«êpR»* sur une labié la canne fusil, instrn-
nR'îii de Crime, et ie couteau poignard trouvé
sur Alibaud, ainsi que les livres et autres
•objets saisis dans la chambre qu'il occupait.
M" Charles Ledru présente des conclusions
tendantes ce que l'affaire soit renvoyée un
autre jour qui sera ultérieurement fixé attendu
que les délais exigés par la loi, entre la
signification du réquisitoire et l'acte d'accu-
tio't n'ont pas été observés.
M* Martin (du Nord soutient que les
délais ont été sufiisans et que d'ailleurs l'on
sait depuis longtemps que la cour des pans
ii est pas astreinte suivre les formes de la
procédure ordinaire dans la juridiction ordi
naire', il demande que la cour passe outr e aux
débats.
M* Ch Ledru. Ne croyez pas, messieurs,
que je veuille ineidenter dans celte affaire;
mais depuis que la défense. d'Ahbaud m'a été
Confiée, j'ai travaillé jour et nuit; et cepen
dant, j'avoue qu'aujourd'hui je ne viens pas
dpvant vous suffisamment pteparé. Tout
l'heure. Alibaud vient de me remettre 17 de
mandes d'assignation de témoins qu'il veut
entendre, et dont je n'ai pu encore prendre
connaissance. La loi ds septembre t8Î5 sup
prime en effet, je le sais, une partie de la
procédure qui pourrait faire traîner l'instruc-
ti mi plusieurs moismais dans une accusation
Capitale, la cour ne voudra certainement pas
refuser les moyens de répondre celte accu
sation; autrement ce serait d'un droit étroit
dont il n'y a pas d'exemple dans le monde
civilisé D'ailleurs, je poserai un dilemme au
quel M. le procureur-général ne pourra pas
répondre: Appliquez vous les lois antérieures
a s'-ptembre i8d5, et elles nous accordent
six semaines; ou bien la loi de septembre,
»'r nous avons droit un délai de dix jours.
Quelques paroles sont encore échangées
«titre le défenseur et M. Martin du Nord
puis, la cour se retire dans la chambre du
Conseil pour délibérer sur les conclusions de
M Ledru. il est midi.
A deux heures moins un quart la cour rentre
th séance; M Pasqufir, au milieu du plus
profond silence, donne lecture d'un arrêt qui,
déclarant que la législation de ibd5 u'esl pas
applicable la cour des pairs, otdonue qu'il
Seta passé outre aux débats.
M» Ch Ledru donne les noms de quatre
témoins que l'accusé désire faire entendre.
M. le président: Accusé est-ce vousqui le
a5 juiu, 6 heures du soir, lorsque le roila
leiue et M""e Adelui ie se reo lanl Neuilly
passaient sous le guichet du Pont Royal, avez
lire sur le rui? - R. Oui. - D. vous vous êtes
Servi d une canne? - R. Oui, d'une canne-
fusil. - D. Où l'avez-vous eue? - R. Chez
Devisme.
RI* Cauchy donne lecture de la lettre
écrite par Alibaud Devisme et dans laquelle
il lui du qu'une des cannes qui lui avaieui été
confiée» lut avait été prise.
M. le président: Comment le jour du
Crime l'araie était-elle chargée. - R. Elle était
chargée depuis i5 jours, avec 28 grains de
poudre et deux balles. - D. Depuis quaud
méditez-vous le crime? - R. Depuis le jour
où Paris a été mis en état de siège, depuis
que des massacres horribles ont été commis
Lyon et Paris par ordre du roi; son règne
est un règne infâme, un règue de sang. Je
voulais fiapper le roi mort.
Une serie de questions sont adressées
Alibaud sur les motifs qui lui ont fait quitter
le service et qui l'ont engagé passer en Es-
pagne. Il déclare qu'il quitta le service et
passa en Espagne pour proclamer la républi
que Madi id.
D. Pourquoi êtes vous revenu d'Espagne?
- R. Pour tuer le toi. Pouiquoi avez-vous
quitté Batica où vous aviez une position? - Il
m'a renvoyé. D. N'était ce pas pour tuer le
rot? - R. Non, l'instant n'était pas favorable.
- N'avez vous pas fait partie des sociétés po
litiques? - Jamais. D. Dites l'emploi de votie
temps le jour du crime. Je suis sorti de ma
pension dix heures; je vis arriver le roi aux
Tuileries a midi; je fus ensuite au café, j'y
restai jusqu'à quatre heures; ensuite je me
rendis au Carrousel, de là au guichet du
Pont-Royal; vous savez le reste. ^Mouvement.)
- Le président: Dans l'horrible positron où
votre crime vous a ruis, crime qui rendra
votre nom a jamais exécrable; je vous engage
rendre par quelques mots de repentir,
l'horreur de votre positron moins grande, et
d'attirer sur vous un peu d'iuléiêt. - R. J'ai
la couviciioti de ce que j'ai fait- Je crois que
j'ai là-dessus assez manifesté mon intention.
M. Bachelierpropriétaire, rue de Pro
vence, est iulioduii. C'est le garde natioual
qui était de faction au guichet du Pont-Royal,
et avec lequel Alibaud lia conversation quel
ques insians avant l'attentat. L'accusé ne lui
a rien dit qui put lui faire soupçonner qu'il
commettrait un pareil crime.
Plusieurs lémoios déposent sur ce qui s'est
passé au momeut de l'attentat.
M. Dupontlieutenant sous adjudant du
palais de Tuileries, rue de Chartres, n. 1 1 A
l'instant où le roi passait sous le guichet,
j'entendis un coup de feu comme le coup
d'un petit pistolet Je me jetai aussitôt sur
l'assassin, et je le saisis par les cheveux je ne
le quittai qu'au momeut où ou le fil monter
en voilure pour le mener en prison.
Le témoin Delabordelieutenant au 5e
busards. Je connuaudais l'escotle de cavalerie
qui accompagnait le roi Neuilly. Je me
trouvais en cette qualité la portière de gau
che de la voiture. Lorsque la voiture arriva
Sous le guichet, je fus obligé, cause du peu
de largeur de ce guichet, de me tenir en ar
rière, J'entendis une explosion assez faible,
je me portai l'instant sur l'homme qui avait
tiré, et ensuite j'allai près du roi, qui me
demanda si j'avais entendu le coup qu'ou
avait tiré sur lui; je lui répondis que oui et
que l'homme était arrêté, et eu bonnes mains.
Le roi dit alors au cocher de partir; je répétai
Cet ordre que le cocher n'avait pas entendu.
M le procureur général N'avez vous pas
vu la bouire ou uue partie de la bourre dans
les cheveux du roi. - Le témoin. Oni, mon
sieur.
M. Beaujuge au tribunal de commerce.
Au moment où je traversais l'arc de triomphe,
je vis les escortes monter cln-val, et je
pensai que c'était pour se retirer, les voilures
du roi n'étant pas encore dans la cour.
L'officier de service nous pria de nous
éloigner un peu pour démasquer la garde
nationale. Nous nous refilâmes plus près du
mur. L'accusé se trouvait devant ma niece,
comme elle désir ait voir passer le rot, je la
fis passer l'extrémité gauche, et ma tète se
trouva au-dessus de l'épaule droite de l'accusé.
Je le vis diriger uue canne vers le roi; un
sentiment d'indignation me le fil prendre au
collet, j'eus une seconde surprise quand j'en
tendis une détonation. Je tenais l'accusé, le
surveillant, un garde national et une autre
personne se jetèrent sur lui, le saisirent et
i'eiumeiiéient au poste; je l'accompagnai jus
que-là.
Le témoin Petit: Je vis arriver les deux
voiluies qui devaient conduire le toi J'étais
sous le guichet avec d'autres personnes;
pririe avions-nous démarqué le front de la
garde nationale, que le roi passa, j'ôtai mou
chapeau et je criai: Vive le roi Au même
moment je me sentis toucher de quelque chose
de froid la joue, je reçus une détonation
daus l'oreille; quoique celte détonation ne fût
pas bien forte, j'en fus un peu étourdi, mon
premier mouvement fut de meltie la main sur
l'assassin. Dans l'instant même il fut entouré
de plusieurs personnes qui le saisirent.
Je ferai observer que le service s'est fait
avec beaucoup de négligence ce jour-là Lé
gère rumeur dans l'assemblée. J
Ou iulioduit le témoin Devisme (Louis-
Fiauçois, âgé de Ireute ans, arquebusier de
meurant Paris, rue du Helder, n® 1 2.
Le s5 juindit-il, j'étais de garde au dra
peau; les officiers étaient allés dîner je com
mandais le poste, J'en fis sortir les hommes uu
instant avant le départ du roi. Le peloton se
forma sur un seul rang; je me plaçai la
dtoile, et fis présenter les ai mes La voiture du
roi s'avançait. Mes yeux se portant derrière
le pelotou, j'apperçus Alibaud qui posait son
chapeau sur la rampe, entre bs deux colonnes
plates du guichet; je le reconnus pai faitemeut,
mais je ne n'avais eucore aucun soupçou de
ce qu'il allait faire.
La voiture du roi s'avançant sous le gui
chet, je vis Alibaud faire un mouvement, qui
me parut êtte celui d armer une de ces cannes-
fusil; en voyant lever cette cauue, je fus
frappé connue d'un coup de foudre; jedeviuai
ce qu'il allait faire; je me précipitai vers lui,