JOURNAL DE LA FLANDRE OCCIDENTALE.
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OUVERTURE DES PORTES
DR LA VILL1.
Du ir au 5o avril4 1/2 heures.
FERMETURE DES PORTES
DR LA VILLI.
Du ir au 5o avril8 heures.
^JjCélllélU^eA
L'an 1696, le 14 avril, mort de madame de
Sévigné. Marie de Rahutin-Chantal naquit
le 5 février 1628, de Celse-Bentgne de Rabutin,
baron de Chantaide la branche aîné de la
maison de Rabutin, et de Marie de Coulanges
d'une famille de robe qui n'était guère moins
illustre: elle ri'avait qu'un an et demi lorsque
les Anglaispour secourir la Rochelle et les
protestons de France firent une descente dans
l'île de Rhé. M. de Chantai s'y opposa la tète
d'un corps de gentilshommes volontaires. L'ar
tillerie de la flotte ennemiequi protégeait le
débarquementfoudroya les Français leur
chef resta sur la place avec une grande partie
des siens. On a écrit qu'ilfut tué de la main de
Cromwel.
1719, le 15mort de madame de Maintenon.
Françoise d'Aubignémarquise de Mainte-
non était petite-fille du célèbre Théodore-
Agrippa d'Aubignégentilhomme ordinaire de
la chambre de Henri IV. Son père, Constant
d'Aubigné fut mis en prison Bordeaux, pour
quelques intelligences avec les Anglais. Délivré
de sa prison par la fille du gouverneur il
épousa sa bienjaiti ice, et la mena la Caroline.
De retour en France avec elleau bout de
quelques années toux deux furent enfermés
Niort en Poitou par ordre de la cour: ce fut
dans cette prison de Niort que naquit, en iG:>5,
Françoise d'Aubigné, destinée éprouver toutes
les rigueurs et toutes les faveurs de la fortune.
1697, le 16mort de Charles XI, roi de
Suède. Charles XIguerrier comme tous ses
ancêtres, exerça une puissance beaucoup plus
absolue. Il abolit l'autorité du sénat, qui fut
déclaré le sénat du roi et non du royaume. Il
était frugal, vigilant, laborieux, tel qu'on l'eût
aimé si non dispotisnie n eût réduit les senhmens
de ses sujets celui de la crainte. C'est lui qui
répondit un jour la reine sa femme, qui un—
plorsit sa pitié en faveur de quelques malheu
reux u Madamenous vous avons prise pour
u nous donner des en fans et non pour nous
donner des avis, u Charles XIfut le pre
mier roi absolu en Suède, et son fils, lefameux
Charles AU fut le dernier.
11 E L g 1 E.
Ypres, 16 avril.
M. D E B t il C K.
La mort qui brise les liommes et les choses
vient d'abattre l'une des plus grandes illustrations
du barreau belge. Le nom de M. Deburck de
Courtrai,connue celui de M. Deburck de Biuxclles,
est connu dans toute la Belgique. L'aîné qui
plaida constamment dans la capitale et qui remplit
les fonctions les plus élevées dans la magistrature
jouissait de plus decélébrité son frère établi dans
une ville d'une rang inférieur, s'adonnait l'étude
la plus infatigable de la jurisprudence, et était
principalement connu des légistes qui appréciaient
ses talents dans ses mémoires; de ses concitoyens
dont il était l'oracle; des veuves, des orphelins
et des malheureux qui énuméraientaveccxallation
Us spoliations qu'il avait fait cesser les haines
entre les familles qu'il avait éteintes les fortunes
injustes qu'il avait détruites. La réputation du
premier eut plus d'éclat, la vie du second s'écoula
comme le silenced'une heure d'étude. Leur mérite
fut égal quoiqu'avec des nuances de diversité.
On peut dire de ces deux hommes ce qu'un ancien
racontait de Crassus et de Scoçvola, que le premier
fut un avocat plus éloquent, le second un
jurisconsulte plus profond.
L'appartement le plus isolé d'une maison sombre,
dans une rue déserte, en face de la prison: là était
Courtrai le lieu où les parties plaidantes tachaient
de se dévancer, où confluaient et se heurtaient
de tous les points du pays, des deux Flandres
et du Hainaut surtout, les questions les plus
ardues, les plus compliquées, les plus intéressantes,
les plus arides, les plus hétérogènes, les plus
rabattues, les plus neuves, les plus célèbresles
plus inattendues. A peine la droit civil le droit
commercialle droit publicle droit criminel
avaient-ils chacun leur jour, leur heure; tout
s'entre-mêlait chaque branche reclamait la
priorité; et dans une niasse dechoses qui chez tout
autre aurait produit une inextricable confusion
cette vaste tête trouvait l'ordre, le maintenait,
ne précipitait rien, et ne fut jamais en demeure,
ht il restait du temps l'amitié, du temps
encourager les jeunes talents que son zèle lui
lésait découvrir, du temps la méditation des
lois qui était toujours son point de ralliement.
Tous tes tribunaux ont vu de ses consultations
mais c'est surtout Bruges, Gand, Anvers,
Bruxelles, qu'elles retentissaient souvent, qu'elles
surgissaient subites, qu'elles ravageaient les défenses
opposées, que les Verhaegen, les Barbanson les
Koiin, les Vandaele, les Jullien se retranchaient
derrière elles comme derrière un rempart et se
flattaient d'avoir vaincu quand ils avaient Deburck
en leur faveur. Tant de travaux ne furent pas
échangés de repos même au déclin de l'âge, car il
11e sut jamais se convaincre que le temps de halte
lût arrivé. Au moins son frère, retiré dans une
campagne riante du beau pays de VVaes, mit ses
dernièies années l'abri des tracasseries de la
clientèle, celui-ci travailla jusqu'à la lin. C'est
donc au suprême rémunérateur qu'il laissa le
soin de sa récompense.
Notre cité peut se révendiquer juste titre ces
deux illustres citoyens, elle est leur patrie. C'est
dans notre ville que demeure en grande partie
cette famille respectable laquelle appartient M.
Boedt dont le nom lait honneur au barreau qui
était.»- jne lui-même d'un si digne beau-père
et qui comprend si bien l'immensité de la perte
qui l'afflige. La science pleure avec lui. Nous ne
nous étendrons pas sur les vertus domestiques de
M. Deburck une notice nécrologique que nous
avons trouvée dans la feuille de Courtrai, et qui
paraît écrite par un ami du défunt qui le connaissait
de fort prèsremplira notre but cet égard. Nous
la donnons en entier.
NÉCROLOGIE.
£/!6. Si a tic ou-<S xaviet (OefiuicA
Parmi les nombreuses pertes que notre ville a
faites depuis peu de mois aucune n'a été plus
généralement et plus profondément sentie que
celle qu'elle vient de subir dans la personne de
M. l'avocat Deburck. Peu de mortels ont fourni
une carrière plus laborieuse et plus utile. Jeune
encore sous l'ère républicaine française, alors
qu'il fallait autant de courage et de dévouement
que de talent pour occuper les emplois publics,
il fut nommé secrétairede la municipalité d'Ypres,
sa ville natale; il y puisa les éléments de ses
connaissances administratives qu'il fit éclater en
tant d'occasions. Son tribut payé la chose pu
blique il s'adonna exclusivement l'étude du
droit et la profession d'avocat qu'il exerça
toute la vie avec passion. Rien ne le rebuta dans
ce dur apprentissageni les bouleversements
politiques, ni les transitions subites de la législation
qui signalèrent son entrée la carrrière; seul
sans protecteursn ayant pour guides que sa
tête et son génie, il se fit bientôt jour travers
les ténébreuses difficultés de la sciencepour aller
se placer au rang des jurisconsultes les plus
renommés de notre patrie. Le barreau de Bruges
fut témoin de ses premiers succès, il le quitta
bientôt pour venir s'établir parmi nous où son
apparition fut signalée comme un bienfait; et
pendant trente ans M. Deburck justifia la haute
réputation qui l'avait dévancé.
A un esprit éclairé et juste, une instruction
étendue et variée, il joignait une activité prodi-
ieuse et un caractère plein de noblesse et de
ignité. Son ardeur pour l'étude était infatigable;
il développait les éléments des défenses avec une
lucidité rare, et jamais sa fécondité ne lui fit
défaut; rien n'échappait sa pénétration. Intîis
et m cute semblait sa nia xime favoi ite. Quelque
aride qu'était le sujet qu'il avait traiter,
toujours savait-il y répandre de l'agrément par
des narrations intéressantes et instructives; jamais
il ne descendit ces moyens ruineux que la
stricte lettre de la loi n'ollie que trop l'avide
gloseur. Avocat philosophe bien plus que procu
reur pointilleux, il envisagea sa noble profession
d'une manière desintéressée. L'art de la justice
fut toujours pour lui ['art du juste et du bon.
11 était athlète loyal et d'autant plus redoutable
qu'à l'ascendant de son talent s'alliait celui de sa