ILES IONIENNES.
Corfoua5 novembre.
D'après des lettres d'Alexandrie c'est par un
bâtiraeut marchand sarde qu'on y a reçu la pre
mier» nouvelle de la bataille de Navarin. Quoiqu'on
n'ajoutât paseutièrementfoi au rapport du capitaine
sur cet événement extraordinaire les consuls eu
ropéens jugèrent néanmoins prudent de prendre
leurs mesures en conséquence, et d'en donner con
naissance aux coramerçans de leur uation en leur
recommandant de n'en pas parler, fin de pouvoir
se préparer tout événement et mettre ordre
leurs affaires. Aussitôt, plus de 5o navires chargés
mirent la voile, et un grand nombre quittèrent
le port sur leur lest. Le gouvernement reçut plus
lard cette triste nouvelle par voies officielles la
première impression produite sur le vice-roi, qui
se tronvait alors au Caire a été, dit-on, un éva
nouissement, et il est resté trois jours de suite dans
l'intérieur de ses apparlemens, sans qu'on ail pu
lui persuader de parler personne qu'à son méde
cin. Ce temps écouleil manda chez lui le consul
anglais d'Alexandiie, qui fit d'abord quelque dif
ficulté de répondre cette invitation ,mais qui se
rendit néanmoins au Caire, la persuation du
consul français qui l'accompagna. On peut bien
penser qu'ils ne reçurent pas au Caire l'accueil le
plus agréable. Le vice-roiaprès avoir d'abord
donné carrière de sa mauvaise humeur par les re
proches les plus durs, se calma un peu; il s'expli
qua sur la situation de l'empire sur ses propres
rapports avec les puissances étrangères et parti
culièrement avec l'Angleterre et la France dont
il blâma hautement la politique.
Mehemed-Ali déclara qu'il ne pouvait se rendre
compte des motifs des allies ni trouver dans leurs
intérêts politiques ou commerciaux une excuse de
leur conduite qu'ils ne voyait que passion et
intolérance dans les cabinets chrétiens; qu'il hési
tait de marcher sur leurs traces, mais qu il saurait,
défendre ses intérêts et ceux de sa nation et que
dans le cas où il n'obtiendrait point d'indemnité
pour la destruction (Je sa flotte, il prendrait des me
sures qui réagiraient d'une manière sensible sur
rAngeterre et sur la France. Il congédia les
deux consuls en les chargeant de faire connaître
leurs gouvernemens combien il était irrité de l'é
vénement de Navarin et qu'aussi longtemps qu'il
n'aurait pas satisfaction entière il mettrait le sé
questre sur toutes les propriétés des nations alliées
et ordonnerait uu ambargo général.
Depuis plusieurs vaisseaux de guerre fiançais
se sont montrés la hauteur d'Alexandrie. La nou
velle que l'escadre russe s'était dirigée vers Smyrue
ne se confirme pas elle est entrée Malte pour
réparer ses vaisseaux et peut-être pour y hiverner.
RUSSIE.
Odessa, a5 novembre.
On remarque ici des préparatifs qui présagent
une guerre prochaine. Le 6m< corps d'armée qui
avait campé sur le Dniester, a quitté ses canton-
nemens, et s'est porté en avant vers les bouches du
Danube. Le comte Wittgenstein a publié un ordre
du jour, dans lequel il recommande aux eomman-
dans de corps et de division de veiller strictement
ce que les troupes et le matériel se trouvent en
état d'ouvrir la campagne au premier ordre. Le
général en chef a inspecté lui-même les pontons
disposés pour le passage du Danulie Ils sont cons
truits sur un nouvean modèle fort légers et ainsi
plus faciles transporter que ceux eraploys jus-
qu'à présent. On a reçu aussi une nouvelle espèce
de fusées la Congrevequi sont reparties au
6m« corps d'armée pour eu faire l'essai dans la
campagne prochaine.
ITALIE.
Livournei4 décembre.
On apprend d'Alexandrie 7 novembre que
malgré la nouvelle de la bataille de Navarin, la
commerce n'était pointinlerrompu. Leseulours du
pacha prétendent que ce désastre a été occasionné
par la trahison et que c'étaient des mai iris grecs
abord des vaisseaux turcs qui avaient tiré les pre
miers coups sur les vaisseaux européens.
On voit que les courtisans africains savent
aussi saisir l'occasion d'irriter leur maître contre
les malheureux qu'ils trouvent n'avoir paseucore
été assez opprimes.
Le vaisseau de ligneau port d'Alexandrie
qui sert pour les exercices des officiers de la marine
égyptienne a sauté le commandant y ayant mis
le feu de peur de paraître devant le pacha|qui l'avait
fait appeler. Environ 4o marins ont péri.
ANGLETERRE.
Londres s r décembre.
Les réparations des galiotes bombes étant
presque achevéesdes détache.mens de l'artillerie
de marine ont reçu lundi l'ordre de s'embarquer
bord de ces bâtimens.
- On lit dans le Times
M. Stratford Canningdans sa dépêche du
a4 semble regarder la guerre comme inévitable
que ses prochaines dépèches seront datées de la
mer dans le cas où le sultan le laisserait partir.
Ainsi d'après les nouvelles officielles, nous n'avons
pas autre chose dire maintenant que de répéter
le proverbe Il se passera bien des choses en
tre la coupe et la lèvre.
Nous avons dit que le public doit s'attendre
la guerre les amis et les membres du ministère
actuel qui différent de lord Goderich sur quelques
points, manqueraient eux-mêmes s'ils ne se pré
paraient pas pour uu autre événement.
- La gazette de Gibraltar la date du 29 no
vembre, annonce que l'ou s'attend voir bientôt
se terminera l'amiable des différends qui existent
entre la France et le dey d'Alger. La première de
mande comme siné qud non est la restitution des
navires qui ont été capturés par des bâtime ns sous
pavillon algérien. Le dey ne serait pas éloignés
d'accéder cette demande mais il déclare qn il
n'est pas en son pouvoir d'engager ses sujets se
dessaisir de leur prises, et que s'il employait des
mesures de rigueur, il exciterait un mécontente
ment extrêmement dangereux, en ce que les indi
vidus qui ont armé des corsaires sont riches et
exercent beaucoup d'influence sur la population
d'Alger. Le dey va jusqu'à avouer que dans ce
cas sa sûreté personnelle pouirait être compromi
se Il ne lui resterait alors d'autre ressource que
de payer une indemnité de ses proprés deniers
mais en tout état de choses il refuse de payer la
valeur des bâtimens français qui ont été capturés
par des corsaires d'autres nations sous pavillon al
gérien. Il prétend qu'il n'a pas été amené par ses
sujets plus de six navires dans les ports algériens,
et c'est pour ceux-là seuls qu'il consentirait
payer une indemnité, soutenant qu'il serait injuste
de faire payer ses sujets ce dont ils u'auraient
pas profité