l'homme qui a commis l'horrible attentat du
38 juillet Oo dit que l'on ne peut rien obte
nir de la femme Petit, qui pourrait faire les
révélations les plus importantes.
- Il a été dit que M. le comte de Sussy
avec sa femme, son fils, Mmc la duchesse
d'Otrante, sa fille, deux de ses amis, MM.
Garnot et Louis Langlois, et ses six domesti
ques, a failli être victime d'une tentative
d'empoisonnement. Des soupçons s'élevèrent
dès le premier moment contre une ancienne
cuisinière; cepeudant M. le comte et Mme la
comtesse de Sussy n'osèrent point la signaler
la justice. Mais hier, MM. Dieudonné, juge
d'instruction, Saint-Didier, substitut, Chau
vin, commissaire de police et le chef du ser
vice de sûreté avec plusieurs ageus de sa
brigade, se sont transportés au domicile de
M. le comte de Sussy, l'hôtel des Monnaies,
où l'oo s'est livré aux investigations les plus
minutieuses; et par suite de tous les rensei-
gnemens que la justice a recueillis, Christine
Chcret, femme Joigneau, ancienne cuisinière
de la maison, a été arrêtée et mise la dis
position de M. le procureur du roi.
- M. l'archevêque de Sens vient d'écrire
M. Persil que sa circulaire du 24 juin dernier
étant contraire l'induit et la charte, il
pioteste contre ses dispositions de toutes les
puissances de son arae; la même protestation
a été faite par M. l'évêque de Saint-Claude.
- On porte 10,000 le nombre des habi-
tans du midi réfugiés Lyon. Malgré cette
éuorme imigratiouil n'y a encore eu dans
cette ville que quelques cas de choléra tout-
à-fait isolés mais l'inquiétude est vive tous
les esprits sont préoccupés de l'idée que l'in
vasion est proche et les affaires sont comme
suspendues.
- Des nouvelles d'Annecy (en Piémont)
annoncent que le choléra s'est déclaré Coni
en Savoie, qui n'est éloigné que d'une jour
née de marche de Turinet que sur 57 ma
lades 17 avaient succombé. Le choléra a
éclaté aussi Gênes.
- Ou croit que le mariage de don Carlos
avec S. A. R. la princesse de Ëeyra est déjà
convenu, et que les dispenses apostoliques
sont demandées. La princesse de Beyra est la
nièce de don Carlos, sœur de don Miguel et
de don Pedro, fille de Jean VI de Portugal,
et sœur aussi de feue l'épouse de don Carlos.
On la dit femme de capacité et d'énergie elle
est âgée de ^7 ans. Messager.
Voici les détails sur l'évasiou de Collom-
bat, détenu républicain du Mont Si-Michel:
Collombat occupait avec Lepage et
Blondeau une chambre côté de laquelle était
lin cabinet noir de la même longueur que la
chambre, sur trois pieds de largeur seule
ment; ce cabinet avait un plancher et servait
déposer un baquet pour l'usage des pri
sonniers. Il était séparé de la chambre par
un mur de réfeudet de l'extérieur également
par un mur de quatre pieds d'épaisseur.
Collombat enleva sous le baquet deux
ou trois planches, et se mit l'aide d'un clou
de huit pouces environ qu'il avait trouvé
lors de l'incendie, creuser un trou dans
l'espace compris entre les deux mursc'est-
à-dire sous le cabinet. Cet espace avait été
rempli de pierres et de gravois; il creusa
ainsi jusqu'à quatorze pieds de profondeur,
ayant soin de ]eler pardessus les remparts ou
de semer ça et là les débris qu'il retirait. Mais
bientôt il se vit encombré de matériaux, et il
chercha un moyen de s'en débarrasser avec
plus de sûreté et de facilité. Il avait remarqué
qu'en marchant dans sa chambre, le plancher
était soucré; il savait en même-temps qu'il
n'y avait point d'appartemeDt occupé en
dessous, il pensa donc que ça devait être un
caveau; il perça le mur du refend qui sépa
rait le cabinet de la chambre: ce mur avait
quatre pieds d'épaisseur. Une fois le trou
pratiqué, il s'aperçut avec peine qu'il y avait
des pierres éoormes de chaque côté de l'ou
verture, qu'il ne pouvait les ôter, qu'ainsi
il ne lui serait possible de jeter par ce trou
que de légers débris; il l'abandonna donc et
se remit creuser dans les gravois intermé
diaire jusqu'à deux pieds plus bas. Arrivé là,
il perça de nouveau le mur, fit une large
ouverture, et précipita dedans des pierres
fort grosses, et une quantité de matériaux.
Cela faitil descendait avec une lumière dans
ce caveau: une odeur tellement infecte s'en
exhalait, que sa chandelle faillit s'éteindre
plusieurs fois il trouva dans cet endroitqui
avait la même grandeur que sa chambre,
des os humains formant encore squelette; il
monta et fit voir ses camarades une têté de
mort et un fémur: c'était sans doute un de
ces tombeaux où des hommes étaient enter
rés vivant par suite des vengeances de haut-
lieu ou pour avoir dit de dures vérités de
nobles et puissans seigneurs. Grâce1 cette
découverte si importante pour lui, Collombat
se remi t creuser le gravois avec plus de cou
rage, puisqu'il se débarrassait sans peine des
matériaux qui le gênaient. 11 arriva de la sorte
jusqu'à vingt-quatre pieds de profondeur
partir du sol du cabinet, là, il rencontra le
rocher sur lequel était assis le mur extérieur,
qu'il n'êut alors qu'à percer. Il fit le trou
jusqu'à trois pieds et demi, laissant environ
six pouces de pierres pour qu'on ne vit rien
du dehors.
a Son ouvrage ainsi terminé, il recouvrit
le tout des planches du cabinet, mit le baquet
dessus, comme il le faisait chaque jour au
moment de la ronde, et attendit l'occasion
favorable. Elle se présenta dans la nuit si
lempeslueuse et si obscure du a4 ou a5 juin.
Après la ronde de dix heures du soir, Lepage
dormait profondement, Blondeau seul veil
lait; Collombat, résolu partir, proposa
Blondeau de le suivre; mais Blondeau, an
cien militaire, couvert de blessures, ne se
Sentant pas la force physique d'affronter les
dangers de ce périlleux voyage, ne se décidât
pas accompagner Collambat. 11 l'embrassa
presque leslarmes aux yeuxen lui souhai
tant une heureuse réussite, si la grâce de
Dieurépondit Collombat; et il partit muni
d'environ cent pieds de pelottes de ficelle
tressée il descendit d'abord les vingt-quatre
pieds du trou qu'il avait creusé, en se servant
de points d'appui qu'il avait ménagés comme
dans un puits arrivé an rocher, il acheva de
percher le mur extérieur, passa un morceau
de bois en croix dans le trouy attacha une
ficelle, et se laissa glisser le long du rocher
environ quarante cinq pieds. Il s'aperçut
qu'il manquait de corde il s'accrocha au ro
cher, et l'examina; il reconnut qu'au lieu
d'arriver par une pente assez douce au che
min de ronde, il rentrait en dedans formait
une cavité, qu'ainsi il était impossible de se
laisser glisser, et qu'il faillail sauter. Il pro
fita, pour le faire, du moment où le faction
naire criait qui vive la ronde d'olficier; une
fois au pied du rocher, il s'accroupit au mo
ment où l'officier passa près de lui avec sa
lanterne; sitôt que celui-ci eut fait quelques
pas vers la sentinelleil grimpa l'aide des
cavités qui s'y trouvaient, sur le vieux mur
de ronde, puis, de là, sauta de la hauteur de
douze pieds dans le jardin du directeur. Il le
traversa, monta sur le mur du jardin de l'en
trepreneur, ce mur avait huit pieds; sauta
dans son jardin, le traversa encore, gravit uu
troisième mur. et sauta près de la maison du
chirurgienM. Edou; là, il descendit un pe
tit escalier fort étroit, et bordé par une car
rière très-profonde, arriva au pied d'une tour
où se trouvait un factionnaire, marcha sur
tes mains et sur les pieds, et atteigniteu
contournant plusieurs tours par des descen
tes d'escaliers, les derniers remparts; gravit
le parapet de cinq pieds de haut enviroo,
attacha une poulie qui sert enlever les
marchandises nécessaires l'approvisionne
ment du fort, sa dernière corde, et descendit
en se laissant glisser peu près quarante pieds.
Il s'aperçut alors qu'il était loin du solet il
n'avait plus de corde; ses genoux, ses mains
et sa figure étaient ensanglantés, parce qu'il
s'était échorché le long des rochers et des
ronces. Il n'y avait point balancer, il se
laissa tomber sur les rochers qûi étaient ses
pieds il était horriblement fatigué néan
moins, ne se trouvant pas blessé grièvement,
il se releva, et songea gagner la terre ferme.
Il venait de descendre peu près 35o pieds
de hauteur, en moins de deux heures.
Collombat avait calculé les heures de
marée; néanmoins il redoutait plus le voyage
de la grève que celui qu'il veuait de faire; il
savait que la route viable est peu large, qu'à
côté le sable mouvant engloutit l'instant
tout ce qui s'appuie sur lui, et il n'avait au
cun moyen certain de se guider. Cependant,
il marcha reculons, tâchant de preudre
pour point de départ, le phare du fort et