t f F&AXCE. Paris13 novembre. Une lettre que nous .avons reçue d'Ager i contient des détails fort intéressant sur la cap tivité et l'étonnante délivrance d'un officier fran çais fait prisonnier l'affaire de Bone. Le héros de l'aventure est M. Lherbon de Lussatsoffi cier de Zouves, qui commandait le détachement de 122 hommes envoyés d'Alger Bone. Quand le petit nombre de Français qui défen daient la porte de la marine fut obligé de céder la multitude des Arabes le seul parti qui restât ceux qu'avaient épargnés trois heures le combat fui de se jeter la mer pour gagner es embarcations des corvettes. M. Lherbon se irécipila comme tous les autres, vers la côte; mais la porte de la marine était tellement encom brée qu'il ne peut la franchir il fut pris par des Mautes. Leur premier soin fut de le dépouiller, puis, on allait le tuer quand par bonheur il vient la pensée de deux des vainqueurs de spéculer sur sa vie.. Ils voulaient conduire au bey l'offi cier dont l'importance pouvait leur être bien payéeassurés d'ailleurs qu'après les avoir récompensés, le bey livrerait ses bourreaux. Us empêchèrent donc qu'on ne le tuât, et l'em menèrent d'abord la maison de l'un d'eux. Ce trajet fut fécond en périls pour le pauvre M. de Lussats car chaque Maure ou Arabe qu'il rencontra vint a lui, le pistolet ou le fusil en avant, pour lui bttîler la cervelle, en criant Round round chrétien ou romain. Ses couducleuts le préservèrent en répétant tou.- jotirs que le bey avait ordonné qu'ou lui con duisît cet officier. Ariivé au domicile du Maure, M. Lherbon fut chaigé de cordes et de chaines et si cru ellement garotlé que vingt jours après les marques de ses liens étaient visible encore sur ses bras et ses jambes On l'attacha un pilier et on le. laissa seul la il eut une agonie morale dont on peut s'imaginer les phases terrible le sang circulait peine dans ses veines tant il était comprimé par les chaines; il souffrait tel point que la mort lui semblait, un bienfait, jl l'appelait grands cris, Un Maure vint sa voix, et lui demanda ce qu'il voulait M. Lher bon lui repondit en latigue italienne que. le musulman entendait un peu Si je dois avoir la tête coupée, je t'en prie en grâce, que ce soit tout de suite je souffre trop, a Le Maure lui répondit en s'en allant On te la coupera lout-à-l'heure chez le bey sois tran quille. Après une démi-heure d'attente les deux Marnes revinrent détacbèreul le Français et le conduisirent chez le bey. Menacé d'être as- sasiné chaque pas qu'il faisait par la ville il parvient cependant chez le chef de la provin ce d'Oran. Avant qu'on le présantail au bey, ses guides tirèrent d'un sac nue tête de Français et dirent leur souveiain que ce premier tro phée méritait bien une récompense indépen damment «le celle qui leur était acquise par la capture qu'ils avaient faite d'une officier. Ju gé de l'eliet que celte hotrible scène dut pro duire sur M. Lussats 1 mais il était résigné, et sa mort paraissait si certaine qu'il a'vait plus une autre pensée que celle-là. Le bey ne montra pas cependant cette joie féroce qui brillait dans les yeux des deux Mau res il ordonna qu'on détacha les gardes et les chains qui blessaient M. Lherbon lui fit signe de s'approcher et de s'assoir, etsur-le- champ renvoya ses capteurs Les premières paroles que le dit bey quand les Maures furent sortisavec l'intention de rassurer le prisou- sonnier non paouvre n'ai pas peur il demanda ensuite M. Lherbon s'il parlait l'a rabe celui-ci repondit que nonquoi le Turc reprit avec un signe assez effectueux: Bone bien Un soldat zoave se trouvait chez le bey. Qu'and l'officier y fut installé il le remar qua. Cet homme était de sa compagnie; il par lait fançais il servit d'interprète M. Lussats. 11 avait été fait prisonnier la porte de la Casaubu, et voyant qu'on menait son capitai ne chez le beyil l'avait suivi. Le bey dit encore M. Lherbon de n'avoir pas peur et le fit conduire dans la cour de sa maison en lui répétant toujours qu'il n'avait rien craia- dre. Celle réception étonna beaucoup l'officier français. Ou le logea ainsi que le Zoave dans une chambre ou l'on eut soin d'eux. Le lende main matin M. Lherbon demanda écrire au commandant du brick l'Adonis, le bey ycon- senlit. M. Lherbon priait. M. Muguet de le ré clamer celui-ci le fil aussitôt. Quand le bey eut reçu la lettre de l'officier de mariue il fil venir M. de Lussats et lui dit par son inter prête, que le lendemain il le renverrait bord du brick ce qni fut exécuté religieu sement sans que le bey exigeât aucune ran çon. La reddition de M. Lherbon est une chose fort singulière on ne sait quelle cause tient cette clemence du bey. Politique ou humani té n'importe le résultat est bien heureux bien extraordinaire aussi car depuis le com mencement de la guerre d'Afrique l'officier des Zoaves est le premier Français prisonnier qu'on ait rendu. Aussi Alger ne l'appel-t-on que le réchappé- - Le jeune docteur Legallois, compagnon de M. Brierre de Boismonl Varsovie, vient de mourir Landsberg en Prusse, victime de son zèle pour la cause polonaise. Atteint du typhus dans les hôpitaux Polonais, sa sauté ne fût ja mais complètement rétablie. Une légère conva lescence lui avait fait concevoir l'espoir de re venir embrasser sa mere dont il était l'unique soutien; mais la tombe s'est ouverte sous ses pas sur une terre étrangère. Legallois u'avaii que 36 ans, quelques travaux publiés au début de sa carrière médicale avaient prouvé sou ar deur pour l'étude et le désir violent dont il était animéde marcher sur lestraces dcson père qui, lui aussi, est mort 3o ans victime de son zèle pour la physiologie expérimentale l'avance ment de laquelle ses travaux n'ont pas peu con tribué. - L'ex-roi Charles X, avant sou avènement au trône, avait fait donation de tous ses biens situés dans le département des Deux-Sèvres son fils le duc de Berry, sous la réserve de l'u sufruit. Depuis la révolution, l'administration des domaines a pris possession de ces mêmes biens, comme faisant partie de l'apanage de la couronne. Le duc de Bordeaux et Mademoiselle viennent de citer le directeur des domaines par- devant le juge de paix de l'arrondisementde Mazières en revendication de leurs droits, tant pour le fondsque ponr les coupes faites an pro fit de l'état. Me Audebertavoué Parlhenay, a occupé pour les demandeurs. L'affaire a été remise quinze jours pour le prononcé du ju gement. - Le gouvernement espagnol vient d'ordon ner le transport de 3oo quintaux de poudre Barcelonne, de 200 quintaux Pampelune, et de i5o quintaux Sarragosse. Ces poudres sont tirées de magasins de Carthagène. Du i4 - On mande de Dieppe que la pêche du hareng est très-peu productive cette année. On mande aussi de Granville que la pêche aux huîtres, commencée depuis trois semaines, n'a pas d'activité défaut de ventes. Le Pilote du Calvados annonce qu'une nuée de bateaux de Jersey, deGuernesey et de la côté d'Angleterre, menace continuellement, les huîtrières. Après avoir dévasté et dépeuplé tous les bancs en-de hors les limiles tracées,deux lieues de la côte, ils attaquent avec audace, ajoute-i-il, ceux qui sont en-dedans. Trois cutters de l'état sont en statiou ici pour les repousser, et ils niellent dans ce service, très-pénible et irès-désagiéa- ble, une prodigieuse activité. - On écrit d'Holyrood, s3 octobre. Je commence aujourd'hui, mou cher ami, remplir la promesse que je vous ai faite le 3 octobre dernier, en vous quittant au rond-point de celte belle avenue du château de Dalkeilh, que votre santé, ou plutôt vos affaires ne vous ont pas permis de dépasser. Je lâcherai de satis faire au désir que vous m'avez exprimé de re cevoir des nouvelles de ceux que vous appelez mes voisins. Vous voulez enfui savoir comment on vit Holyroodce qu'on y-Tedoule et ce qu'on y espère. C'est ce que j'esseyerai de vous faire connaître. Il faut d'abord que vous sachiez qu'il n'y a pas qu'un ex-roi au château d'Holyrood, il y eu a même plus de deux il y en a liois. Je m ex plique. Charles X a bien abdiqué, mais il regardé sou abdication comme forcée, ii cite même cet égard l'exemple de Bonaparte, jqui, apiès avoir abdiqué Fontainebleau en 1814, n'en a pis moins ressaissi la couronne en 1815. Charles X ajoute qu'il a bien fait et qu'il était dausson droit. Cette doctrine nèconlrairie nullement les espérances de M. le dauphinqui lui-même a bien aussi abdiqué, mais ce qu'il paraît sous la même réserve d'intention. Il s'ensuit que ces' 3 royautés ontassez de peine s'entendre, mais la force de l'habitude et la douceur naturelle du carractère de M. le dauphin font'que ce der nier finit toujours par reconnaître le droit de son père. Reste Henri V, c'est des trois roy autés d'Holyrood celle qui rallie le plus d es pérances et qui accapare le petit nombre de courtisans que le sort a attaches celle mal- heureure dynastie. Quarante personnes environ sans compter les gens de service et les voyageurs sé journent habituellement Holyrood Sur des quarante personnes, une trentaine se sont dé vouées corps et biens a Henri V. Les autres se contentent de faire leur cour aux vieux roi et son fils qui traitent de chimères les espé rances des heniiquinlisles, comme on les ap pelle en Franee. C'est une chose remarquable que le peu d'accord qui règne contre toutes ces grandenrs d'échus. Charles X et son fils sont bien convaincus que la seule voie de retour possible pour leur dinastie est dans le triom phe de la cause de Henri V; ils savent que les seules chances qui puissent amener une troisiè me restauration de leur famille reposent sur

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Le Propagateur (1818-1871) | 1831 | | pagina 2