ÉCONOMIE POLITIQUE. -1« ARTICLE. M. de Muelenaereministre des affaires étrangèresvient d'être nommé par S. M. la reine d'Espagne, graod'-croix de l'ordre de Charles 111. - Les négocians en tissus de coton de Brux - quable en deux points; par ce qu'il dit, et par ce ne dit pas. En exprimant sa douleur de voir les difficultés entre la Belgique et la Hollande durer encore, il donne suffisamment connaître que rien dans l'état actuel des choses ne présagé une fin quelconque de ces difficultés, ni une époque quelconque qu'elles ne dépasseront pas. La silence absolu sur la question américaine est un signe que la deplomatie regarde cette querelle comme une querelle déchiffrés déjà étouffées dans le bureaux. M. Bosquet, procureur du roi Bruxelles, a été élu représentant en remplacement de M. Teichmann. M. Dellafaille, directeur des cultes, a été réélu Audenaerde, une forte majorité de voix. Les assises de la Flandre accidentale s'ouvri ront le 16 du courant sous le présidence de Al. le conseiller Koorman. Celle de M. Tack d'Oostro- zebéke est la seule qui promet d'être intéressante. Coup-d'œil sur le système de douanes belges et examen de la brochure portant le titre: Opisiok si M. PIERRE CASSIERS d'Arvsrs. Le système de douanes en Belgique ou la pen sée dominante des hommes d'état qui l'ont gouver née avant la révolution et depuis est liberté en tière ou la moins limitée possible l'introduction, au transit des marchandises étrangères et la sortie des produits belges. En somme point de prohibition peu de restrictions et seulementsi elles sont d'une nécessité reconnue. Ce système pourrait, selon nous, se justifier pour tout pays qui se trouverait dans l'une ou l'autre des positions suivantes. i° Si tous les pays avec les quels il traite des échanges adoptaient le même système envers lui. 20 Si ce pays est plus négociant qu'industriel et agricole comme, par exemple, la Hollande. Lorsque ces deux positions ou l'une ou l'autre manquent pour un pays le système tendant la liberté, le système antirestrictif ne peut être qu' une duperie, une maladresse, et doit avoir pour effet d'arrêter 1,'essor de toutes les branches indus trielles, agricoles et manufacturières; d'être nui sible tout la fois au commerce même que l'on semble vouloir protéger, de faire tarir en un mot la source des richesses nationales. Parce que ce système a servi de base au tarif de douanes adopté par l'ancien royaume des Pays- Bas, doit il être suivi par le nouveau royaume belge Nous ne le pensons pas. La Hollande, le seul pays du monde peut-être ou un pareil système pourrait être adopté avec le moins de danger tel qu'il est suivi en Belgique, la Hollande a t—elle continué le suivre depuis sa séparation? Non. Et en supposant que ce système soit le seul qui convienne toutes les sociétés humaines répandues sur le globe, en admettant que ce système ren ferme les vrais principes d'économie politique en seignés par nos plus célébrés économistes, est-il sage pour la Belgique d'entrer la première dans la voie du progrès, de risquer de s'appauvrir et de subir toutes ies conséquences d'un état de malaise et de marasmeet cela dans l'espoir de convertir Us autres nations? Nous penchons pour la négative; et dans l'exa men de celte question nous nous appuyerons sur l'opinion émise par M. J.-P. Cassiers devant notre commission d'enquête sur l'état de l'industrie cotonnière. Liberté pour liberté restriction pour restric- lion. Acheter bon marché ce dont on a besoin, vendre au mieux tout ce que l'on a de trop, en d'autres termes obtenir au plus bas prix tout ce qui est employé consommer, et produirerevendre le plus cher possibleet avec benefiçe l'excédant de la production sur la consommation intérieure: Tel est le but que l'homme d'état doit faire'at teindre ses administrés, en gérant les affaires d'un pays. Empêcher que cet excédent ne devienne telle ment considérable qu'il y ait un trop plein, ou engorgement, sans pour cela arrêter l'essor d'au cune industrie et sans lui accorder le moindre priévilge ou secours, là gît le secret du législa teur économiste. Quant un pays est éminemment agricole il est par cela même peuplé, il est également supposé riche et consommateur. Toutes les nations doivent être jalouses de traiter avec lui. Ce pays s'il produit plus encore qu'il ne consomme éprouve de son côté aussi un désir, un besoin même, celui d'ex porter cet excédant dont il ne sait que faire. De ce désir, de ce-Lasoin réciproque des nations, est né le commerce que l'on nomme le haut com merce pour le distinguer du commerce de détail et même de celui de spéculation. Quand ces trois branches qui s'enlacent et qui proviennent d'un même tronc sontégalement sou te- nuespar des lois tutélaires quand une bonne culture c'est-à-dire des lois et des réglemens sages leur procure u ne sè ve vigoureuse et aide leur dé veloppe- ment, les signes de leur accroissement ne tardent pas se manifester avec évidence; et quelles que soient les charges dont un tel pays est accablé, comme par exemple l'Angleterre, vous le voyei néanmoins supporter facilement le lourd fardeau d'impôts énormes. Telle a été en partie la Belgique sous ses lois fiscales hollandaises avant la révolution. La Belgique plus chargée d'impôt alors qu' aujourd'hui prospérait. En faut-il rechercher la cause autre part que dans les avantages qui étaient offerts au haut commerce pense-t-on qu'il eût suffi de proclamer le système prohibitif comme étant contraire aux vrais principes d'é conomie politique, pour amener ce mouvement d'affaires qui promettait la ville d'Anvers les destinées brillantes auxquelles sa position et l'in térêt de l'Allemagne, centre de l'Europe, l'appellent inévitablement? Pense-t-on, par exemple, que si nous avions eu quelques millions de consomma teurs de moinsla Hollande et l'île de Java contrées où l'on ne fabriquait pas de cotons les manufactures de Qand eussent pris un tel accrois sement Nous demanderons aux partisans du système de tout sur l'ancien piedsi en ne s'occupantpas de remplacer pour les fabriques belges les débouchés qu'elles ont perdus, ils espèrent qu'elles se sou tiendront? S'ils l'espèrent de bonne foi, nous pen sons qu'ils sont dans l'erreur. S'ils sont convaincus que la force productive est hors de proportion avec notre consommation et nos débouchés, alors qu'ils prêtent l'oreille aux conseils que leur donne M. Cassiers lequel joint l'expérience pratique du grand négociant, de l'armateur,de l'industriel et de l'agricole des notions saines en économie politique. Nous engageons tous les Belges jaloux de la prospérité de leur pays prendre connaissance des faits que M. Cassiers d'Anvers signale dans sa brochure et des opinions qu'il exprime, tant sur les causes de l'état de détresse ou se trouvent l'in dustrie cotonnière en Belgique que sur les moyens d'y porter remède. Nous saisissons cette occasion pour résumer en peu de mots ce qui se trouve de plus saillant dans cette brochure, outre que tout ce que nous venons de dire s'y trouve implicitement. Sans la réciprocité, admettre la liberté illimitée dans l'introduction et le transit des marchandises étrangères, est une duperie. Quand un pays n'a pas de colonies il peut avec plus de facilité se procurer les denrées coloniales de la 1™ main, parce qu'il n'a pas d'intérêt colo niaux ménager. Le meilleur moyen de se procurer des débouchés pour les produits excédans c'est d'aller chercher directement les produits exotiques, au lieu d'em ployer des intermédiaires. Les frais que ces opérations en seconde main occasionnent s'élèvent de i5 a5 p. sup porter deux fois: i° sur l'expédition des produits indigènes en supposant que cette expédition ait lieu et a° sur le retour en produits coloniaux. Rien ne serait plus facile la Belgique que de se procurer les denrées coloniales directement. Pour cela deux sont choses faire 1° créer une marine marchande comme celle de ci-devant roi des P.-B. fut créée; et 2° indemniser le haut commerce belge d'une prime ou d'une restitution de droits égale au bénéfice que prélèvent maintenant les Hollandais de qui nous sommes tributaires pour nos achats d'objets coloniaux. Ce bénéfice étant supposé s'élever une somme quelconqueM. Cassiers propose d'imposer di verses articles coloniaux d'un droit dont il donne le tarif. De cette manière les sommes que nous payons aujourd'hui aux hollandais pour qu'ils aient la gracieuseté d'aller chercher aux Indes les objets dont nous avons besoinne seraient pas perdues pour le trésor et serviraient encourager les ex péditions lointaines par notre marine marchande. Par cette mesure nous forcerons la Hollande se mettre nos pieds et nous demander la paix, au lieu de nous humilier et de nous avilir jusqu'à devoir cacher le pavillon national dans le court trajet que nos caboteurs se bornent faire d'An vers au Doel. M. Cassiers signale aussi un fait commercial important révéler c'est que nous envoyons par tolérance du gouvernement hollandais des allèges jusqu'à Rotterdam pour recevoir la marchandise qui nous est expédiée par l'intermédiaire de grands navires neêrlaiidais at que notre gouvernement accorde cette navigation frauduleuse la restitu tion de 10 p. de droits; restitution destinée indemniser la navigation directe. M. Cassiers fait remarquer très judicieusement que laisser faire nos affaires de haut commerce de préférence par les Hollandais, c'est non-seulement une duperie mais qu'en politique c'est une faute. Il dit que si l'on ne peut se décider adopter le système de primes ou restitution de droits éta blir, système seul capable de relever notre marine marchandeencore vaudrait-il mieux appeler les nations amies de la Belgique au partage de ce bénéfice de navigation et de commerce d'outremer que de l'accorder tout entier la Hollande notre ennemie naturelle et irréconciliable. Intéresser ce commerce de. denrées coloniales. l'Angleterre et la France, ce serait intéresser ces deux puissances une question de vie et de mort pour là Belgique, la question de la liberté de l'Escaut. (La suite un n* prochain.) - Le JWoniteurpubliera, dit-on, d'ici au 8 marsla liste générale des décorés de la croix de fer.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1835 | | pagina 2