Journal de F Alliance lineraie cFYpres et de l'Arrondissement. Dimanche, 51 \lars 1912. 72e année. X 5. Vires acquirit eu.nds. ANNONCES L'Iniquité. Le débat qui s'est produit la Cham bre, propos de la date des élections, a caractérisé avec force la manière gouvernementale de nos maîtres. Nos honorables venaient de décider de clore la session le Vendredi 3 Mai. Rien n'empêchait donc de fixer au 19 Mai la date de la dissolution. Elle fut demandée par de nombreux orateurs gauche avec d'excellents arguments M. Berryer leur opposa de vains pré textes pour élucider leur réclamation si juste contre la date du 2 Juin. Et celle-ci fut maintenue. N'est-ce pas une réelle iniquité com mise envers 00,000 citoyens obligés d'aller chercher en France un supplé ment de ressources pour leurs fa milles D'un trait de plume, le gouverne ment les bilfe des listes électorales c'est la portée morale ou plutôt immo rale de son refus. Il est évident que s'il avait fallu avancer le scrutin de quelques se maines, certains prétextes mis en avant par le ministre Berryer eussent acquis de la valeur. Mais il s'en faut. MM. Debunne, Daens, Franck, Mechelynck, etc., ne demandaient en réalité qu'une avance de huit jours sur la date eoutu- inière. Si celle-ci a été reculée d'une semaine, c'est cause des fêtes de la Pentecôte, légalement les élections législatives devant avoir lieu le qua trième Dimanche de Mai. Le gouvernement ne tenait pas uni quement par ce geste inique priver 00,000 citoyens du droit électoral qui leur est donné par la Constitution, se doutant que Japlupart deces émigrants temporaires sont des démocrates-chré tiens et des socialistes, mais il enten dait encore prolonger de quinze jours son existence. Quinze jours de plus pour acheter les élections au moyen de manœuvres de tous genres, places, faveurs, hon neurs, etc., etc. Que pas une heure ne soit perdue avant le scrutin C'est le mot d'ordre droite. Ces calculs ont leur mesquinerie et leur indélicatesse, sans doute, mais ils ont aussi leur danger. Aux propagandistes des partis de gauche se méfier des trucs du gou vernement et le combattre avec plus d'ardeur que jamais. C'est un scandale sans nom que ce refus de rapprocher de quinze jours la date des élections afin de permettre 60,000 électeurs de participer au vote. Mais on sait que du moment où il s'agit de garder le pouvoir, tous les moyens sont bons aux cléricaux. Il faudra s'en souvenir. Pour la Mutualité. La mutualité, instrument de paix et de solidarité, est devenue chez nous une arme de guerre. Longtemps, elle fut tenue l'écart des partis poliliques. Mais le parti catholique, dès qu'il sen tit l'influence grandissante du peuple, se dit qu'il y avait là une force utili ser. Il s'en empara. Le patronage clérical devint une source de faveurs et de facilités. Des sociétés socialistes ou libérales ont attendu des. années pour obtenir la reconnaissance du gouvernement et les subventions qui eu découlent. M. Buyl a montré la liste des députés et -sénateurs catholiques qui sont le facto tum de la mutualité. C'est par leur entremise que se distribue la manne gouvernementale. Si l'allocation des subsides est réglementée pour la caisse de réassurance ou d'invalidité, il n'en est pas de même pour les subventions aux sociétés nouvelles. Elle est livrée l'arbitraire ministériel, elle varie d'après l'effectif social et d'après les difficultés que présente la fondation de l'œuvre. C'est le ministre qui apprécie ces difficultés. 11 est tout naturel qu'il les trouve grandes pour ses amis et min ces pour ses adversaires. Dans la séance de Jeudi, M. Hubert s'est efforcé de démontrer qu'il agit avec impartialité, et il a donné lecture d'une circulaire qui détermine les con ditions auxquelles il subordonne la reconnaissance des mutualités. D'une façon générale, le gouverne ment a entériné tous les statuts des sociétés cléricales qui contiennent des clauses comme celle-ci pour être membre de la mutualité il faut appar- tenir la religion catholique et en pratiquer les devoirs et qui pronon cent l'exclusion des membres qui commettent une infraction cette obli gation, ou bien celles qui stipulent qu'il faut être membre de la maison catiiolique des ouvriers ou bien il faut faire partie du Lercle St Joseph Cessent de faire partie de la société les membres qui cessent de faire partie du Cercle St Joseph. Il y a un grand nombre de sociétés catholiques constituées sur ces bases et qui ont été reconnues. Beaucoup d'associations libérales et socialistes ont constitué des mutua lités. Elles ontditaussi quedu moment où on était exclu du corps politique, on se trouvait déchu du droit de mu tualité. Le ministre du travail a alors appli qué une nouvelle jurisprudence. Il a trouvé que c'était contraire la consti tution et la liberté d'association, et il a déclaré qu'il refuserait la reconnais- sauce légale de pareilles sociétés C'est tout de même extraordinaire que le gouvernement se soit aperçu si tard que de pareils statuts ne peuvent être admis 11 laisse passer des cen taines de sociétés catholiques bien entendu. Il n'a pas vu La lumière ne s'est faite que pour entraver la forma tion des sociétés libérales ou socialis tes. Indépendamment de ces critiques au point de vue politique, les mutualités se plaignent du système auquel on les soumet. On accorde des faveurs im portantes aux fédérations, qu'on refuse aux sociétés mutualistes non fédérées, quel que soit leur nombre D'autre part, les subsides ne sont accordés que si les cotisations repré sentent 75 p. c. de la dépense. Les mutualistes protestent contre ce sys tème et devant la véhémence de leur protestation, le ministre s'est résigné retirer son projet pour en représen ter un autre. C'est sa politique. Il essaie de pous ser son idée, puis, quand il rencontre un obstacle, il condamne son œuvre, sans honte et applique le projet de ses adversaires. Les vinjçt millions aux couvent s. Après avoir insisté pour que M. de Broqueville fasse connaître ses idées et annoncé qu'il n'abandonnait pas les principes du projet Schoilaert, les clé ricaux voudraient bien aujourd'hui que l'honorable chef du cabinet n'eût pas parlé. Ils s'aperçoivent en effet que le pays s'émeut nouveau tout le monde a compris que les millions que M. Schoilaert voulait donner aux couvents sous forme de bous scolai res, leur parviendront maintenant par la voie des quatre subsides superpo sés i" un subside par classe 2° une indemnité de résidence 3" un subside pour le loyer et l'amortissement des locaux, et 4" un subside compensateur pour que dans les localités où les clé ricaux sont minorité, leurs écoles, au point de vue financier ne se trou vent pas eu état d'infériorité l'égard des établissements communaux. Ces trucs compliqués ne réussiront pas. Pour essayer de donner le change au public, les journaux fout des calculs sur ta première de ces indemnités, mais ils prennent comme base des chiffres absolument arbitraires et qu'ils réduisent autant que possible. Les couvents, dit-on, n'auront que six millions et non vingt. 11 n'en est rien. Mais croient-ils par hasard que le pays trouve bon que les couvents, dont les immenses richesses éclatent tous les yeux, et qui n'ont pas besoin de subsides, touchent les millions des contribuables, même quand il ne s'agirait que de six mil lions Est-ce par hasard là une baga telle Mais nos bons cléricaux perdent de vue qu'il y a trois autres subsides, en dehors du subside par classe. Rappelons que leurs chefs les plus autorisés ont déclaré que le nouveau projet maintiendrait l'enseignement clérical les mêmes avantages que l'an cien. A qui fera-t-on dès lors croire que touchant vingt millions sous le systè me Schoilaert, ils renonceraient ce butin par un projet qu'ils déclarent eux-mêmes également satisfaisant Le procédé est connu rassurer les électeur^ avant les élections et, si on l'emporte, puiser pleines mains dans le Trésor public 1 En réalité le régime de Broqueville est pire que le projet Schoilaert. Ce dernier fixait une certaine limite aux subventions. M. de Broqueville n'en iixe plus. Ce sera l'arbitraire gouver nemental. La vérité est que la dotation des couvents sera ce que les élections prochaines permettront au gouverne ment de la faire. Ceux qui veulent donner vingt mil lions aux couvents n'ont qu'à voter pour les cléricaux. «s «ss»s<®Hs ss-rs La poussée anticléricale. M. Raoul Warocqué a dressé le ta bleau des gains et des pertes des anti cléricaux aux élections d'Octobre der nier, résultats que les catholiques ont dénaturé avec tant de mauvaise foi. La statistique officielle, par arron dissement, établit que nous avons été dépossédé de la majorité dans 13 com munes et que nous avons perdu en tout 46 sièges. Par contre, nous avons renversé 105 majorités cléricales et conquis 650 sièges. Nos gains nets sont donc de 92 communes et de 610 sièges. Les renseignements manquent pour 88 petites communes seulement, mais l'ensemble démontre quels immenses progrès nos idées ont faits dans le pays tout entier. Uii cri d'alarme. M. Procès, bourgmestre libéral mo déré de la ville de Namur, a pris la parole dans une réunion de l'Associa tion libérale de son arrondissement, qui venait de procéder au choix de ses candidats l'élection du 2 Juin. M. Procès a montré dans quelle at mosphère de malaise moral nous vi vons actuellement, par le fait d'un gouvernement qui veut, malgré l'oppo sition de toute l'opinion publique éclairée, faire voter des lois outran- cièrement confessionnelles, destructi ves des libertés inscrites dans la con stitution. Il a fait appel tous les hommes d'ordre et de bon sens pour mettre un terme une situation alarmante qui, si elle se maintenait, nous conduirait droit la révolution. Car tout est dé composé dans ce pays, par suite de la trop longue prédominance d'un parti qui n'a vécu, pendant des années, que par l'injustice, la fraude et la corrup tion. S'il le faut, pour défendre leurs droits en péril, libéraux et socialistes, qui représentent la majorité réelle de la nation, iront jusqu'au bout parce qu'ils ne veulent pas être des étran gers, des opprimés dans leur propre pays. La révolution finira par naître spontanément dans tous les rangs de la société, a dit l'honorable bourgmes tre sous l'influence exaspérante des exactions cléricales. Mais il a confian ce dans la prochaine délivrance, qui, par des moyens légaux, débarrassera le pays du cauchemar qui l'oppresse et l'étouffé. Ces déclarations de M. Procès ont provoqué l'indignation furibonde du journal clérical de l'endroit, l'Ami de l'Ordre. On croit rêver, s'écria-t-il, en lisant les déclarations de ce genre, faites par le premier magistrat d'une ville chef- lieu de province... Nous les signalons l'attention de tous les bons citoyens, de tous les hommes d'ordre. Nous aussi nous croyons devoir les signaler ceux dont parle l'organe clérical namurois. Et nous avons l'ab solue conviction qu'ils réfléchiront la gravité de ces prédictions, formu lées par un homme pondéré, modéré, occupant uue haute situation .sociale, et connaissant exactement la valeur des mots qu'il prononce. M. Procès désire-t-il l'agitation il faut avoir la mauvaise foi incura, le d'un clérical pour le prétendre. Non seulement il ne désire pas - tation, mais il la considère connue des plus grands malheurs qui pou; t advenir ce pays, lequel a tant be-< de paix et d'union pour continuer - développer, augmenter le cercle de ses affaires et de ses transactions. Mais le bourgmestre de Namur. pré cisément parce qu'il veut travailler au maintien de la tranquillité publique, prévoit les événements qui se produi raient si, grâce la corruption qu'ils ne dissimulent plus, les cléricaux parve naient, une fois encore, fausser l'ex pression de la volonté populaire. Maintenusau pouvoir par ces moyens, ils se hâteraient d'en abuser. N'annoneont-iis pas Jour i. formelle de voter, sous prétexte de re forme scolaire, une loi qui ruinerait l'école nationale et ferait tomber, tout de suite, plus de vingt millions dans l'escarcelle des couvents Oseraient-ils jurer, et pourtant on sait ce que valent leurs serments les plus solennels, qu'ils ne voteront L UNION FAIT LA FORCE. imavai*Hant le â>iinancfte. PRIX DE L'ABONNEMENT roua la ville Par an franc-», p la province Par an -4L fr. 50 pr lËTKANtîBK Par an G fr. 60 On s'abonne au bureau du jourual. divers et les réclames soai reçus pour du Progrès. Pour la publicité en dehors des deux Oomptoir de Publicité JACQOSS TRIBS8A&D, téléphone §230. rue de Dixkude, oo, Ypres. Les annonces, les faits 'arrondissent;n d'Ypres et les deux Flandres au bureau Flandres, s'adresser exclusivement au 44, Boulevard Anspach, Bruxelles, Annonces 15 centimes la ligne. Réclames 25 Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.

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Le Progrès (1841-1914) | 1912 | | pagina 1