sera soit Berne, soit Zurich. Il aura
dans son arrondissement consulaire deux
consuls de commerce sous ses ordres, dont
l'un la résidence de Genève et l'autre
celle de Bàle.
Le 1er octobre, M. l'abbé de Chamisac,
chanoine de Périgueux depuis l'âge de 20
ans, et aujourd'hui le doyen des chanoines
de France et sans doute de tout le monde
catholique, adonné quelques-uns de ses
confrères et de ses amis, un grand dîner
pour célébrer le jour où il entrait dans sa
100° année. Il a fait, on ne peut mieux les
honneurs du banquet et en quittant la
table, il a gaiement donné rendez-vous aux
convives, pareil jour dans un an.
M. Olivier Dufresne, inspecteur-gé
néral des prisons, s'est rendu hier, deux
heures, auprès du général Montholon et
lui a annoncé que la demande formée par
lui l'effet de partager la captivité de
Louis Bonaparte, lui était accordée, et
qu'en conséquence il se tînt prêt partir
pour Ham. Les malles du général ont en
effet été portées aux grandes messageries,
et M. de Montholon est parti, six heures
du soir, dans le coupé de la diligence
qu'occupaient avec lui M. Dix, commissaire
spécial la résidence de Ham, qui se
trouvait momentanément Paris, et un
sergent de ville habillé en bourgeois.
Les pièces du procès de Mme Lafarge
viennent d'arriver au greffe de la cour de
cassation. Cette intéressante affaire n'est
pas encore inscrite au rôle; mais on assure
qu'elle sera appelée dans la première
quinzaine de novembre. Déjà M. le prési
dent de la cour est accablé de demandes
de billets pour avoir des places dans le
petit prétoire de la salle d'audience de la
cour suprême.
Voici une lettre que M. Couerbe vient
d'adresser M. Baspail, et qui jette un
jour tout nouveau dans l'affaire encore
pendante de Mme Lafarge, et qui vient
donner aux conclusions si formelles du
rapport de M. Orfila un éclatant démenti
Monsieur, je viens d'envoyer une lettre
sur l'arsenic la Revue scientifique, pour
qu'elle paraisse dans le numéro d'octobre.
J'ai l'honneur de vous en envoyer un
double, espérant qu'il pourra vous être
agréable, vous intéresser et vous présenter
quelques points utiles la cause de la
malheureuse Marie Cappelle.
Cette lettre renferme trois choses
1° Qu'ayant découvert l'arsenic humain et
indiqué son état, il n'est pas honnête de
la part de M. Orlila de s'approprier cette
découverte et de me donner en échange
des paroles injurieuses; 2° que M. Orlila
n'a pas démontré la présence de l'arséniate
de chaux dans les os; et 5° que les tissus
mous renferment aussi de l'arséniate de cliaux
qui devient appréciable par la putréfaction et
la destruction des matières animales.
Coi'ERBE.
Verteuil (Gironde), 7 octobre 1840.
ATTENTAT SUR LA VIE DU ROI.
FRANCE*
P.UUS, 19 OCTOBRE.
Le sourire d'un époux n'accueillit pas l'inprudente. Elle
avait craint ses reproches, elle eut s'affliger de son silence.
Êdouard l'avait-il cherchée? Oui, il était venu dans le
salon, il était allé dans sa chambreIl tremble, a Victor!
nia voilure!... A l'Opéra. Le voyez-vous enveloppé dans
son manteau, une main sur son sein qui bouillonne, placé
dans une loge grillée, épiant sur la ligure expressive de
sa compagne toutes les nuances de la passion et s'il veut
se distraire de cette ailreuse réalité, c'est pour en lire la
confirmation dans l'âir inquiet de la comtesse. Elle ne
m'aimera jamais. Tuera-t-il son rival te Oui. OU
oui Elle aussi a Non, il vivra pour la punir, pour
me venger. Ah!... i> M. de Torcy avait, sur les femmes et
leurs devoirs, des idées positives et inflexibles. Sous des
dehors calmesil cachait des passions impétueuses. Il la
revit avec l'apparence d'un froid mépris, ne lui fit pas un
reproche, prétexta un voyage et lui laissa pour adieu un
sarcasme foudroyant.
Les grandes douleurs n'ont pas besoin de
confidens; l'âme qui peut les contenir se
suiiit elle-même.
M,nc de Duras, Edouard.
h Je serai fidèle mon époux, prononça Palmina. Et,
pour ne pas s'exposer au danger de revoir Erodore, elle
Le i5 au soir, k 5 heures 55 minutes, au
moment où le roi retournait k St-Cloud accom
pagné de la reine et de Mme Adélaïde, et passait sur
le quai des Tuileries a la hauteur du poste du Lion,
près le pont de la Concorde, un individu qui
se trouvait trois pas de ce poste, a tiré un
coup de carabine sur la voiture de L. I\I. qui
fort heureusement n'ont point été atteintes. L. M.
ont continué leur route. L'assassin avait évidem
ment choisi cet emplacement dans l'intention
de profiter, comme Alibaud, du moment où
renonça au monde. Sa brillante apparition avait fait sen
sation; son absence fut remarquée, et dans le tourbillon
gracieux d'un bal, au milieu d'un concert, autour d'une
table de wisk, le nom de madame de Torcy fut souvent
prononcé avec des rélicences perfides et des exclamations
éloquentes de méchanceté. Soit indiscrétion, soit zèle mal
entendu, soit enfin bassesse, on lui dit tout.
Eîtc n'allait plus dans le monde. Qu'est le monde pour
l'âme qui sent et réfléchit? se disait Palmina, Une
réunion d'êtres frivoles ou blasés, copies servileg les uns
des autres, esclaves insensés d'une divinité exigeante et
capricieuse, la mode, qui a tout réglé. Rien d'imprévu,
d'instantané, d'original; chacun emploie son esprit eiFacer
les traces de sa nature. Là, il y a des joies d'apparat des
émotions conventionnelles et facticesdes douleurs réelles
qu'un sourire déguise. Soulevez ces masques si gais, si ani
més que d'ennuis, de dégoûts, de sécheresse et d'égoïsme
sur Ces figures vieillies avant le temps! Et ces cœurs?
I'expéiience les a bronzés, usés; ils sont morts. Pourquoi
cet empressement se réunit? Ils ne s'aiment pas, ils ne
s'amusent pas... Mais ils dépensent la vie, ils mettent eu
commun leur scepticisme, l'élégante corruption de leurs
mœurs. Ecoutez-les qtie de riens charmans! quel papil-
lotage d'idées! que de bluettes! que d'étincelles! Avec quelle
grâce moqueuse ils traitent le sentiment de folie, la morale
de préjugé! le positif, c'est l'incrédulité. Us bravent Dieu,
le roi saluait la troupe qui était sous les armes, Le
roi, en effet, k l'habitude de ce salut, soit a
la troupe, soit a la garde nationale, en avançant
le corps et en baissant la glace de la voiture.
Le grenadier de la gauche du poste s'est élancé
aussitôt sur l'assassin qui lui aurait dit Je
ne m'en vas pas 11 a été immédiatement arrêté
par les soldats et par les sergents de ville placés
en surveillance, et qui l'ont conduit au corps-
de-garde. Quelques instants après, M. le préfet de
police est arrivé sur les lieux et a commencé
l'instruction. L'assassin a avoué son crime et a
déclaré se nommer Maurius Darmès. Il a dit
être natif de Marseille et depuis longtemps frotteur
a Paris. Il était vêtu d'une longue redingote
sous laquelle il avait caché sa carabine dont la
crosse richement ciselée indique une arme de luxe.
11 est âge de 43 ans. Il a été fouillé et on
trouvé sur lui deux pistolets chargés, un poignard
et quelques papiers.
La carabine qui était coupée et chargée jusqu'à
la gueule, ayant crevé, la charge a fait bombe et
la voiture n'a été que très-légèrement atteinte.
Mais l'assassin a été grièvement blessé k la main
gauche. Son arme était chargée de plusieurs balles
et de chevrotines. La détonation a été très-forte.
Un des gardes nationaux k cheval de l'escorte,
M. Bertolacci (du premier escadron), a été lé
gèrement blessé k la main par une chevrotine.
Un des valets de pied qui se trouvait sur le siège
de la voiture a été blessé la jambe; sa blessure
n'est pas grave mais la balle n'a pu être encore
trouvée dans la plaie.
Darmès a montré une excessive exaltation. Il
s'écriait au moment où il a été arrêté Maudite
carabine j'avais pourtant visé juste! mais je t'avais
trop chargée Aux questions qui lui ont été
adressées, il a d'abord répondu Conspirateur
D. Quel est votre état R. Exterminateur
de tyrans. D. Qui a pu vous pousser a un
crime si horrible? R. Je ne suis pas un conspi
rateur exploité. J'ai suivi l'impulsion de la nature.
D. Depuis combien de temps nourrissez-vous
ce projet Depuis une heure. J'ai voulu délivrer
-
nient l'éternité, la vertu; mais la crainte du ridicule les
fait pâlir, mais ils s'égorgent pour un mot.
Palmina était cette époque de la vie où l'on juge sans
modifications. Une connaissance plus intime lui aurait ap
pris que sous ces enveloppes frivoles vibraient eneore des
sensations de père, de oitoyen, d'ami, d'amante, de mère,
de mère surtout.
h Vous vous perdez, dit madame d'Elvas Palmina,
a ne fuyez pas les distractions, revoyez le monde. Un
geste de fier dédain et de profonde insouciance fut la ré
ponse de Palmina. Qu'avait-elle craindre? Elle avait
reuvoyé toutes les lettres d'Erodore. Son regard s'était glacé
sur lui un jour qu'il arrosait ses mains de larmes; elle avait
mis entre Erodote et elle la froide solitude, u Oh! défiez-
vous de votre cœur! La femme est si faible quand elle
aime Ne rendez pas uu homme arbitre de votre bouheur.
Mon bonheur Et l'ironie, la pénible ironie, arqua
les lèvres de Palmina. Eh bien, votre destinéeVenez
avec moi visiter l'Italie, patrie de la douleur puisqu'elle est
la patrie des souvenirs. Palmina dit non. Ma jeune
amie, les hommes veulenten séduisant les femmes, con
server le droit de tes en punir (i). On ne me séduira
pas. Vous aimezCes mots renfermaient une ef
frayante prédiction.
(i) Madame de Staël.