Manifestation
La Grandiose
du 15 Août.
Hyg
Journal de l1 Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement.
Dimanche, 20 Août 1911.
71e année. A0 34.
Vires acquirit el.w
PRIX 1)E L'ABONNEMENT:
pour la ville Par an 4 francs,
p' la province Par an 4 fr. 50
r>r létranger Par an G fr ÔO
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divers el les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres et les deux Flandres au bureau
du Progrès. Pour la publicité en dehors des deux Flandres, s'adresser exclusivement au
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téléphone 5230.
Tous ceux, et l'on sait combien ils
furent nombreux, qui ont vécu la jour
née anticléricale du 15 Août, en garde
ront le souvenir.
Les cléricaux auront beau s'évertuer
en diminuer la signification, cette
manifestation, dont on ne saurait qua
lifier l'importance parce que les mots
manquent pour le faire, cette manifes
tation devra faire réfléchir nos gouver
nants.
Dans un calme parfait, avec une
dignité imposante, deux cent mille
citoyens, conscients ont affirmé hier
leur volonté inébranlable de conquérir
l'égalité politique et de mettre fin au
régime clérical, qui oppresse le pays
depuis 27 ans
Confondus dans les mêmes rangs,
bourgeois et ouvriers, fraternellement
unis, ont fait te serment de lutter sans
trêve, jusqu'à la victoire définitive.
La volonté populaire aussi solennel
lement affirmée, doit devenir la loi du
oays
Ce serait fou de vouloir l'empêcher.
Seul un gouvernement clérical ose
rait le tenter. Et la conclusion logique
de la journée d'hier, c'est qu'il est
de l'intérêt du pays, qu'il est indispen
sable pour la paix intérieure, que le
gouvernement actuellement au pouvoir
soit abattu le plus tôt possible.
Malgré les mesures de protection
ridicules que le Gouvernement a afi'ec-
té de prendre, malgré la terrible frous
se qui feinte ou réelle de nos maîtres,
la preuve a été faite hier, que le pays
n'a rien craindre lorsque deux cents
mille anticléricaux manifestent pour
leurs idées. Personne ne songeait
sortir de la légalité et dans les coeurs,
il y avait de la joie et non de la colère.
Il y avait de la joie desavoir que la
victoire est proche, qu'elle ne saurait
plus nous échapper, que la défaite
cléricale est inéluctable.
Nos lecteurs auront lu dans les
grands journaux de la capitale le
compte-rendu complet de cette jour
née historique, nous nous bornerons
donc dire que la West-Flandre était
largement représentée.
En tète marchaient les Brugeois pré
cédés du faisceau de drapeaux du
Libérale Vlaamsche Bond, du Van Ghe-
luwe's Genootschap et de ses sections
et de la Jeune Garde Libérale.
Les vices-présidents de la Fédéra
tion, MM. Franz Retsin et Joseph Ma-
met, le secrétaire M. Paul Matthys et
les membres du comité conduisaient ia
délégation dans laquelle nous remar
quons également M. Aimé Delanote,
ancien conseiller communal, M. l'avo
cat Moulaert et plusieurs membres du
Comité de l'Association Libérale, M.
Joseph Lauwers, président de la Jeune
Garde Libérale, la plupart des mem
bres du comité du Van Gheluwe's Ge
nootschap, etc.
Les Brugeois marchaient immédiate
ment derrière le groupe des démocra
tes chrétiens et purent voir durant tout
le parcours le grand succès qui alla
l'abbé Fonteyne dont le public applau
dit beaucoup la présence dans cette
manifestation.
Les libéraux de Roulers avaient
leur tète M. Gustave De Laere, ceux de
Dixmude, M. Willy van Sieleghem,
ceux d'Ypres, M. Brunfaut avec l'ex
cellente musique des Anciens Pom
piers ceux de Gourtrai, M. Verbeke,
ceux de Thielt, M. Michotetc. Nous ne
pouvons évidemment songer citer
tous les groupes.
Tous les discours ont été vivement
applaudis. Ceux de MM. Hymans et
Vandervelde ont fait une grande im
pression.
Voici les impressions d'un corres
pondant de Bruxelles
11 faudrait une suite de mots qui
crépitent, de phrases joyeuses, de ter
mes sonores, d'expressions vives,
alertes, de locutions claires et vibran
tes comme cristal, d'adjectifs colorés,
d'adverbes pompeux, de périodes pré
cipitées. Il faudrait de l'éloquence en
torrents, en fusées, en cascades, il fau
drait être un maître en la belle langue
française si légère, subtile, harmo
nieuse, chantante, chatoyante, pour
vous décrire Bruxelles et son anima
tion, el sa cohue, et son enthousiasme.
Bruxelles n'est plus une ville, c'est
un être vibrant, palpitant, manifestant,
criant une volonté souveraine par des
centaines de milliers de bouches...
Bruxelles c'était l'âme de la Belgique
toute entière, l'âme enivrée de liberté,
d'humanité, de justice et d'égalité.
Et quelle journée d'exception La
température, le soleil, le vent, qui agi
tait les drapeaux, faisait claquer les
bannières et les banderolles dans un
bruit ironique et joyeux comme un
éclat de rire tout concordait la
magnifier.
Après une suite ininterrompue de
journées, pendant lesquelles on sufl'o-
quait, on grillait, on rôtissait, on tom
bait comme mouches, frappé de con
gestion, d'insolation, voici la fraîcheur,
le bon air.
Et le doigt de Dieu
Ce doigt extraordinaire, qui n'ap
partient aucune main, attendu que
l'être divin n'a pas de corps, ce doigt
qui nous menaçait, ce doigt terrible,
formidable, vengeur, ce doigt fantasti
que, unique, immense, intangible, se
serait-il mis dans l'œil de ceux qui
nous faisaient redouter sa colère
Grave question laquelle il ne nous
appartient pas de répondre...
Continuons donc nos informations
rapides.
Depuis hier déjà, les étrangers afflu
aient et leur nombre et leur animation
ajoutaient au brouhaha joyeux et spé
cial que la Sainte Marie renouvelle
chaque année dans notre capitale.
Les rues sont encombrées, envahies
par des charrettes chargées de roses et
d'héliotropes qui se tassent en répan
dant dans l'atmosphère un parfum
suave et pénétrant nos places publi
ques, et elles sont nombreuses, sont
transformées en parterres ce ne sont
que géraniums rutilants, orgueilleux
hortensias, odorantes verveines, gra
cieuses fuchsias, élégants palmiers,
que des marchandes accortes, sou
riantes, plantureuses et verbeuses,
confortablement installées sous des
immenses parasols aux couleurs vives,
vous offrent au plus haut prix
Vus àdistance,ces parasols semblent
de grandes fleurs étrangères et immo-
Tbike.
Ce sont les voiturettes contenant les
cartes illustrées oh combien où
les mots Bonne fête s'écrivent en
grandes lettres dorées, argentées ce
sont les marchands de parfumeries
frelatées, et présentées dans des étuis
capitonnés de satin rose et bleu pâle
ce sont les vendeurs de vases, de pos
tures de bibeloteries, ce sont les
mille industries de la rue et du mo
ment.
Hier, on se disputait les portraits
de nos leaders on s'arrachait les
journaux, on se munissait des fleurs
bleues et rouges qui ornent aujour
d'hui toutes les boutonnières...
Hier on envahissait'les restaurants,
les cafés, on pillait les magasins de
victuailles... c'était la cohue.
Et aujourd'hui
Jamais, jamais, oncques ne vit au
tant de inonde réuni...
C'était fantastique, émouvant, gran
diose, interminable...
C'étaient des fanfares, c'étaient des
chants, des applaudissements, des
ovations, c'étaient des rires aussi.
Quelle harmonie et que d'harmonies
Des hommés portaient des cartels,
des femmes portaient des filets char
gés de vivres revendications et pré
voyance, cigales et fourmis. Il en pas
sait, il en passait toujours... des ban
nières, des banderolles de la musique,
une masse compacte, puis encore de
la musique, encore des tableaux, des
oriflammes, et de la foule c'est le
Brabant qui défile pendant deux heu
res c'est la province d'Anvers ce
sont les Flandres c'est le Hainaut et
son rapport considérable...
C'était... c'était...
C'était interminable.
En cela, je n'imiterai pas le cortège...
icFAO moyen infail-
IcnC, |jb|e et peu
coûteux d'assécher les murs des
appartements humides, etc. Bâtis
seurs, écrivez MM. J.-J. Devos,
carrelages, Tournai.
rszrxmizs,«s
Le Parti libéral el le S. U.
A la veille de la manifestation du 15
Août la Revue de Belgique a eu l'heu
reuse idée de procéder une enquête
auprès de personnalités libérales auto
risées sur le suffrage universel et le
vote plural.
La Revue a reçu des réponses nom
breuses et parmi ces réponses, il en
est de fort intéressantes. Toutes, sauf
une seule, comportent une adhésion
catégorique -air suffrage universel pur
et simple.
M. Paul Hymans a rédigé, en guise
de préface cette enquête, quelques
pages intitulées le Parti libéral et
le Suffrage Universel M. Hymans es
time que si l'idée de graduer le pou
voir de l'électeur d'après sa culture,
sa capacité, son action sociale, n'est
pas théoriquement absurde la for
mule adoptée par la Constituante et
d'après laquelle un homme qui paie
cinq francs de contribution vaut deux
fois un homme qui paie moins est
politiquement aussi absurde qu'injus
te Et il ajoute
Le vote plural fut adopté en déses
poir de cause, au dernier moment, par
peur de ne pas aboutir. Ce fut un ex
pédient. Frère-Orban et Bara le re
poussèrent. Graux ne se rallia que
ANNONCES:
Annonces 15 centimes la ligne
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 l'r. la ligne.
pour éviter l'avortement de la revision.
A droite, M. Woeste, M. de Smet de
Naeyer, M. Schollaeri s'abstinrent.
Je voudrais bien savoir dans ces
conditions pour quel motif mes amis
et moi nous entreprendrions, contre
l'impulsion naturelle d'une démocra
tie qui aspire l'égalité, la défense
d'un système électoral la confection
duquel nous et les nôtres nous sommes
tout fait étrangers, que le parti ca
tholique nous a donné, bon escient,
et dont il a retiré des profits démesu
rés.
Je ne le trouve ni juste ni utile. Et je
devrais le défendre Dès 1902, je dé
clarai la Chambre que je ne jouerais
pas ce jeu de dupe.
Qu'imaginer en dehors du vote plu
ral Il ne reste que le suffrage égali-
taire, celui qu'on appelle le suffrage
universel pur et simple. Il n'y a plus
d'étape intermédiaire. L'étape intermé
diaire entre le suffrage restreint et le
pur et simple, c'était le plural.
En réalité, le suffrage plural n'est
qu'une modalité du suffrage universel.
Elle rend faciles les fraudes dans la
confection des listes électorales et y
incite des administrations politiques.
Elle donne aux campagnes une pré
pondérance illégitime. Supprimez la
modalité. Il reste le suffrage égalitaire.
Les adversaires du suffrage univer
sel en 1893 le virent très clairement.
Ils reconnurent que le vote plural ne
serait qu'un obstacle passager et fragile
la réalisation de l'égalité politique.
La revision de 1893 en admettant
tout le monde aux urnes faisait entrer
dans notre régime le principe du suf
frage universel. Et ce principe devait
irrésistiblement déployer sa force et
faire sauter les bandelettes dont ou
l'entourait.
La Belgique est devenue une démo
cratie dès ce jour-là. Et cette démo
cratie a grandi, fait son éducation,
porté ses fruits, suivi sa pente naturel
le qui conduit l'égalité.
L'égalité politique est l'inévitable
aboutissement de notre évolution dé
mocratique. Personne n'en peut dou
ter. C'est un phénomène normal, au
quel il est impossible d'échapper.
Qu'avons-nous fait Nous avons re
connu que l'heure était venue d'en
préparer et d'en faciliter l'accomplis
sement dans l'ordre et la légalité. Et
nous avons la conviction que c'est
l'heure opportune.
L'idée de l'égalité politique a lente
ment fait son chemin. Elle a pénétré
les rangs du parti libéral. En principe,
le libéralisme l'a adoptée depuis long
temps. Il y a quelques répugnances
sans doute encore, spécialement
Liège et Bruxelles, dans certains
groupes d'esprit timoré et de contin
gent restreint. Je ne leur oppose ni
insouciance ni dédain. Mais je deman
de si la politique libérale peut se mo
deler sur la mentalité d'une infime mi
norité, assurément respectable, mais
qui ne constitue pas la force vivante et
agissante du parti.
Nous réclamons de cette minorité la
confiance nous sommes convaincu
qu'elle comprendra les nécessités de
notre époque et de la situation du
pays et qu'elle suivra la masse de l'ar
mée en marche en marche vers la
victoire.
Le parti clérical vit de ia fidélité du
peuple rural, asservi aux influences
cléricales et nobiliaires. C'est ia démo
cratie des grandes villes et des popu
lations industrielles où nous puisons
nos forces.
L'adhésion du parti libéial au sulïra-
ge universel pur et simple donne aux
efforts des gauches de l'unité et de
k
J»'-"
L l'?IIO?i PAIT LA FORCE.
le ÉMintanche.
/-si .-s