JOURNAL D'Y PRES,
D'AFFICHES, ANNONCES, AVIS ET NOUVELLES DIVER
SAMEDI, 17 Octobre, 1840.
24me A
HOMMES CELEBRES
FEMLLETOA.
yo 2404.
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ÏPRES.
COMMISSION DES MONUMENTS
On ne saurait se vouer sincèrement aux
sciences, la littérature, aux arts, sans
être frappé de reconnaissance et d'admi
ration pour ceux qui les ont cultivés avec
ardeur avant nous et quipar leurs puis
sants efforts, sont parvenus les porter
au degré de perfectionnement où ils nous
les ont légués.
Dans ces honneurs, que l'on prodigue,
par des fêtes solennelles et somptueuses,
nos illustres aïeux; dans ces monuments
que l'on élève leur mémoire, nousvoyons
avec une vive satisfaction la preuve irré
cusable que la Belgique, libre et indépen
dante, marche d'un pas sûr et rapide dans
la voie noble du progrès et des lumières.
La Flandre Occidentale eût rénié de
glorieux souvenirs, si elle était restée
étrangère au mouvement intellectuel qui
se manifeste sur tous les points du Royau
me. Disons-le, l'éloge de nos adminis-
UNE SOIRÉE A L'OPÉRA
trateurs, ils ont parfaitement bien compris
et dignement accompli leur mission en
ces circonstances par arrêté du 5 de ce
mois, la députation permanente du conseil
provincial a nommé une commission qui
sera chargée de faire un travail relatif aux
monuments ériger aux hommes célèbres
de la Flandre Occidentale.
Elle est composée de neuf membres
MM. l'abbé Carton, Octave Delepierre,
Dehondt, Destoop, Jacques Demeerssemttn
l'abbé Vandeputte, tous Bruges; J.-J.
Lambin, archiviste de la ville, Ypres;
Kervyn de Lettcnliove,h S'-Michel lez Bruges;
Dcbien Courtrai.
Nous n'avons pas l'honneur de connaître
tous ceux qui constituent ce comité scien
tifique, et par suite il est impossible que
nous exprimions un jugement quelconque
sur le mérite de son ensemble. Néanmoins,
l'autorité provinciale a été inspirée par des
sentiments trop élevés pour que nous
puissions douter un instant que les choix
répondent au but louable qu'il s'agit d'at-
teindre.
Cependant qu'il nous soit permis de
faire une observation. Les deux tiers des
membres de la commission ont été pris
parmi les habitants du chef-lieu nous
croyons qu'il eut mieux valu de faird
participer l'œuvre projetée un homme
spécial de chacune des villes principales
de la province. Sans doute la ville de
Bruges pouvait avoir plus d'un représen
tant; mais pourquoi exclure certaines an
tres villes, qui ont aussi donné naissance
des citoyens illustres, qui possèdent aussi
de précieux documents sur les hommes et
les choses du temps passé, où l'on ren
contre aussi des personnes studieuses,
instruites?
Ce n'est pas dire qu'il faille renverser4
un fait accompli loiù de là ceux qui ont
été désignés, doivent être maintenus.
Mais, s'il était donné notre voix de
s'élever jusqu'à la députation provinciale,
nous prendrions la liberté de lui dire que,
dans notre intime conviction, il importe
rait d'adjoindre la commission un habi
tant éclairé de quelques autres villes, telles
que Furnes, Ostende, Thourout, Thielt,
Menin, Roulers, Poperinghe, Dixmude,
Nieuport. Par leurs connaissances locales*
ils seraient d'un grand secours, d'une
grande Utilité aux autres membres de la
commission ils les aideraient puissam
ment ne point rester au dessous de
l'attente de leurs compatriotes.
LE PROPAGATEUR,
i i ii
db la
FLANDRE OCCIDENTALE.
FEMME VEILLE SFR TOI.
La société n'a laissé dans la destinée des
femmes qu'un espoir; quand le lot est
tiré et qu'on a perdu, tout est dit.
Mm" de Staël Delphine.
n.
On sonne. Ah dieu, j'avais oublié de donner des
ordres. Quelle Contrariété; Madame la comtesse d'Elvas,
auuouce un valet de chambre. Palmina se lève avec précipi
tation. ii Toute seule, mon ange; mais non, vous attendez
votre mari. Où passons-nous la soirée? Ah! je devine, au
concert de la duchesse les plus grands talens, des voix ra-
vissantes, des triomphes, des médiocrités jalouses; des rivalités
d hommes, de femmes tout cela sera charmant. Je passe la
soiree ici, u interrompit madame de Torcy avec un sourire
force. C est une plaisanterie, ma chère mais qu'aperçois-
Je des larmes oyonsmettez-moi dans la confidence de vos
ehagriusje serai si heureuse de les adoucir. Moi, je n'ai
point de ehagrius. Et vous pleurez encore, Ce n'est rieu,
0
en vérité, ce n'est rien. De la dissimulation avec moi,
Palmina Que vous dire Il m'avait pris la fantaisie
d'aller l'Opéra monsieur de Torcy a refusé de m'y accom
pagner. et voilà tout. C'est fort simple en effet. Voilà bien
ces messieurs ils se vengent dans leur intérieur des émotions
tracassières de la tribune. Demain votre mari prononcera un
discours où la phllantropie se dressera de toute sa hauteurla
régénération morale, la confraternité des nations, le bonheur
de tous enfin lui fourniront le texte de périodes nombreuses
ronflantes et sonores ou bien de phrases saccadées, brusques,
changeantes comme les opinions du jour. Plus d'un sot admi
rera, pleurera. Un si noble intérêt pour la cause de l'humanité
Et ce même homme, rentré dans sa maison, fera le désespoir
de sa femme. A proposque lui avez vous répondu Je ne
sais trop... des impertinences apparemment car il est devenu
froid et silencieux. -- Ensuite? Ensuite, j'ai senti qu'il
fallait obéir. Rayez il fallait, Madame Quoi Vous
ne sentez pas ce qu'il y a d'humiliant dans cette idée! Ils ne
sont plus ces temps où un concile agitait la plus impudente
des questionsLe croiriez-vous, Palmina? des docteurs, des
pères de l'Église, osaient mettre en doute l'immatérialité de
la femme, et faisaient de cet être noble et charmant une brute
instinctive, ils se demandaient si nous avons une âme!... s
Palmina fit un mouvement d'horreur.
Oui, ils ne rougirent pas de mettre en question la
raison, la conscience, la destination de celle qui les avait
portés dans son sein s qui leur avait donné la vie c'était la
déshériter la fois de la terre et du ciel. Et se dégrader
eux-mêmes, m observa Palmina. Vous m aveï prévenue i
tous les jours la destinée de la femme grandit avec oelle de
l'homme nous marchons une révolution qui fera époque
dans les annales de la condition humaine. Tout cela est
beau, tout cela trouve un écho dans mon cœur; mais tout cela
ne dit pas la femme qu'elle peut ne pas obéir, observa la
timide Palmina. u Tout cela dit bien moins, reprit la
comtesse, qu'elle doit adopter une existence passive; en
chaîner, étouffer ses facultés les plus nobles; les soumettre
la déraison d'un être mobile, fragile et passionné comme elle.
Voulez*vous une vie d'association bu d'esclavage? Palmina
releva la tête avec fierté; et tout ce qu'il y avait de grandeur
et d'intelligence dans son être, se refléta sur sa figure expres
sive. Les hommes, poursuivit madame d'Elvas, vantent la
supériorité de leur nature? Que sont les plus élevés? des
êtres bien souples, bien rampans, bien pusillanimes, lorsque
la puissante leur impose, lorsqu'elle ouvre une Carrière
leurs petites ambitions. En quoi diffèrent-ils de nous? je
vais vous le dire le théâtre de leurs jeux est plus vaste,
leurs hochets ne sont pas les mêmes, et leurs hochets ce
sont des eréatures humaines, pesez ce motLeurs triomphes?
c'est la ruine, le massacre d'autres hommes; actes féroces
que l'opinion stupide et routinière du vulgaire décore des
noms pompeux de conquêtes et d'héroïsme, Nous-mème