populaire enfante toujours des désordresqui
sont l'unique espoir des ennemis de nos institu
tions et de la France.
Quelques jeunes gens égarés par des passions
violentes,s'agitent, rêvent des bouieversemens,
et croient pouvoir spéculer sur l'irritation d'une
population dont ils n'apprecient pas toute l'in
telligence. Puissent de salutaires avertissemens
les arrêter sur les bords d'un abyme! qù'ils
comprennent tout ce qu'il y a de raison et de
véritable courage dans cette garde national
admirable représentation de notre grande cité:
comment se seraient-ils flaités de abuser un
instant! Le parti carliste, qui provoque au dé
sordre, et les agitateurs qui voudraient exploi
ter leur profit des ressentimens légitimésla
'trouveront toujours fidèle ses devoirs. Ap
puyés sur elle, nos institutions ne sauraient ja
mais courir de véritables dangers.
-Le i^àmidi leroiareçu les membres delà dé-
putation belge: le roi était sur son trône, ayant
à"sa droite le duc d'Orléans, sa gauche le
duc de Nemours; autour du trône étaient toutes
les personnes de sa famille, les ministres et
plusieurs hauts-fonctionnaires.
M. Surlet de Chokier a prononcé d'une voix
émue un discours par lequel il a offert au nom
du congrès et du peuple belge la couronne de
Belgique au duc de Nemours.
Le roi a répondu, avec une vive émotion,
que la crainte d'une guerre générale pouvait
seule l'empêcher de se rendre aux vœux du
peuple belge; que d'ailleurs jamais la France
n'abandonnerait la Belgique, qu'elle saurait
faire respecter le principe de non intervention
'que de concert avec ses alliés il s'opposerait
toujours aux projets hostiles du princed'Orange.
Toute la députation belge fondait en larmes:
le roi lui-ipême s'est deux fois interrompu en
v pleurant.
MM. d'Aerschot et Marlet partent aujour-
I d'hui (17) pour Bruxelles: les auties membres
de la députation dînent chez le roi et ne quitte-
tout Pai is que demain 18
I - Une ordonnance publiée par le Moniteur
I du 17 porte qu'à l'avenir le sceau de
l'étal représentera un livre ouvert portant ces
mots: Charte de i83oet surmonté de la cou
ronne fermée, avec le sceptre et la main de jus-
tice en sautoir, des drapaeux tricolores deiriére
l'écusson, et, pour exergue: Louis-Philippe
1" t roi des Français.
- M. l'archevêque de Paris a été arrêté ce
I soir 17) quatre heures mais ou assure que
depuis il a été remis en liberté.
On dit ce soir que Moutrouge a été dévasté.
- Les nouvelles d'Italie sont encore fort con-
tradictoires. On annonce cependaut, sur la foi
d'une lettre de. Milan du 11 février, que la ré-
Eublique a été proclamée dans la Romague,
ologne,à Modèueel dans la marche d'Àncône.
1 Le plan estdit-on de réunir celle partie de
l'Italie,sous le litre de république cispadane.
Le duc de Modéne a été art été Carpi et
I reconduit Modèue, où il est soigneusement
gardé.
ASPECT DE PARIS.
Jamais peut-être, depuis le temps où les
Parisiens prenaient paisiblement des glaces
sous les charmilles du Palais-Royal tandis qpe
I le fatal tombereau passait dans la rue Saint-
Honoréchargé de victimes jamais Paris
il n'avait présenté un spectacle aussi singulier
j que celui qu'il a offert le jour du mardi-gras
i83i.
Dès le point du jour, le rappel battait dans
6 tous les quartiers, et les gatdts ualionaus
.qui venaient de s'arracher avec peine leur
sommeil rencontraient en se randant leurs
.postes des masques harassés qui allaient se
I rep|fcjer*après avoir passé la nuit au bal.
Déjà la multitude était amassée autour de
i
l'église de SaiDl-Germain-l'Auxerroisdont la
toiture enfoncée et la maison curiale ravagée
rappelaient les désordres de la veille. Autour
de l'archevêché, la foule était plus grande en
core: c'est en vain que de nombreuses patrouil
les de garde nationale pied et cheval par
couraient en tous sens les rues adjaceutes uue
multitude calme mais résolue et bien déter
minée ne lui cédait pas un pouce de terrain.
Il est vrai que la garde nationale partageait en
général l'indignation qu'aVait excitée parmi
ie peuple la scène d'hier. L'autorité elle-même
cédant aux désirs de tous avait ordonné
d'abattre la grande croix de fer dorée et or
née de fleurs de lis qui surmonte l'église de
Notre-Dame. C'était un spectacle curieux que
de voir au faîte de la coupolesur l'étroit
sentier de plomb qui la couronne, des.ou
vriers et des grenadiers de la garde nationale
unissant leurs efforts pour renverser cette
masse aux grands applaudissemens de la mul
titude et des piquets de service qui encom
braient tous les alentours.
Dans la cour de l'archevêché, on brûlait
les débris des meubies, la place et le quai
étaient jonchés de livres déchirés trouvés dans
la bibliothèque épiscopale la rivière même
en était couverte, et la Seiue a dû porter,
comme dans les journées de juilletSaint-
Cloud la uouvelle de la non réussite de la
conspiration royaliste qui se tramait encore.
Enfin deux heures la croix est tombée sur
la toiture celte heure-làon s'occupait
démolir un croix du même genre qui s'élevait
sur l'église de Sainl-Gervais.
Le long des deux quais on pouvait voir un
spectacle plus curieux encore. Sur la rive
droite devant la Grèvedéfilait le bœuf
gies, avec son coitège obligé de sauvages,
d'amours au milieu des cris de joiedes éclats
de la gailé et des témoignages de l'admiration
populaire. Sur la rive gauche on voyait s'a
vancer lentementdepuis l'archevêché jus
qu'au quai aux fleursun long cortège d'ou
vriers- et d'eDfans soutenant comme une ban
nière le portrait déchiré du prélat, le saluant
grostesquement coups d'encensoirs brisés
les uns pot tant des vases immondes les autres
chargés des rituels en lambeaux. Le chant en
faux-bourdonles danses les cris de déri
sion rien n'y manquait pour compléter la
scène de la fête des fous de l'église d'Avenel,
si bien décrite par Waller Scott.
Aux boulevards la scène changeait encore.
Deux immenses files de voilures élégantes
des'dandys sur des chevaux fringans, une
foule insouciante et bien parée un ordre par
tait entretenu par notre belle et brillante garde
'municipale; tout donnait l'idée d'un autre
monde d'une autre ville. C'était la fois le
carnaval de l'empire avec ses masques nom
breux les plaisirs du directoire avec les dan
gers intérieurs cl la guerre aux portes, et
aussi un peu sa licence. Nous avons lieu de
croire que le faubourg Saint-Germain qui a
plus de raisons que jamais de se cacher ne
boùdait pas aujourd'hui notre soleil précoce
et ce ciel de printemps car nous avons re
marqué un bon nombre de femmes du monde
qui élalaieut dans de riches voilures armoriées
leur luxe et leur élégance. Elles ne pouvaient
choisir un meilleur jour pour se mêler la
révolution de juillet, car elle éclatait là tout
entière.
Les fiacresles landaus, les omnibus étaient
chargés de jésuites de marquis, de gendar
mes populaires Charles X lui-même figurait
daus celle mascarade saluant le peuple avec
sa grâce chevaleresque cheval comme il
nous en a menacé si souvent mais son épée
innocente daus le fourreau et ne brandissant
dans sa maiu qu'un bréviaire. Nous nous som
mes élevés autrefois contre les caricatures sur
cette famille, mais elle était malheureuse
alors maintenant que l'or coule flots Ho-
ly-rood, et qu'on y solde la rébellionen vé
rité nous n'avons pas le courage de blâmer
ces folies politiques que le carnaval autorise.
Ce soiron se portera dans les salonsdaus
les rotondes pubjiquesdans les guinguette;.
Le peuplesatisfait de sa vengeanceoublie
ra son ressentimeut, jusqu'à ce qu'une nou
velle faute de notre gouvernement le ranime
en luiet le porte a de nouveaux troubles
dont nous ne cesserons d'accuser l'autorité
puisqu'elle poui rait si bien les prévenir. Une
simple promenade dans Paris telle que nous
l'avons faite aujourd'huieut été bien instruc
tive pour nos ministres ils auraient appris de
reste ce qu'il faut faire et ce qu'il faut éviter.
7 heures du soir.
On donne comme certain la liste suivante
des arrestations opérées
Le baron de Vitrolles ex-pair de France
le vicomte de Connyancien député Hynaut,
ancien chef de la police centrale de Paris
Galleton et Gombault, anciens commissaires
de police Paris; Auguet, ancien capitaine-
adjudant de Parisrevenu récemment d'An
gleterre Durouchoux commissionnaire eu
vin; Devallergues ancien officier M. Liau-
tard le curé de S'-Germain-l'Auxerrois.
On a trouvé chez plusieurs d'eutre eux des
pamphlets imprimés et des correspondances.
Outre celades ordres de vigilance et d'in
struction ont été transmis par Te télégraphe et
la poste aux autorités des départemeus. Un ex
trait d'un journal de Bordeaux indique qu'eu
province comme Paris, le carlisme se pré
parait quelque coup, et que le zèle intelli-
gent et prompt du pouvoir a bien fait de son
ger aux plus urgentes précautions.
Que notre admirable garde nationale se re
pose sur notre gouvernement il veille avec
elle par elle et pour elle ^la conservation
de tout ce qui nous est cher: la liberté, le
trône de Louis-Philippe et l'ordre public.
- Un mandat d'amener a été décerné contre
l'archevêque de Paris.
- Par arrêt de ce jour i5 la cour roya
le a évoqué l'affaire de Sainl-Germain-l'Au-
xerrois et a chargé (M. le premier président
Séguier de l'instruire.
- M. Miller est nommé, dit-on procureur
du roi Paris.
- La Quotidienne et la Gazette de Fran
ce ont été saisies le 15 la requête de M»
Comte, procureur du roi.
- A neuf heures un quartuu rasssmble-
ment a envahi la cour et une partie des bu
reaux de la Quotidienne proférant des me
naces d'incendie et demandant de la lumière
pour mettre le feu des matières combusti
bles entassées sous une remise.
La garde nationale, prévenue, dissipé
ce rassemblementpresque entièrement com
posé d'enfans mal vêtus et paraissant appar
tenir la dernière classe du peuple. Deux de
ces individus ont été arrêtés. Cette attaque,
ces projets d'incendie dans le voisinage de la
Banque de France, avaient jeté la terreur
dans le quartier.
- Ordre de la division. - Le lieutenant-
général commandanr la 1" division militaire,
informé que plusieurs des individus rjui ont
assisté hier au service funèbre célébré Sainl-
Get main-l'Auxerroisét qui se sont montrés
en public avec uu crêpe au bras et au cha
peau ont fait partie des ex-gardes du corps
ou des régimens de l'ex-garde royale
Cette manisfestation ne pouvant être con
sidérée que comme un acte d'hostilité contre
l'ordre public et se rattachant évidemment
d'autres tentatives séditieuses, il est ordonue
tous les auciens gardes du corpsainsi qu 4