ville conflue hiér officiellement Bruxelles
avait causé le plus vif contentementquand
dans la soirée et pendant toute la nuit, le re
tentissement du canon et la fatale lueur d'un
vaste incendie qu'on apercevait du boulevard
et qui se détachait sur l'horizon n'ont que trop
appris l'épouvantable situation dans laquelle
se trouvait une des plus florissantes villes de
l'Europe.
Aucun journal d'Anvers d'hier ne nous est
arrivé aujourd'hui. Les renseignemens que
nous avons pu obtenir se ressentent nécessaire
ment du vague et du tumulte des circonstances
actuelles. Voici ce que nous avons pu en ex
traire de plus concordant avec les dilférentes
versions
Le lundi nos volontaires qui sous les
ordres du géuéral Mellinet et du lieutenant-
colonel Niellon occupaient le village de
Berchem se portèrent en avant sur Anvers et
engagèrent un feu de tirailleurs avec l'ennemi.
Mais une partie des Hollandaisrevêtus de
blouses compte les nôtres s'étant la faveur
de ce costume approchés des premiers qui les
regardaient comme de leur paitifirent un feu
meurtrier sur nos volontaires et les foudroyè-
reul d'une décharge de mitraille. Les Belges
durent se replier sur leur anciennes positions
où se continua le feu de tirailleurs.
Cependant par suite de l'arrêté du roi
Guillaume voyez plus haut le simulacre
d'autorité du prince d'Orange lui était rethé
dans Anvers, et une proclamation du général
Chassé déclarait la ville en état de siège.
Le prince d'Orange quitta Anvers dans la
nuit du lundi au mardiet s'embarqua sur uu
navire anglais pour Londres i nous avons
donné hier sa proclamation cette occcasion.
Dès le mardi au matin toutes les troupes se
trouvaient renfermées dans la ville et avaient
entièrement abandonné la plaine et les fau
bourgs nos volontaires. Alors commet ça dans
Anvers une scène qui égala nos plus terribles
journées de septembre. Des barricades sont
constiuites, les hahilans prennent les armes
lesdillérens postes oceupés par les Hollandais
sont assaillis parles Anversois les postes de
la grande-garde et du palais sur la place de
A'eir deviennent surtout le théâtre de luttes
sanglantes.
Un bataillon presque entier occupait ces
Saints les bourgeois, placés en tirailleurs aux
ivers coins de rues, aux fenêtres derrière les
barricades firent le feu le plus meurtrier
les différentes compagnies hollandaises durent
enfin se réfugier dans la citadelle en laissant
derrière eux un grand nombre de tués. La
ville était au pouvoir des habitans l'excep
tion d'une couple de postes encore occupés par
la troupe, dont l'un la porte de Maliùes.
Mais hier matin nos volontaires pénétrèrent
dans la ville par la porte Rouge, et se joigni
rent aux habitans dans l'attaque de ces postes.
Ils furent enlevés après un combat acharné
et le plus grand nombre des soldats qui les
gardaient y périt, dix-huit pièces de siège avai
ent été trouvées sur les remparts elles furent
traînées en ville et braquées coatre la citadelle.
Dans celle-ci étaient alors renfermés tous les
Hollandaisau nombre de 4»000 bommes au
)'us. Les frégates et les canonnières étaient
et bossées près des bassins sur l'autre rive
la campagne était inondée et interdissait toute
approche.
Des pourparlers furent eutamés vers dix
heures avec le général Chassédans la cita
delle.
Les Belges selon ce qu'on dit attachèrent
a toute proposition d'accomomdemeniles condi
lions que les Hollandais remissent leurs armes
et tout le matériel de la forteresse, et qu'ils
abandonnassent aux nôtres les bâtimens de guer-
fe stationnés daDS le port. Ces conditions fu-
tent refusées et vers trois heures une épou
vantable canonnade s'engagea. D'un côtéla
citadelle et les vaisseaux de guerre foudroyai
ent la ville et lançaient des boulets rouges
des bombes et des obus de l'aulYe les Belges
tiraient sur la forteresse et sur les vaisseaux.
A quatre heures des incendies avaient éclaté
aux quatre coins de la ville. L'entrepôt prit
feu et les flammes se communiquèrent en un
ir.stant aux maisons environnantes. On dit que
des brûlots préparés par les habitans Ta
mise, descendirent le fleuve dans la soirée. Des
vaisseaux hollandais levèrent l'ancre, mais
d'autres furent atteints par les brûlots et in
cendies. On paile d'une frégate qui aurait été
de ce nombre. La canonnade dura presque
toute la nuit.
Hier au soir on voyait distinctement ici
de la rue royale neuve et du boulevardles
réverbérations des flammes l'horizon; le bruit
prolongé du canon arrivait sourdement aux
oreilles de la foule attirée de tous les quartiers
de notre ville pour acquérir la triste certitude
rte la catastrophe qui ruinait-Anvers. Tout
était morne et silencieux: chaque coup reten
tissait lugubre comme un écho lointain des
scènes affreuses par lesquelles nos anciens frè
res du nord faisaient leuis adieux nos pro
vinces.
Plusieurs détachemens de volontaires sont
partis durant toute cette nuit pour Anvers.
Uu grand nombre de pièces d'artillerie, des
obusiers, des caissons oui pris la même route;
ce mouvement de dépait se commuait encore
ce malin.
- Le gouvernement a pris la nuit de nouvel
les mesures pour faire tomber la citadelle
d'Anvers. Des renforts d'hommes et des mu
nitions ont été expédiées M. de Ghistel est
parti la pointe du jour avec six obusiers et
leurs caissons.
Les désastres d'Anvers que la haine des
Hollandais et les ordres du barbare que nous
avons dû supporter quinze ans pour roi, vien
nent de réaliser, étaient préparés depuis long
temps. - Une lettre de commerce adressée la
maison Dansaeri-Engels en date du 23, con
tient ce qui suit; - Nous ne sommes pas sur
pris d'apprendre qu'à Mons il y eu du pillage;
ce sont les intrigues de l'ex-roiet ici nous
avons qianqué de voir la ville en flammes, mais
ce complot a été déjoué. C'était Kliukbamer, le
bailli maritime, cousin de van Maanen, qui
avait su corrompre quelques gens par lesquels
il aurait l'ait piller une dixaine des plus respec
tables maisonset surtout celles de quelques
consuls. Cet infâme complot devait être exécuté
jeudi dernier, et Kliukbamer aurait laissé piller
sa propre maison pour donner le changeaprès
avoir eu soin d'en évacuer les principaux ob
jets. Alors, le pillage commencé, sous le pré
texte de réprimer les désordres, les frégates au
raient fait feu sur la ville, et les Hollandais
eussent atteint leur but. Malheureusement pour
Klirikbamer il fut trahi et il s?est enfui.
Le général Chassé avait fait avertir depuis
quelques jours ses amis de quitter Anvers.
- La lettre suivante continue les détails sur
Anvers: - ,,r
Anvers le 275 heures du soir.
Mes chers amis
Nous arrivons l'instant Anvers. On bom
barde la ville les boulets rouges, les grenades
grondent partout déjà plusieurs maisons sont
en flammes; je vous écris de l'hôtel de l'ex-
gouverneur pour ainsi dire la lueur d'un
horrible incendie. C'est le. général Chassé qui
nous adresse ce dernier açlieu; il veut que le
nom hollandais soit béni jusqu'au dernier ins
tant. Nos braves sont entrés en ville ce matin
la proclamation que je vous ai envoyée par ex
près doit vous avoir fait connaître les condi
tions de la capitulation les Hollandais de
vaient évacuer la villeoccuper la citadelle et
conserver provisoirement l'arsenal; mais il pa
raît que vers les deux heures de l'après-midi
quelques volontraires attaquèrent ce dernier
poste les Hollandais se replièrent sur la cita
delle et alors commença la cauounade.
Nous n'avons que quelques pièces de cam
pagne opposer aux canons de gros calibre; U
position d'Anvers est horrible; les bâtimens de
guerre qui sont dans l'Escaut commencent éga
lement donner les fusées la congrève vo
lent, chaque instant on nous annonce un nou
vel incendie; nos soldats doivent demeurer
spectateurs de ces désastres; il ue peuvent
qu'aller porter du secours là où les appelle le
feu.
Niellon vient l'instant nous trouver la
maison de l'ex gouverneur où je me trouva
avec Rogier, Chazal et le nouveau gouverneur,
comte de Robiauo. Sa brave brigade est désolée,
Emare de Luxembourg déjà blessé a deux re
prises, a été tué ce malin dans la rue d'uu coup
de fusil dans le front.
Nous quittons l'hôtel du gouverneur l'in
cendie nous poursuit; le ciel est en feu, le plus
épouvantable des crimes se consomme sans que
nous puissions même tirer un coup de fusil
Lé commaudaul d'artillerie Kessels a pu pro
fiter de l'obscurité et de la marée basse pour
diriger ses batteries sur les vaisseaux de guer
re mouillés dans l'Escaut. Nousattendons l'issue
de cette tentative.
La positionl'incendie de Bruxelles-, pendant
les journées de septembre, ne sont rien en com
paraison de ce qui se passe ici les boulets les
bombes tombent nos cotés les femmes les
enfans se désolentcrientpleurent nous
nous arrachons les cheveux, nous sommes im-
putssans. C'est une vengeance unique que les
Hollandais exercent sur Anvers; c'est son com
merce, sa prospérité toujours croissante qu'ils
ve.ulent anéantir qu'ils anéantiront eu la li
vrant aux flammes. Que l'Europe juge main
tenant Guillaume et ses satellites qu'elle osé
encore leur prêter son appui. Le prince d'O
range a quitté celle ville depuis avaul-hier soir;
une proclamation annonce qu'il va attendre la
décision du congrès en Angleterre.
Une dépulàtion. de notables d'Anvers part
l'instant pour proposer la suspension du feu
jusqu'à demain matin où l'on prendra les con
férences pour amener l'évacuation de la cita
delle. - Ducpectiaux, Av.
HOLLANDE.
La Haye ,34 octobre.
Nous Guillaume etc.
Revu notre arrêté du 4 de ce mois n° 3o
conférant notre bien-aînié fils le prince d'O-.
range le pouvoir temporaire sur toutes les
parties des provinces méridionales où le pou
voir légal est reconnu.
Considérant que des différens actes de ce
pouvoir il a paru, que la reconnaissance du
pouvoir légal a entièrement cessé dans les pro
vinces méridionales. Nous avons arrêté et ar
rêtons -
Art i«r. Le pouvoir conféré par notre ar
rêté du 4 de ce mois n° 3o notre bieu-aiiné
fils le prince d'Orange a cessé.
3. Notre gouvernement, conformément
la loi fondamentale, se bornera dorénavant
aux provinces septentrionales, et au granrt-
duché de Luxembourg et ceci jusqu'à ce
qu'il soit ultérieurement décidé l'égard des
provinces méridionalesde concert avec nos
alliés.
3. Les forteresses d'Anvers Maestricht et
Venlo resteront néanmoins ocoujiées par nos
troupes, et pour autant que ceci n'aura pas
encore eu lieu elles seront mises en étal rte
siège, aussitôt que nos coramandans eu chef
le jugeiont nécessaire.