témoins) se rendit au domicile de son
frère; nous pouvons néanmoins affirmer
qu'il retourna le même jour âpres. lieu
de sa garnison, mollement et majestueu
sement assis sur un baudet. Un habitant
de la contrée lui servait de guide.
Bientôt il se produisit un fâcheux ac
cident la pauvre bête (je ne parle ni du
major ni du conducteur, je parle de l'âne)
fut arrêtée par la bride il faisait noir et
les voyageurs se trouvèrent entourés de
plusieurs individus la mine rébarbative,
que le bourgmestre de Becelaere a in-
génuement déclaré ne pas être des mal
faiteurs. Eh! que diantre sont-ils donc,
ceux qui molestent les passants, la nuit,
dans un chemin public?
Le sous-officier voulut descendre de
baudet nouveau malheur! il s'engagea
dans l'étrier et tomba la figure sur le sol
au point d'avoir le nez saignant. Ceci
excita les railleries des agresseurs et servit
augmenter leur audace. Le major jura,,
les traita de lâches assassins, et marcha en
avant. 11 avait raison cette qualification
convient tous ceux qui attaquent l'im-
proviste un homme inoffensif.
On s'arrêta Ter liand; on poussa la
générosité jusqu'à boire avec des hommes
dont les intentions étaient au moins sus
pectes. L'ingratitude se réunit toujours
la méchanceté le major devait encore
essuyer d'autres infortunes. A peine sorti
du cabaret, il entendit désagréablement
raisonner dans ses oreilles le colloque
suivant jetons cet âne dans le fossé.
Pourquoi. Parce que nous avons été
traités d'assassins.
Ainsi, l'on choisit le moment de la plus
complète sécurité, pour se ruer sur un
homme paisible. Quelle infâme trahison!
Comme il fut dit, il fut fait.
Les brigands débutèrent par les insultes.
Ensuite l'un d'eux porta un coup de bâton
sur le tête du guide, l'autre un coup de
couteau sur la tète du major, un troisième
empoigna le baudet.
Pour comble de misère, il y eut encore
effusion de sang une vieille femme pansa
les blessures. Enfin, le major atteignit
sa destination et fit plainte.
Le tribunal, admettant des circonstances
atténuantes, a condamné deux prévenus,
chacun 25 fr. d'amende et solidairement
aux frais de l'état.
FRANCE.
S. M. a reçu une lettre par laquelle le
roi des Pays-Bas, Guillaume Ier, notifie son
abdication volontaire en faveur de son fils,
le roi Guillaume II.
M. l'archevêque de Paris vient d'être
assez gravement malade. Presque l'im-
proviste, le prélat a été atteint de la petite
vérole, mais cette maladie, heureusement
prise temps, n'a eu aucun résultat fâ
cheux.
Le ministre de la guerre a expédié le
27, les instructions adressées aux gé
néraux qui commandent les divisions pour
que les départs des régiments qui doivent
venir occuper les camps baraqués autour
de Paris s'effectuent d'ici quelques jours.
Les 240 baraques seront livrées au gou
vernement le 15 novembre.
La réserve des classes de 1854 et de
1835 de jeunes conscrits, rappelée sous
les armes donnera 49,800 hommes dont
33,978 pour la classe de 1834.
L'organisation des chasseurs pieds,
reçoit sur tous les points une active exé-
cution; presque tous les corps d'infanterie
de ligne et d'infanterie légère ont déjà
dirigé vers S'-Omer leur contingent. Les
baraques du plateau d'Helfaut entièrement
réparées et pouvant loger 6 800 hommes
suffiront pour loger les chasseurs. Il ne
faudra que quelques mois pour donner
ces bataillons l'instruction d'ensemble.
Ces bataillons formeront un camp sous
le commandement d'un général et d'un
état-major.
On attend Cherbourg 140 canonniers
qui doivent arriver incessamment de Lo-
rient pour être employés l'armement des
forts du littoral. Les forts situés sur la
côte, depuis la Hogue jusqu'à Granville
sont en voie d'armement.
On écrit de Toulon que 1,G00 hom
mes du 3e régiment d'infanterie de marine
doivent être très-prochainement embar
qués pour Cayenne et pour Bourbon. Trois
frégates seraient consacrées cette expé
dition.
On écrit de Beyssac (Corrège), le 20
octobre
Deux chartreux de Grenoble ont visité
le Glandier, et ont manifesté l'idée que
leur corporation aurait actuellement, d'ac
quérir cette propriété et d'y établir une
autre chartreuse. D'un autre côté, un fa
bricant de fer, de Toulon, s'est également
présenté comme acquéreur, dans le but
d'y fabriquer du fer blanc et de l'acier,
industrie qui manque notre pays. En
attendant mieux, ou peut-être pire, M. le
receveur de l'enregistrement du canton
de Lubersac a fait saisir tous les bestiaux,
grains et autres objets mobiliers, pour
faire rentrer dans les caises de l'état tous
les droits de succession qui lui appartien-
si souvent troubler, que le chagrin altère, que
le malheur détruit.
Soudain les liens invisibles qui l'enchaînaient
une enveloppe périssable se resserraient. Rame
née, malgré elle, sur la terre, elle avait a lutter
contre le sort et contre elle-même. En vain elle
voulait se soumettre, elle se révoltait; en vain
elle voulait aimer, partout elle était repoussée
par l'orgueil et l'égoïsme, ces deux plaies du
cœur; en vain elle voulait être heureuse, elle
avait en elle le sentiment du bonheurmais
en elle seule. Ce sentiment faisait a la fois sa
joie et son supplice il lui donnait des momens
d'enivrement que personne ne savait compren
dre; il la livrait h des accès de désespoir que
personne ne comprenait non plus.
Et ainsi elle traversait la vie comme le pèlerin
inconnu traverse les villes populeuses où pas
un regard ami ne répond h son regard, où pas
un battement de cœur ne répond aux battemens
de son cœur.
PARIS, 2 NOVEMBRE.
Lamiain «lu temps commençait a s'appesentir
sur le cx>rps auquel la Sylphide était enchaînée.
Plus de fleurs pour cacher les lourdes chaînes;
plus de rêves pour faire oublier les réalités de
la vie. L'expérience avait tout détruit. Les illu
sions du jeune âge s'étaient évanouies puis
celles du cœur. Le prisme avait été briséet
les objets apparaissaient sous leur véritable cou
leur. Exaltation, rêveries, souhaits, espoir, plaisirs
de l'intelligence, renommée, gloire.... Rien, plus
rien
L'idée de la mort, d'un sommeil sans réveil,
plaisait h la Sylphide, sous quelque forme qu'elle
se présentât. Qu'a-t-elle en effet d'effrayant cette
mort que chacun redoute? Les yeux se ferment,
le sang s'arrête, le cœur ne bat plus, et toutes les
souffrances s'apaisent. Et cependant la faiblesse
humaine l'emportait et son âme frissonnait
la pensée de la destruction de cette enveloppe
terrestre qui la retenait captive.
Quelques vagues souvenirs du passé, faisaient
douter cette âme du néant, du néant qu'elle
demandait en le repoussant. Le néant!... c'est
le vide sans limites, sans bornes, sans horizon
Le néant, c'est l'absence de la douleur, de la
pensée, du sentiment
Non, non disait la Sylphide. Cette terre
n est point ma patrie.... Mon âme a une patrie
ce corps fait partie de la terre. Mon âme appar
tient aux cieux!
La Sylphide vécut sur la terre le nombre
d'années dont se compose une vie humaine.
L'âge glaça le sang dans les veines du corps
qu'elle animaitet son âme apprit a végéter
et, quand cette âme sut végéter, elle eut peur
de mourir; et, quand elle eut peur de mourir,
elle oublia que la terre n'était point sa patrie;
et elle aima la vie, et elle en aima les souf
frances, les misères, jusqu'aux infirmités. Mais,
a l'approche de l'heure suprême, l'âme engourdie
se réveilla.... Radieuse, elle reprit ses ailes d'or,
et s'élança vers les cieux.