Amis et Ennemis.
REVOLUTION POLONAISE.
janvier i83i, et être même (l'en assurer aux
Beiges la paisible jouissance.
5<> Que ces premières conditions remplies les
cinq puissances continueront d'employer leurs soins
et leurs bons offices pour amener l'adoption ré
ciproque et la mise exécution des autres arrange-
mens nécessités par la séparation de la Belgique
d'avec la Hollande.
6° Que les cinq puissances reconnaissent le droit
en vertu duquel les autres états prendraient telles
mesures qu'ils jugeraient nécessaires pour faire res
pecter au rétablir leur autorité légitime dans tous
les pays eux appartenons sur lesquels la protes
tation mentionnée plus haut élève des prétentions,
et qui sont situées hors du territoire belge dé
claré neutre.
7° Que sa majesté le roi des Pays-Bas, ayant
adbéré sans restriction, par le protocole du 18
février aux arangemens relatifs la séparation
de la Belgique d'avec la Hollandetoute entre
prises des autorités belges sur le territoire que
le protocole du 20 janvier a déclaré hollandais serait
envisagée comme un renouvellement de la lutte
laquelle les cinq puissances ont résolu de mettre
am terme.
Signé Esterhaxy, Weissinberg, Talleyrand,
Palmerstun Bulow, Libyen,
Matusewici.
f
FRANCE.
Paris mars.
Si les tiotivclles reçues aujourd'hui de la Po
logne se confirment, demain dimanche l'illumi
nation Paris sera générale.
- Un homme arrêté pour avoir crié deux
fois publiquement vive Napoléon 11, a ré
pondu une personne qui lui demandait quelle
raison avait pu l'engager proférer ee cri sédi
tieux, que c'est pareequ il mainquaitdepain,
et qu'en prison on ne nourrirait. - iMais pour
quoi avoir crié plutôt vive Napoléon 11 que
vive Charles X? Vous eursiez été emprison
né la même chose.... - Oui, a-t-il répondu
encore mais en criant vive Charles X, vive
Henri V, on m'aurait relâché le lendemain.
Vive Napoléon 11 est plus solide: On me
gardera au moius trois mois en prison avant le
jugement. Journal du Havre.)
En Pologne' crie la France; et la Russie ré
pète: En Pologne!
Les voyez-vous courir travers des plaines,
rapides comme l'incendie Les voici torfsRusses
et Français. Les uns, vieux guerriers de la ré
publique débris d'un monde qui s'en va; les
autres soldats d'un homme l'effroi d'un monde
qui vient. Tous après la guerre, les Russes pour
fonder l'esclavage, les Français pour l'anéantir.
La Pologne n'a pas compté les Russes. Que lui
importe le nombre? Comme Roland, elle ne compte
ses ennemis qu'étendus morts sur la poussière.
Mais ses amis, combien sont-ils? Peut-être au
rait-elle dû les compter. A quoi bon ne sait-elle
pas qu'en France il est plus d'un million d'hom
mes toujours prêts se lever pour une noble cause.
Espère, pauvre Pologne' la France est avec toi.
Voici tes frères voici le drapeau tricolore aux
mains de tes vieux compagnons de gloire voici
les enfans de l'aigle impériale ils viennent mêler
leurs cris sublimes aux cris de ton aigle blanc. Bats
des ailes Pologne voici tes frères
Tremble noble Pologne' du fond de leurs fo
rêts, ils accourent par bandes innombrables, Tar—
tares, Calmoucks Cosaques gueule béante, ivres
du sang qu'ils boiront. Aiguise tes serres, Pologne,
voici l'ennemi.
Cependentau milieu des feux du bivouacla
sentinelle polonaisel'œil inquiet l'arme au bras,
se promène silencieuse travers les blessés de la
veille. Personne ne dort, et pourtant tout est calme.
Car les blessés étouffent leurs plainteset ceux que
la mitraille a respectés pensent la victoire du
lendemain. Semblable au coursier qui s'arrête au
pied de la montagne, ils reprennent haleine pour
la gravir d'un bond. Mais la montagne n'a pas de
revers: au bout est un abîme.
lout-à-coup on entend des pas d'homme.
Qui vive? crie la sentinelle.
- Ennemis.
- Quelle nation?
- Russes.
3
- Que voulez-vous
- Vous tuer.
- Combien êtes-vous?
- Cinq cent mille....
Qui vive? dit encore la sentinelle.
- Amis.
- Quelle nation
- Français
- Que voulez-vous
- Vous sauver.
- Combien êtes-vous
- Vingt'
Varsoviele 22 février 1831
Victoire! Chaque jour, chaque heure nous ap
portent des {nouvelles plus consolantes! La ba
taille de Grochow est décidée en notre faveur
l'ennemi a été obligé de se retirer avec de grandes
pertes. Nos braves se retranchent derrière des ca
davres, qui leur servent de barricades. Diebitsch a
envoyé hier son aide-de-camp pour demander au
prince généralissime une suspension d'armesgrâce
qu'on lui a refusée. Tous les prisonniers affirment
qu'une faim très-grande règne dans l'armée enne
mie. Plusieurs d'entre eux soutiennent que le gé
néral Coznicki, le fameux chef de police secrète a
été envoyée en toute hâte Saint-Pétersbourg
avec le rapport de Diebitsch, pour préparer le czar
recevoir les nouvelles les plus fâcheuses de sou
armée, et pour lui demander des secours. Mais Dieu
est avec nous! Un courrier apporte dans l'instant
même la nouvelle de l'insurrection de la Lithuanie.
L'ordre de la nouvelle levée des recrues dans tou
tes les provinces de la Russie le massacre de vingt-
deux étudians dé l'université de Walna par ordre
du farouche Diebitsch les nouvelles des triom
phes des Polonaisont enfin décidé les Lithuaniens
a se soulever. Ainsi les 20,000 de la garde impé
riale la lleur' de l'armée moscovitese trouvent
maintenant entre deux feux.
Le célèbre Zalimski chef de l'insurrection du
29 novembre, en la tête de quelques centaines de
paysans armés occupe une position militaire très-
avantageuse sur le Niémen et occupe un corps
d'armée entier. C'est lui qui ira organiser l'insur
rection en Samagitie.
Quarante—un jeunes Lithuaniens sont partis de
Varsovie, il y a six semaines, pour insurger les
provinces polonaises de la Russie. Trente et_ un
d'entre eux sont revenuset apportent les nouvel
les les plus favorables. On ne sait pas quel est le
sort des dix autres.
Nos braves ne veulent combattre pour la plupart
qu'à la baïonnette le régiment de l'ex-garde des
grenadierssi indignement outragé par les jour
naux de Saint-Pétersbourgfait des prodiges de
valeur; rien ne peut résister son impétuosité.
On disait hier qu'il était presque entièrement dé
truit mais les nouvelles postérieures démentent
ce bruit. Un des bataillons du 3° régiment des
chasseurs pied commandé par le lieutenant—co
lonel Wolski, rencontra l'ennemi six fois plus nom
breux. Sommé par lui de se soumettre il lui ré
pondit par une attaque si vive et si impétueuse,
que l'ennemi fut dispersé avant de pouvoir reve
nir de sa frayeur.
Nos braves ne veulent pas faire des prisonniers
et massacrent presque tous eeux qu'ils trouvent
sur le champ de bataille. Le fait est que les offi
ciers Russes, au comble du désespoir, employent
souvent la ruseen faisant déposer les armes aux
solduts, afin d'attirer les Polouais plus près des
forêts et des broussaillesoù les Russes se tien
nent en embuscade. Cependant le prince généralis
sime, par un ordre du jour publié hier, a, dit-011
recommandé la clémence, d'autant plus que pres
que tous les soldats moscovites auxquels on voulait
offrir la liberté sous condition de retourner dans
leur pays, ont répondu qu'ils préfèrent l'esclavage
polonais la liberté moscovite.
Le général de brigade Dwernicki est nommé
lieutenant-généralainsi que le célèbre général de
brigade Wminabi, ancien chef de la société patrio
tique de la Pologne prussienne qui est resté em
prisonné long-temps dans une forteresse prussienne.
Sur les drapeaux triocolores de l'armée po
lonaise il est écrit en polonais et en russe Li
berté pour nous et pour vous
Les Polonais (selon une nouvelle du 22) auraient
obtenu encore de grands avantages sur les Russes!
Noble et intéressante Pologne digne du nom de
France du nord, entends le cri dé joie que jette,
mais en tremblantcette autre France qui géiuit
d'être si loin de toi
Quelles armes resteraient insensibles au spectacle
de cette lutte magnanime? Comment 11e pas rewn-
diquer aussi pour la' Pologne les droits d'une charte
méconnue par le roi qui l'avait jurée? Quelles
mains auraient raye de notre histoire ces belles
pages que le sang polonais a couvertes de gloire I
liberté! humanité! voilà les litres sacrés qui unis
sent denx peuples généreux Le canon de Varsovie
a des échos dans tous les cœurs frariçnis! S'il
annonce la victoire des Polonais, nous triomphons!
leur défaite c'est nôtre deul
Et l'Europe ne devrait-elle pas s'associer elle-
même a nos sentimens? L'Europe tout entière
n'est-elle pas menacée par ces avalanches de bar
bares qui tombent du Nord sur le Midi Hier
nous apprenions avec plaisir que le cortsul-géné-
ral d'Autriche avait relevé les armes de son soii-
verain sur la porte de son hôtela Varsovie
Prusse, Autriche, Bavière, Saxe, Allemagne tout,
entiere ne voyez—vous pas qu'il faut passer sur
vous pour arriver jusqu'à nous Pouvez-voui h'e-
siter la liberté et les cosaques? La liberté, du
moins, du moins, transige avec des trôties; les'
cosaques ne transigent pas avec la civilisation
Avant dix ans, a dit sur son rocher l'hôte
illustre de Sainte-HélèneCEurope sera républi
caine ou cosaque.
Honneur au dévoument dé la Pologne! Vieux
ardens pour son triomphe! Doutes affreux sur le
succès! Puissent ces nobles martyrs suspendre le
cours des événemens et des armées assez de temps
pour donner aux cabinets le loisir de la réfle
xion! Le jour où l'Europe consultera plutôt ses:
intérêts que ses opinionsla civilisation et la li
berté seront sauvées
Tout devait être fini le 22! le 22 février les ar
mées russes devaient avoir écrasé la Pologne, re
pris jusqu'au dernier pouce de terrain toutes leurs
conquêtes! et aujourd'huicette date, nous ap
prenons que les troupes russes et leurs fameux gé
néraux Geismar et Diebitsch sont encore atrêtés
par les volontaireset par ces troupes formées
la hâte qu'ils traitent avec tant de mépris. La
Gazette de Varsovie si consciencieuse, si ver.—
diquequi n'a jamais dissimulé ni les craintes ni
les embarras de la Pologne, nous annonce que
l'armée nationale continue se battre avec intré
pidité la vne de la capitale. Le Temps.
Les Polonais sont vainqueurs! Cette nouvelle
répandue la Bourse et la chambre des dépu
tés, a rapidement circulé dane tout Paris et par
tout elle a porté l'enthousiasme, la joie et Vad
miration. Les détails déjà connu sur les trois jours'
de glorieux combats soutenus devant Varsovie par
les patriotes Polonais, avaient jeté la.plus vive
anxiété dans les esprits: le dénouement ne s'est pas
fait attendre.
Une lettre de Mayence en date du tr mars
reçue aujourd'hui par un membre de la chambre
des députés qui en a donné communication ses
collègues, contient de nouveaux détails sur le»
combats partiels livrés du 1 g au 21 février. Elle
annonce que les Russes ont perdu une immense
quantité de vivres et d'approvisionnemens de tout
genre. Ces nouvelles ont répandu la plus vive al
légresse dans toute l'Allemagne.
Il serait difficile de décrire l'impression que ces
merveilles ont produite Paris. A la bourseles
uns proposaient une illumination générale, d'au
tres projetaient un grand Te Deum qui-serait
chanté au Champ-de-Mars en présence de toute la
garde nationale. {Journal du Commerce.
Ce peuple polonais est si grand, son dévoument
si généreux, la lutte qu'ils ont entreprise sans
espoir avec la presque certitude de périr, cette
lutte sacrée est soutenue avec tant d'héroïsme
qu'on ne peut la contempler sans enthousiasme et
en même temps sans un affreux serrement de cœur
Peuple, soldats, généraux, princes tout est égale
ment grand, égalament digne des larmes et de
l'admiration du monde. Le bruit de leurs succès-
avait répandu aujourd'hui la joie dans Paris. Le»
rues Saint-Dénis et des Lombards étaient illumi
nées ce soir- Ah s; l'on écoutait le cri de la na
tion si on consultait ce peuple qui ne demande
qu'à verser son sang pour ceus qui ont été si
long-temps les soldats de la France, la Pologne ne
périrait pas. C Le Courrier Français. J
- La seule chose qui ne se coufnme point,
dans les nouvelles dePoîogne obteunes hier par
la correspondance c'est l'insurrection de la Li
thuanie. Le mouvement rétrograde des Eusses
a continué jusqu'au aa. Il parait que depuis ce
jour une suspension d'armes a eié convenue.
Les lettres de Varsovie en date du a4 De font
plus mention d'aucune a/ïaire depuis Je 32,
elles ne disent pas que les Eusses aient quittés
la positiou qu'ils occupaient dans la lorél de