Mais M. Je Metternich n'est pas homme se
rebuter si facilement. Il n'a pas cessé de revenir
la chargeet tout récemment encore dans
une séance du conseil d'état, laquelle assistaient
les archiducs, il a fait une motion péreraptoire.
En substance, cette motion portait que, pour
garantir l'Europe du torrent révolutionnaire qui
menaçait de la submerger il n'existait point
d'autre moyen que d'avoir recours un armement
assez considérable pour imposer au parti libéral
et notamment k la France, foyer du libéralisme.
Conséquemment. il était d'avis qu'il était urgent
et indispensable d'augmenter incessamment l'armée
active jusqu'à concurrrence de 5oo,oeo soldats
.prêts entrer en campagne. De plus, Il fallait
remettre sur le pied de guerre 200,000 hommes
i; de la landwehr dans les provinces allemandes,
et 3oo,o'oo du ban de la Hongrie si l'insurrec
tion devenait générale.
Sur cette motion obséquieuse, l'archiduc Charles
quicomme prince aîné de la maison impériale,
préside en l'absence de l'empereur le conseil d'état,
ayant pris la parole, répliqua aussitôt: a Et pour
exécuter ces armemens et entretenir cette armée
innombrablenous lerons des emprunts.
M. de Metternich s'inclina affirmativement, et
ajouta: Que si sa motion était pas agréée il
se voyait réduit se retirer des affaires.
L'archiduc Charles, ce qu'on dit, n'est pas
de ceux qui regardent ^Ietteruich comme l'homme
indispensable pour le salut de la monarchie au
trichienne. En conséquence, pour finir cette dis
cussion, il a répliqué très-succinctement: «Que
sa monarchie ayant subsisté pendant des siècles
sans posséder M. le chancelierne tomberait pas
en ruine par suite de sa retraite.
Le conseil terminé, M. de Metternich s'est rendu
auprès de l'empereur pour lui faire son rapport
et lui offrir sa démission. François avec sa bonté
accoutumée, cherché calmer son chancelier
en lui prodiguant des paroles de conciliation.
.Toutefois M. de Metternich a insisté sur la né
cessité d'abandonner son poste, disant.* Qu'il
lie pensait pas s'exposer encourir les avanies
auxquelles son ami lord Wellington avait été en
Lutte de la part de la populace de Londres, et
auxquelles probablement il "n'échapperait pas
mon plus lorsqne la population du faubourg de
ienne viendrait k apprendre l'opinion par lui
émise en conseil dlétat.
Or pour bien expliquer les craintes de M. le
rince de Metternichil faut savoir que les ha—
itans des faubourgs, avec le gros bon sens na
turel au peupie, veulent la paix, et que consé
quemment ils ne sauraient applaudir k l'opinion
<le ce ministre, qui évidemment vise la guerre.
En même temps, M. de Metternich a lui-même
proposé pour son successeur M. le baron de Wes-
aemberg, maintenant k) Londres. Enfin l'empereur
indécis sur la résolution qu'il devait prendre, a
consenti k ce qu'un courrier fût expédié pour
Tappeler M. de Wessemberg que S. M. affectionne
personnellementet dans la probité duquel elle
met la plus grande confiance. Ainsi donc ce di
plomate est attendu iucessamment Vienne.
Tel est 1 état actuel des choses au cabinet de
Vienne, au moins comme on l'a raconté au dernier
cercle de notre cour qui sûrement doit être bien
avec M. de Metternich ainsi qu'on l'a vu tout
récemment l'occasion du mariage du ministre
auquel notre prince Emile a assisté comme témoin.
- Doc de Reichstadt. - Le duc de Reichstadt a
paru dans un bal qu'a donné dernièrement l'am
bassadeur d'Angleterre. Il s'est également montré
celui qu'a donné l'ambassadeur de Russie.
- La candidature de M. Surlet de Chokier,
comme régent de la Belgique en opposition
M. Fde Mérode, a produit un heureux effet
sur l'opinion publique. Nous pouvons dire que
c'est la seule combinaison qui pût atténuer l'in
quiétude sur notre avenir, que le refus du duc
de Nemours avait fait naître. Mais acceptera-
Nous sommes heureux de pouvoir répondre
affimativement nous nous empressons de le
faire. C'est le motif pour lequel dèsaujourd'hui
cet honorable citoyen a cru devoir s'abstenir
de ieprendre le fauteuil de président du con
grès. Dans une discussion où ii allait être ques
tion de luiil n'a pas voulu laisser l'envie
l'occasion de pouvoir dire qu'il avait pu in
fluencer la solution d'une question personnelle.
En arrivant au pouvoiril est beaucoup
d hommes qui masquent leur ambition sous des
paroles nombeuses d'intérêt public d'abnéga
tion de soi-même, de dévouement au pays, M.
3
Surlet de Chokier ne tiendra pas ce langage
mais ceux qui le connaissent savent quelle vio
lence il fait ses goûtsquel sacrifice il s'im
pose pour répondre ce que la patrie attend
de lui.
P. S. Nous apprenons que de nombreuses
pétitions se siguent Bruxelles et dans quelques
provinces en laveur de la régence de M. Sur
let de Chokier. La question sera décidée avant
que ces pétitions n'arrivent au congrès.
-M. v.. d. W.... disait hier, en riant, M. de
Mce Vous ne serez pas nommé régent. Vous
a avez contre vous l'industrie et l'armée, l'in-
dustrie prétend que vous ne connaissez de
fabriques que celles des églises et l'armée
affirme que vous ne connaissez de canon que
a celui de la messe.
- Le premier lieutenant Scheidius qui avait
été arêté par les troupes ennemies sur les fron
tières de la Flandre hollandaise en se rendant
aux avant-postes comme parlementairepour
réclamer un de ses soldats, est de retour au
Sas de Gand. Il a apporté avec lui une lettre
du général Duvivier adressée au lieutenant-
colonel Lédel dans laquelle ce général dit
que l'arrestation de ce lieutenant ne doit être
nullement attribuée des intentions hostiles
mais a été faite dans le but de le garantir des
mauvais traitemens auxquels ii aurait pu être
exposé.
- Des dons considérables viennent d'être
envoyés d'Amsterdamde Rotterdam et d'au
tres villes la citadelle d'Anvers.
- On écrit de Calais: a On nous annonce
que trois navires sortant de Dunkerque, chargés
d'huile, ont péri corps et biens, sur les côtes
de l'Angleterre. Un seul homme des trois équi
pages est parvenu se sauver, grâce son chien
qui l'a soutenu sur l'eau. C'est la troisième fois,
dit-on, qu'il doit la vie ce fidèle animal.
- On écrit de Calais, 16 février
Le colonel Georges Fitz-Clarence, fils na
turel du roi d'Angleterre, a débarqué hier
une heure après-midi, du paquebot vapeur le
Salamander.
FRANCE.
Paris2 3 février.
L'image du Christ a disparu de toutes les
salles du Palais de Justice où elle se trouvait.
- Dés six heures du matiu le 22 trois ou
vriers serruriers étaient occupés eulever les
fleurs de lis de la grille du Palais de Justice.
Elles ont étéaussi enlevées de tous les autres en
droits de l'intérieur du palaisoù on les avait
laissées jusqu'à présent.
- Le curé de Clichi-la-Garenne a été ar
rêté le 22 et conduit la préfecture de police.
- Dans plusieurs communes des environs de
Parisles maires et adjoints ont fait enlever
le 22 les croix de mission qu'on avait placées
dans les champs. A Arcueiltandis que la-po
pulation et les autorités du pays assistaient
l'exécution de cet ordreplusieurs habitans'"
ont pénétré dans l'église et ont brisé plusieurs
lustresainsi que le maître-autel, ils ont été
immédiatement arrêtés. Le curé de ce village
s'est sauvé lundi soiren appreuaut ce qui
s'était passé Saint-Gerraain-l'Auxerrois. De
puis trois usois environ il a fait plusieurs
voyages assez longsce qui fait croire dans
le pays qu'il n'était pas étranger cet évé
nement.
- Cinq six cents individus se sont portés
hier Montrouge ils ont envoyé une députa-
tion au maire pour lui faire connaître leur ré
solution de détruire le séminaire. Aucune force
militaire n'étant léunie sur ce pointle maire
ne pouvait opposer aucune résistance. La foule
s'est mise l'ouvrage et les bâtimens ont été
fortement endommagés. On a arrêté une ving
taine d'individus qui s'étaient livrés au pil
lage.
- Le 22 un ecr.le'siastique a été amené
Paris il était accompagné du maire de sa
commune et d'un autre prêtre. Au moment où
il descendait de cabriolet, place de la Sainte-
Chapelle des cris menaçans se sont fait en
tendre et la foule grossissantil aurait été
victime de la fureur populaire s'il n'avait été
protégé par l'écharpe tricolore dont le maire
était revêtu.
- Voici les détails qu'on donne sur les dé
sordres des Conflans. Mercreditrois heures
et demie 400 hommes des faubourgs de Paris
se sont portés sur la maisou de campagne de
l'archevêque. Entrés dans les appartemens,
ils ont tout brisé, meublesglaces. cheminées
les livres et papiers ont été déchirésla cave
pillée les chambres des domestiques seules
ont été épargnées. Un citoyen courageuxM.
Michelfils aînéartilleur de la garde na
tionale, est parvenu cependant sauver le
lirige"et l'argenterie, qui ont été déposés la
maison de sauté. Enfinsept heutes du soir
les gardes nationaux de Chareuton et de Ber-
ci étant arrivés en nombre suffisantou a fait
évacuer la maison.
- L'église Saint-Paul était encore fermée le
22 mais la clôture n'avait pour motif que la
nécessité de quelques réparations intérieures.
On s'occupait de faire disparaître les insignes
de la monarchie déchue.
- Certaines personnes dans une intention
que chacun devine ont répandu le bruit que
pendant le tumulte du 14 9 Ie tabernacle de
Saint-Germain-l'Auxerrois avait été forcé,
et que les vases sacrés avaient disparu. Ce fait
est faux. MM. Brasseur chasseur et Moréno-
Henriquez grenadier au 2* betaillon 4e lé
gion ont recueilli les vases que renfermait le
tabernacle et les ont transportés leur corps
de garde du Louvre celle translation s'est
opérée sans oppositiou et sans trouble tra
vers la multitude.
- Nous avons annoncé d'après plusieurs
journaux que M. filanqui avait été arrêté
de nouveau. Nous apprenons aujourd'hui que
cette nouvelle est sans fondement.
- Des gardes nationaux ont trouvé dans une
des sacristies de l'église Notre-Dame, le i5
février un drapeau blanc sur lequel était
bordée l'inscription suivante
Offrande Dieu.
Vive
Le duc de Bordeaux
Dieu
Nous l'a donné.
Ce drapeau a été déposé la mairie du 7e
arrondissement, par MM. Georges, sapeur, rue
des Rosiers et Desain greilier de la justice
de paix de Claie et plusieurs autres gardes
nationaux dont les noms ne nous soul pas
connus.
ITALIE
Rome y i3 février.
Le 10, au matin, l'archiduchesse Marie-
Louise a quitté Parme sur la sommation qui
lui en a été faite par unedéputation des citoyens
de cette ville toutes les mesures étaient prises
pour que le renvoi de cette princesse n'éprou
vât aucune résistance et ne fût accompagnée
d'aucun désordre. Elle est parlie sous escorte
pour Plaisance, où elle avait demandé se re
tirer. Plaisance, au départ du courrier tenait
encore pour la princesse; les citoyens étaient
contenus parla garnison. Parme et tout le reste
du duché se sont joints la confédération cen
trale italienne.
Le palais du duc de Modéne a été détruit de
fond en comble par le peuple, après le départ
de ce prince. Aucun acte de vengeance n'a été
exercé par les insurgés; mais les prisons d'état
out été vidées; les prisonniers rendus la li
berté, et les douanes supprimées sur la frontière
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