Lettre ouverte
Journal de F Alliance libérale cFYpres et de l'Arrondissement.
ia Chambre.
Dimanche, V2V2 Décembre 1912 721' année. 51
VlBIS ACQlilRIT EIJ.ND0.
Monsieur le Gouverneur,
C'est en toute confiance en votre
haute justice, que nous, contribuables
d'Y (ires et abonnés du gaz de la Société
centrale pour l'exploitation intercom
munale du gaz et de l'électricité, nous
nous adressons vous, ancien magis
trat investi, actuellement, des plus
hautes fonctions administratives de
notre province.
Nous désirons vous exposer la situa
tion déplorable dans laquelle se trouve
l'éclairage public de la ville d'Ypres,
ainsi que l'éclairage particulier des
abonnés de la Compagnie, par suite de
la non-observation des clauses du con
trat de concession.
Nous vous prions, Monsieur le Gou
verneur, après vous être rendu compte
du bien-fondé de nos plaintes, d'ail
leurs générales, de bien vouloir inter
venir pour taire cesser le scandale de
l'inertie ou de l'impuissance de l'admi
nistration communale d'Ypres, vis-à-
vis de la Compagnie qui traite la ville
en pays conquis.
Avons-nous besoin de vous rappeler,
Monsieur le Gouverneur, les conditions
anormalesqm ont présidé la-eonclu-
sion du traite d'éclairage de la ville
d'Ypres, il y a 7 ans Elles ont eu leur
écho bien en dehors de nos murs et
ont eude la répercussion jusqu'au sein
du parlement.
Absence d'adjudication, conciliabu
les mystérieux avec un entrepreneur
étranger, compromis secrets avant le
vote du Conseil communal, commis
sion composée de futurs actionnaires
de la société et accessible l'entrepre
neur De Brouwer l'exclusion de tous
autres intéressés acharnement contre
l'ancien concessionnaire et rejet systé
matique de ses propositions incontes
tablement les plus avantageuses in
justice et déloyauté l'égard d'un
groupe de concitoyens soumission
naires et enfin précipitation surpre
nante, expliquée naïvement par le
bourgmestre, en ces termes de
son discours en accordant la remise
demandée par le Groupe Yprois, nous
risquons de perdre MDe Bi ouwer l
Tout cela, Monsieur le Gouverneur,
n'a pas écliappé l'œil vigilant de votre
honorable prédécesseur, et l'a profon
dément troublé, au point que pour
vaincre son hésitation approuver le
contrat, il a fallu que le bourgmestre
d'Ypres jetât son écharpe dans la ba
lance et déclarât o combien sincè
rement que la formidable protesta
tion qui s'élevait en ville contre la façon
cavalière et partiale de traiter la ques
tion, n'étaitqu'uneopposition politique.
Il vous suffirait, Monsieur le Gouver
neur, de relire dans le dossier, le
dernier rapport confidentiel adressé
par le bourgmestre la Députation
permanente et commençant par ces
mots Le Groupe Yprois, organe de
l'Association Libérale d'Ypres, etc.
affirmation dont tout Yprois sincère
vous dira d'ailleurs la fausseté pour
vous édifier sur l'attitude du bourg
mestre en cette déplorable affaire.
I^s Yprois étaient en droit d'espérer,
Monsieur le Gouverneur, que la société
du gaz qui, sans coups férir, venait
d'obtenir tous les honneurs de la
guerre, se serait montrée digne de la
confiance aveugle et illimitée que l'au-
lorité communale lui avait témoignée
et aurait eu cœur de remplir loyale
ment les clauses du contrat.
rales au sujet de la qualité et du pou
voir éclairant du gaz livré par la com
pagnie.
Rien ne se réalisa des miroitantes
promesses de MM. De Brouwer et Co-
laert. Ge fut une navrante désillusion.
Malgré que le bourgmestre eut pom
peusement déclaré qu'il aurait été
d'une sévérité exceptionnelle dans
l'exécution du contrat, l'autorité com
munale resta indifférente aux doléan
ces du public et n'intligea la compa
gnie aucune des pénalités prévues pour
les infractions dont elle devenait cou-
tumière.
Après une année de doléances vai
nes, la situation devenant intolérable,
quelques abonnés se coalisèrent pour
charger un chimiste expert, M. le Dr
Teirlynck, de l'analyse du gaz. Le ré
sultat fut stupéfiant.
Se substituant donc l'autorité com
munale qui négligea ses obligations et
ses devoirs, des particuliers purent
dévoiler au public (pie le gaz livré par
la compagnie De Brouwer n'était pas
épuré et contenait
A propos de cette, stupéfiante con
statation, voici ce qu'écrivait un jour
nal local
Tel fut, Monsieur le Gouverneur,
après un an d'exploitation, la situation
créée aux abonnés de la compagnie du
gaz.
On espérait que la dure leçon donnée
l'autorité communale par quelques
contribuables aurait eu pour etfet de
voir les agissements de la compagnie
gazière se modifier et d'amener la ville
mieux comprendre ses devoirs en
veillant la stricte observation du
contrat.
Il n'en tut rien, et les plaintes justi
fiées se sont constamment renouvelées
et n'ont point diminué d'intensité, de
puis cette époque.
Une vingtaine d'abonnés, et des plus
considérables, ont même supprimé
leur éclairage au gaz pour adopter
l'éclairage électrique fourni par des
particuliers.
Quant l'éclairage public il est le
plus souvent dérisoire.
Nous devons ajouter que la situation
est plus déplorable encore dans les
autres communes exploitées par la
compagnie.
C'est ainsi que le Samedi 7 Décembre
dernier, partir de 8 heures du soir,
il y a eu interruption complète d'éclai
rage.
liélas, toutes ces doléances ne peu
vent arriver vous, Monsieur le Gou
verneur, par le fait qu'elles n'ont pas
d'écho en notre Conseil communal que
M. le Bourgmestre s'est acharné
maintenir homogène et où, vous ne
l'ignorez pas, les loups ne se mangent
pas entr'eux.
Le Moniteur de l'Hôtel de Ville, de
son côté, n'a pu davantage vous éclai
rer, car il observe consciencieusement
la consigne de se taire, lui imposée par
ses maîtres.
Nous n'avons pas, non plus, le bon
heur de posséder Ypres un député
I permanent qui éventuellement aurait
pu faire rapport ce sujet.
C'est contre ce mutisme, cette incurie
ou cette impuissance que nous protes
tons, Monsieur le Gouverneur, dans
cette lettre ouverte, que nous nous per
mettons de vous adresser.
Nous vous demandons formellement
au nom de la population Yproise indi
gnée et insuffisamment protégée, de
bien vouloir contraindre l'autorité com
munale faire observer par la compa
gnie du gaz toutes les clauses du con
trat de concession que la députation
permanente de notre province a ap
prouvées et notamment les articles sui
vants
C'est dans cette confiance et dans
l'espoir de voir cesser de criants abus,
que nous vous prions, Monsieur le
Gouverneur, d'agréer l'assurance de
notre très haute considération.
Nous donnons bien volontiers l'hos
pitalité la lettre ouverte ci-dessus.
Nous ne savons pas jusqu'à quel point
Monsieur le Gouverneur pourrait in
tervenir, maisquoiqu'il en soit, la lettre
résume trop bien nos griefs pour que
nous ne la mettions sous les yeux du
public yprois, et de nos 15 conseillers
communaux, dont l'inertie est décon
certante
Qu'ils s'en aillent donc, s'ils n'ont
pas plus de souci des intérêts de leurs
commettants
1%
Le droit de licence et la
taxe d'ouverture sur
les nouveaux débitants
au Sénat.
Où étaient-ils
Le Sénat a eu se prononcer le 12
Décembre sur ce projet de loi, enlevé
la veille au pas déchargé la Chambre,
par une majorité la dévotion absolue
de M. Levie, le ministre des finances.
On sait qu'à la Chambre, ce fut un
abattage en règle de tous les amende
ments proposés. Ladroite suivait aveu
glément son ministre.
Le Sénat n'eut se prononcer que
vingt-quatre heures plus tard. Le temps
de la réflexion était venu, et il ne s'en
fallut que de trois voix pour faire passer
une proposition de M. DeBast, sénateur
libéral pour Gand, qui demandait de
disjoindre du projet la partie qui con
cernait la taxe d'ouverture
M. Vande Venue, sénateur libéral
a voté la disjonction. MM. Vanden
Pcereboom et Vercruysse ont voté
contre.
Mais où diable étaient en ce moment
MM. Fraeys et Struye C'est bien la
peine d'avoir Ypres deux sénateurs
si c'est pour jouer au Sénat le rôle de
francs fi leurs
Après avoir pris en considération la
proposition de toi due l'initiative de
L UNION FAIT LA FORCE.
l'araiHttaiil le Ë)imnnchr
PRIX DE L'ABONNEMENT
pour la ville Par an -4 francs
p' la provincb Par an -4 fr. 50
p l'étranger Par an 6 fr 60
On s'abonne au bureau du 'ourual. hue ue Uix.ulue, 53, Y près. Les annonces, les laits
divers et les réclames sont reçus pour l'a- r tndisseinan d'Ypres et le- oeux Flandres au bureau
du Progrès. Pour la publicité eu dehors des deux Flandres, s'adresser exclusivement au
Uomptoir de Publicité JACQUES THIBESARl), 44, Boulevard Auspacli, Bruxelles,
téléphone 5230.
ANNONCES
Annonces 15 centimes I i ligue.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 IV. la ligue.
M. Janssens de Bisthoven,
Gouverneur de la Flandre occidentale.
Il n'en fut rien, et dès les débuts de
'exploitation, les plaintes furent géné
Hydrogène sulf uré 3 gr26, soit appro
ximativement 2 litres 2 par m. c.
Ammoniaque 0 gr. 27, soit approxi
mativement 0 1.3 par m. c.
Acide carbonique 2.5 soit approxi
mativement 25 1. par m. c.
Oxygène libre 0.5 soit approxima
tivement 5 1. par m. c.
Azote 2.3%, soit approximativement
23 l. par m. c.
Gaz lourds reconnus mais pas dosés.
Cela dépasse toute limite
Aucun de ces éléments ne peut se trouver
dans le gaz d'éclairage. Cette analyse
prouve qne l'usine Colaert nous sert le gaz
tout bonnement tel qu'il sort des cornues.
Or, cela n'est pas encore du gaz d'éclaira
ge, c'est de la saleté, et qui pis est, un ter
rible toxique. Hydrogène sulfuré, ammo
niaque, acide car jooique. azote, gaz lourds
tout y est. Notre gaz renterme au moins lu
pourcentdemaoe.es étrangères au gaz,
et nuisibles la santé des consommateurs.
De divers côtés, il a été demandé cette
semaine au Progrès si les abonnés du gaz
sont désarmés vis-à-vis de la Société De-
brouw^r.
11 nous est avis que non.
L'analyse publiée en ce numéro établit
que notre gaz comprend plusieurs éléments
qu'il n'est pas permis au gazier d'y laisser
L'acide carbonique et l'azote sont nuisi
bles la lumière; et l'hydrogène sulfuré,
l'ammoniaque et les gaz lourds sont en mê
me temps nuisibles ils empoisonnent les
personnes, attaquent les peintures et les
tentures, et encrassent et détruisent les
becs et les manchons.
Notre gaz renferme avee ses gaz
lourds au moins 10 pour cent de ces ma
tières prohibées.
Or, tout cela marque au compteur et se
paie donc 15 centimes le mètre cube!
Nous payons de ce chef déjà l() pour cent
de trop.
Mais il y a plus. Ces mêmes matières, la
science gazière nous l'apprend, dans la
proportion où nous les rencontrons, dimi
nuent le pouvoir éclairant de 55 pour cent
environ, soit de plus de moitié Comme nous
le disions la semaine dernière, cette diminu
tion du pouvoir éclairant est compensée par
une pression formidable qui surélève la
quantité de mètres cubes consommes. De ce
fait, nous consommons énornément de gaz
de trop. Pour rester beaucoup en dessous du
chiffre reel, disons que nous en consommons
ainsi 25 pour cent de plus que si le gaz était
épuré
Les Yprois ont donc le droit de réclamer.
Cela n'est pas sérieusement contestable.
L'usine, en effet, est obligée d'epurer son
gaz. Elle est en faute si elle ne le fait pas, et
il n'est pas admissible qu'elle s'enrichisse
I par la violation de ses obligations. C'est ab-
Mument comme si un marchand de guano
mettait 35 pour cent de terre dans sa mar
chandise.
Art 16. Le gaz servant l'éclairage
sera purifié d'après les meilleurs procèdes,
de manière ne contenir, en qualité percep
tible, ni ammoniaque, ni acide sulphydri-
que Le concessionnaire devra tenir con
stamment sa fabrication au courant des pro
cédés les plus favorables et les plus effi
caces au point de vue du consommateur.
Art. 17. L'éclairage public se fera
complètement au moyen de becs Auer avec
manchons, le tout de première qualité dont
la consommation sera de 100 litres de gaz
par heure et qui devront donner un pouvoir
éclairant de 4 carcels au moins.
Art. 18. La pression ne pourra jamais
descendreaudessousde 26 millimètres d'eau
dans aucune partie de la ville.
Art. 19. Afin d'assurer l'exécution de
ces obligations, le collège pourra visiter ou
faire visiter l'usine et ses dépendances, tou
tes les fois qu'il le jugera convenable, com
me aussi faire prendre des échantillons du
gaz n'importe quels becs-
Si l'administration juge nécessaire de
provoquer des expertises ou des analyses
le collège nommera un ou 3 experts ou chi
mistes, lesquels seront admis toutes les
opérations de la fabrication.
En cas de contravention l'art. 16, tous
les frais seront charge du concessionnaire,
indépendamment des retenues ou amendes
dont il est parlé l'art. 36, au cas contraire,
les frais seront la charge de la ville.
Art. 20. Un manomètre sera éta
bli par le concessionnaire l'endroit qui se
ra désigné par le collège, chaque fois pour
une période de six ans.
L'administration pourra établir ses
propres frais d'autres instruments de vé
rification et si elle jugeait con venable de
disposer d'un local pour y faire des expé
riences comparatives, le concessionnaire
sera tenu de fournir les compteurs et le
ça s nécessaires.
Art. 36. Si le gaz ne satisfait pas aux
qualités et conditions déterminées par l'art.
16. le concessionnaire subira pour la pre
mière contravention une retenue de cent
francs outre les frais pour la deuxième,
deux cents francs pour la troisième tiois
cents francs, et ainsi. De suite. Après
une quatrième constation, le contrat pourra
être résilé si la ville le demande.
Art. 13. En cas d'interruption du ser
vice de l'éclairage public, 1 entrepreneur su
bira une retenue de cent francs par jour.
Un groupe d'abonnés du gaz.
Séance du Mercredi 18 Décembre.