3 T
jorCapiaumont est revenu dans les environs de Maes
tricht. Leur retour se rattache probablement l'éta
blissement de la ligne des douanes autour de cette
rille. Les employés de l'administration arrivent aussi
enfouie; déjà plusieurs poteaux sont plantés, et
les bureaux de paiement vont être ouverts. Tout cela
ne servira qu'à augmenter en pure perte, les dé
penses du gouvernement belge et achever la ruine
des malheureux babitans du Limbourg. Avant peu
de jours nous verrons ici de grandes choses. Le géné
ral Uibbets a promis aux négocians de Maestricht
qu'il saurait maintenir les communications libres
il tiendra parole. Deja hier il a donné des preuves
un piquet de cuirassiers sorti de Maestricht dans
la matinée, a rencontré les partisans près Hocht,
une forte demie-lieue de la ville; plusieurs coups
de fusil et de pistolet ont été échangés sans perte ou
blessure cette fois pour aucune de deux parties.
Mais ce n'est qu'un commencement, nous en verrons
bien d'autres patience.
Aujourd'hui, les cuirassiers sont revenus, accom
pagnés de canons. La chose a été plus sérieuse qu'hier
les canons ont été de la partie; un des nôtres a dit-
on été blessé.
Demain ce sera a recommencer. Nous aurons des cui
rassiers, du canon et peut-être un bataillon d'infan
terie. Après les blessée viendront les morts. Ce sera la
même chose après-demain et ainsi de suite, car
il n'y a pas raison pour que cela finisse.
RÉFLEXIONS D'UN CAMPAGNARD SOLITAIRE.
Le système des castesl'esclavage domesti
que et la polygamie; les guerres d'asservisse
ment et d'extcimioation suppléant l'industrie
publique et au commerce, par le butin, les spo
liations et les tributs et le défaut des classes
moyennes, dans l'antiquité au moyen âge les
migrations et les inuptions des barbares, le
servage les guerres continuelles entre les sei
gneurs, les monastères, avec les suites de l'igno
rance les disettes et les épidémies le défaut de
rélations entre les peuples ainsi que l'exiguité
du tiers état et l'islamisme empêchèrent l'ac
croissement de la population. Des qu'en Europe
les villes se fondirent sous la protection des rois
contre la féodalité le tiers état se forma et s'in-
géniant pour se pousser et prospérer développa
le commerce et l'industrie, et la population aug
menta. Les découvertes du t5 et t6' siècles et
la réformation leur firent faire des pas de géant;
l'industrie y dut d'ailleurs suppléer aux cou
vents, et la révolution française généralisa cette
nécessité. La concurrence et l'émulation du com
merce et de l'industrie profitant des découver
tes poussèrent de nouvelles et mirent toutes
les scieuces en fermentation. Ces lumières, ce
développementcelte activité des classes moyen
nes, suivis du sentiment intime de leur supério
rité morale de leurs moyens et de leur puissan
ce leur donnèrent la prépondérance sur les
autres classes jadis supérieures par leurs pos
sessions territorialesleur pouvoir moral et leurs
privilèges classes restées immobiles au milieu
des progrès énervées par le servage des cours
la gueusvrie des grâces et des dignitéset la
fainéantise insolente des sinécures partant dé
chues de leuis prérogatives, de leur influence
et de leur force naturelles et artificielles.
Les deux classes privilégiées déchues s'en
vont naturellement en diminuant en pouvoir et
en nombretandis que les classes moyennes
régnantes vont en croissant. Ces deux classes
sentant échapper les rênes de leurs mains dans
les pays constitutionnels et se sentant incapa
bles de les resaisir par la force voudraient s'en
emparer par là ruse; elles demandent le vote
universel; c'est dire qu'elles veulent tenter
d'escamoter le pouvoir aux classes moyennes
auxquelles il est venu progressivement par des
causes et des effets naturels, pour le faire passer
aux maius des classes inférieures plus nombreu
ses auxquelles le cours de choses ne l'a pas re
mis espérant s'en emparer en leur nom comp
tant de mettre ces classes encore inhabiles
manier une part du pouvoir, sous leur tutelle,
et de la gérer en leur place.
Pour parvenir ce but, les deux classes pri
vilégiées devraient forcément reprendre leurs
anciens erremens et retenir les classes inférieu
res dans la sujettion et dans l'ignorance; or,
dans l'état donné de l'Europe celte contrainte
ne pourrait duier celle tentative serait bientôt
repoussée puis brisée violemment et des boule-
versemens qui écraseraient une partiedes clas
ses moyennes même et l'anarchie avec ses sui
tes en seraient le résultat.
Les classes moyennes seront mieux avisées.
Des économistes avaient prétendu trouver la
prospérité des états dans l'accroissementde la
population dans le graud nombre des habilans,
sans songer faire marcher du même pas les
moyens de subsister Maltus trouve le malaise
des états dans ce grand nombre, et Mr. Cul-
loch avec le Courrier voudraitpour arrêter
cette surabondance dissuader déjà les classes
inférieures de méiiter leur nom de prolétaires:
peine perdue la société passée et actuelle a gê
né ces classes de tant de cotés leur a imposé
tant de privations qu'elles u'iront pas s'ache
ver de peindre et s'imposer encore des priva-
lions naturelles; loin delà, elles y cherchent
une espèce de compensation et une certaine
aisancequi donne la prévoyauce et le senti
ment de sa dignité, peut seule persuader ce sa
crifice. Les classes moyennes doivent donc pren
dre le contrepié desdeux classescidevant privilé
giées; elles doivent soutenir, aider; faire instruire,
éclairer et améliorer les classes iuferieures elles
doivent ouvrir leurs rangs tout ce qui se dis
tingue tout ce qui avance dans ces classes
elles se recruteront ainsise renforceront et
surtout se retremperont continuellementet évi
teront par là la staguaiiou, l'inertie et l'affaiblisse
ment des deux classes qui se sont laissé dépas
ser repousser et écarter. Cette conduite rani
mera les espérauceset le courage des classes in
férieures leur inspirera celte confiance en elles
mêmes qui ressent le turpissimum estseipsum
deserereauquel elles s'abbandonnent si sou
vent: et les soius que prendront d'elles les clas
ses moyennesla bienveillance et la sympathie
qu'elles leur prouveront, les rendront dociles et
amies d'un ordre de choses qui les console
les couduitles releve et ouvre leur intelligen
ce et leur activité toutes les voyes d'améliora
tion et d'avancement car quelqu'inhabiles
qu'elles soyent encore dans leur état actuel
participer par elles mêmes et pour elles-mê
mes aux dioits politiques encore les troubles
de Lyon et les grandes journées de juillet et de
septembre i83o ont ils prouvé qu'elles sont
élévées en courage en modération et en géué-
rosité, bien loin au dessus des despotes et des
privilégiés de la peniusule et de l'Italie dans les
combats et après leurs victoires sur leurs su
jets, et des Tartares Moscovites après leur vic
toire sur l'heroïque Pologne.
Dans les pays agricoles la population suit les
produits de la terre seule les ouvriersdemeu
rant avec le cultivateurn'y peuvent s'établir
avec famille: dans les pays d'industrie quicon
que peut gagner une journée quelque fabri
cation, se marie, sans s'inquiéter du lende-
chaque jour sa peine! et dès qu'ut;«
main
branche d'industrie ou de commerce languit ou
dépéritvoilà une nouvelle classe de pauvres
sans épargnes et sans ressources. Faciliter au*
classes inférieures les épargnes, leur en donner
le goûtleur inspirer la prévoyance et le desir
d'échapper aux variations, en se rendant aptes
changer d'occupations ou de métier voilà la
lâcbe de l'instruction leur donner. Une fois
qu'elles reprendront courage qu'elles auront
confiance daus les classes audessus d'elles et en
elles mêmes une conduite plus réglée une es
prit d'ordre le besoin d'un meilleur sortet la
crainte de la misère les rendront plus circons
pectes dans leurs établissemens de famille si la
législature surtout, dans sa sagesse, n'ac
corde pas une prime l'accroissement du pau
périsme l'augmentation rapide de la misère,
eu exceptant du premier ban de la Garde Civi
que tous ceux qui se marient.
Avec la domination des classes moyennes en
France, chez nous et dans les pays plus ou
moins libres, hors l'Angleterre jusqu'à présent
et le patriotisme des masses déjà assez éclai
rées pour comparer les positions, le passé et le
présent, et juger assez sainement des événe-
mens; il n'y a rien a craindre de l'inimitié des
rois absolues et de la fureur de leurs privilégiés.
Il est évident qu'ils temporisent dans l'espoir
de faire éclater des événemens sinistres en Fi ance
et d'en profiter pour l'étouffer: des calamités
publiques en Angleterre, qui empêcheraient
cette puissance d'agir d'accord avec la France
seraient le signal de leur attaque. Qu'ils l'osent
leur seule chance d'un succès passager serait
l'aveuglement du juste milieu, qui espérerait
conjurer l'orage par d'indignes concessions
car alors les masses se soulevant avec fureur
renversant écrasam royauté, ministère et juste
milieu courraient risque de tomberdans l'anar
chie et de n'opposer d'abord aux forces com
pactes des étrangers que défaut d'unité et d'or
dre, jusqu'à ce que la terreur ou une main de
fer les courbât sous ses ordres pour sauver la
patrie. Mais si le roise plaçant la hauteur
des tems et de sa position proclamait qu'il est
eucore le même, qui eu ga combatit pour la
cause des peuples contre les rois et les piivilé-
giés; que, suivant les mêmes principes et la même
banniere, il se met la tête des peuples con
tre les rois absolus et les privilèges et que
pour les punir de toutes leurs conspirations li-
berlicides, et décider enfin la lutte eutre les
principes opposés il déclare que ce n'est pas la
cause de la France seule, mais celle de tous les
peuples qu'il veut faire triompher qu'il appelle
tous les peuples secouer le joug du pouvoir
absoluqu'il volera leur secours pour leur
seule délivrance, sans vouloir d'aucune con
quête et qu'il ne déposera le glaive que lors
que tous les peuples d« l'Europe qui l'auront
appelé, se seront constitués libres et indépen
dants chez eux A cette voix de tonneire, sui
vie d'une arrnee enthousiasmée nous verrions
la défection se mettre dans les rangs ennemis,
le désordre et la panique la suivie les peujtits
se lever de toutes parts et les tiôues et moulus