvent
avouer la seule raison pour laquelle ils
le repoussent la crainte de ne plus
pouvoir faire, après une consultation
du pays, cette loi dont le pays ne veut
pas.
A vos poches
Quelle sera, l'avenir, la situation
du boutiquier, du petit bourgeois, de
l'employé, de l'ouvrier, de tous les
petits électeurs catholiques qui font
donner leurs enfants un enseigne
ment clérical
Ils payeront, indirectement, davan
tage que ce qu'ils paient maintenant.
Que l'on retourne la question comme
on veut, il faut, pour faire face une
dépense nouvelle, des ressources nou
velles. Les dix millions supplémentai
res donnés aux congrégations doivent
sortir de la poche des contribuables
sous forme d'impôt direct ou d'impôt
indirect. On les trouvera dans une
augmentation quelconque des droits de
douane, dans des réversions des con
tributions, dans des impôts nouveaux
même, mais on les trouvera pour la
raison bien simple que l'on ne fait pas
de l'argent avec rien. Provinces et com
munes commenceront par voter des
centimes additionnels pour faire face
aux dépenses supplémentaires.
Au besoin, disent les organes cléri
caux, le gouvernement interviendra
dans ces dépenses supplémentaires.
C'est encore un trompe-l'œil. Cet
argent le gouvernement ira tout de
même le chercher dans la poche du
contribuable.
A vos poches, petits contribuables,
catholiques. Vos congrégations, votre
aristocratie veulent rattraper une partie
de leur argent pour le consacrer une
politique plus militante. Les campa
gnes électorales deviennent de plus en
plus coûteuses depuis que le nombre
des électeurs s'est multiplié, et ils ont
inventé de vous faire payer en partie
un enseignement qu'ils vous représen
tent comme gratuit.
Vous payez votre part des dix mil
lions actuels vous payerez votre part
des dix millions nouveaux, et c'est tout
l'avantage que vous retirerez de cette
loi qu'on vous présente comme une
merveille.
Il faut que vous soyez naïfs pour
avaler semblable bourde. Vous êtes les
dupes de vos dirigeants.
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Esprit de parti.
Au cours de la discussion du budget
de l'intérieur, M. Ozeray a montré
quel point le gouvernement se soucie
peu de la bonne administration des
communes, quand il s'agit de la nomi
nation des bourgmestres. Le favoritis
me et l'esprit de parti priment toutes
autres considérations, et l'autonomie
communale est tenue dans le plus pro
fond mépris chaque fois qu'il le
peut, le gouvernement choisit le bourg
mestre dans la minorité cléricale. M.
Ozeray a cité des exemples
Ainsi, Vielsalm, la majorité du
Conseil communal et du Collège est
libérale. Ces deux organismes pren
nent des arrêtés mais le bourgmestre
catholique, choisi dans la minorité,
refuse de les signer. Les êchevins s'a
dressent au gouverneur, mais leur
plainte reste sans suite. C'est inimagi
nable. 11 en résulte une perturbation
intolérable dans l'organisation des
services publics.
Dans une autre commune, on a pres
crit des travaux d'édification d'école
mais le bourgmestre refuse de mettre
ces travaux, d'une urgence extrême,
en adjudication. La commune est me
nacée, par les inspecteurs du retrait
des subsides si elle ne construit pas
or, c'est le bourgmestre seul qui em
pêche de construire. Cette commune
ne demande qu'à exécuter les travaux,
et voici que le bourgmestre s'y oppose
au risque de faire perdre les subsides
laquelle la commune a droit.
Dans une autre commune, Heyd,
le Conseil communal compte trois libé
raux et trois cléricaux. A la suite de
décès, on a refusé de laisser le Conseil
se compléter par élection, et il en ré
sulte que toutes les nominations ont
lieu par bénéfice d'âge et que toutes
les propositions sont rejetées par pari
té de voix.
Dans une autre commune, un con
seiller communal a siégé jusqu'au lr
Octobre 1909, alors qu'il n'avait pas le
droit de siéger et que les autorités su
périeures le savaient.
La commune de Mont, canton
d'Houlïalize, est accablée de dettes.
Deux échevins ont démissionné. Les
deux nouveaux échevins qui ont ac
cepté leuf lourde succession deman
dent au gouvernement d'intervenir
pour qu'ils sachent quelles mesures
ils doivent prendre. J'espère que le
gouvernement ne tardera pas davan
tage de leur donner satisfaction.
M. Ozeray espère bien inutilement.
Le Gouvernement ne fera rien qui
puisse déplaire ses amis.
Le projet scolaire a contre
lui la majorité du pays.
La majorité parlementaire a été ré
duite six voix par les dernières élec
tions législatives. Ce rétrécissement de
la majorité, qui s'accentue chaque fois
que le pays est consulté, est d'autant
plus significatif que la loi électorale,
par la manière dont elle applique le
principe de la R. P., donne une prime
disproportionnée au parti clérical. Sa
majorité de six voix ne correspond pas
aux chiffres électoraux. D'après une
statistique dressée dans les bureaux
ministériels et communiquée laCham-
bre par M. Berryer, le gouvernement
aurait dans le corps électoral une majo
rité d'environ 16,000 voix, laquelle, en
bonne arithmétique, ne devrait lui as
surer qu'une voix de majorité la Cham
bre. Et cet excédent de 46,000 voix, M.
Berryer ne l'obtient qu'en comptant les
suffrages daensistes. Or les daensistes
ne veulent pas du bon scolaire. En pré
sentant un projet de réforme scolaire
d'une gravité exceptionnelle, M. Schol-
laert ne peut donc pas prétendre qu'il
se conforme l'opinion de la majorité
des électeurs.
Une loi de parti, proposée dans des
conditions semblables, est une agres
sion gouvernementale.
Lu pression morale
du clergé commence
n
Dans une petite commune belge,
située la frontière allemande, B..., le
curé a commencé, Dimanche, sa pro
pagande dans les termes qui suivent
(traduction libre de l'allemand)
J'estime qu'il y a lieu de remplacer
aujourd'hui le sermon traditionnel par
"quelques recommandations de circon
stance. Tous vous avez lu dans les
journaux le projet scolaire déposé par
notre gouvernement catholique. Les
débats qu'il suscite ont leur raison
d'être Ne s'agit-il pas, en l'espèce,
d'une question primordiale LA LUTTE
POUR L'ENFANT Dans cette lutte
outrance, deux armées sont aux'prises:
d'une part les partisans de SATAN (11),
l'ange déchu du Paradis de l'autre,
les fidèles de Jésus-Christ et de notre
Sainte-Eglise. La lutte sera violente,
irréductible, et il le faut qu'y a-t-il
de plus sacré, en effet, pour la société
humaine, que l'éducation de la jeunes
se Celle-ci sera nécessairement, fon
cièrement chrétienne ou anti-religieu
se, pour ou contre l'Eglise. Le parti qui
triomphera aura beau jeu si nous gar
dons l'enfanttout ira bien, et nous res
terons les MAITRES des destiru'es de la
patrie s'il tombe entre les mains de
Satan, TOUT EST PERDU
En Belgique, nous avons le bon
heur d'être gouvernés depuis vingt-cinq
ans par un gouvernement catholique.
riers. Notre devoir est au contraire de
veiller au maintien des situations ac
quises dans la mesure de nos moyens.
Or, dans la lutte pour l'enfant, nos
adversaires, que bien des querelles
séparent, se sont donné la main, libé
raux, socialistes et ANARCHISTES
marchent comme un seul homme pour
renverser le gouvernement. De tous
côtés, ce ne sont que conférences,
tracts, brochures,campagne de presse
pour tromper l'opinion publique et la
gagner ces menées anti-religieuses.
Nous avons pour devoir d'intervenir
notre tour, et de défendre notre
parti.
La loi, projetée par le gouverne
ment, est en etl'et une loi basée la fois
sur la liberté et la justice. C'est le père
qui est propriétaire de l'enfant, qui en
a la responsabilité, et non l'Etat. Nos
adversaires ont organisé un vaste péti-
tionnement contre elle nous devons
user de la même arme contre eux, et
faire valoir ce droit absolu du père de
famille, non comme eux, par la vio
lence et la révolte (mit Stock und
Schwert), mais en pétitionnant notre
tour. L'occasion vous en sera offerte
cette semaine, et vous signerez tous
en proclamant votre volonté de faire
élever vos enfants dans des écoles ca
tholiques. On m'objectera que les cir
constances locales nous sont plutôt
favorables, et que les écoles de B...
nous donnent toutes garanties. Il n'en
est pas moins de notre devoir de ma
nifester notre volonté et d'aider le
gouvernement. Nous ferons donc cir
culer une pétition que nous adresse
rons la Chambre et dans laquelle
nous proclamerons que nous voulons
pour nos écoles une base foncièrement
chrétienne et religieuse. Même les
CELIBATAIRES devront la signer
parce qu'il est nécessaire que notre
gouvernement puisse opposer aux
mensonges de l'opposition des mil
liers, des millions de signatures. N'hé
sitons point, par conséquent, mani
fester notre opinion,et soutenir notre
gouvernement, pour lequel nous de
vons être un appui puissant (Eine
kràftige Stiitze). J'ajoute qu'il n'existe
pas de danger immédiat pour ce der
nier, mais les choses pourraient s'em
pirer et il est nécessaire que nous lui
donnions cette preuve de sympathie.
Voilà
Ce sermon ne prouve-t-il pas que
partout le clergé va se jeter dans la
lutte, même dans les communes où,
comme B..., le personnel enseignant
est catholique et foncièrement reli
gieux? Ce sera donc une guerre plus
violente qu'en 1879, qui troublera pro
fondément le pays et fera un tort im
mense la prospérité du pays, la
vie nationale.
Et tout cela pour JETER îiO MIL
LIONS AUX COUVENTS, et, comme
l'affirme le curé de B..., pour que
les cléricaux restent les maîtres
des destinées de la patrie
TA TA -T3 -«S "55 T& «Sffll
LJ m m A m /j moyen infaila
nygiene, nb|e et peu
coûteux d'assécher les murs des
appartements humides, etc. Bâtis
seurs, écrivez MM. J.-J. De VOS,
carrelages, Tournai.
Le Koi ira Charleroi.
Le Roi a reçu trois délégués du co
mité organisateur de l'Exposition de
Charleroi, MM. Jules Destrée, député
socialiste, président du groupe des
Beaux-arts Warocqué, député libéral
de Thuin, et Paul Pastur, membre
L C.IIOJi PAIT LA FORCE.
On s'abinne'au bureau du journal, rue oe Oixuuoe, 3 3, Ypres. Les annonces, les faits
divers et les réclames sont reçus pur l'a r 11 sse n ml d'Yares et les deux Fia lires au bureau
du Progrès. Pour la publicité en deinrs lis d'ix Flan 1res, s'adresser exclusivement au
(jomptoir do Publicité J40(J 3-S TRIBUS Ai1}, 4i, Boulevard Anspacb, Bruxelles,
téléphone 5230.
Cest le seul pays du monde qui
puisse en dire autant et nous avons le
droit d'en être fiers. Mais le moment est
CRITIQUE. Nous ne devons point res
ter les mains en poche (Hànde in der
Tasche), et nous endormir sur nos lau