- On lit dans le Journal de Francfort
On fait de grands préparatifs militaires
Berlin; des armtvnens extraordinaires sur tous
les points. Le gouvernement prussien veut met
tre 5oo,ooo hommes sur le pied de guerre.
Toutes les fabriques d'armes sont en activité.
- On lit dans l'Echo du. Nord (Lille) du
18 ce qui suit
Les événemens qui viennent de se passer
Paris seront imités dans les départetneus. Dé
jà Lille a eu son mouvemeut: hier, vers midi,
une nombreuse députation s'est présentée la
mairie pour demander que la statue du'duc de
Berri, érigée sur la place du,Concert, fut
transférée dans l'intérieur du Musée. M. le
maire a répondu que des ordres avaient été
donnés dès le matin pour opérer cette trans
lation. Effectivement, la même heure, des
ouvriers étaient occupés élever un échafauda
ge pour descendre la statue de son piédestal. La
foule était grande autour d'euxet comme les
travaux allaient trop lentement son gré, en
un tour de main une corde fut attachée au
corps du prince et la statue renversée brisée
foulée aux pieds mutilée dans toutes ses par
ties.
Il ne reste plus de cet ouvrage du statuaire
Bra qu'une masse informesans autre valeur
que le métal dont il était formé. Dans l'après-
midi on a démonté pièce pièce et avec soin
le mausolée du même prince, élevé dans l'é
glise de St-Maurice. Un piquet de la garde na
tionale défendait l'entrée de cet édifice la foule
et protégeait la démolition de l'obélisque.
- On arme en Turquie 20,000 hommes de
troupes régulières qui sont déjà parties pour
soumettre) dit-on, le*Négrepont et ensuite la
Morée. La flotte doit être prête la fin de ce
mois, on la destine, dit-on, pour Prévesa et
Patras. Bientôt on connaîtra le but réel de ces
préparatifs militaires.
Bruxelles, 22 février.
REFUS DE LOUIS-PHILIPPE.
Nos espérances sont déçues, Louis-Philippe
a fait acte de soumission ses ministres et aux
exigences des puissances étrangères; le tout dans
la crainte d'une guerre. Dans cette circonstance,
la France ne devait point être consultée, c'était
une affaire de famille. Mais souhaitons que
cette détermination ne soit suivie d'aucun re
gret, qu'elle ne donne aux ennemis des fran
chises européennes l'espoir de pouvoir imposer
d'autres conditionsjaux nations libres. Louis-
Philippe a promis avec une effusion toute
paternelle, sa protection et son amité aux Bel
ges. S'il manquait sa parole, la France entière
serait là pour la lui rappeler et nous porter se-
cours au moment du danger. La sympathie des
deux peuples nous en est un sûr garant.
M. Surlet de Chokier a prononcé le
discours suivant
Sire
Organe légal du peuple belge, le congrès
souveraindans sa séance du 3 février, a élu et
proclamé roi S. A. R. Louis-Charles-Philippe
d'Orléans, duc de Nemours, fils puîné de V.
M., et nous a confié la mission d'offrir la cou
ronne S. A. R. dans la personne de V. M. son
tuteur et son roi.
Cette électionqu'ont accueillie les accla
mations d'un peuple libre, est un hommage
rendu la royauté populaire de la France et
aux vertus de votre famille; elle cimente l'union
naturelle des deux nationssans les confondre;
elle concilie leur vœux et leurs intérêts natu
rels avec les intérêts et la paix de l'Europeet,
donnant l'indépendance de la Belgique un
nouvel appuicelui de l'honneur français, elle
assure aux autres états un nouvel élément de
force et de tranquillité.
Le pacte constitutionnel sur lequel repose la
- o
couronne de la Belgique est achevé. La nalioD,
reconnue indépendant, attend avec impatience
et le chef de son choix et les bienfaits de la
constitution qu'il aura jurée. La réponse de
Votre Majesté comblera son attente foudéeet
notre juste espoir. Son avènement a prouvé
qu'elle connaît toute la puissance d'un vœu
véritablement national, et la sympathie de la
France nous est un gage de sa vive adhésion
aux suffrages de la Belgique.
Nous remettons en vos mains, Sire, le dé
cret officiel de l'élection de S. A. R. le duc de
Nemourset une expédition de l'acte constitu
tionnel arrêté par le congrès.
M. le président du congrès a ensuite donné
lecture de l'acte du congrès, ainsi conçu
au nom du peuple belge.
Le congrès national décrète
Art. i«. Son altesse royale Louis-Charles-
Philippe d'Orléans, duc de Nemours, est pro
clamé roi des Belges, la condition d'accepter
la constitution telle qu'elle sera décrétée par le
congrès national.
2 11 ne prend possession du trône qu'après avoir
solennellement prêté, dans le sein du congrès
le serment suivant:
Je jure d'observer la Constitution et les lois
du peuple belge, de maintenir l'indépendance
nationale, et l'intégrité du territoire.
Brux., palais de la Nation, le 3 février i83i.
Le président du congrès E. Surlet de
Chokier. Les secrétaires membres du
congrès.
Le vicomte Vilain XIIII, Liedts, H. de
Brouckère, Nothomb.
Le roi a répondu la députation
Messieurs,
Le vœu que vous êtes chargés de m'apporter
au nom du peuple belge, en me présentant l'acte
de l'élection que le congrès national vient de
faire de mon second filsle duc de Nemours,
pour roi des Belges, me pénètre de seDtimens
dont je vous demande d'être les organes auprès
de votre généreuse nation. Je suis profondément
touché que mon dévouement constant ma pa
trie vous ait inspiré ce désir, et je m'enorgueil
lirai toujours qu'un de mes fils ait été l'objet de
votre choix.
Si je n'écoutais que le penchant de mon cœur
et ma disposition bien sincère déférer au vœu
d'un peuple dont la paix et la prospérité sont
également chères et importantes la France, je
m'y rendrais avec empressement. Mais, quels
que soient mes regrets, quelle que soit l'amer
tume que j'éprouve vous refuser mon fils, la
rigidité des devoirs que j'ai remplir m'en im
pose la pénible obligationet je dois déclarer
que je n'accepte pas pour lui la couronne que
vous êtes chargé de lui offrir.
Mon premier devoir est de consulter avant
tout les intérêts de la France, et par conséquent,
de ne point compromettre cette paix que j'es
père conserver pour son bonheur, pour celui
de la Belgique et pour celui de tous les états de
l'Europe, auxquels elle est si précieuse et si né-
'cessaire. Exempt moi-même de toute ambition,
mes vœux personnels s'accordent avec mes
devoirs.
Ce ne sera jamais la soif des conquêtes ou
l'honneur de voir une couronne placée sur la
tête de mon filsqui m'entraîneront exposer
mon pays au renouvellement des maux que la
guerre amène Isa suite, et que les avantages
que nous pourrions en retirer ne sauraient com
penser, quelque grands qu'ils fussent d'ailleurs.
Les exemples de Louis XIV et de Napoléon
suffiraient pour me préserver de la funeste ten
tation d'ériger des trônes pour mes fils, et pour
me faire préférer le bonheur d'avoir maintenu
la paix tout l'éclat des victoires, que, dans la
guerre, la valeur française ne manquerait pas
d'assurer de nouveau nos glorieux drapeaux.
Que la Belgiquesoit libre et heureuse! qu'elle
n'oublie pas que c'est au concert de la France
avec les grandes puissances de l'Europe qu'elle
a dû la prompte reconnaissance de son indépen
dance nationale! et qu'elle compte toujours
avec confiance sur mou appui pour la préserver
de toute attaque extéiieure ou de toute inter
vention étrangère! mais que la Belgique se ga
rantisse aussi du fléau des agitations intestines,
et qu'elle s'en préserve par l'organisation d'un
gonvernement constitutionnel qui maintienne
la bonne intelligence avec ses voisins et protège
les droits de tous en assurant la fidèle et impar
tiale exécution des lois.
Puisse le souverain que vous élirez consoli
der votre sûreté intérieure, et qu'en même temps
son choix soit pour toutes les puissances un
gage de la continuation de la paix et la tran
quillité générale! Puisse-t-ilse bien pénétrer
de tous les devoirs qu'il aura remplir! et qu'il
ne perde jamais de vue que la liberté publique
sera la meilleure base de son trône, comme le
respect de vos loisle maintien de vos institu
tions et la fidélité garder ses engagemens,
seront les meilleurs moyens de le préserver de
toute atteinte, et de vous affranchir du danger
de nouvelles secousses
Dites vos compatriotes que tels sont les
vœux que je forme pour eux, et qu'ils peuvent
compter sur toute l'affection que je leur porte.
Ils me trouveront toujours empressé de la leur
témoigner, etd'enlreteuir avec eux ces relations
d'amitié et de bon voisinage qui sout si néces
saire la prospérité des deux états.
MORT DE BOLIVAR.
Bolivar est mort. Ce généraux citoyen qui fonda
la liberté dans une portion de l'Amérique, vient de
terminer' tristement sa carrière l'âge de
quarante-sept ans, méconnu par une partie de
ses concitoyens, au milieu de factions que lui
seul peut-être pouvait contenir. Après avoir nianié I
pendant plusieurs années les fond* de l'état, après
avoir possédé une fortune considérable qu'il te
nait de sa famille, il est mort pauvre. i
Voici en mourant la proclamation qu'il a adressée
ses compatriotes
Colombiens,
Vous avez été témoins de mes effortspour I
assurer le triomphe de la liberté, là où régnait
le despotisme. Vous avez pu apprécier mon dé
sintéressement j'ai sacrifié ma fortune et mon
repos. J'ai résigné mon pouvoir quand ce pou
voir vous a inspiré de la méfiance. Mes ennemis
ont abusé de votre crédulité et m'ont outragé
dans ce que j'avais de plus sacréma réputation
et la liberté de mon pays, que j'ai toujours eue
en vue. Ce sont mes persécuteurs qui me pous
sent au tombeau; mais je leur pardonne de bien
bon cœur. Au moment de quitter cette terrede
me séparer de vous, jé crois devoir vous" ex
primer mes derniers vœux. Je n'ambitionne d'autre
gloire que celle d'avoir coopéré l'indépendance
de mon pays. Tous doivent concourir assurer
la patrie le plus grand des biensl'union....
Les ministres des autels doivent l'invoquer dans
leurs prières, les militaires doivent y contribuer
en ne tirant leur épée que pour la défense du pays.
Si ma mort peut calmer les factions et pro
curer au pays l'union, objet de tous mes vœux,
je descendrai paisiblement au tombeau. BOLIVAR.
DÉMISSION DE M. DE METTERNICH.
Darmstadt, 12 février
Je n'ai pas besoin de vous dire que le chancelier
d'Autriche n'est pas homme transiger avec les R
principes; vous ne serez donc pas surpris d'ap- I
prendre qu'il n'a pas un moment cessé d'avoir I
Îb haine la plus violente contre votre glorieuse;
révolution avec toutes ses conséquences. Toutefois j
son vieux monarque a trop long-temps subi les
chances diverses de la fortune pour oser en tenter
de nouvelles. Finir en paix le reste de ses jours, I
c'est là désormais tous ses vœux. Aussi toutes L
les insinuations du ministre des mesures es- S
trêmes et qui pourraient entraîner la guerre, ont S
été jusqu'à présent a peu près repoussées.