AVIS Journal de F Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement. Dimanche, 5 Mars 1912. 72< annee. 9. l'union fait la porci. faraiHK/iiit le iPimancite. Vires acquirit iund# Cherté des Vivres Augmentation de Salaires Gagner davantage. Le scandale des nominations notariales. PRIX DE L'ABONNEMENT: pour la ville Far an 4 francs, p' la province Far an -L fr. 50 p' létrangbr Far an 6 fr 0O On s'abonue au bureau du journal, bue de Dixmude, 53, Ypres. Les annonces, les fails divers et les réclames sont reçus pour l'arrondisseraen d'Ypres et les deux Flandres au bureau du Progrès. Pour la pub..cité en dehors des deux Flaudres, s'adresser exclusivement au Comptoir de Publicité JACQUES THIBËSARD, 44, Boulevard Anspach, Bruxelles, téléphone 5230. ANNONCES Annonces: 15 centimes la ligne Réclames 25 Annonces judiciaires 1 fr. la ligne. et Tj Par ces temps de cherté de vivres et de demandes d'augmentation de traitements et de salaires, il a paru dans la Gaze/te, n° du 25 Février écoulé, un article qui nous a semblé dicté par la raison et le bon sens mêmes. Nous nous faisons un devoir de le reproduire. Voici Les hommes qui travaillent au fond des bureaux comme ceux qui travail lent au fond des charbonnages, ceux qui sont employés dans les adminis trations publiques comme ceux qui sont employés par des entreprises privées, les manuels comme les intel lectuels, sont animés, en ce moment, d'un désir commun dans tous les pays du monde, d'un désir qu'on peut qua lifier d'universel. Ils aspirent voir augmenter leurs appointements ou leurs salaiies. Rien de plus naturel La cherté de la vie, qui se manifeste partout avec plus ou moins d'intensité, doit avoir pareil résultat. En présence des diffi cultés brusquement croissantes qu'elle a créées chacun, le premier remède, le premier moyen de se tirer d'atîaire qui se présente l'esprit, c'est celui- ci gagner davantage, pouvoir dispo ser d'un peu plus d'argent pour acqué rir un peu plus des choses indispensa bles la vie qui sont devenues plus coûteuses. Puisqu'on 11e peut plus se procurer avec l'argent qui suffisait naguère la quantité de pain, de légumes et de viande, le logement et les vêtements dont on a absolument besoin, il faut obtenir un peu plus d'argent pour élar gir ses acquisitions. Et de là les reven dications qui deviennent de plus en plus pressarites les grandes grèves qui deviennent de plus en plus mena çantes. Ces réclamations sont eh grande partie légitimés. Le mécontentement de l'individu qui ne parvient pas se soutenir et soutenir les siens par son travail se conçoit aisément. Cela ne veut pas dire, malheureuse ment, qu'il soit possible de donner sa tisfaction aux réclamations et d'apaiser les mécontentements même en augmentant les salaires et appointe ments. Ceci peut paraître étrange première vue. Cependant il faut y ré fléchir un peu. Il n'y a pas de problème plus difficile que celui de la juste répartition des richesses. En cette matière, chacun tire la couverture soi, de la meilleure foi du monde, sans se rendre compte qu'il n'en peut pas obtenir un plus grand morceau sans l'arracher au voisin Il y a eu de tout temps, des profes sions sacrifiées, évidemment trop peu payées comparativement d'autres. Quand elles ont obtenu une meilleure rémunération, fût-ce aux dépens de ■ces autres, c'était très bien. La répar tition s'est trouvée améliorée. Parfois des professions qui ne parvenaient pas obtenir une rémunération équitable ont disparu. Elles ont été abandonnées pour d'autres plus lucratives. C'était bien encore. Si elles sombraient ainsi, c'est qu'elles n'étaient pas indispensa bles, qu'elles ne répondaient plus un besoin réel, qu'elles n'avaient plus qu'une existence factice. Leur aboli tion a, été normalç. Mais en ce "moment-ci, ce n'est pas une profession ou ce ne sont pas quel ques professions qui luttent pour l'exis tence. Ce sont presque toutes les pro fessions, et partout en même temps. Dans le monde entier non seulement les pauvres et les petites gens, mais aussi les gens de condition modeste, occupant des situations qui leur pro curaient naguère une existence satis faisante, sont gênés, n'arrivent plus nouer les deux bouts. Tous se plai gnent et réclament la fois. C'est là ce qui caractérise la crise actuelle et ce qui en rend la solution problématique. Pour les uns, la faute en est l'or ganisation sociale. Les riches gagnent trop, les pauvres pas assez. Ceux-là ont trop de jouissances et devraient en faire une plus large part ceux-ci. Il peut y avoir du vrai. Pourtant on a calculé déjà, pour beaucoup d'industries, que si l'on répartissait entre les petits ouvriers et petits employés la part des gros patrons et chefs d'industries on appauvrirait les uns sans enrichir beaucoup les autres. D'autre part, en faisant disparaître la classe riche, 011 anéantirait en même temps toutes les industries de luxe et l'on réduirait ceux,qui eu vivent la complète misère on atteindrait cruel lement ainsi la population des grandes villes pour commencer. Pourrait-elle se rabattre sur d'autres industries essentielles C'est une question. Peut-être la vie se simplifie rait-elle pour le plus grand bien de tous... Peut-être Mais ce n'est pas sûr. Et de grandes industries qui ne paraissent pas sujettes au luxe seraient atteintes la construction des chemins de fer et des paquebots, par exemple, puisque la classe aisée, réduite la portion congrue, devrait renoncer aux voyages d'agrément qui sont une de ses grandes sources de dépenses (c'est un exemple entre mille). Quant aux salariés de l'Etat, quelque justes que soient leurs revendications, il va de soi qu'on ne peut leur accor der d'augmentations de salaires sans augmenter les contributions, c'est-à- dire sans faire payer ces augmenta tions par ceux qui ne sont pas em ployés de l'Etat. Ce n'est pas une rai son pour y renoncer, si les augmenta tions se justifient. L'équité doit passer avant tout. Mais c'est un point qu'il ne faut pas perdre de vue surtout quand les augmentations sont le résultat, par exemple, d'une manœuvre électorale, quand le gouvernement prend de l'ar gent dans la poche du public et le dis tribue tel ou tel groupe dont il tient s'assurer les bonnes dispositions. Mais supposons qu'on passe sur tout cela, qu'on décrète de contenteiv tout le monde, et tant dans les industries privées que dans les administrations publiques, on accorde tous ceux qui réclament c'est-à-dire tout le monde, peu près, pour le moment des augmentations, mettons, de vingt- cinq pour cent ou, soyons plus lar ges de cinquante pour cent. Est-il permis de croire que les cho ses en iraient beaucoup mieux Hélas 1 non. Car l'inévitable effet de cette ascension de l'échelle des salai res serait de provoquer aussi l'ascen sion immédiate de toutes les sources de dépense, des prix de toutes les choses imaginables. Car tous les frais de production se ramènent des salai res et des appointements, tous sup posant un travail rémunérer, qu'il s'agisse de matière première, ou de transformation de cette matière, ou d'effort intellectuel, ou d'écritures. Tout se mettrait coûter immédia tement beaucoup plus cher et cha cun serait étonné de ne plus pouvoir acquérir, pour sa pièce de cent sous, ce qu'il acquérait naguère pour trois ou quatre francs. N'est-ce pas même, par parenthèses, parce que tant de sa laires ont augmenté constamment de puis cinquante ans, que tant de choses sont devenues plus chères aussi C'est là une simple question de comp tabilité. Le malheur, c'est que par cette opé ration en somme artificielle augmen- tion des salaires, on ne réaliserait pas cette autre chose essentielle l'aug mentation de la production du blé, des légumes, de la viande, du nombre des habitations, de tout ce qui fait défaut actuellement. On 11e mettrait pas plus d'objets de première nécessité la disposition de la masse qui en manque. La part des riches serait peut-être diminuée. Ils mangeraient moins de choses délicates et rares peut-être ils s'entoureraient de moins de luxe mais tout cela ne donnerait pas beau coup plus de pain et de bœuf man ger aux autres, moins que l'on n'es comptât la diminution du nombre total des bouches nourrir par l'ex tinction des professions qui vivent du ,luxo, de ses fantaisies et de ses folies. C'est probablement, du reste, ce qui arrivera si la crise se prolonge. Les professions indispensables la vie commenceront par éliminer les super flues et leurs adeptes. Ce n'est pas très réjouissant penser mais c'est dans l'ordre des choses, peut-être... Nous lisons dans la Flandre Libérale Le Moniteur de Mercredi nous ap prend, notre plus grande stupéfaction, qne l'étude notariale de feu M0 Joseph Fraeys est transférée d'Alveringhem La Panne et que le nouveau titulaire est désigné en la personne de M. De Siinpelaere, un clérical bon teint. Ce transfert de l'étude constitue un abominable déni de justice commis vis-à-vis du parti libéral et nous som mes persuadés que la gauche libérale de la Chambre obligera M. Carton de Wiart s'expliquer devant le pays. Voici les faits succinctement rap portés En la commune d'Alveringhem-lez- Furnes, il y a eu de tout temps deux notaires. M* Fraeys, qui vient de mou rir, appartenait l'opinion libérale et son confrère, M" Verdievel, qui reste en fonctions, est un clérical très mili tant. Plusieurs candidats notaires libéraux briguaient la place vacante ils étaient persuadés que le notaire défunt serait remplacé par un libéral, pour le motif qu'un second notaire clérical aurait été impossible h Aheringhem il ne fallait pas, en effet, obliger deux notaires bien pensants s'entredéchirer pour la concurrence. D'autres postulants, plus naïfs, cro yaient qu'il était de règle au ministère d'envisager une étude délaissée par un notaire libéral comme chose acquise son parti, et que M* Fraeys serait indu bitablement remplacé par un ami poli tique, d'autant plusque des DIX-HUIT notaires de l'arrondissement de Fumes il n'y a plus, en tout et pour tout, que TROIS appartenant l'opinion libérale Ainsi pensaient ces bons postulants mais les cléricaux de Furnes-Ambacht estimaient, eux, que la part ne leur était pas encore assez belle et que le no tariat devenu vacant devait leur revenir encore. Aussi imaginèrent-ils de transférer une des deux études d'Alveringhem La Panne et, aussitôt, mandat impéra tif fat donné par le clergé du diocèse réuni, aux députés et sénateurs cléri caux de l'arrondissement, d'exposer au ministre de la justice les desiderata de la tonsure et de ses ouailles. M. Carton de Wiarf refusa d'abord, il eut en ce moment peur des consé quences possibles de ce truc indigne mais il promit enfin de réfléchir. Nous tenons de la meilleure source que l'autorité judiciaire de Furnes, consultée par M. le ministre lui-même, a émis, après une enquête minutieuse, un avis très motivé et très documenté absolument défavorable au transfert de l'étude. Mais M. Carton s'en est battu l'œil que vaut un avis de sa justice, quand des intérêts politiques sont en jeu et qu'il s'agit d'écarter de maudits libé raux On raconte même que le ministre a tardé de pourvoir au remplacement de Me Fraeys, espérant pouvoir nommer La Panne le frère d'un ancien député clérical et que c'est pour la inème rai son qu'il ne pourvoit pas la place de Jabbeke. Mais ce candidat se trouve vis-à-vis du département dans une situation spéciale qui n'est pas encore définitivement éclaircie. La Chronique avait bien raison quand l'autre jour, lors de la dernière crise ministérielle, elle disait que les libé raux devaient s'opposer autant que possible la formation d'un nouveau ministère clérical, pour le motif que celui-ci aurait abusé des quelques mois qui lui restaient encore vivre pour faire des nominations scandaleuses tous les jours nous pouvons constater combien était fondée la crainte de la Chronique. L'aventure du notariat d'Al veringhem et les récentes nominations de bourgmestres en sont des preuves suffisantes Tout cela prouve aussi combien M. Paul Hymans disait vrai, quand il affir mait qu'il y a deux Belgiques une Belgique cléricale sur laquelle tombe toute la manne ministérielle, et une Belgique libérale et socialiste qui est traitée en paria par nos maîtres. On nous assure que parmi les pos tulants la place d'Alveringhem il y avait des candidats notaires libéraux ayant dépassé la cinquantaine nous nous refusons le croire Le nouveau truc inventé par les clé ricaux et qui consiste transférer les études notariales, aura pour résultat que plus aucun candidat notaire libé ral sera nommé, moins que tout le bazar clérical croule. "iml* -M Sti ■33, -itt -Ht f a£t -Ht -HA -U -Zi >Si Plusieurs abonnés se pilai» gnent de ce que le journal 11e leur parvient point régu lièrement. Xous prions ces abonnés (l'adresser une ré» elamation la poste. Xious v eillons ce que l'expédition se fasse régulièrement et nous avons tait toutes les démarches possibles et pris toutes les mesures nécessai res pour que ces irrégulari tés ne se produisant plus.

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Le Progrès (1841-1914) | 1912 | | pagina 1