2
principal point d'attaque. Vers la place royale
se trouvait l'artillerie bourgeoise, ainsi qu'un
grand nombre de ceux ci la bariicaûe; d'au
tres étaient l'escalier de la Bibliothèque, qu'ils
abandonnèrent vers midi; un autre poste occupait
la barricade de la montagne du Parc un qua
trième se tenait au débouché de la rue royale
vers la place de Louvain. Les tronpes avaient
leurs canons braqués vers la place royale. Dès
l'instant où le luiul de l'escalier de la Biblio
thèque fut occupé par les grenadiers, les babi-
tans engagèrent des deux côtés du bas de la rue
d'Isabelle une tiraillerie qui continua toute la
journée. Les boulevards depuis la porte de
iscbicrbeek jusqu'à celle de Namur apparte
naient aitasi aux troupes. Telle fut, peu de
chose prés, la positiou des deux partis dans la
journée du a3.
Le combat fut un feu continuel de tirailleurs.
L'engagement se continua jusqu'à la brune, in
stant où le feu cessa peu a peu sur tous les points.
Dans leur mouvement par les rues royale
neuve et de Louvain, les troupes s'étaient em
parées de la en; rue des Annonciades; vers le
soir le bruit courait que celles qui occupaient
le Paie offraient de l'évacuer, pourvuqu'on les
laissât se retirer paisiblement vers celle caserne;
niais l'absence de tout chef parrui les bourgeois
aurait rendu cette ouverture sans résultat: de
part et d'autre, on conserva ses positions; les
volontaires laissèrent quelques sentinelles aux
barricades, et le reste se retira. Parmi celte po
pulation en possession d'armes, animée par le
combatau milieu d'une ville sans autori tés aban
donnée elle même aucun excès n'a été signalé.
Vers la fin de la journée, des flammes furent
vues pendant quelques iustans dans une maisou
faisant face la porte de Schaerbeck et la
caserne des Annonciades.
Le poste de l'Observatoiredont il a été
parlé plus haut, avait été cerné par les troupes,
dès l'instant où elles s'étaient portées sur le
boulevard. Les Liégeois s'y défendirent vail
lamment, jusqu'à ce qu'ils eussent épuisé leurs
munitions. Dans cette extrémité, ils tinrent jus
qu'au soir, et se hasardèrent alors franchir le
mur du boulevard vers la campagne, ils réus
sirent, et après de longs détours ils parvinrent
rentrer hier soir en ville par la poile de Hai.
Cependant, durant la nuit, plusieurs maisons
avaient été occupées par les troupes, tant dans
la rue royale que vers la porte de Namuret
leur position s'en trouvait assurée. Le feu s'ou
vrit le vendredi 24, vers sept heures; la fusil
lade des bourgeois fut des plus vives/ ils délo
gèrent peu peu les soldats des maisons de la
rue de Namur, et forcèrent les troupes s'abri
ter dans le Parc. L'hôtel de Bellevue, celui de
l'ancien Café de l'empereur vers la place
royale, l'ancien hôtel de Galles, au coin de la
rue de la loi, plusieurs maisons dans la rue
d'Isabelle, en facede l'escalier de la Bibliothèque
étaient remplis de volontaires; les étals-généraux,
les palais, les maisons avoisinantes de l'escalier
de la Bibliothèque étaient aux hollandais. De
ces divers points parlait surtout le plus grand
feu des tirailleurs; dans le Parc, les soldats se
tenaient derrière les arbres et dans les massifs.
Une de leurs pièces de caDon en batterie sur
Je boulevard, enfilant une alliée du Parc, ba-
Jayail la montagne du Parc et envoyait ses bou-
jets se perdre dans l'intérieur de la ville.
A la banque, les boulets renversèren une che
minée et pénétrèrent au travers des chambres et
des greniers; l'estaminet u4 la vue du Parc en
reçut plus de douae qui brisèrent les toits et
percèrent les murailles l'hôtel du duc d'Ursel,
marché aux bois, en fut aussi endommagé sur
le Cantersteen, la maison de M. Legge, sellier,
fut frappée par uu boulet qui enleva un pan de
muraille au premier étage; ce qui excita l'in-
dignaiion générale un point difficile décrire.
Vers le soirplusieurs incendies se manifes
tèrent. Le plus terrible fut celui du Manège qui
dura toute la nuit. Tout y fut consumé. Pendant
la plus grande violence du feu des soldats
postés dans I|s maisons au haut de l'escalier de
la Bibliothèque tiraient, dit-on, sur ceux qui
portaient assistance la maison incendiée. On
disait que le feu avait été communiqué par des
obus.
Comme la veille, la fusillade cessa au soir et
la nuit fut tranquille. Hier, samedi 25, le com
bat s'engagea de nouveau vers les sept heures
du malin, la prise du Parc était devenue le but
de tous les efforts; les volontaires y entrèrent
plusieurs reprises, tant du côté de la montagne
du Parc que decelui de la placeroyale,le drapeau
brabançon fut. porté jusqu'au milieu du Parc;
mais il paraît que la confusion avec laquelle les
diverses attaques furent faites ne permit pas de
conserver cet avantage les volontaires durent
chaque fois évacuer le Parc; on dit même que
par une fatale méprise deux troupes bourgeoi
ses ont tiré l'une sur l'autre. Cepeudaul les
troupes renfermées dans le Parc étaient entière
ment affaiblies et se rètranchaient dans les bas-
fonds.
Tel était, pour autant qu'on puisse le préci
ser, l'état des choses hier soir.
Rien ne paraît encore changé aujourd'hui
les troupes sout toujours dans le Parc dans ce
moment le feu des tirailleurs continue encore.
Nous venons de donner ce qui nous a paru le
plus vraisemblable parmi les renseignemens va
gues et contradictoires que uous avons pu ob
tenir.
Privé de détails positifsnous ne pouvons
garantir en entier l'exactitude des faitsci-dessus.
Un officier supérieur a été fait prisonnier
dans la matinée de vendredi. Un autre fut ar
rêté l'après-midi, ils furent tous deux transfè
res la caserne des pompiers, d'où ils oui été
conduits depuis 1 'sfmigo.
Des hôpitaux oui été établis aux chapelles
de la Madelame et de Ste-Anue,el dans plusieurs
autres édifices publics et maisons particulières
l'bumauilédenotre braVe bourgeoisie s'empresse
de procurer aux blessés tous les secours pos
sibles; partout ont fffitde la chai pie; des quêtes
se font domicile pour eux et produisent de
nombreuses recettes.
Depuis le premier jour, des renforts desvil
les et communes voisines sont venues augmenter
le nombre des combaltans. Des volomaires de
Wavre HalGosselies Uccle Anderlecbt
Braine-Lalleud, Waterloo, Genappe Péru-
welz (Ërabant)Leuze et autres endroits sont
dans la ville et se distinguent par leur bonne
conduite. Leur ardeur est telle, qu'à peine arri
vés et malgré les fatigues de la route ils se
dirigent sur les pointsoù le feu se fait entendre.
La commission administrative, vu le Dombre
de victimes qui ont succombé dans notre lutte
glorieuse; vu la nécessité de veiller la salu
brité publique, et voulant en même temps don
ner de dignes funérailles aux braves défenseurs
des libertés arrête -
Une fosse sera creusée sur la place St-Mi-
chel elle sera destinée recevoir les restes des
citoyens morts daus les mémorables journées de
septembre.
Un monument transmettra la postérité les
noms des héroset la reconnaissance de la patrie.
Les patriotes belges prennent sous leur pro
tection les veuves et les enfans des généreuses
victimes.
Bruxelles, le 25septembre i83o.
Baron Vanderlinden d'Hooghvorst, Rogier,
présidentJolly P. De Coppin, secrétaire
Nicolay, secrétaire.
NOUVELLE VICTOIRE.
Louvain, l\ septembre i85o.
A M. le baron van der Lindeu d'Hooghvorst
commandant en chef de la garde bourgeoise
"Bruxelles
Depuis hier, sept heures du malin, l'ennemi
attaqua Louvain du côté de la porte de Malin»
lança divers obus ei nous parvînmes le repous
ser, Vers dix heures, nous reçûmes la nou
velle qu'uue partie, de l'armée de Tongres mar
chait sur Louvain avec une force majeure et
beaucoup de canons effectivement versonze
heures, cette troupe se présenta devant I.ou-
vaiu et commença jkuti attaque coups de clwoo
suivis de décharges de la mousqueterie. Nous
soutînmes son attaque et nos braves Louva-
nistes firent une* soi lie qui offiint 1111 succès
complet; car, deux heures la déroute fut
daus l'armée ennemie qui fut liarcetée par nos
campagnards jusqu'à Tirlemonloù la déroule
de l'armée fut complétée par la résistance des
braves Tirlemontois qui refusèrent passage eu
les attaquant leur tour. Nous avons fan plu
sieurs piisonuiers, sans perdre beaucoup de
monde. Nous nous porterons de suite votre
secours.
Le commandant en chef de la
garde bourgeoise de Louvain
J. de Neef.
Bruges 25 septembre.
Dans la matinée, le bruits'étanl répandu que
le drapeau brabançon serait arboré le même
jour sur la grande place, les militaires reçurent
ordre de se tenir sous les armes De grands ras-
semblemens se formèrent en iffet sur la place,
mais ils furent dissipés, vers quatre heures, par
la force armée. Les troupes piiredt position de
vant la Halle et empêchèrent le passage de toutes
les rues qui mènent au grand marché A six
heures, une foule d'ouvriers parcourut la ville
en criant: P'ive de Potter! vivent les Bru
xelloisDeux décharges de la garnison sur le
peuple ne conli if uèrent pas peu augmeuler
l'exaspération en plusieurs eudroits, 011 se dis
posait dépaver les tues, lorsqu'une pluie
abondante est venue mettre fin Une stiène qui
aurait pu avoir des suites déployables.
Gand25 septembre.
ÉYÉNKMtNS de BRUXELLES.
On est ici depuis hier dans les inquiétudes
les plus vives; la ville présenté un aspect som
bre: ou s'accoste, on se demande des nuuvclles,
personne ne peut en donner de sûres. 11 est de
fait cependant que des hussards sont échelonnés
depuis Melle jusqu'aux portes de Bruxelles,
de manière que M. le gouverneur reçoit d'hcuie
en heure des nouvelles positives. Depuis deux
jours, le Journal ministériel de Gand semblait
assurer que tout était terminé par l'occupation
de Bruxelles; hier encore il annonçait officiel
lement que les hauteurs intérieuresle Parc,
les trois palais les places et les rues adja
centes étaient occupes par les troupes roya
les. L'invraisemblance de ces nouvelles pour
ceux qui connaissent lesdispositious des Bruxel
lois était augincntceencore par les circonstances
vagues et peu croyables de ce récit. Uous at
tendons ajoutait-il, des détails que nous
nous empresserons de donner par supplé
ment. Cependant jusqu'ici aucun supplément
n'a paru, aucune nouvelle officielle n'a été pu
bliée de la part du gouvernement. Si l'on vou
lait bien communiquer les nouvelles, telles qu'
elles sont transmises S. Exc., on saurait quoi
s'en tenir et les iuquiéludes cesseïaient.
Nous savons ic-'Uefois qu'hier des ordres du
jour ont été envoyés aux divers commandan» de
notre garde bourgeoise, qui prescrivent les me
sures prendre au premier signal d'un mouve
ment populaire. Nous espérons uue M. lu gou
verneur sentira qu'il est de son devoir de dissi
per les alarmes de notre population.
Aucun journal, aucune lettre particulière de
Bruxelles n'a pu nous parvenir les coroinuw-
tions avec Liège et Maesirichl sont également
interrompues. Nous devons donc encore nous
borner rapporter les faits, tels que nous les
ont appris des personnes dignes de confiance
arrivées hier et aujourd'hui d'Alh, de 1er"
moude, d'Alosl et d'Asscbe.