Répétons-le, en terminant, rien ne nous porte refuser notre entière confiance aux capacités déjà élues, seulement nous craignôns qu'il ne leur manque des ren seignements de localité dons nous désirons qu'ils soient entourés. Hier a eu lieu l'ouverture de notre tribunal. Nous avons eu la curiosité de nous rendre cette première audience de l'année judiciaire. Le rôle présentait un très grand nombre de causes arrêtées dans leur marche pendant les vaccations, elles étaient venues se presser devant l'au tel de tiiémis pour réclamer l'envi une solution que les clients attendent souvent avec une impatience qui ne s'allie point au calme et la modération de la justice. Repuis peu de temps, la salle a subi d'im portantes modifications des pupitres en arc de cercle ont été substitués aux tables des avocats; le bureau a été exhaussé; la peinture et les draperies ont été renou velées, etc. Au fond, derrière le siège du président, on vient de poser, sur un pié destal, le buste en plâtre de Léopold. En somme, la salle d'audience offre un aspect décent et convenable. Quelques personnes pensent que le bois brûler ne devrait point être placé dans le parquet, pas même sous le banc des témoins. On écrit de Bruges, 13 octobre Le baron Edouard Lytton Bulwer, mem bre du parlement anglais et célèbre auteur de plusieurs romans et du livre piquant des Anglais et de l'Angleterrea visité hier notre ville avec M. Octave Delepierre. On assure que ce savant insulaire va s'occuper d'un ouvrage sur la Belgique. S. E. le baron Van Zuylen-Van Nyvelt, envoyé extraordinaire de S. M. le roi des Pays-Bas, chargé de notifier au roi des Français l'avènement de Guillaume II, est arrivé Courtrai le 12 au soir par le chemin de fer. Une diligence avait été mise sa disposition. S. E. est repartie aussitôt pour Paris. On s'occupe fortement de la suppression de l'université de Gand, la ville serait amplement dédomagée de cette perte, par la grande extention qu'on se propose de donner l'école industrielle, qu'elle pos sède déjà et qui deviendrait un des plus grands établissements de ce genre. On écrit de Bruxelles, 15 octobre Par arrête royal du 15 octobre 1840, le sieur Malou douleur en droit, chef de di vision au ministère de. la justice, est promu au poste de directeur de la division de législation et de statistique, en rempla cement du sieur van Iïellinghen de Bran- teghem, appelé d'autres fonctions. On a placé depuis quelque temps au Musée deux toiles de Rubens, dont l'une représente l'archiduc Albert, et l'autre l'infante Isabelle. M. le marquis de Rumigny, ambas sadeur de S. M. le roi des Français, est arrivé Bruxelles. Il a été reçu hier par M. le ministre des affaires étrangères. Le retour de M. de Rumigny a mis fin aux fonctions de chargé d'affaires que remplis sait provisoirement M. le duc de Bassano. Le Journal de La liage annonce que la magnifique collection de tableaux, qu'a vait formée son palais de Bruxelles le prince d'Orange, aujourd'hui Guillaume II, est arrivée La Haye par trois bateaux chargés chacun de dix douze énormes caisscg qui sont maintenant déballées au palais. Les tableaux n'ont nullement souf fert de ce transport et ils sont tous dans l'état où ils se trouvaient dans les salons du palais de Bruxelles. L'un des plus aimables poètes de notre époque, la femme qui a su le mieux exprimer dans la langue poétique les sen timents tendres et délicats, Mmc Desbordes- Valmore, est en ce moment Bruxelles. Notre jeune sculpteur, M. Eugène Simonis, vient d'être frappé, en Italie, d'un coup bien terrible. Sa femme est morte Florence après une maladie de quelques jours. FRANCE. M. le duc et Mme la duchesse d'Orléans ont quitté hier le château de Saint-Cloud pour venir habiter les Tuileries. Un ordonnance du 19 septembre porte que la pension perpétuelle de 0000 fr., accordée par lettres patentes du 1er mars 1757, la famille de Chambors, sera inscrite au nom de Mme la comtesse de Polignac, seule et unique héritière de M. le comte de Chambors, son père, lieute nant-général, décédé le 7 février dernier. On se rappelle que le vertueux dauphin, fils de Louis XV, avait eu le malheur de tuer la chasse le père du comte de Chambors. Jamais il ne se pardonna cette imprudence, et il renonça pour toujours ce genre d'amusement. La pension per pétuelle, miraculeusement échappée aux spoliations révolutionnaires, n'étaient que la moindre partie des bienfaits dont fut justement comblée la famille des Cham bors. La loi du 22 août 1790, qui a détruit tant de fortunes, avait expressément réser vé cette pension en entier. M. Arthur de Mortemart, seul fils de M. le duc de Mortemart, vient d'être victime d'un déplorable accident. Son tilbury ayant versé, il a péri sous les pieds de son cheval. M. le ministre de l'intérieur a expé- JUSTICE. courbons notre raison sous le sceptre Je cette reine vieille, décrépite et fardée. Et leurs distractions les plus chères Paliniua, les connaissez-vous? ce n'est pas une fleur un oiseau, un cachemire? des cœurs de femmes briser...,. Les larmes flétrissantes de la honte, les laitues arides du désespoirCeux qu'on est convenu d'appeler honnêtes n'ont pas fait des calculs, mais ils se sont crus justifiés des plus grands torts en se disant je l'aimais alorsvoilà pour le passé -je ne F aime plus, voilà pour l'avenir. Assassin moral, tu ne l'aimes plus, mais elle t'aime encore; et déjà tu médites la ruine d'une autre femme. Paliniua cacha sou visage dans ses mains. Pauvre et douce créature, dit la comtesse avec l'accent d'une pitié profonde et sym pathique, leur échapperas-tu? Toi aussi tu as été jetée sur cette mer sans boussole et sans étoiles; des lies de verdure et de fleurs te cacheront les écueils; tu t'endormiras au sein d'un calme perfide comment et où t'éveiileras-tu? Au bruit de la foudre, sur un rocher sauvage, aride et désert. Pendant cette traversée tu auras perdu la jeunesse et la beauté, tu seras vieille, Palmina!Une vieille femme! qu'il y a d'ironie et de dégoût sur les lèvres de 1 homme quand il prononce ces mots une vieille femme! a quoi cela est-t-il bon? Eux, Palmina; les hommes, ils out tout arrangé pour enchanter et ennoblir chaque période de leur existence. nous ils ont donné des idées fausses d'abord, puis une époque d'enivrementde prestiges; alors nous sommes reines, un monde idéal nous appartient; puis vient Tisolemeut, l'eunnile regretle désespoir. Ma ruere a su vieillir, n dit Paluùua. ci Où puisa- i-elle cette force? Dans la conviction d'une autre vie. Elle comptait sur la justice du créateur, son âme était si élevée Elle avait tant de raisontant de bonté Et puis elle était mère, interrompit la comtesse, avec un accent que les mots ne rendent pas. Vous a-t-elle élevée? Non, mon père s'y opposa, a La comtesse lui prit la main. e Chère Palmina, déliez-vous de vos impressions, n'aimez jamais; soyez frivole, soyez-le pour l'amour de vous. Et vous, madame, êtes-vous frivole? Moi, oui et non. Vous éludez ma question. Essayez-en une autre. Eh bien, ctes-vous heureuse? La comtesse Ct un mouvement de surprise. u C'est la vérité que je vous demande. Il est quelquefois péniblede la dire. Par pitié Eh bien, Palmina, je m'étourdis, je m'agite; rarement je m'amuse, je perds une une toutes mes illusions, j'ajoute péniblement les jours aux jours, tout cela composera des années, et enfin la vie...; une vie bien vide, bien sombre, une vie de néant mais enlin cela s'appelle la vie. Un soupir souleva sou sein. Palmina ajouta-t-elle en lui prenant la main, il existe un livre beau, doré, orné d'un superbe frontispice, où le titre Mariage est gravé en lettres éblouis santes; vos yeux sont fascinés; la préface est ravissante; tout votre être se plonge dans une douce extase; des voix PARIS, 15 OCTOBRE. d'anges, des parfums enivrent vos sens. Tournez le premier feuillet, les couleurs ont moins d'éclat, niais le texte est encore séduisant tournez le secondle troisièmele qua trième tout se décolores'efface les pensées prennent un caractère de veiusté, d'ennui, de chagrin; enfin, vous lisez en lettres de feu. en lettres gigantesques, le mot malheur. Arrêtez-vous là; car derrière est le mot honte, et côté le mot irréparablemot torturant qui ravit l'existence sou repos, sa dignité, qui fait de l'âme un abiine de désespoir et quelquefois la plonge dans la fange, 11 y a bien une autre édition de ce livre, mais les exemplaires en devien nent de jour eu jour plus rares. J'ai eu la maladresse, poursuivit-elle aveo une affection de légèreté que démentait le tremblement de sa voix, u j'ai eu le mauvais goût de choisir la mauvaise édition. Heureuse!le monde use si vite les croyances et les émotions. Mais quoi pensé-je de vous attrister vite, vite, séchez vos larmes, elles gâteraient le plus joli visage du moude. Des yeux rouges, enflés! le moyen de plaire!... Bien, souriez et je vous mène l'Opéra! Madame, l'Opéra saus Edouard, malgré Édouard? Oui, sans Édouard, malgré Édouard. Vous proclamerez votre affranchissement moral; d'ailleurs, il faut un peu donner l'éveil sa jalousie. A peine mariée, et déjà la lune d absynthe Partons... Palmina se sentit entraîner. Mou dieu mon dieu que dira Édouard Mais déjà la voiture l'euipoilait sur le Pont-Royal.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1840 | | pagina 2