Chronique de la ville.
Leur modération.
M. le Premier Président
Lameere.
Nous reproduisons avec plaisir l'ar
ticle ci-après publié par t La Flandre
Libérale
L'émineiit magistrat, dont les élo
quentes paroles y sont reproduites,
n'est pas on inconnu pour nos conci
toyens. Il fait partie s'il n'est pas
leur tète de la brillante pléiade de
savants qui sont sortis de notre Collège
communal supprimé par le fanatisme
intransigeant de nos maîtres d'aujour
d'hui.
Monsieur le Premier Président La
meere Yprois d'origine et deeœur
a conservé, comme on pourra voir, le
culte de sa ville natale. Qu'il nous soit
permis de joindre nos félicitations
celles qui lui ont été adressées par ses
collègues, l'occasion du cinquantiè
me anniversaire de son entrée dans la
Magistrature.
Monsieur Lameere, nommé Substi
tut du Procureur du Roi Ypres, le 21
Décembre 1801, occupe aujourd'hui
le sommet de la hiérarchie judiciaire
comme Premier Président de la Cour
de Cassation.
Les nouveaux conseillers ont donc
été installés et cette occasion, M.
Colaert, nous allions dire notre
maïeur a prononcé une allocution,
au cours de laquelle il a ea l'effronterie
de dire qu'il continuerait adminis
trer avec une grande modération et
sans blesser qui que ce soit Nous
disons que c'est là de l'effronterie, car
l'attitude prise par notre maïeur (en
suspens) dans la question de l'école
primaire de la rue St Jean et dont le
compte-rendu de la dernière séance du
Conseil nous donne la mesure, prouve
que notre ex-premier a toutes les au
daces. Nos lecteurs savent que les pa
rents des élèves fréquentant l'école de
la rue St Jean, ont adressé une requête
au Conseil pour-protester contre l'aug
mentation du rninerval, qui vient de
leur être imposée. Nous avons publié
le texte de cette requête. Elle était
conçue dans des termes modérés le
ton en était digne et respectueux. Il
semble, qu'émanant de personnes
honorablement, connues en notre'
ville, et placées en dehors de nos
luttes politiques, elle eut dû, sinon
être prise en considération, c'est trop
demander des cléricaux, au moins
être accueillie décemment, comme
elle l'aurait été par des personnes bien
élevées. C'était se faire illusion.
Mons Colaert, soutenu par les rica
nements de MM. Biebuycket Itegerem,
et sur un ton de persillage qui donne
la mesure de la grande modération
dont il se targue, a analysé la pétition
des parents, en cherchant la ridiculi
ser, ce qui lui a valu un petit succès
parmi ses intelligents collaborateurs
du Conseil, qui sont toujours disposés
faire chorus quand il s'agit d'être
désagréable et injuste pour tous ceux
qui osent s'affranchir de leur clique.
Mais nous doutons fort que l'attitude
inconvenante de Mons Colaert et de
ses collègues trouve le même accueil
parmi les parents, qui ont cru devoir
s'adresser eux.
- Et maintenant arrivons-en aux argu
ments de Mons Colaert.
M. Colaert n'admet pas que la ville
puisse être liée envers les parents en
ce qui concerne la fixation du miner-
val pas plus que les parents ne le sont,
dit-nl, envers la ville pour le paiement
de toute l'année Certes, la ville fixe
le rninerval comme elle l'entend, mais
la question est de savoir s'il est hon
nête et loyal de modifier au cours de
l'année scolaire les conditions d'éco-
lage, sur lesquelles les parents se sont
basés pour décider du choix de l'école
pour leurs enfants. Il n'y a pas ergo
ter, pareille décision lèse les droits des
parents et. nous doutons fort, que si
une jurisprudence administrative ou
autre devait s'établir sur la question,
elle se fixé dans le sens de la thèse de
la ville.
Mons Colaert a dit aussi que la ville
s'est trouvée dans la nécessité d'aug
menter le rninerval, pour faire face aux
dépenses. Nous avons déjà réfuté plu
sieurs fois cette affirmation nous pou
vons nous dispenser de revenir sur ce
que nous avons dit ce sujet. Nous
avons établi nos calculs, non pas d'après
des chiffres avancés par nous, mais d'a
près des chiffres détaillés, donnés par
les journaux cléricaux eux-mêmes, par
le Nieuicsblad notamment qui les a pui
sés bonne source, puisqu'ils concor
daient avec les chiffres fournis in globo
au Conseil par Mons Colaert lui-même.
Or ces chiffres accusaient pour le pre
mier trimestre une recette scolaire de
124b fr. ce qui pour l'année entière
donnait mie recette de 4981 tr. du chef
des rétributions scolaires, ce qui avec
les subsides de l'Etat et de la province
(332 francs) portait l'ensemble des
recettes 5316 francs contre 4075
francs de dépenses. M. Colaert a
compris combien ces chiffres étaient
accablanLs el combien ils faisaient res
sortir toute l'injustice de la mesure
prise par l'administration d'augmenter
le rninerval alors que les recettes ac
tuelles donnaient un excédent ample
ment suffisant pour faire tact aux
frais supplémentaires qui résulteraient
de la nomination d'une nouvelle insti
tutrice au traitement initial de 1100 fr.
Il a produit de nouveaux chiffres, que
nous ne pouvons naturellement accep
ter que sous tu pies réserves. D'après
les derniers renseignements fournis
par lui la séance du 13 courant les
recettes au lr trimestre de l'année sco
laire ne se seraient élevées qu'à 1178-50
fr., ce qui pour les quatre trimestres
nous donne 4714 fr. de rétributions
scolaires, ajouter aux 332 fr. de sub
sides, soit un chiffre global de recettes
de 5046 fr. contre 4075 fr. de dépenses!
Ce n'est donc pas encore ce nouveau
chiffre qui justifie l'augmentation du
rninerval puisqu'à quelques francs près
les receltes actuelles permettent de
faire face aux dépenses nouvelles, trai
tement de la nouvelle institutrice com
pris.
Au heu de railler la pétition des pa
rents, M. Colaert aurait mieux fait
d'expliquer comment dans ces condi
tions il justitie la charge nouvelle, que
sans motif aucun, il impose aux famil
les. Ce sont des familles fortunées a-t-il
dit. Ce n'est pas une raison pour les
exploiter. Mais les personnes qui en
voient leurs enfants l'école primaire
de la rue Si Jean sont loin d'être toules
personnes riches. L'école est fréquen
tée par bien des enfants appartenant
la petite bourgeoisie et il est vraiment
édifiant qu'au sein de notre clérical
Conseil il n'y ait pas eu une seule voix,
qui se soit fait entendre pour défendre
les intérêts de ces familles, dont cer
taines seront sérieusement atteintes
dans leur budget.
Mais qu'importe? «Nous n'avons
cure des observations des requérants»,
s'est écrié Mons Colaert. Il aurait pu
ajouter il ne s'agit que de parents
libéraux. Et pendant que le Conseil
leur extorquait sans justification pos
sible 1200 l'r., le même Conseil, sans
explication aucune, inscrivait 1500
francs de subsides en plus pour une
école cléricale Après cela, peut-on
douter que nos maîtres soient des par
tisans convaincus de la liberté du père
de famille 1
Enfin, pour terminer son allocution,
M. Colaert a parlé de l'emploi éventuel
du llamand comme langue véhiculaire
etil aannoncéqu'une décision serait pri
se avantie commencement de la nom el
le année scolaire. Nous savons ce que
cela veut dire. Les parents, unani
mement dans leur pétition, se sont
prononcés pour le maintien du statu
quo, en ajoutant que le régime flamand
serait de natureà faire déserter l'école.
Or, comme ce n'est que cela que nos
maîtres cherchent, nous les verrons
avant l'année prochaine s'atteler cette
œuvre de destruction. Ils voteront le
régime flamand par haine de l'ensei
gnement communal qu'ils ont pour
mission de défendre. Ils ne sont pas
flamingants ils ne veulent pas du ré
gime flamand pour leurs enfants, mais
ils l'imposeront aux enfants de l'école
de la rue St Jean, malgré la volonté de
leurs parents, dont la liberté une fois
de plus sera foulée aux pieds. Ils le
leur imposeront pour que, comme
Mons Colaert a eu l'outrecuidance de
l'écrier, ils soient forcés d'envoyer
leurs enfants ailleurs Or,ailleurs c'est
aux écoles cléricales, les seules qui
existent en notre ville.
Et voilà les hommes qui nous par
lent sans cesse de la liberté du père de
famille Qui donc soutiendra que nous
avons tort de dire que dans leur lan
gage et leur attitude il n'y a qu'hypo
crisie et mensonge
p prédations.
Il y a lieu de faire connaître au pu
blic les appréciations de quelques
hommes indépendants qui assistaient
la séance du Conseil communal où il
s'est agi de ia pétition des pères de
famille réclamant contre l'augmenta
tion du rninerval de l'Ecole primaire
payante pour tilles de la rue S'Jean et
s'iinsurgeant contre la mesure vexatoire
que le Conseil prendra pour imposer
le flamand comme langue véhiculaire
dans l'enseignement de cette école.
Voici ces appréciations
«Si M. Begerein s'est écrié,ironique
ment, que c'est du droit pur-nous
disons, nous, que c'est une canaillerie
pure d'user de tels procédés jésuiti
ques pour essayer d'arriver la sup
pression de cette école.
Espérons que les Yprois ouvriront
enfin les yeux
Quoique ces termes ne soient pas
très parlementaires, nous les signalons
au public. Il sera ainsi au courant de
l'indignation que provoque, en l'oc
currence, la conduite de nos édiles,
/as-as-ss-sa -rs •35»3S*-e2Sjw>!SS 'ss-as-xs-cs
Vous demandons
un maieurel un secrétaire
Ypres reste toujours sans bourg
mestre et sans secrétaire, alors que
Zoetenaye est déjà servi.
Quelle calamité
Comme secrétaire, Monsieur Colaert
cherche caser, suivant son»habitude,
quelque Brugeois ou autre étranger,
mais son Conseil ne le suit pas. El une
fois de plus, l'écharpe est mise dans la
balance. Pauvre écharpe, qui fût si
souvent pesée, serait-elle en voie de
perdre de son poids
On prétend aussi qu'il y a quelque
tiraillement en haut lieu et que l'attitu
de déplorable de Mons Colaert dans la
question gazière ne serait pas étran
gère la mauvaise humeur gouverne
mentale.
D'autre part, on assure que l'influent
gazier brugeois tient définitivement
Ypres en pays conquis et exigerait,
que l'écharpe soit ceinte par son su
bordonné Monsieur le conseiller Van-
derghote, qui enleva le plus grand
nombre de voix aux élections commu
nales.
Politique, gaz et mystère
Nomination
du secrétaire communal.
C'est Lundi prochain que le Conseil
aura' statuer sur la nomination du
secrétaire communal.
Quatre candidats sont en présence
Ce sont MM. Schot, d'Iiigelmunster,
Herman Gorrissen, Julien Antony (fils)
et Narcisse Boudry, chef de bureau
l'administration communale de céans.
Il parait que nos honorables sont
très divisés au sujet de cette nomina
tion et que l'écharpe du Madré Pope-
ringhois est mise en balance
Qui décrochera la timbale
That is tiie question
Une solution ce serait de les nom
mer tous les quatre
Brasserie L'YPROiSE
rue «le la lloueiie, 2S.
Remise domicile
par 12 et 24 bouteilles.
Récital Mu Ici ers.
Nos lecteurs se diront, peut-être, le
Progrès a annoncé, différentes repri
ses, l'exécution du Récital Mulders et
nous ne voyons pas figurer dans se;
colonnes le compte-rendu de cette
soirée artistique.
Comme nous n'avons pas été invité
cette exécution, il nous est donc im
possible d'en faire une narration.
On n'a pas oublié de demander
l'hospitalité de nos colonnes pour taire
de la réclame en faveur du Récital
Mulders, mais on n'a pas daigné inviter
notre reporter ce Récital.
Nous tenons signaler le fait no;
lecteurs pour qu'ils ne s'en prennent
pas ia Rédaction du Progrès. Ce sont
ceux que la chose concerne qui sont
en défaut.
9
Nous trouvons dans le dernier numéro
de la Belgique judiciaire la relation d'une
réunion des membres de la couf\ suprême,
assemblés pour adresser, dans l'intimité,
leurs chaleureuses félicitations au digne,
sympathique et savant chef de la magistra
ture. M. le premier président Lameere,
l'occasion d'un fait for t rare l'exercice de
fonctions judiciaires pendant un demi-siècle.
M. Lameere a été congratulé par M. le
président Scheyven et M. le procureur géné
ral Terlinden en fort bons termes et ce der
nier a donné lecture d'une lettre de M. le
ministre de la justice annonçant M. La
meere sa promotion au grade de grand-offi
cier de l'Ordre de Lèopold et exprimant
toute la reconnaissance du ministre pour
les émineots services rendus Ja justice au
«ours d'une carrière aussi belle et aussi no
blement remplie.
La réponse de M. Lameere fut charmante
et d'une haute élévation de pensée. Nous en
transcrivons quelques passagesqui marquent
que M. Lameere a conservé dans sa verte
vieillesse toute la vivacité de son esprit et
toute l'élégance de sa plume.
Il y a donc cinquante ans Quel long es
pace Et maintenant que j'ai vu tomber au
tour de moi tant de collègues aimés, je me
demandeàquellefaveur du sort je dois d'être
arrive au terme où me voici. Je suis tenté,
vous le sentez bien, de jeter un regard sur
ces cinquanteannées mais puis-je vous par
ler de moi Le moi e^t haïssable, dit-on
cependant, l'est-il toujours L'est-il, quand
il se considère comme une chose fongible
et qu'il se tient dans les rangs Je crois
vraiment qu'alors il n'est pas sans mériter
quelque indulgence. Cette réunion n'a,
d'ailleurs, rien d'officiel et je puis vous dé
voiler librement des sentiments qui me tien
nent au cœur.
J'ai dit, un jour, dans un discours de
rentree, que ce que nous avons de meilleur
nous vient de la maison paternelle C'est
mes parents que je dois ce que je suis morale-
menteteeque jesuisdevenu. Vouscompren-
drez le sentiment qui me pousse aujourd'hui
leur rendre hommage. On les aimait dans
la petite ville que nous habitions c'est
pour reconnaître leur amitié qu'Alphonse
Van den Peereboom, auquel jeconserve éga
lement le plus reconnaissant souvenir, a
obtenu, il y a cinquante ans, de son collè
gue de la justice ma nomination de substi
tut.
«J'étais bien jetne. j'avais 2f ans, et
déjà s'eveillait mon ambition je devrais
dire qu'elle s'était éveillée plus tôt encore
enfant, je me vois dans la maison patere
nelle, «n face des superbes halles d'Ypres
suivant du regard un magistrat qui, chaque
jour, la même heure, traversait la Grand'-
place dans une voiture deux chevaux, que
conduisait la plus jeune de ses filles. C'était
le procureur du roi, un grand personnage
dans ma jeune imagination, dont le passa
ge quotidien projetait en moi comme une
visioa d'avenir.
Aurais-je pu être un jour la tête du
parquet d'Ypres Mon rêve d'enfant était-
il irréalisable 11 m'est difficile de répondre
négativement aujourd'hui vous me per
mettrez cependant d'ajoater, puisque nous
sommes entre nous, que si mon rêve s'était
réalisé, je crois bien tout de même que je
n'aurais pas eu la voiture.
La destinée a déçu cette jeune ambition
et m'a porté votre tête Il y a vraiment
dans la repartition des situations éminentes
des privilèges qui déconcertent comment
se fait-il que des hommes comme De Cuy-
per et De Paepe, par exemple, ne soient pas
parvenus au sommet Pourquoi la mort
a t-elle fait parmi nous des vides qui m'ont
inopinément fait sortir des rangs Je ne
veux pas «'appesantir sur ces pensées, je
cherche seulement m'expliquer moi-
même le développement imprévu de ma car
rière.
J'aurai vous quitter bientôt, mes
chers «oUègnes, et |e vous quitterai pénatre
de recmnai^sance. Sans doute, cette a ra
tion ne s'accomplira pas pour moi sans dé
chirement, mais je n'aurai point l'infortune
de ceux qui manquent les souvenirs heu
reux, et je trouverai dans ceux que j'empor
terai le plus puissant des réconforts Je rends
hommage d'ailleurs, a la prévoyance de la
loi dans cinq mois, votre courtoisie ne
manquera évidemment pas de prétendre
que chez moi le déclin ne s'annonce pas en
core. et qui sait je serai peut-être fort dis
posé a me ranger cet avis mais aujour
d'hui je ne suis point sans me dire qu'il ne
faut pas se fier soi-même là dessus. Quel
que soit le mérité relatif de certaines homé
lies, elles doivent fatalement baisser un
jour il est heureux que Je législateur ne
nous ait point exposés au sort de l'arche
vêque de Grenade.
M. Lameere a. pendant dix ans. illustré
le siège de procureur général la cour d'ap
pel de Gand. 11 a laissé ici les meilleurs sou
venirs et conserve de chaudes amitiés. Ceux
de nos lecteurs qui l'ont connu seront heu
reux de lire ces lignes et ils se joindront
nous pour lui présenter des félicitations
aussi cordiales que ses collègues de la cour
suprême.
sjc
i-nrt r-i f1 m -*— in I— im
Bière spéciale et bière bock en bouteilles.
r. —-o «J-3 i