Aux Électeurs
La portée du scrutin.
Le 2 Juin.
Après l'élection,
DE
l'arrondissement d'Y près.
Messieurs,
Pour la cinquième fois depuis 1900,
vous venez de renouveler votre confi
ance aux candidats de notre parti.
Nous vous en adressons nos plus cha
leureux remerciements.
L'Election du 2 Juin a, contre toute
attente, renforcé la majorité cléricale
au Parlement.
L'arrondissement d'Ypres est un des
seuls, si pas le seul, qui a su résister
sans trop souffrir au mouvement d'o
pinion, qui, dans le pays llamand tout
entier, s'est manifesté par un accrois
sement sensible des voix cléricales,
mouvement qui a eu sa répercussion
jusque dans nos moindres villages.
Malgré la campagne acharnée et de
mauvaise foi qui a été menée contre
nous, malgré la pression gouverne
mentale, qui s'est exercée jusqu'à la
veille du scrutin, la force respective
des partis Ypres est restée peu de
chose près ce qu'elle était en 1910, si
l'on tient compte de la défection des
voix socialistes.
Nous consolidons dofic l'avance con
sidérable que nous avions prise
l'élection dernière.
C'est un encouragement
pour nous persévérer
sans compromission ni dé
faillance dans notre politi
que de modération, de sage
démocratie, de tolérance
et de liberté pour tous.
C'est ce que nous vous promettons.
Merci encore tous ceux qui ont
contribué notre succès.
Raymond VANDEVENNE.
Eudoxe VICTOOR.
Ernest NOLF.
Robert GLORIE.
Les résultats de la journée du 2
Juin ont été, pour les libéraux, une
déception profonde.
Aux scrutins précédents, nous
avions été la bataille avec l'espoir
de diminuer la majorité catholique,
et nos efforts avaient été couronnés
de succès.
Cette année, nous donnions le
coup de collier final, l'assaut décisif
qui devait abattre la forteresse,
et loin de remporter des succès, nous
subissons de graves défaites.
Beaucoup de nouveaux sièges que
nous escomptions et qui mathémati
quement devaient nous revenir, nous
échappent Roulers et Turnhout res
tent des arrondissements exclusive
ment inféodés au cléricalisme et dans
lesquels nous ne réussissons pas
faire brèche les deux nouveaux
sièges créés dans ces circonscriptions
vont nos adversaires. Les positions
que nous avions chèrement conquises
dans le Limbourg, et sur lesquelles
nous comptions pour réaliser des
progrès dans cette province, nous
sont enlevées, de sorte que le Lim
bourg tout entier, est aux mains des
cléricaux. MM. Peten et Neven sont
éliminés.
Nous avions gagné un siège Ni
velles en igio il nous est enlevé
par les cléricaux, malgré une défense
énergique vigoureusement menée. A
Courtrai, le député libéral sortant
est évincé et Bruges, il doit céder
la place l'abbé.Fonteyne, démocra
te chrétien enfin, Huy-Waremme,
où le cartel avait fait triompher un
troisième anticlérical, nous voyons
cette fois M. Wauters battu par M.
de Liedekerke.
Voilà le bilan de nos pertes.
Quant aux sièges nouveaux, nous
n'en conquerrons pas même la moitié:
Ceux de Bruxelles vont un aux
libéraux, un aux socialistes et trois
aux cléricaux. Nous en prenons un
Louvain, i Anvers, i Malines, i
Mons, 2 Charleroi, i a Ostende,
soit en tout neuf.
Enfin, nous remportons un seul
succès a Soignies, où M. Br .ncquart,
socialiste, prend la place de M. (ira-
vis éliminé gain qui est loin de
compenser les pertes qui nous sont
infligées.
I! est remarquer que les coups
portés l'opposition sont surtout
cruels pour les libéraux qui perdent
MM. May, Thooris, Van Leynscele,
Peten et Neven soit cinq mandats.
Ils gagnent un siège Bruxelles, i t
Louvain, i Malines, i Charh roi,
i Ostende, ce qui compense leurs
pertes. Les socialistes ne per lent
qu'un seul siège Huy-Waremme,
mais en prennent Bruxelles, An
vers, Mons, Soignies, Charle
roi, soit un gain de quatre unités.
Bref, la majorité cléricale est sen
siblement renforcée, et nos maitres
vont pouvoir réaliser leurs projets
politiques scolaires.
De même, il faut s'attendre^a les
voir empêcher toute modificafion au
régime électoral inique et frelaté qui
leur assure, grâce aux injustices du
vote plural et aux sophistications de
la R. P., la domination de la Belgi
que perpétuité.
Ce qui apparaît première vue c'est
que la division s'affirme une nouvelle
fois en Belgique entre la partie culti
vée, instruite de la nation, et la po
pulation arriérée des campagnes
c'est l'antagonisme nettement affir
mé entre les villes et les régions in
dustrielles d'une part et la région
agricole d'autre part.
La Belgique qui avait essayé de
s'affranchir du joug des cléricaux est
de nouveau précipitée, et pour
combien de temps dans les ténè
bres de l'ignorance et de la réaction.
Si nous avons le droit de nous ré
jouir du résultat de l'élection d'Ypres,
nous devons reconnaître que le scrutin
de Dimanche accuse un recul sérieux
du parti libéral dans le reste du^iays.
Dans presque tous les arrondissements,
le parti clérical gagne un nombre con
sidérable de suffrages.Les libéraux es
péraient un succès et ce fut de la
consternation quand les nouvelles de
partout apportèrent les indices indis
cutables d'une défaite, qui a pris les
proportions d'une véritable déroute.
Les causes
Il n'est pas douteux que la fraude et
la corruption y interviennent pour
une large part. Jamais autant d'or n'a
été jeté dans la balance, et, fait sans
précédent, on a vu cette fois le gou
vernement organiser une véritable cor
ruption officielle, qui jusqu'à la veille
du scrutin, s'est, traduite par des dis
tributions de faveurs, des envois de
mandats, correspondant des relè
vements de salaires et d'appointements
sollicités en vain depuis des années. Il
est indéniable que le scrutin du 2 Juin
a été faussé de ce chef, mais quand on
songe que la fraude et la corruption
constituent l'arme habituelle des cléri
caux, c'est ailleurs qu'il faut chercher
la portée de notre débâcle.
C'est le cartel qui a été battu. C'est
l'alliance ou si l'on préfère c'est le rap
prochement des gauches qui a été con
damné. C'est la politique du bloc dont
le pays ne veut pas.
Certes, le cartel n'est qu'un expé
dient, un moyen de rotation. Mais ce
sont là des distinctions que l'électeur
ne saisit pas. 11 ne voit qu'une chose,
c'est la liste commune et la liste com
mune, pour lui, c'est la fusion, c'est
l'alliance. La généralisation du cartel
en Belgique, a détourné de nous des
milliers d'électeurs, qui jusqu'ici nous
accordaient leur confiance, les uns se
sont abstenus en votant blanc, les au
tres sont allés directement aux cléri
caux. Le résultat que ces derniers
obtiennent Bruxelles, où ils sont en
avance de plus de *20.000 voix sur les
scrutins antérieurs, est suffisamment
édifiant nul ne saurait s'y méprendre.
Et ce qui s'est passé Bruxelles s'est
présenté partout ailleurs et se serait
produit dans notre arrondissement, si
le cartel n'y avait été repoussé l'una
nimité de nos associations et si nous
n'avions, au cours de toute cette cam
pagne, éié attaqués avec violence par
les socialistes, qui ont fait tout ce qu'ils
ont pu pour faire tomber M. Nolf, ce
qui a prouvé que nous n'étions pas
leurs alliés.
Malgré cela, des électeurs éprou
vaient de l'hésitation nous accorder
leurs suffrages, rien que par la crainte
de contribuer l'avènement d'un gou
vernement de coalition de gauche*; ils
ne s'en cachaient pas.
C'est donc la peur des socialistes
qui a été la cause première de la recu
lade des forces libérales dans le pays.
Et c'est pourquoi, si le parti libéral
veut regagner la confiance delà nation,
il importe qu'il affirme hautement sa
volonté, de rester un parti autonome et
qu'il conforme ses actes ses déclara-
lions. Il importe aussi qu'il entame dès
demain la lutte poiir l'obtention d'un
meilleur système de Représentation
proportionnelle, de façon ce qu'il
n'y ait plus de suffrages perdus, ce qui
permettrait chaque parti de lutter
séparément, sans cartel ni alliance,
d'aucune espèce. Au lendemain de
notre défaite, notre cri de ralliement
nous, libéraux flamands, doit être plus
que jamais Vive la Représentation
proportionnelle intégrale, condition de
notre adhésion au suffrage universel
pur et simple. Et cet égard, regret
tons que la déclaration du bureau de
la gauche n'en parle pas.
Mais si la crainte du cartel a été la
cause première de notre reculade, il
est incontestable, d'autre part, (pie la
campagne que l'on a menée dans le
pays au cri de A bas les couvents a
détournéde nousnos populations et les
a. littéralement affolées. On y a vu l'ins-
stauration, en cas de réussitedu cartel,
d'une politique coinbiste, dont nos po
pulations foncièrement attachées leur
foi, ne veulent aucun prix, pas plus
que nous d'ailleurs. L'expérience faite
lors des élections de 1900, qui marquè
rent un recul pour nos idées la suite
des inventaires français, aurait dû ou
vrir les yeux, ceux qui dirigent
notre propagande et qui semblent
connaître s; peu nos campagnes et
même nos villes.—Les cléricaux ont
renouvelé l'occasion de l'élection der
nière, la campagne qu'ils avaient faite
avec succès en 1906. Ils ont répandu
profusion des images, représen
tant les cartellistes marchant
l'assaut des églises, expulsant
les sœurs des hôpitaux, brisant
des emblèmes religieux, etc. Ils ont
agité le sceptre de la Franc-Maçonne
rie. Ils ont organisé des prêches dans
les Eglises, au cours desquels
des moines ont donné comme
Oostvleteren lecture d'extraits
des A nnales parlementaires, rapportant
des attaques proférées contre la reli
gion par des députés socialistes, citant
MM. Demblon, Furnémont et Terwa-
gne Ils ont exploité le discours de M.
Vandervelde contre les missionnaires.
En un mot ils ont exhalté le sentiment
religieux de nos populations et ils ont
réussi, en montrant que les libéraux
eartellisants marchaient d'accord avec
les socialistes, détourner de nous bien
des électeurs, qui ne nousavaientjamais
ménagé leur confiance il faut bien
le dire, les affiches éditées Bruxelles
et représentant la carte des couvents,
au bas de laquelle on pouvait lire le
YVeg met de kloosters a admira
blement fait leur jeu. Cela est si vrai
que dans notre arrondissement, où
ces affiches ont été désavoués par
notre association libérale, les clé
ricaux s'en sont servi pour faire de
la propagande leur profit et contre
nous. Nous avons en effet pu nous
procurer des cartes postales reprodui
sant un fac-similé de l'affiche et qui ont
été envoyées de Bruxelles des élec
teurs campagnards
Ce sont là des maladresses et des
fautes, dont nous ne pouvons pas être
rendus responsables, mais que nous
payons malheureusement avec les
autres.
Puisse la leçon de Dimanche profiter
tous. Il est grand temps (pie le parti
libéral se ressaisisse. C'est par une
politique de modération, de tolérance,
de liberté pour tous, et en nous gar
dant de toutes conq n'omissions que
nous devons tâcher de regagner le ter
rain perdu. Gardons-nous de laisser
jouer ce rôle par les cléricaux clair
voyants. C'est noire parti qui doitrester
le parti du juste milieu ce prix seul
l'avenir nous appartiendra.
Vive la Représentation proportion
nelle intégrale
Les nouveaux élus ont remercié
leurs électeurs.
C'est bien
Mais leurs électeurs leur doivent,
n'est-ce pas des renierciments plus
vifs encore et une plus grande gra
titude.
Nombreux sont encore, dans notre
arrondissement jadis si foncièrement
libéral, les libéraux qui, après l'élimi
nation ae feu M. Alphonse Vandenpee-
reboom, de grande et vénérée mémoi
re, ont, durant de longues années,
souffert de n'avoir plus de .représentant
ni la Chambre, ni au Sénat. Et, au
tour d'eux, a surgi toute une généra
tion qui, élevée dans la même opinion,
a partagé les mêmes regrets et subi la
même humiliation.
La loi sur la représentation propor
tionnelle est enfin venue leur permettre
d'avoir leurs mandataires la Législa
ture.
Dés 1900, M. Ernest Nolf et, un peu
plus tard, M. Eudoxe Victoor M. Ro
bert Glorie,plus récemment, ont, avec
une véritable abnégation, sans le moin
dre souci d'intérêt, d'ambition ou de
vanité, accepté d'être candidats per
mettant aux libéraux de servir utile
ment leurs aspirations l'aide de leurs
noms respectés et de défendre, sur
ces noms, un large programme em
preint de tolérance et de justice
pour tous programme portant,
notamment, le respect et le main
tien de nos institutions et de nos
libertés constitutionnelles la pour
suite et la réalisation de tous les véri
tables progrès, tant dans l'ordre éco
nomique et politique que dans l'ordre
moral et social l'amélioration pro
gressive du sort des petits et des hum
bles la satisfaction des revendications
légitimes de ceux-ci la modiliea-
tion des lois électorales prêtant
trop la fraude et tout cela sous
la sauvegarde d'un pouvoir civil af
franchi et indépendant de toute autorité
confessionnelle
D'élection en élection, le succès est
allé grandissant et, cette fois encore,
les suffrages obtenus par la liste libé
rale ont dépassé le quorum voulu et
déçu les espoirs et les prédictions des
adversaires.
Sans doute que ce résultat est dù en
partie la fidélité des électeurs mais,
pour la plus grosse part, il est dû aux
efforts personnels des candidats eux-
mêmes au dévouement inlassable
qu'ils ont déployé dans le combat la
dignité, égale la ténacité, avec la
quelle ils ont mené la propagande et
conduit la lutte dans cette campagne
laborieuse et dangereuse entre toutes,
avec, au-dessus d'eux, le gouvernement
usant et abusant de tous ses pouvoirs;
en face, les clériqaux et toutes leurs
formidables influences et, enfin, les
socialistes entre les jambes
Honneur eux et, eux aussi,
toute notre reconnaissance et toute
notre gratitude, de nous, leurs obligés!
iiitmiK BEîni
Los élections
eu Flandre Occidentale.
Les élections dans notre province
ont été désastreuses pour notre parti.
Monsieur Verbeke, sénateur, échoue
Ostende, M. Deiaere Roulers, M.
Thooris Bruges, M. Van Lynseele,
Courtrai. Partout les cléricaux sont en
avance sérieuse sur les élections der
nières.
Nous publierons les résultats com
plets dans notre prochain numéro.
Mais constatons dès maintenant que
doux de nos amis succombent par suite
d'un manque de discipline dans no?
rangs. C'est M. Thooris Bruges, où
les votes libéraux répartis sur son nom
et celui de M. Dnmon, sont supérieurs
ceux obtenus par l'abbé Fonteyne,
qui, grâce cette fausse manœuvre,
emporte le siège revenantà la liste du
cartel. C'est M. Van Leynseele Cour
trai qui obtient plus de votes que M-
Debunne, lequel perd 4700 voix depuis
1910 et ne doit son élection, qu'à cette
circonstance, qu'une partie des libé
raux ont voté tête de liste au lieu de
voter côté du nom de M. Van Leyn
seele, comme le leur dictait leur de
voir.
Nous regrettons la disparition du
parlement de ces trois amis, qui em
porteront dans leur défaite les sympa
thies du libéralisme west-flamand et
jéé -r IW