Chronique de la ville. Le Triomphe des cléricaux. M. Nolf. Hyg Journal de 1 Alliance libérale d'Ypres et de F Arrondissement. Dimanche, 29 Octobre 1911. 71e année. X 0 44 le iJimanche. Chinoiseries. A la Chambre. Un mauifesle des Gauches Libérales. Goûteux d'assécher les murs des appartements humides, etc. Bâtis seurs, écrivez MM. J.-J. Devott, carrelages, Tournai. Les Prévisions réalisées <Ju Journal d'Ypres L DNI0R FAIT LA FORLE Vires acqijirit iunda. PRIX DE L'ABONNE VIES r pocr la ville Par an -4 franco p' la province Par an -4 fr. 50 pr létranger Par an G fr 60 On s'ab ioue au bureau du journal, hue de Dixhude, 53, Ïpres. - Les annonces, les faits divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'V ires et s leuv Flandres tu bureau du Progrès. Pour la publicité eu dehors des deus Flan 1res, s'dresser exclusivement au Oomptoir de Publicité JiOiJOSS Ptfl333iciJ, 44, Boulevard Anspach, Bruxelles, téléphone 5230. ANNONCES: Annonces: 15 centimes la ligne Réclames 25 Annonces judiciaires l t'r. la ligne. M. Georges Pètré, un spécialiste en matière de législation électorale, un érudit, pourrait-on dire plus juste ment, a cité un confrère quelques exemples topiques des chinoiseries que les cléricaux ont accumulées com me plaisir dans la loi des quatre infamies Ainsi pour être électeur patron, il faut avoir depuis deux ans au moins deux ouvriers adultes pas d'appren tis ne faisant pas partie de la famille. La dénomination de chef d'indus trie n'appartient qu'à ceux qui trans forment la matière. Et c'est ici que cela devient amusant. Un vitrier, par exemple, n'est pas électeur il ne transforme pas le verre, il se borne le découper. Mais l'encadreur réunit les conditions requises, car il achète des baguettes et en fait des cadres. Il transforme la matière. Un serrurier est électeur, car il forge. Mais un boucher ne l'est pas ou plutôt ne l'est plus. Au début, en ètlet, on considérait le bou cher comme un transformateur, puis que du bœuf il faisait des biftecks, et du veau des côtelettes. Mais la Cour de cassation a changé ça un boucher est considéré aujourd'hui comme transfor mant simplement de gros morceaux de viande en d'autres morceaux plus petits. Par conséquent, le boucher ne peut être électeur. Un traiteur l'est, un charcutier pas. Etc... M. Pètre a montré ensuite où l'on en arrive avec ce système incohérent. Il y avait Saint-Josse deux conseil lers ouvriers élire. Et le corps élec toral se composait de vingt-neuf per sonnes, dont on connaissait si parfai tement les opinions que l'on avait pu établir d'avance qu'il y avait 18 anti cléricaux, 7 cléricaux et i douteux. Alors les candidats de gauche avaient fait ceci ils avaient fait signer leur présentation par le plus grand nombre d'électeurs possible et ils avaient re cueilli vingt-trois signatures C'était un gros succès. L'hilarant fut que lors que se présentèrent ies deux candidats cléricaux, on s'aperçut qu'ils figuraient parmi les vingt-trois signataires de la liste du cartel Si les catholiques avaient pu obtenir seulement quatre ou cinq abstentions, ils faisaient pas ser un des leurs. Mais, fait exception nel tous les électeurs prirent part au scrutin... qui fut terminé midi Tout cela est fort divertissant mais ne trouvez-vous pas que la plaisanterie a assez duré et qu'il est temps de faire enfin de la besogne sérieuse Gomme l'ouverture de la session dernière, c'est M. Beernaert, doyen d'âge, qui présidera la séance de ren trée de la Chambre. M. Beernaert, qui est dans sa quatre- vingt-deuxième année, est en excel lente santé. Il vient de rentrer de Paris où il a pris une part active aux travaux de la conférence maritime internatio nale. Au cas où M. Beernaert ne pourrait présider la séance de rentrée, il serait remplacé soit par MM. de Winter, d'Anvers Mullendorff, député de Ver- viers Frédéric Delvaux ou Heynen, soit encore par MM. Visart et Woeste, qui forment le groupe des doyens de la Chambre. Les deux benjamins de l'hémicycle chargés de remplir les fonctions de secrétaires du bureau provisoire, ap partiennent la droite ce sont MM. 1 Van Gauwelaert et de Esrchove d'Ex- aerde, tous deux députés d'Anvers. Le personnel parlementaire a été, au cours et depuis la session dernière, quelque peu modifié M. Verheyen, député libéral d'Anvers, décédé, a été remplacé par M. Vekemaus, qui avait siégé déjà dans l'hémicycle M. De Becker-Remy est passé au Sénat, en qualité de suppléant de M. Roberti, tandis que M. de Wauters d'Oplinter prenait sa place la Chambre au banc des cléricaux louvanistes. Le baron Snoy a cédé son siège M. de Lalieux et la mort de M. Busschaert, député clérical deCourtrai,a fait entrer au parlement M. Peel dont personne ne soupçonne l'existence. Le baron van der Bruggen, ancien ministre de l'agriculture, a déserté l'hémicycle et son suppléant M. Van de Vyvere, n'avait pas prêté serment de puis un mois qu'il recevait le porte feuille de l'agriculture et des travaux publics. M. Vandevenne abandonne les dépu tés pour aller siéger, la rentrée, parmi les pères conscrits, où il rempla cera M. De Ridder. Enlin, M. Gollin indépendant va recueillir la succession de M. Van- derlinden, député clérical de Bruxel les, décédé il y a quelques jours. Les gauches libérales de la Chambre et du Sénat ont tenu Jeudi après-midi une réunion sous la présidence de MM. Neujean et Janson. L'assemblée a adopté l'unanimité le texte d'un manifeste au pays dont voici les conclusions Les Gauches Libérales sont déci dées réclafner d'urgence le dépôt et le vote du projet de loi résultant du recensement décennal et augmentant le nombre des députés. Les élections générales pour le renouvellement inté gral des Chambres en seront la consé quence logique et nécessaire La solu tion, c'est la dissolution. Les circonstances imposent fac tion gouvernementale de strictes limi tes. Préparer loyalement la consulta tion nationale, telle est la tâche immé diate et indispensable. Les Gauches Libérales sont réso lues en réclamer l'accomplissement sans délai avec l'énergie que l'opinion publique attend d'elles. Encore une fois, c'est sur l'opinion publique qu'elles comptent, pour sou tenir leur elfort dans la campagne nou velle dans laquelle elles vont s'engager. Boum la la MtJigin -vendant ses crayons sur les places publiques). C'était prévu cela y est et devait y être Les cris de triomphe des cléricaux devaient égaler, en intensité, la frousse éprouvée avant les élections. Ecoutez donc et jugez un peu près de 700 voix de majorité ton j suffrages libres et éclairés aucun forcé aucun acheté les femmes même ayant aidé persua der leurs maris et leurs enfants un Lépante pour les libéraux un écra sement pour ces Turcs modernes etc., etc. Et ce n'a point été assez des dispo sitions des électeurs le miracle s'y est mêlé!.. Il y a eu l'intervention de la Sainte Vierge, et c'est d'Elle que la victoire est venue d'Elle qu'on a tant et tant priée et suppliée et en particulier et en public par le Ro saire en chambre, dans les églises et en procession Ah les effrontés que ceux qui exultent ainsi Les inconscients, pourrait on dire. Les voici qui, dans leur folle ivresse, mêlent le nom et le compérage de la Mère de Dieu leurs clameurs de triomphe, criant a tue tête qu'Elle les a aidés dans leurs faits et gestes électoraux, c'est-à- dire dans leurs maquignonages et leurs turpitudes de toute sorte cor ruption par l'argent achat de votes; régals jusqu'à l'ivresse promesses impudentes menaces au besoin co-action des petits billets mar qués système d'espionnage men songes l'égard des adversaires scandaleux véhiculement d'infirmes, de malades et de quasi moribonds aux urnes rien, en un mot, de tout ce que des malhonnêtes truands peu vent inventer et mettre en usage, rien n'a été omisOn a vaincu, grâce toutes ces vilénies, et on a encore cette impudence suprême de proclamer que la Reine des Cieux a collaboré une victoire remportée de cette façon 1) Ceux qui ont voyagé dans la Ca- labre et dans la Corse rapportent que les brigands de ces provinces s'en vont, avant d'exécuter l'un ou l'au tre de leurs méfaits, et pour leur réussite, allumer des bougies quel que madone en renom. Eh bien nos meneurs cléricaux ressemblent ces malfaiteurs et sont tout aussi impudents et irrévéren cieux. Et combien la Benoite Vierge doit être flattée, honorée et touchée des vantardises et des hommages de gens de cette trempe, de ruffians pareils Les hommes du Journal et du Nieuivsb/ad, ne peuvent pardonner M. Nolf d'être représentant en vertu du principe de la R. P. ni d'avoir 1) De tous temps et partout, toujours les mêmes ces Bachi-Bouzouks électoraux. On se rappellera qu'en 1847, M. Schol- laert, le père de l'ex-chef de cabinet, dans sa célèbre chanson dirigée contre les cléri caux pointus de son temps, qui l'avaient forcé a quitter une chaire universitaire qu'il illustrait de son talent, a dit Fils des croisés, poursuivez vos attaques Pour le scrutin formez vos bataillons Allez aux champs recruter vos cosaques, Faites des saints de nos vieux francs-maçons. Pour acheter des succès dérisoires, Dieu, diable, honneur, toutdoitêtre exploité. Exploitez tout, nous gravons vos victoires Sur l'arbre de la Liberté. (N. d. 1. R.) obtenu, aux élections communales du 15 c', un nombre de voix indépen dantes atteignant, i8q près, la moitié de la totalité des voix. (1) Ils sont surtout vexés de ce que beaucoup d'électeurs de leur parti ne se font faute de dire et d'affirmer, que, sans certaines contingences étrangères sa personnalité, il eut même été nommé une respectable majorité. M. Nolf est leur trouble-sommeil leur cauchemar leur bête noire; leur tête de Turc enfin, attendu que, leurs yeux, tous les libéraux sont des Turcs. C'est d'une plaisante constatation pour nous, ses amis. Ce qui exaspère ces politiciens pé tris de jalousie, de fiel et de haine, c'est que, grâce l'irréprochabilité de son caractère sa droiture la correction de ses procédés en temps de lutte sa parfaite honorabilité tous égards et sous tous les rapports, M. Nolf jouit d'une considération autrement réelle et sérieuse que beaucoup d'entre eux, dont plusieurs se sauveraient sous leur tente s'ils entendaient dire tout haut ce que beaucoup - et parmi ceux-ci des cléricaux mêmes disent tout bas. Après cela, que l'on continue traiter M. Nolf de franc-maçon de socialiste de cartelliste de Grand Turc, etc., etc., peu nous en chaut, nous, ses partisans, et moins encore peut-être en chaut-il lui-même, M. Nolf étant en droit de se dire que l'estime des honnêtes gens de tous les partis peut et doit lui suffire. jpt-- moyen infail- iene, |îb|e et peu On a généralement pensé que le succès de la liste cléricale a été dû aux divers moyens habituellement en usage chez nos adversaires et qui sont suffisamment connus. Il paraît qu'il n'en est rien. Le Journal d'Ypres nous apprend que si les cléricaux sont sortis vain queurs de la lutte, ils en sont rede vables uniquement l'intervention de Notre Dame du Rosaire L'affir mation du bon Journal ne peut évi demment pas être révoquée en doute: s'il le dit, c'est qu'il le sait de bonne source N.-D. du Rosaire aura eu soin de l'en informer, c'est certain. Après tout, cela est fort vraisem blable. Par le temps de Féminisme où nous vivons, et le féministe par excellence étant tête de liste, il est assez naturel que N -D. du Rosaire se soit particulièrement occupée de l'affaire. C'est elle évidemment qui aura donné, en quelque vision, l'ordre aux belles madames qui ont couru de porte en porte quémander des (1) En effet, M. Nolf a obtenu 23.36 voix et la majorité absolue était de 2526 voix. {N. de la R.)

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Le Progrès (1841-1914) | 1911 | | pagina 1