NOUVELLES DIVERSES.
la France du plus grand tyran qu'elle ait jamais
eu! Darmès est de petite taille. Sa physionomie
est d'un aspect sombre et farouche. Son maintien
indique la plus grande de'termination. Sa blessure
est grave et a ne'cessité l'appel d'un me'decin. On
assure qu'il sera indispensable de faire l'amputa
tion de plusieurs doigts. La souffrance du blessé
était telle qu'il s'est évanoui pendant quelques
instants. On a remarqué qu'après avoir commis le
crime il n'a fait aucune tentative pour s'échapper
et qu'il s'est en quelques sorte offert aux soldats et
aux sergents-de-ville qui 1 ont arrêté. A 8 heures
une voiture de place a été amené devant le corps
de garde. L'assassin y est monté avec deux gardes
municipaux. Un détachement de garde municipale
h cheval précédait la voiturekdix pas et line forte
escorte l'accompagnait. Une foule considérable,
étonnée et muette, suivait la voiture.
L. M. sont arrivées h St-Cloud h 6 heures
et demie.
Quelques instants après, M. le duc et Mmo la
duchesse d'Orléans ont quitté les Tuileries et
se sont rendus h St-Cloud.
M. Gabriel Delessert s'est rendu hier soir au
près de l'assassin Darmès et lui a fait subir un
nouvel interrogatoire. Il lui a demandé s'il avait
chargé lui-même la carabine. Darmès a répondu
Oui c'est moi. Le préfet de police lui a
fait observer que la carabine était chargée de
manière h lui éclater dans les mains, et qu'il n'était
pas probable qu'il l'eût préparée lui-même. Alors
Darmès a répondu effrontément Je te prie de te
taireje t'ai dit la vérité.
Darmès occupait un petit cabinet au cinquième
étage. Une perquisition a été faite et l'on a saisi
un grand nombre de papiers qui, dit-on, font
connaître que l'assassin était affilié a une société
secrète. La perquisition a duré depuis minuit
jusqu'à 5 heures du matin. On n'a pas trouvé
de poudre chez lui, mais seulement quelques
capsules. Darmès n'a pu assister h la perquisition,
la blessure qu'il a reçue h la main le faisant
beaucoup souffrir.
Un officier de paix et un médecin ont passé
la nuit auprès de Darmès. Il doit y avoir ce
matin une consultation pour décider si on doit lui
faire l'amputation de la main. Mais on voudrait
pouvoir éviter cette opération qui nécessiterait
quelque retard dans l'instruction du procès.
La Gazette des Tribunaux dit qu'on a
faitdans la journée d'hier, plusieurs arrestations.
L'une se rattachedit-onla possession par
Darmès de la carabine dont il s'est servi. Une
seconde arrestation aurait été opérée sur la per
sonne de sieur Allaux, ouvrier litographe, arrêté
plusieurs fois sous prévention politique, et no
tamment dans l'affaire des poudres.
Le 15, a 5 heures de l'après-midi, 5 des
condamnés dans l'attentat de Boulogne sont partis
pour la prison de Doullens, et sous l'escorte
de 5 gendarmes et d'un brigadier de la compagnie
de la Seine.
On écrit de La Haye, 19 octobre
La Gazette d'état de Prussedu i4 octobre,
qui nous est parvenue ce matin, contient l'affli-
gence nouvelle que voici
La princesse, née le 28 août dernier, a Ka-
ments, en Silésie, fille de S. A. R. la princesse
Albert de Prusse, qui sur les fonts batismaux avait
reçu le nom d'Elisabeth, y est morte le 9 de ce
mois, h 4 1/2 heures du matina la grande dou
leur de ses augustes parents.
Le baron Rothschild, de Francfort, se trouve h
La Haye depuis quelques jours.
On nous mande de Francfort, en date du i4,
que les assurances qui y sont arrivées de Berlin
et de Vienne, relativement a la probabilité de la
conservation de la paix, sont complètement con
firmées par de nouveaux avis. La conduite exhor-
bitante de la Porte envers Méhémet-Ali a donné
lieu, dans ces deux capitales, h des délibérations
très-vives. Ensuite de quoi il faut s'attendre,
avant peu, h une demande importante qui pour
rait bien être le précurseur de nouvelles négo
ciations, qui auraient pour objet les propositions
conciliantes de la France.
On écrit de Paris, 17 octobre
Aujourd'hui Darmès a été amputé du pouce
et de deux doigts de la main gauche, par suite
de la blessure que lui a faite sa carabine en
éclatant.
L'examen qui a été fait aujourd'hui, par suite
de l'enquête judiciaire, de la voiture dans laquelle
se trouvait le roi au moment de l'attentat, constate
qu'elle a été atteinte par six projectiles. La
moitié du canon de la carabine, qui n'avait pas
été retrouvée hier, l'a été ce matin dans l'un
des fossées de la place de la Concorde ce ca
non est très-court, épais et cannelé.
D'autres débris de cette arme ont été retrouvés
loin de lk, plusieurs près du parapet du quai 5
un morceau de balle a franchi le fossé de la place
qui est voisin du poste du Lion.
Le roi a pansé lui-mêmeh son arrivée h
Neuilly, son valet de pied et M. Bertollacci,
garde a cheval, qui était de l'escorte et qui a été
légèrement blessé k la main par une chevrotine.
Darmès était, en i85o domestique frotteur chez
M. le prince de Condé, d'où il fut chassé sur
un soupçon de vol; étant parvenu peu de temps
après a se placer en qualité de domestique dans
une maison située au Gros-Caillou, il y fit la
connaissance d'une cuisinière et l'épousa. Cette
femme avait une fille qui a maintenant de 16
a 17 ans. Celle-ci et sa mère vinrent habiter
avec Darmès rue Hauteville; mais elles ne purent
vivre longtemps sous le même toit que lui.
Violent querelleur, adonné a l'ivrognerie. Dar
mès se livrait a des emportements tels que ces
deux malheureuses se virent forcées de chercher
ailleurs un gîte où elles fussent h l'abri de ses
mauvais traitements. Leur départ ne fit qu'ir
riter Darmès qui se mit leur poursuite et
parvint enfin a découvrir leur nouveau domicile.
Voyant que tant qu'elles resteraient a Paris
elles ne pourraient échapper a ses obsessions
et a ses menaces, ces deux femmes prirent le
parti de se réfugier en province. Elles habitent
aujourd'hui une ville du département du Nord.
Après le départ de celle-ciil fit venir de
Nanterreoù elle demeuraitsa mèreveuve
en secondes noces d'un nommé Lenoir et exerçant
la profession de garde-malade. La veuve Lenoir,
du même que la femme de Darmèsne resta
que fort peu de temps avec lui. Darmès quitta
la rue Hauteville pour aller demeurer rue de
Trevis, puis rue du Paradis-Poissonnière; an
térieurement il avait habité quelques temps dans
la rue Bleue.
On écrit de Toulon, le i3 octobre
Le bateau h vapeur l'Etna est arrivé celte
nuit d'Alexandrie. Les Anglais continuaient a
occuper les quatre villages dont les journaux ont
parlé. Ibrahim {avait écrit qu'il jugeait inutile
de perdre du monde pour les forcer dans les
positions escarpées où ils se trouvaient, qu'il
les empêchait de communiquer avec l'intérieur
du pays, et qu'il pensait que le mauvais temps
devant forcer dans peu la flotte de s'éloigner,
le défaut de vivres et de secours forcerait les
ennemis a se rendre ou a se rembarquer.
Les populations des montagnes ne paraissent
point disposées h s'insurger, elles en sont d'ail
leurs empêchées par un corps de 4o mille hommes
répandu dans le pays. Méhémet-Ali voulait faire
sortir sa flotte, il en a été empêché par les conseils
de notre consul général. Il se flattait a chaque
instant de voir paraître la flotte française et avait
déclaré qu'il mettrait la sienne k notre disposition.
Méhémet-Ali se montre très-content et plein
d'énergie; il a résolu de proclamer la guerre
sainte et de défendre a outrage ses possessions. Les
Anglais n'ont pu demeurer maîtres de Beyrouth,
ni s'emparer de Saint-Jean-d'Acreet sont pour
ainsi dire bloqués a D'GibailCaïffa, Seyde et
Tripoli, etc.
On a fait courir des rumeurs alarmantes
sur le départ de la régente Christine qui aurait
préféré l'hospitalité de la France aux exigences
des juntes. Nous ne croyons que faiblement a
ces nouvelles.
Bordeaux voit arriver chaque jour dans
ses murs, beaucoup de familles espagnoles qui
viennent en France se mettre a l'abri des ca-
tastrophesqui menacent maintenantla malheureuse
Espagne. Il y a un grand nombre de ces nouveaux
réfugiés a Bayonne, a Pau, a Perpignau, a
Toulouseetc. L'ex ministre Armero est a Bayonne
ainsi que MM. Perez de Castro et Armendariz,
M. Castillo, ex-ministre provisoire, des affaires
étrangères a Valence, est a Bordeaux.
On écrit de Vienne, le 10 octobre
On assure qu'aussitôt après la réception des
dépèches relatives au bombardement de Beyrouth
le prince de Metternich s'est mis en communication
avec le comte de St-Aulaire, et a donné,
cette occasion, des explications tellement satis
faisantes pour l'honneur de la France, que les
espérances et les prévisions même du maintien